Ce vendredi 2 octobre, nous commémorons l’anniversaire de la mort d’une personne dont la vie a été vouée au service de l’indépendance de l’Algérie. Dans un moment historique où la présence française en Algérie projetait son image à l’infini et admise comme éternelle, par une classe politique algérienne, qui ne pouvait ni penser ni admettre que l’avenir de l’Algérie pouvait se concevoir indépendamment de la volonté coloniale ; s’est dressé un couple et a ébranlé les consciences, créant un véritable séisme politique en revendiquant par la voix du mari au Congrès de Bruxelles, le 10 février 1927 : l’indépendance de l’Algérie.

Ce couple -Emilie Busquant et MessaliHaj- d’origine populaire, révolté par une réalité oppressante et opprimante pour les pauvres et les indigènes, passionné de liberté et de justice s’est rencontré à Paris. De cette rencontre est née la Nation algérienne moderne. Le discours fondateur de cette naissance trouve ainsi son origine et sa source dans cette révolte populaire.  

L’acharnement dont a été victime ce couple par l’histoire officielle à l’aube de l’indépendance n’a aucun précédent historique dans le monde contemporain. Pour effacer de la mémoire collective cette épopée fondatrice du mouvement national, le 1 er novembre fut sacré l’acte fondateur de la nation algérienne et on a déroulé le rouleau compresseur de la propagande officielle contre la figure la plus emblématique de notre histoire contemporaine en associant à chaque évocation de son nom le mot traitre.Cette propagande officielle est devenue une véritable stratégie pour la conquête absolue du pouvoir, machiavéliquement orchestrée par l’Imposteur – Le chef d’état-major de l’Armée des Frontières : il voulait régner sur l’Algérie et occuper à lui seul l’espace mental des Algériens.

L’Algérie indépendante a sacralisé l’Imposteur (Boumediene) et calomnié le libérateur (Messali Haj). Nous avons fait du1er Novembre 1954 la date fondatrice de l’Algérie indépendante et intronisé l’Imposteur alors que celui-ci n’a jamais chargé son fusil contre l’occupant mais l’a bien vidé contre l’Armée de libération en marchant sur Alger dans la posture du conquérant.

L’imposteur nous a promis un Etat moderne et une Algérie qui seront un exemple dans le Monde post colonial, il nous a légué l’Algérie des ISABATES (des Gangs).

Nous avons fait de la guerre de Libération 54-62 l’Alpha et l’Oméga de notre histoire moderne et cette période nous a été présentée par l’Histoire officielle comme un bloc monolithique.Cette lecture idéologique s’effondre devant la réalité historique. Plusieurs guerres se sont greffées à cette guerre. FLN-FLN, FLN-MNA, Les Armées de libération contre l’Armée Française, Les français contre la France coloniale, l’OAS contre l’Armée française, la Contre insurrection, l’Armée des Frontières en embuscade.

Cette guerre 54-62 reste le point aveugle de notre histoire. De notre mémoire.La première imposture dont a été victime le peuple algérien est la perversion de son histoire. Le premier holdup est un holdup historique. Notre tragédie moderne découle du vol politique de notre histoire. Tous les troubles historiques vécus depuis 62 trouvent leur cause et explication dans cette période. Celle-ci est devenue une arrière scène qui fait et défait la scène socio politique en fonction de ses intérêts. La scène politique et sociale est le théâtre et la traduction des conflits des clans. Et ceux-ci se sont constitués pendant la Guerre de libération.

 Déconstruire le mythe d’une histoire glorieuse et unitaire faite par des hommesexemplaires est une question vitale. Le devenir de l’Algérie dépend principalement de notre capacité à soustraire cette période de la lecture politicienneet la soumettre à la critique historique.

Le véritable combat avec ces clans est avant tout un combat historique. Donc culturel. Les troubles sociaux ainsi que ce mal être de l’Algérien sont le résultat des troubles dans notre mémoire historique.  Notre libération passe par une réappropriation de notre histoire. Les grands slogans mobilisateurs de la Révolution pacifique du 22 février s’inscrivent dans cette vision et signent le retour du peuple comme le véritable acteur politique.

 Comme par le passé, ce couple populaire en s’insurgeant contre le despotisme colonial et la classe politique bourgeoise algérienne a libéré le Peuple ; aujourd’hui, le Peuple s’insurge contre les clans du pouvoir et leurs relais dans la société (Partis politiques, Médias…). Les deux époques s’invitent et se complètent :YATNAHAOU GAA (Qu’ils dégagent TOUS)est la continuité du discours du 10 février 1927. La grande leçon à tirer de la lecture de ces deux époques :  l’élite n’est pas porteuse d’un projet libérateur au service du peuple et son action ainsi que son horizon politique s’inscrivent dans le schéma du Maître du Présent.

Un couple puisant sa force dans la légitimité de ses revendications a renversé le cours de l’histoire coloniale ; sur leurs traces, sur le modèle de leur combat, nous ferons du Peuple le seul héros et non le Chef d’état-Major ou le chef d’un clan.

A ceux qui se sont permis de salir Messali, le qualifier de traître et le comparer à Pétain, nous leurs disons que celui qui accuse Messali n’a qu’à réviser sa propre histoire. Des distances astronomiques séparent cette figure historique de ses détracteurs. Car il fut le libérateur du peuple alors que vous, en mission, vous n’êtes que le relais d’un des clans du pouvoir.

 Le libérateur a dit Non au Pouvoir colonial alors que vous, vous agissez dans la peau d’un serviteur, et le serviteur, n’excelle que pour servir son maître. Le libérateur n’a pour seul Maître que sa conscience. Comment peut-on s’attaquer à l’image du Libérateur par celui qui a déclaréaprès avoir rencontré le corrupteur du peuple « c’est un des meilleurs moments de ma vie ».  La seule explication, vous, ainsi que celui que vous avez encensé en1999, vous méprisez le Peuple alors que le Libérateur en fut l’incarnation.

La droiture, la probité de cet homme trouve son écho dans la personnalité de sa femme qui a voué sa vie au service de l’indépendance de l’Algérie.

La libération du peuple algérien ne peut faire l’économie d’un Redressement historique. Et celui-ci nous invite à remonter le temps jusqu’au années vingt, à Paris, rue du Repos, là où s’est forgé le rêve le plus fou, le plus grandiose ; la naissance de la Nation algérienne.

Ce 2 octobre 2020, date anniversaire de la mort d’Emilie Busquant le 2 octobre1953 à Alger, nous lui rendons hommage dans son village natal là où elle est enterrée à Neuves-Maisons.  

Emilie Busquant fut profondément algérienne car elle était profondément française. Fidèle à l’histoire militante de sa famille ouvrière et à celle de Neuves Maisons, habitée par les idéaux de Liberté et de Justice incarnés par la France de 1789 ; elle épousa entièrement l’homme Messali et son rêve de l’indépendance de l’Algérie. Ils furent, à cette époque, et l’histoire l’atteste, le plus grand couple politique de l’histoire moderne.

Mme BUSQUANT n’a pas cousu le drapeau algérien car elle n’était pas couturière mais elle l’a confectionné car elle fut une révolutionnaire.

Vous avez quitté ce monde sans que vos yeux n’aient vu réaliser votre vœu le plus chère : l’Indépendance de l’Algérie. Comme vous Mme BUSQUANT, la Génération Silmiya, celle du 22 février 2019, attend en luttant pacifiquement contre le Nouvel oppresseur de l’intérieur la Libération du peuple algérien.

Ce jour proche, nous vous promettons que nous reviendrons ici, à Neuves Maisons, pour vous annoncer que votre rêve des années vingt est devenu une réalité.

Mahmoud SENADJI (Vigilance Populaire)

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