Dans un communiqué de presse d’aujourd’hui, le président d’un anonyme Centre d’étude et de réflexion sur le monde francophone CERMF « condamne les propos anti-francophones de certains responsables politiques algériens, et notamment ceux récemment tenus à la suite du lancement surprise d’un pseudo-sondage, ne respectant pas les règles élémentaires en la matière, sur la place du français à l’université. Le tout, dans une période cruciale de l’histoire de ce grand pays arabo-berbéro-francophone frère, qui a surtout besoin de réformes courageuses et profondes de son modèle économique, ainsi que d’une redéfinition de ses priorités en matière de politique étrangère. »

Tous les arguments égrenés dans le papier que je vous joins ci-dessous ne sont pas sans pertinence. Il en faut, pour créditer ce qui ne peut l’être. Le plaideur est habile, mais ses buts inavoués sont sans portée.

Ce n’est pas l’Algérie qui quitte la francophonie, c’est la France qui a renoncé depuis longtemps à la langue française. La plupart de ses élites sont formées dans les écoles et universités anglo-saxonnes, un peu comme nos dirigeants qui envoient leurs gamins se former à l’étranger pendant que les enfants du peuple sont asphyxiés dans un système éducatif monolingue et une langue arabe pour primates.

La francophonie a pour principale mission contemporaine, quelle qu’ait pu être ses objectifs originels, de servir d’atouts (vermoulus) entre les mains d’une politique étrangère française dévoyée, localement, face au monde germanique et, globalement, face au monde anglo-saxon.

Concrètement, elle maintient l’Afrique et le Maghreb, toutes élites comprises, dans un état de dépendance préjudiciable et aliénant. Elle prétend négocier ce qu’elle tient pour une influence géostratégique avec ses vis-à-vis qui savent que la France n’a pratiquement plus aucune influence nulle part.

J. Chirac naguère a fait illusion. La langue française a repris quelques couleurs, brièvement, après 2003.

Depuis, c’est la dégringolade partout. La langue de Molière est universellement en voie de disparition : au VietNam, au Laos, Cambodge, mais aussi dans les ex-pays de l’Est où elle était appréciée : en Russie, en Roumanie, en Pologne…

Les Italiens appréciaient cette langue. Plus maintenant.

Dans les compétitions sportives, le français s’est évanoui. Même les conseils d’administrations à Paris se tiennent en anglais, alors qu’il n’y a pas un seul anglais ou américain dans la salle. Leur cher président ne communique plus qu’en anglais à l’étranger et… même en France. Cela en violation de l’article 2 de la Constitution de la Vème République.

François 1er avec son ordonnance de Villers-Cotterêts (1539) doit se retourner dans sa tombe.

Les universités françaises se targuent de ne plus offrir des cours qu’en anglais. Leur ministère vient d’ailleurs d’augmenter les frais de scolarité à un niveau tel que plus aucun africain ou maghrébin ne puisse s’y inscrire. Ce que les étudiants français ne savent pas, c’est que cette mesure qui pénalise les « pouilleux » du tiers-monde, n’est que la première étape.

C’est eux qui sont réellement visés.

La France aurait pu jouer un rôle infiniment plus glorieux et surtout plus conforme à ses intérêts et à ceux de l’Afrique. Au lieu de la coopération gagnant-gagnant, elle a préféré la revanche, le négationnisme, la réécriture de l’histoire.

Elle a préféré la subordination au monde atlantiste et sioniste. En un mot la soumission, à l’insu de son opinion publique, pour ne pas user d’un mot qu’on répugne aujourd’hui à utiliser, son peuple. Une « France licratisée » comme l’écrivait Anne Kling en 2007 (éditions Mithra, 257 p.).

L’état de son industrie, de ses finances et de son économie est déplorable. Elle est désormais dépourvue de tous les moyens nécessaires pour peser sur les affaires internationales, ne serait-ce que pour défendre correctement ses intérêts. Les principaux leviers de commande échappent aux gouvernants qui passent le plus clair de leur temps à distraire les Français avec un bavardage sur des sujets sans intérêts pour éloigner leur regard de ce qui les concerne au premier chef.

Dans les anciennes colonies, ce n’est guère mieux. Des peuples travaillés par des « élites » aliénées qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez, par exemple coincées en Algérie en une lutte idiote et stérile contre la langue arabe et contre les fondements mêmes de leurs cultures maghrébines bien comprises, intelligemment appréhendées, ouvertes, historiquement solidement établies. On se perd en de futiles querelles et dans des propositions constitutionnelles purement formelles qui demain, si elles devaient être mises en œuvre, livreraient « légalement » le pays pieds et poings liés à des syndicats d’intérêt étrangers puisque c’est eux qui dans l’ombre agitent ces pantins et aussi leurs adversaires plantés au cœur du pouvoir pour la continuité d’une politique à leur avantage, en saupoudrant une rente à des larbins, à des trabendistes, des escrocs et à des truands.

Cela fait penser à tous les restes que le colonialisme a laissés dans ses anciens Empires : Catholiques peu à peu grignotés par les Eglise réformées (évangéliques, pentecôtistes…) ; maronites, coptes, zoroastriens… reliques d’un lointain passé qui finissent les uns après les autres par rejoindre l’Europe, l’Amérique ou par se dissoudre progressivement, soutenus à bout de bras par des systèmes néocoloniaux qui utilisent certains de leurs membres comme chevaux de Troie.

Ces reliques donnent une impression de vie, elles ont une apparence d’existence, mais elles savent qu’elles sont virtuellement mortes.

Sauf si, comme cela se produit ici ou là, elles se prenaient en charge et rétablissaient localement leur intelligence du monde d’aujourd’hui et s’appuyaient sur des bases nationales autour de préceptes politiques au cœur des préoccupations des populations, peu importe leurs confessions, dans un environnement multilatéral.

La langue française porte une part importante de notre passé historique, nos archives, nos rues et nos villes, notre organisation territoriale et administrative…

Mais il est hors de question qu’elle tienne un autre rang que celui d’un instrument, et de lui accorder plus valeur qu’un « butin de guerre ».

Le texte du rigolo qui préside pompeusement le CERMF expliquera cela à ses donneurs d’ordres parisiens.

Un risque périlleux de perdre la langue française ?

Les Algériens le prennent volontiers quitte à la nationaliser comme on l’a déjà fait en 1962.

En sorte que personne ne pourra utiliser cette langue contre l’Algérie. C’est d’autant plus cocasse que jamais il n’y eut d’enfants algériens parlant français qu’après le départ des colons.

Hors de la francophonie, l’Algérie est le plus grand pays francophone du monde.

Aujourd’hui, les Algériens se sont levés pour se libérer, pas pour troquer un seigneur contre un autre.

Et en matière linguistique, la priorité est à la libération de la langue arabe, pas pour la troquer contre des bricolages politiques de circonstances internes ou externes.

Le monde est riche d’une infinie diversité linguistique. Pourquoi limiter l’éducation de nos enfants pour satisfaire à des lubies qui n’ont rien à voir ni avec notre diversité nationale, ni avec nos traditions, mais qui visent très explicitement des objectifs politiques périlleux pour l’unité nationale, dont la francophonie n’est qu’un des instruments.

Djeha,

Mardi 23 juillet 2019.

Langue française en Algérie : le CERMF condamne une dangereuse dérive anti-francophone et in fine anti-algérienne

Communiqués, Paris, le 23/07/2019

Communiqués

Communiqué de presse

Le CERMF condamne les propos anti-francophones de certains responsables politiques algériens, et notamment ceux récemment tenus à la suite du lancement surprise d’un pseudo-sondage, ne respectant pas les règles élémentaires en la matière, sur la place du français à l’université. Le tout, dans une période cruciale de l’histoire de ce grand pays arabo-berbéro-francophone frère, qui a surtout besoin de réformes courageuses et profondes de son modèle économique, ainsi que d’une redéfinition de ses priorités en matière de politique étrangère.  

Si l’apprentissage de différentes langues étrangères est toujours souhaitable, nous rappelons que la remise en cause, ouvertement voulue par certains responsables politiques, du statut de première langue étrangère accordé au français en Algérie, et donc du caractère francophone du pays, est de nature à nuire gravement aux intérêts supérieurs de celui-ci et du peuple algérien. Et ce :

– en coupant l’Algérie de son environnement immédiat, à savoir le reste du Maghreb et plus globalement l’Afrique francophone, vaste ensemble en plein essor économique et démographique, et présentant de nombreuses opportunités.

– en éloignant l’Algérie de ses alliés traditionnels et historiques, par une érosion progressive mais certaine des relations amicales, voire fraternelles, liant historiquement le pays à d’autres ayant aussi le français en partage, au nord comme au sud du Monde francophone. Des relations particulièrement étroites qu’il serait impossible de rebâtir avec d’autres pays et puissances géographiquement plus lointaines, et non liées à l’Algérie par une histoire commune.

– en rapprochant l’Algérie, lentement mais sûrement et au détriment de son appartenance maghrébine, des pays « arabo-anglophones » du Moyen-Orient, de leurs codes culturels, mais aussi, in fine, de leur principal allié occidental et de sa politique étrangère, souvent injuste et source de désordre, et sur laquelle finirait par s’aligner en grande partie l’Algérie, tôt ou tard.

– et enfin, en éloignant l’Algérie de la grande partie de sa diaspora vivant dans des pays francophones.

Par ailleurs, Le CERMF rappelle avec force, études à l’appui et face à une propagande mensongère et assez régulière, que le français n’a jamais été un frein au développement d’un pays l’ayant en partage, du moment que celui-ci décide de mener une politique efficace et de s’engager sur la voie de la bonne gouvernance. En effet, la langue française, aux nombreux atouts, est notamment : 

– celle de la partie la plus dynamique du continent africain, à savoir l’Afrique francophone. Un vaste ensemble, plus de trois fois plus étendu que l’Union européenne tout entière (1), rassemblant 25 pays et désormais plus de 420 millions d’habitants (2), et qui devrait dépasser les 800 millions d’habitants en 2050. Un grand espace, dont la partie francophone subsaharienne constitue le moteur de la croissance africaine, ayant enregistré en 2018, pour la cinquième année consécutive et pour la sixième fois en sept ans, les meilleures performances économiques du continent, avec une croissance globale de 3,9% (4,6% hors cas très particulier de la Guinée équatoriale), contre 2,2% pour le reste de l’Afrique subsaharienne. Un dynamisme particulièrement perceptible dans les pays de la zone UEMOA, limitrophe de l’Algérie et qui forme la plus vaste zone de forte croissance du continent (6,4% en 2018, et 6,3% en moyenne annuelle sur la période septennale 2012-2018). Enfin, l’Afrique francophone subsaharienne est également la partie la moins endettée au sud du Sahara, comme en atteste le fait que seuls deux pays francophones font aujourd’hui partie des dix pays subsahariens les plus endettés (selon les dernières données du FMI, publiées en avril 2019).

– la langue de la vaste et dynamique province du Québec, haut lieu de la créativité et de la haute technologie, et qui affiche notamment un taux de chômage régulièrement inférieur à celui du reste anglophone du canada (4,9% en juin 2019, contre 5,6%), et dont la capitale politique, Québec, est la ville ayant le taux de chômage le plus bas du pays (2,4% en juin 2019 !). Le Québec, troisième pôle mondial pour l’aéronautique et l’industrie du jeu vidéo, quatrième pôle mondial pour le secteur des effets spéciaux cinématographiques, et qui est également la terre du groupe Bombardier (numéro un mondial de la construction ferroviaire et numéro quatre de la construction aéronautique), de la SNC-Lavalin (un des leaders mondiaux de l’ingénierie et de la construction, avec plus de 51 000 employés à travers le monde), ou encore du Cirque du Soleil, entreprise mondialement connue et première dans son domaine avec ses près de 4 000 salariés. Une grande province dont la capitale économique, Montréal, a notamment été élue meilleure ville étudiante au monde en 2017 par le classement international QS Best Student Cities (établi par le cabinet britannique Quacquarelli Symonds), et où les cours universitaires sont toujours essentiellement prodigués en langue française.

– et la langue de la France, deuxième puissance mondiale après les États-Unis, en combinant l’ensemble des critères de puissance : économie, capacités militaires, poids géopolitique, influence culturelle, ou encore la géographie (grâce notamment à son territoire maritime, le deuxième plus vaste du globe, grand comme plus de quatre fois l’Algérie et réparti sur trois océans). Un grand pays ami et proche de l’Algérie, mais aussi un grand marché et débouché potentiel pour celle-ci, mais qui demeure, tout comme l’Afrique francophone, presque totalement inexploré et inexploité par une Algérie toujours presque incapable d’exporter autre chose que ses hydrocarbures, contrairement à ces deux voisins du Maghreb (même s’il convient de saluer les progrès réalisés en vue d’atteindre, au moins, l’autosuffisance dans un certain nombre de domaines).

Le CERMF appelle donc les autorités algériennes à mobiliser les nombreuses énergies et compétences du pays dans le seul et unique but d’en résoudre les véritables problèmes. Et ce, en réorientant des pans entiers de sa politique économique et étrangère, et en œuvrant donc en particulier :

– à la mise en place d’un environnement juridique, réglementaire, administratif et fiscal favorable aux investissements et à la création d’emploi.

Pour rappel, l’Algérie a été classée, fin 2018, à la 157e place dans le dernier classement international et annuel de la Banque mondiale en matière de climat des affaires, arrivant ainsi bien loin derrière le Maroc (60e et deuxième pays arabe, après les Émirats arabes unis) et la Tunisie (80e, et cinquième pays arabe), et faisant presque aussi mal que le Soudan (162e place pour ce pays, au passage arabo-anglophone et moins développé que l’Algérie).

– à prendre les mesures nécessaires à l’émergence d’une économie compétitive, capable d’exporter et de tirer profit, notamment, des importants débouchés que représentent les proches marchés européens, dont ceux des pays francophones amis.

– à renforcer les liens avec la vaste Afrique subsaharienne francophone afin de bénéficier pleinement du dynamisme de cet ensemble et des grandes opportunités qui s’y présentent, et ce, en s’inspirant notamment de la politique volontariste menée par le Maroc depuis plusieurs années. Il convient de rappeler, à titre d’exemple, que les agences bancaires marocaines implantées dans cet espace sont désormais plus de deux fois plus nombreuses que les agences françaises, alors que les établissements financiers algériens brillent par leur absence. Un important et regrettable écart entre ces deux pays frères du Maghreb qui peut également être constaté au niveau de la densité du trafic aérien, avec non moins de 24 pays subsahariens desservis début 2019 par Royal Air Maroc, devenu un des acteurs majeurs du transport aérien an Afrique, contre seulement six pour Air Algérie…

– et enfin, à mettre un terme de manière courageuse et définitive au long et très dommageable contentieux qui oppose le pays au Maroc sur la question du Sahara occidental. Une entité montée de toutes pièces, sans aucun fondement historique, culturel, démographique ou encore géographique, et que même les anciennes puissances coloniales n’avaient osé créer, tant l’idée leur paraissait absurde. La relance sérieuse – qui s’en suivrait – du projet de construction de l’Union du Maghreb arabe (UMA) doit ainsi être placée au rang des priorités de la politique étrangère de cette « nouvelle Algérie », voulue et réclamée avec force par la population du pays.

Il est désormais temps de tourner cette longue page de l’histoire algérienne, marquée par des responsables politiques ne plaçant pas toujours l’intérêt supérieur du pays au sommet de leur priorités, et faisant régulièrement diversion afin d’éviter d’avoir à traiter ses véritables difficultés.

Ilyes Zouari

Président du CERMF (Centre d’étude et de réflexion sur le monde francophone)

www.cermf.org/communiques

1. contrairement à ce qu’indiquent la plupart des cartes géographiques en circulation, qui divisent par deux ou par trois, voire davantage, la superficie des pays du Sud. À titre d’exemple, l’Algérie est 10 % plus vaste que le Groenland, et non plusieurs fois plus petite.

2. et non environ 200 millions, comme le laissent à penser certaines statistiques publiées et médiatisées par l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), mais qui ne comptabilisent que les personnes maîtrisant la langue française.

Étudiants étrangers : la hausse des frais d’inscription publiée au Journal officiel

Par LEXPRESS.fr avec AFP, publié le 21/04/2019 à 17:19

Dès la rentrée, les étudiants extra-européens devront s’acquitter de frais dix fois plus lourds que leurs homologues européens.

La fronde contre cette mesure gouvernementale n’aura rien changé. La hausse des frais d’inscription universitaires pour les étudiants non-européens entrera en vigueur dès cet automne, selon deux textes publiés ce dimanche au Journal officiel.

À la rentrée prochaine, les étudiants extra-européens devront donc s’acquitter de 2770 euros en licence et 3770 euros en master et doctorat… soit plus de dix fois plus que leurs homologues européens, selon l’arrêté du ministère de l’Enseignement supérieur.

Des cas d’exonération discutés

Un décret publié dimanche liste par ailleurs une série de cas selon lesquels les étudiants hors-UE pourraient être exonérés de cette hausse, notamment en raison de leur « situation personnelle » ou s’ils répondent « aux orientations stratégiques de l’établissement ».  

Avant cette hausse, les frais d’inscription s’élevaient à 170 euros pour une année de formation en licence, 243 euros en master et 380 euros en doctorat pour les jeunes Européens.

La ministre a en revanche refusé d’augmenter de 10 à 15% le nombre d’étudiants que les universités peuvent décider d’exonérer de frais, comme le permet un décret de 2013. 

Depuis son annonce en novembre, cette annonce de hausse de frais universitaires ne cesse de faire des vagues.  

Le gouvernement assure qu’elle permettra de renforcer l’attractivité de la France et d’augmenter le nombre de boursiers mais il n’a pas convaincu les opposants qui accusent cette réforme d’ériger un « mur de l’argent » frappant les étudiants étrangers les moins fortunés. 

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