La vie en société répond aux exigences du moment. Son organisation incarne son mouvement dans l’histoire. Le mouvement est changement continu. Les institutions, pour plus d’efficacité, doivent anticiper les modifications des modalités suivant une dynamique sociale, expression de la volonté générale quant aux besoins politiques, économiques, sociaux.    

L’ordre postindépendance, contesté en 1988, a été reconduit dans les 1992, renforcé dans les années 2000, il a été confirmé et développé dans les années 2010. Les grains qui logeaient dans ses engrenages avaient causé puis accéléré sa chute en 2019 : le peuple a toujours, en son pouvoir, la possibilité de résistance et de révolte à l’oppression.

Au cours de ces trois dernières décennies, l’argent est devenu une réalité noire de la vie publique. On n’en parle que peu. Mais elle prend de l’ampleur. Ceux qui le possèdent sont ceux qui décident. Sans interdire ou bannir, sans réduire ou plafonner les aspects démocratiques, leur parole est une direction qui oriente l’action des gouvernements.  L’argent, chez ceux-qu’il-a-placés- au-dessus-des-lois, n’a jamais été un moyen de conviction entre leurs mains, mais un moyen de pression et de contrainte du fort au faible, de corruption, de menace, de dissuasion.

Théoriquement, le droit a pour objectif de défendre les faibles face aux forts ; un gouvernement, sensé représenter la volonté générale, parle et agit au nom de la majorité du peuple. Mais le droit conçu par les maîtres œuvre à leur bénéfice beaucoup plus qu’il ne le fait dans l’intérêt des peuples.

 Pour peu que les choses du social se gâtent, les ennemis du peuple ont pour eux le droit, je veux dire la loi, qui les sert le plus souvent et du mieux. Lorsqu’il leur fait défaut et qu’ils ne peuvent arriver à leur fin légalement et légitimement, ils trouvent toujours dans l’élite intellectuelle, des conseillers occultes, parmi les juristes et les magistrats, qui pour les satisfaire et moyennant rétributions, tordrons le cou aux textes, quitte à piétiner et rationalité et authenticité. Rappelons-nous la dissolution de l’APN, en 1992, pour préparer le vide constitutionnel. Ils ont réussi à mettre la main sur « la force institutionnalisée » : via les gouvernements fantoches dont ils tiennent en fait tous les leviers, ils ont contrôlé la police et l’armée. Ils ont eu ainsi, comme le disent les juristes, à propos de l’État, le monopole de la contrainte légitime. S’il est vrai que les démocraties modernes dépendent de l’opinion publique qui façonne la démocratie, cette opinion est largement modelée par la peur.

Sous prétexte de menaces sécuritaires le gouvernement gère le droit d’accès à l’information et accentue toutes sortes de surveillances des citoyens. Le pouvoir militaire et ses périphériques, armées, renseignement s’attaquent essentiellement aux libertés. Ils ressemblent au feu, rien ne satisfait leur faim de pouvoir : ils ne consument que la liberté.

Il est clair que les forces en présence sont inégales. A la lutte, se mesure la progression. C’est la détermination du peuple, son courage, sa foi en sa cause et en l’intérêt général, qui finit toujours par faire plier l’autorité.   Perdre une bataille, voire plusieurs, n’est pas perdre le combat, aussi, il est hors question de céder. N’oublions pas que la révolution algérienne fut une force irrépressible contre laquelle le colonialisme ne put rien. Les souffrances occasionnées par l’arrogance et la cruauté des pouvoirs français ont multiplié la force de la résistance populaire et l’ardeur de ceux qui espéraient finir en martyrs. L’espoir décline de la vie. La braise de la liberté brille sous le souffle de la vie.  Le peuple a ses moyens de lutter en dehors du nombre et de l’union.  L’information et la réflexion sont essentielles : une information filtrée, libre, objective et honnête ; une réflexion personnelle d’abord, collective ensuite, sur des faits surement établis. Il y va de l’avenir du pays : gare aux chimères et aux mensonges.

Le Harak, contre toute exclusion, a besoin de tous les enfants du peuple auxquels l’avenir du pays tient à cœur; que nos grands frères et nos grandes sœurs prennent les devant et donnent l’exemple aux foules qui s’identifient à ceux et à celles qu’ils croient être les meilleurs. Le combat politique engagé par le Harak doit être non seulement soutenu mais mené par ceux et celles que le combat a rendu(e)s grand(e)s : les valeureux (ses) et les talentueux (ses) qui ont hâte que ce peuple s’ouvre la voie et l’ère de la dignité et qui, n’ayant que l’intérêt général pour seul objectif, sont capables de déjouer les plans des oligarques prédateurs et charognards.

Les personnalités- et elles sont nombreuses – qui parlent du Harak ou à son sujet et qui sont sur sa ligne de conduite doivent avoir réalisé que leurs discours, miroir de leurs espoirs, étaient presque superposables et qu’il était, dans l’intérêt du peuple et de l’étape, de s’asseoir ensemble et discuter du possible et de l’efficace constructible. C’est un signe de réussite que d’avoir en son sein toutes les couleurs du prisme politique. Ce ne peut être un handicap ni pour les relations ni pour la prise de décision lors de l’étape en cours qui se limite à la période de transition et ses nécessités.  

On y trouve un cumul et une juxtaposition de convictions simples, naturelles et surtout sincères bien que parfois inconciliables les unes avec les autres. Si chaque moment étant propice à un apprentissage, les moments du Harak sont propices à une transmission effective et intergénérationnelle des principes de Novembre. Un partage où interviennent l’esprit, le cœur et l’âme pour provoquer l’émotion vive et toucher le citoyen en général et le jeune en particulier.  Ainsi, il participe au travail de culture qu’un pays – qui se respecte – doit sans cesse remettre sur le métier. Son action doit évoluer dans le sens du choix, du soin, de la précision enfin dans le sens du beau, du meilleur. Que les dignes, inspirés par les horizons qu’ouvre le Harak et les fondements de notre culture plurielle, s’évertuent à transmettre les trésors  que nous a légués le berceau natal.

L’Algérie est semblable à une scène de théâtre où les personnages et les situations ne cessent jamais de changer. Il est pesant de ne pas avoir  de raison de vivre. Dans le pays de ‘’la dignité et la décence’’, vivre se faisait dans la peur ! La peur ne peut être vaincue que par une bonne et juste cause.  L’ère de l’idéologie des années 1990 et ses luttes a eu son temps et ses espaces, ses fans et ses victimes. Cette conception de la scène politique, aujourd’hui, est à proscrire. On ne peut se permettre, vu l’état du pays, de truquer, de calomnier, de trafiquer des faits en toute impunité et sans remords. Les écarts entre les factions de l’opposition ne doivent pas aboutir à un conflit qui aiderait le pouvoir à souffler et reprendre ses forces : tout doit se résoudre sur une table par le dialogue !

Il ne sert à rien de vouloir minimiser le fait que la conception actuelle de la politique se doit de rompre de manière définitive avec celle de la fin du siècle dernier. Bref ! Que la coupure soit nette avec le style et les attitudes qui ont mené à la situation délétère du pays. L’état de dégradation, atteint par l’Etat, tant du point de vue social, économique que politique, à la vielle du dialogue, introduit à cet endroit précisément une rupture décisive et un questionnement nouveau.

Le Harak, notre engagement, exige de nous que chacun quitte ses mauvaises manières, ses tendances égotiques. Vivre pour son pays, c’est ôter tous les désirs temporels de son cœur hormis le nécessaire pour sa vie et pour la vie de ceux qui vivent autour de lui.  Sans boussole,  le Harak risque de confondre le sentier avec le but à atteindre et ne pourra rien contre la suite d’antinomies causées par le régime essoufflé, insoucieux des vicissitudes de l’avenir. Mais sa parole, son sérieux et son engagement sont gage d’espoir.

Le Harak est un fait de la jeunesse qui s’adresse à la jeunesse : elle a longtemps été la cible préférée du terrorisme d’Etat, qu’elle soit donc la cible préférée des lumières du Harak. C’est une nourriture pour toute une vie que promet le Harak ! Elle doit être orientée sur la jeunesse, noyau vibrant, qu’il faut vivifier, sinon elle risque de se voir réduite à des gestes sans intelligence. 

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