Une visite exceptionnelle ! 16 ministres, excusez du peu, de quoi organiser un Conseil des ministres français en Algérie et revenir à une époque où les Français se réunissaient chez eux, chez nous…

Laissons cela aux débats franco-français qui ont déjà commencé.

La vrai question est : pourquoi ?

La question est d’autant plus opportune qu’elle est de nature à troubler notre voisin du côté de l’Océan (en descendant immédiatement à droite…, attention à la marche !)

Il y a quelques semaines déjà M6 se tripotait le schmilblick et agitait les quelques neurones qui lui restent dans ce que l’on appelle ordinairement la boîte crânienne de sa Majesté.

La rareté de l’énergie fossile en Europe que l’Amérique s’est débrouillée pour rendre ses « alliés » fortement dépendants a atteint des prix astronomiques (A condition qu’on en trouve) a rendu la France et l’Europe très attentive à la situation algérienne et sahraouie.

Soit, tout ce qui est fait pour plaire à notre sympathique voisin dont la fraternité est plus que superfétatoire.

Mais rassurez-vous, sa Majesté a été rassurée. Et elle n’est pas la seule à l’avoir été. Tous les amis de ce royaume de pacotilles ont été rassurés. Pour autant que les Français parviennent à rassurer qui que ce soit… Demandez donc aux employés de Total…

Reprenons notre question : quel est donc l’objet de cette visite ?

  1. Contre tout ce que déclare la première ministre française, les hydrocarbures suffiraient à expliquer et justifier ce branle-bas de combat. Ça ne va pas gazer dans l’Hexagone dans les prochaines semaines et mois. De plus, il y a une lutte à mort en Europe, malgré les clameurs d’« Unité retrouvée et consolidée ». Pour ce qui est de l’Algérie, les Français ne veulent surtout pas laisser les Italiens ramasser seuls la mise. Et à Alger on sait compter.

2.- Les Français sont là aussi pour la défense de leurs parts marchés et de leurs exportations (pendant que les Chinois leur taillent des croupières). Leur commerce extérieur vient de battre un record de déficit et les Algériens ont vu leur solde au contraire flamber.

C’est le moment, se dit Macron, de combler le vide avec du plein.

Et comme les Algériens adorent consommer ce qu’ils ne produisent pas et que beaucoup d’entre eux – surtout ceux dont les revenus ne sont pas salariaux, suivez mon regard, pas par là, par ici ! – sont encore sentimentalement attachés à une époque que les moins de soixante ans n’ont pas connue… et n’ont pas profité des joies de la loi de 1963…

Il y a donc des pépètes à ramasser dans l’ancienne colonie où il y a plein de nouveaux riches qui ne savent quoi faire de leurs dinars à 250 gr le kilo…

3.- Revenons aux choses sérieuse : il y a aussi évidemment les affaires du Sahel où les armées françaises sont de plus en plus invitées à vider les lieux. C’est le cas très récent du Burkina. Après celui du Mali et avant celui du Niger, du Tchad…

Washington a dû sonner les cloches du pensionnaire de l’Elysée pour lui ordonner d’aller voir ce bric-à-brac ingérable que la France avait pourtant garanti (dès 2013) d’aller y mettre bon ordre. C’est vrai qu’avec le président précédent à la mobylette labile…

Certes, le ministre algérien des Affaires étrangères a reçu, mercredi l’Ambassadrice des Etats-Unis à Alger pour évoquer ensemble «plusieurs sujets importants».

Ça, c’est du blabla pour la presse. La réalité est que Mme Elizabeth Moore Aubin a ses propres entrées à Alger et sait forcer les bonnes portes. Elle sait aussi se faire entendre.

Qu’a-t-elle pu donc dire à notre gentil ministre (chargé de répercuter aussitôt après, à son président adoré, ce que Washington a voulu lui dire… pour ne pas en dire plus) ? L’Amérique est partie pour botter le c… à tous qui l’offensent et les amitiés algériennes commencent sérieusement à l’agacer. Qu’on en juge :

  • En septembre dernier, l’Algérie, la Russie la Chine et bien d’autres membres de la conférence de Shanghai, ont participé ensemble à l’est de la Russie, à des manœuvres militaires sous le nom de code «Vostok 2022».
  • Outre cela, sont programmées du 16 au 28 novembre prochains, des manœuvres militaires algéro-russes («Bouclier du désert-2022») qui précisément touchent à cette région que les Occidentaux sont en train de perdre (militairement au prit de Moscou et économiquement au profit de Pékin)… d’autant plus que les Burkinabé manifestent avec des drapeaux russes au-dessus de leurs têtes… pour narguer le ministre français de l’intérieur et l’ancien ministre des AE (un grand VRP breton au service du complexe militaro-industriel).

Est-il nécessaire de parler de la Libye, de l’état déplorable de la Tunisie ou de ce que devient… Alexandre Benalla ?

Comment peut-on imaginer une seconde que 16 ministres français viennent à Alger pour échanger des bousboussettes et des sardines à la Pêcherie… juste pour faire frire sa Majesté bedonnante (presque aussi bedonnante que certains de nos généraux et députés qui devraient faire un peu d’exercice) ?

Qui peut croire un instant que la visite d’Elisabeth Borne vise à « donner un élan et inscrire cette relation dans le cadre d’un renouvellement, d’une dynamique » et étudier « l’état d’avancement des projets pour avancer et concrétiser tout ce qui figure dans la déclaration d’Alger », déclare Matignon. Rien que ça ? En vérité ?

Vues sous un certains angles, les relations internationales sont bidonnants si elles ne leur arrivaient pas de faire des dizaines de milliers de victimes… bien au-delà de l’Ukraine, des pays et des régions que les ONG nobélisées ne fréquentent pas.

Bienvenue à Mme Elisabeth Borne !

Djeha, 7 octobre 2022.

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