Au risque de commettre une « La Paliçade », démocratie veut littéralement dire POUVOIR DU PEUPLE. Cela veut tout simplement dire que le Pouvoir n’appartient qu’au seul Peuple. L’Histoire de l’humanité nous enseigne que, à aucun moment et dans n’importe quel pays, le Peuple n’a eu à décider de son sort. Bien sûr, à certains moments, le Peuple, exaspéré devant les dépassements, les dénis de droit s’est révolté et s’est exprimé violemment. Résultat : Révolution et changement de régime avec son lot de morts, de massacres. La Révolution française de 1789 en est l’exemple et constitue le repère : abolition des privilèges, du clergé au sein du parlement puis abolition de la monarchie et du pouvoir absolu. Mais la transition vers la République ne s’est pas faite, elle non plus, avec des chants et des bouquets de fleur. Régime de la Terreur, Directoire, Empire, Restauration de la Monarchie, puis de nouveau la République.

Ces soubresauts et ces luttes ne sont que les produits des oppositions entre les visées et les visions des manières de gouverner.

Quoique que fussent démocratiques les assemblées où les peuples ont désigné leurs représentants, les systèmes n’ont pas pu tenir, parce que les peuples ont été spoliés de leurs pouvoirs une fois les représentants élus. Les élus se sont comportés en qualité de détenteurs du droit de représenter exclusivement le Peuple, exactement comme les monarques qui, eux considèrent détenir un droit divin sur terre.

Les systèmes de représentation, les votes et les modes de scrutin n’aboutissent qu’à désigner les dépositaires du droit du Peuple pour une durée, un mandat durant lequel le Peuple n’a plus le droit de contester les choix qu’il a fait. Les élus prétendront agir par le Peuple, pour le Peuple même s’ils n’agissent pas du tout en respect des aspirations de ce dernier. Il manque à leur action « Avec le Peuple », ce qui les conduirait à le consulter à chaque fois que nécessaire.

Autrement, la Démocratie dans son acception moderne, telle qu’elle s’exerce de nos jours glisse allégrement vers l’autoritarisme au Nom de la Majorité, de la Démocratie. Du Césarisme habillé de démocratie.

Les Etats issus de ces formes de démocratie mettront en œuvre, au nom de l’intérêt général, de l’ordre Public, aspiration profonde de toute communauté, des systèmes pour leur défense, y compris des lois et textes réglementaires et législatifs qui, au lieu de promouvoir la société sont plutôt destinés à préserver le Pouvoir de toute velléité de changement quand bien même ce changement serait revendiqué par le Peuple.

Sur le plan sociétal, le Peuple sera quadrillé par des organisations en dehors desquelles le citoyen n’a plus le droit à l’expression : encouragements de floraison de partis politiques, syndicats, associations, clubs, forums et autant de communauté qu’il est possible de créer, faciles à contrôler, à orienter. Les LOIS et les textes seront créés pour cela. Le citoyen perd tout poids au profit de la caste. Pourtant, le libéralisme dans son sens le plus complet, veut dire système basé sur la liberté : d’entreprendre pour l’aspect économique, de s’organiser pour les partis et associations et d’avoir des opinions et de les exprimer librement.

Quel est le pays au monde, à l’exception des démocraties nordiques, qui peut affirmer que le Peuple a la considération qu’il mérite.

Des oligarchies et de leur influence sur la politique et la gouvernance

Oligarchie : (gr : oligoi peu nombreux, et, arkhê, commandement). Régime politique où l’autorité est entre les mains de quelques personnes ou de quelques familles puissantes.

La définition est on ne peut plus claire mais essayons tout de même d’en expliciter, selon notre compréhension, au moins les termes.

Cet exercice est rendu indispensable en raison de la compréhension qui en est faite en Algérie, d’ailleurs relayée par la secrétaire Générale du PT. Dans ses interventions, tout le monde a compris qu’elle s’attaquait par ce terme aux seuls industriels privés, et cela semble avéré puisque dans ses développements, elle parle de pouvoir financier qui veut s’accaparer le pouvoir politique.

Elle devrait savoir que c’est dans la logique des choses et, est une forme dialectique d’évolution de la société. Cela est également dans la nature de l’être humain, dans la recherche de la satisfaction des besoins (Echelle de Maslow). Il est naturel, qu’après avoir amassé une fortune à ne savoir quoi en faire, de chercher à faire évoluer les choses, dans des domaines qui étaient jusque-là réservés, et c’est le pouvoir politique qui est recherché. Main basse sur l’économie, puis main basse sur le pouvoir Législatif, et enfin sur l’Exécutif.

Revenons donc à la définition du terme qui, selon Larousse, vise un Régime Politique exercé par quelques personnes ou familles. Le terme « quelques » doit renvoyer à une proportion qui fait référence à un rapport entre le nombre que représente ce terme et à la population dirigée.

En Algérie, nous avons l’habitude de parler de Sérail politique, de cercles du Pouvoir, de partis au pouvoir, de famille (allusion faite à la famille révolutionnaire en opposition avec une autre famille sans la désigner).

L’Oligarchie est constituée par le cercle restreint de personnes qui tournent toujours autour du centre du pouvoir et qui sont dans les alentours attendant le jour propice où le destin les appellera aux commandes, et à chacun son dessein.

Cette oligarchie est constituée des cadres dits de haut niveau mais postés dans les pyramides de la Présidence, des Ministères, des grosses sociétés, du Parlement, du Sénat, des Institutions démembrées de l’Etat (Wilayas, Deiras) et même des Partis Politiques. Car les partis politiques sont des institutions de la Républiques, qui même constituées librement par des citoyens, servent quand même la République, qu’ils soient au pouvoir ou dans l’opposition, dès lors qu’ils apportent leur soutien ou s’opposent en éclairant le Pouvoir par les contradictions apportées.

L’Oligarchie regroupe donc un effectif de personnes, qui sont toujours les mêmes, amovibles, interchangeables et adaptables à toutes les situations. Elles doivent avoir des compétences avérées dans l’art de s’adapter rapidement soit au poste même lorsqu’elles ne semblent n’avoir ni les compétences, ni la formation, ni l’expérience. Car comment expliquer qu’un ministre puisse passer des travaux publics, à la pêche, puis au tourisme… et les exemples sont nombreux.

La seule exigence est de travailler sous la direction éclairée de celui qui est sensé formuler les orientations. Un membre de cette oligarchie ne peut que préserver les intérêts de ce groupe. La légitimité vis-à-vis de l’opinion est de défendre le programme qui, lui, dans la forme et dans le fonds ne peut que viser le bienêtre de la société et des citoyens. Défendre le discours et défendre mordicus les réalisations en dépit de toutes critiques et de toutes contradiction, quitte à tourner au ridicule toute velléité de débat, et cela plait au petit peuple.

L’une des armes les plus usitées par l’oligarchie est la démocratie. La démocratie n’est ressortie qu’aux moments des votes-désignation pour arguer que le Peuple a choisi et peu importe ce que ce Peuple en pense. Les urnes ont parlé et c’est la majorité sortie du scrutin qui aura dorénavant le droit à la parole.

La parole est donc confisquée par les institutions élues et les représentants du Peuple, qui, par le bulletin sont désignés pour entrer dans ce cercle de l’oligarchie. L’Exécutif est désigné par le premier des citoyens élu au suffrage universel, par le Peuple. Quoi de plus pour dire que le Peuple a le Pouvoir.

Il ne faudrait pas oublier que l’Oligarchie a besoin de protection contre toute forme d’atteinte qu’elle soit morale ou matérielle.

Deux grosses institutions sont chargées de cela.

En premier : les forces de sécurité (Armée, Police et Gendarmerie). Ces institutions sont, bien entendu, chargées de défendre les citoyens et leurs biens, l’Armée, elle, ayant une mission bien plus noble qui est de défendre l’intégrité du territoire, et, dans certains cas, la forme Républicaine de l’Etat.

En second, le Pouvoir judiciaire qui agira, lui, pour faire respecter les Lois, protéger les citoyens contre les abus, les agissements contredisant ou contrevenant aux formes légales des relations entre les citoyens eux même et entre les citoyens et les administrations/institutions.

Quelles sont les principales sources en ressources humaines ?

Pour se régénérer, l’oligarchie a besoin de renouveler ses effectifs. Elle les puisera toujours des mêmes réservoirs : l’ENA, quelques grandes Ecoles (pas nombreuses), les partis politiques, l’Exécutif, le Parlement et les différents cercles du Pouvoir. Il est même quelques fois fait appel à des associations étroitement liées au Centre du pouvoir et qui montrent leur allégeance.

Mieux encore, dans le souci de pérenniser son existence, l’oligarchie va jusqu’à tisser des liens familiaux pour lier les destins et mieux se protéger.

Il faut apporter tout de même une précision de taille. Ce système est valable sous la plupart des cieux, y compris ceux qui donnent des apparences de démocratie réelle. Il y a même pire et ce sont les cas où l’argent est au pouvoir et il l’exerce par le biais des lobbies sans le voiler.

Disposer d’un système électoral, quand bien même il est transparent, ne veut pas forcément dire que le Peuple dispose du pouvoir, même si dans l’énoncé de la Loi Fondamentale il y est fait expressément allusion. La Démocratie, en réalité, n’est qu’une dictature d’une minorité, même si l’Exécutif est issu d’une majorité Parlementaire et même si la Constitution dispose que le Pouvoir Législatif appartient au Peuple.

Nous pouvons effectivement faire remarquer que la constitution dispose que le Parlement rédige et vote les Lois. En réalité, le Parlement n’a pris que très rarement l’initiative de Loi et se contente de voter et adopter les projets que lui soumet l’Exécutif.

Quand nous parlons de Pouvoir, il faudrait se rappeler, que nous sommes tous partie prenante, chacun à son niveau. Car, il y eut des membres de l’oligarchie, en relation temporaire et je citerai les innombrables cadres qui ont eu entre leurs mains des pouvoirs de décision aussi petits soient-ils mais dont les attaches au centre ne sont que des relations professionnelles, en Contrat de Travail à durée Déterminée(CDD), et ce sont les plus vulnérables.

L’Oligarchie n’est donc pas limitée aux milliardaires qui influencent les décisions du Pouvoir. Elle s’élargit à tout le personnel agissant tant dans les structures de l’Etat que dans les structures élues et partisanes.

Cette règle et cette forme d’organisation existe dans tous les systèmes du monde, mêmes les pays dits grands démocrates.

Cette forme peut même être élargie à la planète, examen fait de l’influence des pays dit développés. Les Groupes dits G5, G5+2, G20 ne sont-ils pas des Oligarchies Planétaires qui visent à imposer leurs façons de voir les choses et qui tenteront d’imposer leurs lois (?), quitte à utiliser les moyens les plus inhumains tels que les guerres, les embargos, les soulèvements et les chaos contrôlés.

Quel est, ou, pourrait être le système idéal ?

Avant de tenter d’esquisser les contours d’un système pouvant, au minimum, respecter le citoyen, ses aspirations au bonheur, au bien être, il serait judicieux de poser quelques jalons.

Le premier est de considérer que l’accès aux hautes fonctions ne doit être basé que sur le mérite et la compétence, notamment pour les fonctions à haute technicité, tels que l’Economie, les Finances, l’Enseignement Supérieur, la Santé…

Il faut également une entente sur la fait que la Politique dans son acception courante ne doit pas être l’apanage d’un groupe, de quelques leaders dont le profil est établi par la promotion de l’image par les médias, le marketing politique et les autres subterfuges basés sur le bourrage des cranes et le formatage de l’opinion publique.

La Politique n’est pas une science pour en faire le domaine réservé de quelques spécialistes. La Politique ne doit pas également être érigée en profession, qui ne peut être exercée que par les initiés.

Par contre un individu peut être amené à exercer de la Politique lorsque la communauté le décide en le « désignant » pour « gérer la cité, les intérêts du Peuple ». Il doit cumuler plusieurs qualités telles que la sagesse, la probité, la sincérité et l’engagement.

Aucun homme politique qui a eu accès à de haute fonction ne doit exercer à vie cette fonction. Les mandats, les missions doivent être limités. Il ne peut en aucune façon disposer des moyens de la communauté pour s’assurer sa pérennité, son bien être personnel ou celui de sa famille après sa mission.

Le Peuple par le biais des textes fondamentaux qu’il établira doit s’assurer de maintenir fort son pouvoir de changer n’importe quel homme politique, n’importe quel gouvernement, dès lors que ces derniers s’écartent du chemin, des objectifs qui lui ont été assignés.

Le système de représentation, à tous les niveaux doit garantir la représentation de tout le peuple dans toutes ses composantes, toutes les tendances politiques, cultuelles, culturelles écartant toute forme de compétition entre ces tendances, ces composantes.

Le Peuple doit pouvoir contrôler donc à tout moment les bilans des réalisations et les mettre en débat, n’écartant aucune opinion, aucun jugement.

Bien sûr cela semble irréalisable. Ce jugement ne peut pas se baser que sur la pratique à nos jours, pratique assise bien entendu sur des valeurs supposées être celles de tout le Peuple. Ceci est un jugement pragmatique. Mais ne dit-on pas que le pragmatisme est un carcan et l’utopie son bélier ?

Il est clairement entendu que ce système n’est pas facile à concevoir et à mettre en place, mais il n’est pas impossible. L’examen de l’Histoire des systèmes politiques permet de voir la progression des « révolutions » et des réformes sociales, politiques. Ces réformes n’ont pour la plupart pas été douces dans leur mise en œuvre…

L’intérêt individuel, du groupe, du clan, de la tribu ont fini par avoir raison des rêves partagés, transformés en cauchemars. Personne ne peut oublier le Goulag, les purges maoïstes et des autres régimes autoritaristes et totalitaires…

Sans un système de pouvoir représentatif et juste

Le pouvoir, et cela quel que soit le système ne peut pas, de nos jours, satisfaire tout le peuple. Les Lois et les règlements mis en place ne servent qu’à préserver ses intérêts, ceux de rester au Pouvoir quel que soit ce que pourraient penser les citoyens. Leurs aspirations buteront toujours sur un mur d’incompréhension. Quoique paraissent légitimes, leurs revendications, elles, seront toujours qualifiées d’illégales.

La société, n’étant pas un corps amorphe, elle réagit, elle aussi en fonction de ses besoins et arrivera à motiver ses actions. Elle se donnera les moyens à sa portée et dictera ses « LOIS » et ses règles.

Sur les plans sociaux et politiques, des exemples peuvent être cités à satiété : le printemps berbère, le printemps noir, le mouvement des chômeurs, les événements de Ghardaïa… etc., chez nous.

L’Occident n’est pas en reste : Occupy street aux Etats Unis, les nuits Debout en France et plus loin dans l’Histoire, Mai 68, les manifestations contre l’austérité en Grèce, en Espagne en sont des exemples de société exprimant leur désapprobation.

Sur le plan économique, le Pouvoir en Algérie a beau exprimer ses intentions de « lutter » contre l’économie informelle, il n’arrive même pas à convaincre une infime portion. Les résultats des opérations de bancarisation de l’argent du circuit noir, de levée d’emprunts obligataires en sont une illustration de sa faiblesse devant le vrai pouvoir, celui de l’argent. Même les luttes aussi banales que le squatte des trottoirs transformés en surfaces commerciales, les parkings livrés aux malfrats raquetteurs ne donnent aucun résultat.

Le ridicule ne tuant pas, le Pouvoir à chaque fête lance des menaces aux commerçants qui n’ouvrent pas durant les fêtes religieuses et les jours fériés.

Ce que le Pouvoir devrait comprendre est que son efficacité s’étiole au rythme de la perte de confiance des citoyens, livrés à eux même.

La société a fini par décliner ses règles, y compris dans la conduite : tout le monde conduit téléphone à la main, tout le monde stationne sur les trottoirs, tout le monde fait de la vitesse. Le code de la route est fait pour les ignares et les ringards. Les débrouillards tirent leurs ficelles et arrivent à se tirer d’affaires. Nous sommes devenus une société où la VALEUR est la QFAZA (débrouillardise) et les connaissances, les introductions pour n’importe quel genre de problème, d’affaire.

Pire que cela, nous avons assisté, durant les années de braise, où le terrorisme aveugle s’est pris aux usines et aux édifices publics, en les brulant et les détruisant, à la naissance de Sociétés de Gardiennage et de Sécurité qui ont poussé comme des champignons, avec possibilité d’autorisation de port d’armes ce qui a suscité bien des débats, puis aux Groupes de Légitime Défense et enfin aux Patriotes.

Dans ce contexte ceci peut s’expliquer, les services de sécurité n’étant ni suffisants en nombre et encore moins en expérience dans la lutte contre ce fléau.

Aujourd’hui, les détenteurs de biens, d’argent pourraient être conduits à demander des autorisations de port d’armes, de création de leurs propres services de sécurité armés à l’instar des pays comme les USA. Les justificatifs seront aisés à trouver et nous assisterons à un élagage progressif de pans entiers des missions des services de sécurité et à leur privatisation.

L’oligarchie s’armera et bien malin celui qui pourra deviner l’usage qui pourrait être fait des armes, si, à Dieu ne plaise, il arrive ce que nous redoutons le plus : la multiplication des milices.

La violence par le verbe se joindra à la violence par le geste et par les armes. La débandade qui règne en Libye fait de ce pays un véritable arsenal à ciel ouvert, un fournisseur potentiel qu’il est difficile de juguler et Dieu sait qu’il existe bien des vautours qui souhaitent la chute de l’Algérie.

Toutefois, l’Algérie, malgré les dissensions, malgré les tensions, malgré ces visées macabres ne peut tomber comme la Libye ou l’Irak.

L’Algérie a un Peuple, bien que divisé à dessein. Elle a une armée Populaire qui n’est pas faite de mercenaires et dont la hiérarchie n’est pas tout à fait corrompue comme on tente de nous le faire croire. Elle restera un os difficile à avaler comme le démontre son Histoire millénaire.

Arezki Maouche
28 juillet 2016

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