Le 22 février 2019 est une date fondatrice : elle signe l’avènement du retour du Peuple sur la scène historique. Le peuple algérien, dans son soulèvement exemplaire, ce vendredi 22 février 2019, écrit la page la plus glorieuse de l’histoire des peuples en révolte de ce troisième millénaire.

Quelle est la vérité philosophique de ce soulèvement ?

Si c’était un Hirak (mouvement), le peuple algérien se serait contenté de la destitution de Bouteflika et serait rentré chez lui. Comment se fait-il que, depuis 9 mois, un peuple, dans un silence médiatique assourdissant, face à l’arbitraire d’un régime despotique continue avec la même exemplarité et détermination à battre le pavé ? Le 22 février 2019, le peuple algérien a répondu à l’Appel de l’Algérie. D’où venait cet Appel ? Quelle était sa source ? Des entrailles de l’histoire de cette terre bénie par son histoire et le sang de ses martyrs, mais profondément souillée par ce système politique prédateur fondé par les putschistes de l’Armée des frontières. La vérité philosophique de cet appel s’est dévoilée le mois de juillet à Alger, quand la population a scandé, pour la première fois de son histoire postcoloniale : Chaab youridou Al Istiqlal (Le Peuple veut l’indépendance).

L’indépendance. Ce n’est pas un mot. Dans la voix d’un peuple, l’indépendance est grosse d’un nouveau monde. Le soulèvement du 22 février se déploie en Révolution populaire et celle-ci réclame l’indépendance du peuple.

L’Indépendance du peuple contre qui et contre quoi ?

La première fois que le peuple algérien a utilisé ce mot c’était pour détruire le système colonial. Le colonialisme fondé au XIX siècle était planétaire et englobait l’Occident-Monde. Au premier les privilèges et l’humanité et au second la misère et la sous-humanité.

Utilisé une seconde fois en 2019 ce mot enveloppe toute l’Algérie, convoque son histoire et s’impose comme le seul mot d’ordre, comme le seul programme : accomplir l’indépendance inachevée en 1962. Purifier l’Algérie du crime commis en 1962 : l’Indépendance confisquée par l’Armée des frontières. Mais, de même que l’indépendance d’hier se révoltait contre un système colonial mondial, l’Indépendance proclamée en 2019 porte elle aussi la volonté de s’affranchir du système des oligarchies de la criminalité financière mondiale.

Le peuple algérien est seul. Seul face à la mafia militaro-politico-financière et à leurs complices protecteurs, les oligarchies française, européenne, américaine, russe, chinoise et les despotes arabes. Ce peuple, considéré comme un peuple enfant, un peuple domestiqué, une abstraction, une foule, un peuple émeutier, force l’admiration du monde par son exemplarité et son pacifisme (Silmia). Ce pacifisme érigé en philosophie de lutte et de résistance met un terme définitif à sa propre histoire pleine de violence et de terreur (1830-2019). Avec cette philosophie l’Algérien renoue avec son passé historique, avec ses valeurs ancestrales. Le vendredi n’est pas seulement l’image de l’Algérie de demain sans  Al ISSABATES (les gangs du pouvoir), mais aussi celle de l’Algérien avant la contamination coloniale. La personnalité et la probité de l’Emir Abdelkader est là pour témoigner de cette réalité. L’Emir est le premier Algérien à se revendiquer comme tel en se soulevant contre le colon usurpateur. Les autres jours de semaine en Algérie (samedi, dimanche, lundi, mercredi, jeudi), hélas, sont encore le règne et le résidu de la culture coloniale et de ses héritiers AL ISSABATES.

Mais ce peuple porté par son serment de fidélité aux martyrs se sent investi d’une mission sacrée ; il se sent digne de l’accomplir et se soulève contre ceux qui n’ont plus de dignité (Al ISSABATES et les cachéristes-les ventrus et les privilégiés du système). Le Peuple est mûr pour la moisson : une Algérie libre, juste et démocratique.

Une seule digue le sépare de ce grand dessein, de ce nouveau monde : les élections du 12 décembre.

De quoi les élections du 12 décembre sont-elles le nom ?

Elles portent le nom de la contre révolution.

Qui appelle aux élections présidentielles ? La junte militaire et les oligarchies occidentales. Dire oui aux élections du 12 décembre c’est dire oui à plus d’injustice, de corruption, de dilapidation des richesses, de despotisme, d’arbitraire et de misère.

Dire oui aux élections du 12 décembre c’est plus de harragas, plus de morts en mer. Dire oui aux élections c’est sonner le glas de l’Algérie, trahir l’esprit du premier novembre et se porter complice des malheurs et des crimes qui seront hélas inévitables. Car s’il est une constante dans la vie politique algérienne, c’est que le pire n’est jamais à exclure (José Garçon : Algérie, l’impossible restauration-Politique Etrangère 2/1999). Et ce pire est toujours le produit des Elections. Chaque élection apporte son lot de malheur aux Algériens. Les élections en Algérie sont synonymes de catastrophe. Dire oui aux élections c’est trahir l’avenir. Le déficit de légitimité est abyssal et chaque élection en Algérie le creuse davantage. Des distances astronomiques séparent le peuple de cette caste mafieuse qui le gouverne.

Qu’est ce qui a changé pour les Algériens depuis 1830 ?

De 1830 à 1962 c’est la minorité coloniale qui s’appropriait les richesses et de 1962 à 2019 c’est la minorité nationale qui les dilapide. A la culture coloniale s’est substituée la culture militaire. Le système colonial ainsi que le système totalitaire pratiquent un apartheid politique : ils excluent le peuple du pouvoir. Deux Algérie ont toujours coexisté : l’Algérie des colons et des indigènes et l’Algérie des Généraux et du peuple. Les élections du 12 décembre mettent le sceau définitif sur l’existence de deux Algérie.

La France et l’Europe sont complices de ce pouvoir. Une fois de plus, L’Europe des Lumières, dans son rapport à l’Autre est au service des intérêts de l’Oligarchie financière et souillent ses propres valeurs de liberté et de justice. L’Occident trahit les valeurs qu’il entend défendre et desserve son propre peuple. Comme par le passé, à l’image des Justes tels Maurice Audin et Mayot qui se sont révoltés contre le système colonial, à Vous, députés européens, de dénoncer la politique de vos Etats et des multinationales. Les justes ne peuvent rester indifférents à cette réalité politique en Algérie, profondément marquée par l’injustice, la corruption, l’arbitraire de l’Etat, la violation des libertés, le viol permanent de la Constitution, la négation de la volonté populaire et le mépris du Peuple. Le Parlement, l’agora des peuples, s’expose à la face du monde et celle de l’histoire. Nous vivons un moment historique car il questionne l’Etat du monde. C’est aussi le moment de Votre vérité :êtes-vous du côté des opprimés, des déshérités-le peuple, ou du côté de la criminalité financière mondiale représentée par Al Isabates (les gangs) en Algérie ?

Dans les années 90, la France et l’Europe ont failli à leur devoir de vérité et se sont alignés sur les thèses des Généraux criminels ; l’Algérie de 2019 vous offre la chance ultime de sauver votre honneur et de vous racheter. Si vous manquiez ce rendez-vous historique, vous signez l’affaissement de l’Occident. Vous ne serez plus jamais audible, même auprès de vos propres citoyens.

Le Peuple s’est exprimé : Pas d’élections avec Al ISSABATES. L’annulation des Elections sacre son Indépendance effective. La question de la libération de l’Algérie de cette colonisation intérieure est primordiale. L’obstacle fondamental qui se dresse contre l’avènement d’une Algérie libre et démocratique est l’Algérie des Généraux avec sa police politique et la complicité des Etats européens.

Le 12 décembre sera l’heure de vérité. Ce jour- la, l’Algérie sera le centre du monde. De ce jour dépendra aussi le devenir monde des luttes des peuples.

Mahmoud SENADJI (Collectif des Algériens de Strasbourg)

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