Dominique de Villepin vient de s’exprimer coup sur coup sur Gaza et sur l’Irak. L’homme d’Etat courageux qui fit le mémorable discours au conseil de sécurité de l’ONU face aux pitoyables mensonges du secrétaire d’état américain de l’époque.

L’homme politique qu’on croyait uniquement occupé à réaliser de juteuses affaires avec son cabinet d’avocat vient de se rappeler aux bons souvenirs d’une classe politique française terne, sans relief, de plus en plus provinciale et soumise chaque jour un peu plus à l’ogre américain et son capricieux protégé Israël.

Sarkozy a enterré définitivement  le gaullisme et l’indépendance de la France quand, ministre de l’intérieur, président du plus grand parti de France à cette époque, il déclara aux USA en 2006 après avoir été reçu par Doubleyou Bush, que la France avait commis une erreur en ne soutenant pas la croisade de Bush contre l’Irak. Cette réaction d’un «responsable» politique dans la capitale d’un pays étranger  qui se désolidarise de son gouvernement n’a entraîné contre lui aucune sanction ni même une grande réprobation dans les états-majors des partis politiques et encore moins dans les grands média nationaux.

Hollande et son premier ministre Valls ont tout simplement renoué avec les errements de la SFIO de Guy Mollet, alias Guy la Tomate. Si le cri d’amour de Valls pour Israël relève de la psychologie conjugale, l’attitude de Hollande appelant au crime avant de le justifier montre que l’islamophobie et l’arabophobie   de la SFIO restent l’axe qui guide le PS dans sa politique au Moyen Orient. Le PS cherche les voix électorales des bougnouls en France, l’argent des bougnouls dans le Golfe et se met au service de la politique agressive d’Israël. Il rêve de continuer dans la lancée de Guy Mollet qui aida Israël à se doter de l’arme nucléaire. Ce fut Abel Thomas, alors directeur de cabinet du ministre de la défense, l’homme qui déclara : “C’est l’œuvre de ma vie. Pour moi, le destin d’Israël fut vital dès sa création”, qui fut chargé de mettre au point cette secrète opération.

Devant cette classe politique, que n’effraie pas le relativisme moral, qui en appelle aux droits de l’homme quand le régime qui les bafoue ne lui plait pas et qui se tait devant les massacres d’enfants et de civils quand elle ne les justifie pas, l’article de Dominique de Villepin vient à point pour sauver l’honneur de la France. Car l’homme pétri d’histoire sait que lorsque nous piétinons les valeurs qu’on veut promouvoir, elles se vengent terriblement contre nous à l’instar de ce que nous voyons aux USA. Après les attaques du 11 septembre 2001, les Américains apeurés ont laissé faire le criminel Bush qui les gratifia du Patriot Act, régression des droits du citoyen jamais enregistrée dans ce pays depuis sa création.

Une politique intelligent de pays arabes ou musulmans se doit de favoriser les liens avec les tenants de la pensée incarnée par de Villepin. Mais à ce jour, a-t-on vu pareille politique se déployer dans ces pays ?

Mais ce qui relève de la politique peut ne pas intéresser des intellectuels dont la première qualité est la lucidité.

Dominique de Villepin s’est mis sous la haute autorité du général de Gaulle. Et c’est à ce titre que nous devons l’interroger.

Il écrit en effet : «  Il n’y a aujourd’hui ni plan de paix, ni interlocuteur capable d’en proposer un. Il faut tout reprendre depuis le début. Le problème de la paix, comme en Algérie entre 1958 et 1962, ce n’est pas «comment?», c’est «qui?».

De Gaulle a revendiqué dès la déclaration du 18 juin, l’incarnation de la légitimité de la France dans le combat qu’il mène. Il a dénié au maréchal Pétain, pourtant investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, tout droit de parler au nom de la France ou de l’incarner. Ce dogme gaullien sera respecté par tous les présidents, y compris son vieil adversaire François Mitterrand. Le premier à l’avoir bafoué fut Jacques Chirac qui dès son élection en 1995 reconnut la responsabilité de la France dans la rafle du Vel’d’Hyv. Dans la brèche ainsi ouverte allait s’engouffrer les prosionistes Sarkozy et surtout Hollande et le PS.

C’est dans son combat pour la France et son honneur que de Gaulle a trouvé sa légitimité et en combattant sincère, il a aussi vu dans les Algériens qui combattaient pour leur pays leur légitimité et il savait que tôt au tard c’était avec le FLN qu’il devra négocier. Il fallait, pour employer la formule attribuée plus tard à Mitterrand donner du temps au temps, car dans son propre camp et au plus haut du sommet, comme le premier ministre Michel Debré, il savait qu’il ne pouvait être compris dan son dessein.

En ce sens, de Villepin s’éloigne de de Gaulle. Il décide qu’il n’y a pas de plan de paix ni d’interlocuteur. Or aucun mensonge ne fut aussi gros que celui-ci. L’ONU qui créa Israël à la condition qu’elle respectât toutes les résolutions onusiennes et la charte des nations Unies, s’est déjugée en laissant les USA, au parti pris évident faire semblant, en jurant ses grands dieux qu’elle allait imposer un délai à la création d’un état palestinien. Mais ce délai à l’instar de la ligne d’horizon s’éloignait au fur et à mesure qu’on s’en approchait. On a dit à deux parties, celle qui a tout et celle qui n’a rien de trouver, seules et dans un tête à tête inique, une solution au conflit. Il était clair que cela n’aboutirait à rien et les fausses négociations ne servaient à Israël qu’à continuer à piller et à massacrer. Les meilleurs soutiens d’Israël n’osaient même lui demander ce qu’elle exigeait dans ces négociations car ils savaient pertinemment que le but recherché est la spoliation de toute la Palestine historique et la déportation des Palestiniens. Cela peut se faire mais cela ne peut se dire.

La peur de de Villepin d’être traité d’antisémite, puisque maintenant ce terme ne veut plus dire détester les Juifs mais ceux que les sionistes détestent, et de Villepin aura fort à faire avec ces derniers, le pousse à trouver de grandes qualités aux Israéliens et aucune aux Palestiniens et à leurs dirigeants. Il a bien souligné l’hypocrisie européenne à promouvoir la démocratie et à refuser le résultat du choix des Palestiniens. Il s’en prend surtout au Hamas et à sa branche armée sans nous gratifier de la moindre raison de cet ostracisme. Comme si cela ne suffisait pas, dans son second article consacré à l’Irak, et pour bien montrer toute la haine qu’il éprouve pour  ce qu’il appelle l’islamisme et aussi pour faire bonne mesure des critiques envers Israël, il compare ce dernier au nazisme. Ce manque effarant de logique sape les bases de son raisonnement. Il aurait été certes juste de dire que le sionisme est à Israël ce que le nazisme fut à l’Allemagne, car tous deux, et à l’instar de l’apartheid de l’Afrique du Sud d’avant Mandela, ils exaltent la suprématie raciale. Il aurait pu, peut-être, avec plus de bonheur, comparer l’extrémisme musulman aux extrémismes juif d’Israël, chrétien catholique des Philippines, chrétien orthodoxe de Bosnie, bouddhiste  de Myanmar (ex Birmanie), hindouiste d’Inde.

De Villepin nous donne la pénible impression d’être le jésuite du gaullisme ou de ce qu’il en reste.

Bien sûr, il ne peut soutenir la comparaison avec le véritable jésuite et qui se proclame comme tel, le pape François qui, derrière son attitude bonhomme, continue la lutte contre l’Islam dès que l’occasion lui ai donné, à l’instar de ses prédécesseurs Les papes Benoît XVI, auteur de la déclaration antiislamique de Ratisbonne et du papestar Jean-Paul II qui avait pensé compenser l’hémorragie des fidèles par de perfides attitudes contre l’Islam. Tout ceci enveloppé dans un dialogue islamo-chrétien de façade.

Le pape François s’est hâté de recevoir la soudanaise que les inconséquentes autorités de son pays avaient condamné à mort avant de la libérer sous la pression occidentale pour apostasie alors que tout le monde savait que cette personne n’a jamais apostasié pour la simple raison qu’elle fut abandonnée par son père musulman et élevée dès sa naissance par sa mère dans la religion chrétienne. Le pape savait que ce cas n’était qu’un pénible drame individuel et s’en est servi, à sa manière, en jésuite, pour faire sans le dire le procès de l’Islam.

Ce jésuite, a aussi oublié toute charité que l’Eglise a toujours proclamé en approuvant tacitement les bombardements américains conte les insurgés sunnites au prétexte d’éventuels massacres que seules des officines de services de renseignements sont les seules, pour l’instant, à en faire état.

Tout les regrets exprimés par l’Eglise concernant les crimes des Croisades et de l’Inquisition n’est au fond que poudre aux yeux et l’Eglise revient rapidement à ses démons dès qu’elle pense pouvoir le faire dans l’impunité.

L. Dib
16 août 2014

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