Le 5 mai dernier, sur le site Salon, Roger Waters et Nick Mason, les deux membres encore en vie du mythique groupe the Pink Floyd, ont appelé au boycott culturel d’Israël. Dans une lettre ouverte aux Rolling Stones, une autre formation de légende, ils leur demandent de ne pas jouer à Tel-Aviv en juin, pour ne pas participer à l’apartheid de l’entité sioniste. C’est la deuxième lettre après celle de 2013 adressée à « la famille du Rock and Roll » où les Pink Floyd expliquent leur position vis-à-vis de cet état raciste et la nécessité de le combattre par un boycott général.

Que dit Roger Waters, l’auteur-compositeur-interprète (avec David Guilmour) de célèbre “The Wall” à Mick Jagger, l’auteur-interprète de “Sympathy for the Devil” ?

“Alors que les Rolling Stones joueront leur premier concert en Israël, et ce à un moment crucial dans la lutte mondiale pour la liberté des Palestiniens et l’égalité des droits, nous, les deux fondateurs encore vivants de Pink Floyd, avons rejoint l’appel au boycott, au désinvestissement et aux sanctions (BDS), un mouvement mondial non-violent lancé en 2005 et en plein renforcement, à l’initiative de la société civile palestinienne pour mettre fin à l’occupation israélienne, à la discrimination raciale et au déni des droits fondamentaux des Palestiniens. Jouer maintenant en Israël est l’équivalent moral de jouer à Sun City au pire de l’apartheid sud-africain. Indépendamment de vos intentions, franchir cette ligne rouge aide la propagande du gouvernement israélien dans ses tentatives de blanchir les politiques de son régime, injuste et raciste. Si vous n’avez pas joué à Sun City, dans le passé, comme vous, les Rolling Stones, avez refusé de le faire, alors vous ne devez pas jouer à Tel-Aviv tant que la liberté et l’égalité des droits pour tous ne règneront”.

Le 4 juin, après 8 mois de négociations, les Rolling Stones, donnent un concert qui aura duré 4 heures devant 50 000 spectateurs à Tel-Aviv contre la coquette somme de 4,5 millions de dollars. Il faut les comprendre, ce sont pour la puls part des septuagénaires. Cette fois-ci, ce n’était pas une blague du Pourim comme ce fut le cas à l’occasion du cinquantième anniversaire de la création d’Israël. Le 7 juillet, l’opération Coussin de Protection commençait et trois jours plus tard, 100 palestiniens tués et 670 blessés, après 900 raids appuyés par un autre groupe de percussionnistes légendaires dans le registre des génocides : la classe politique française. Sa maestria est reconnue par la qualité de la danse du ventre des états bicots.

Les Pixies, Gorillaz, Klaxons, Elvis Costello, Gil Scott-Heron et Carlos Santana ont tous refusé de se produire en Israël et pas seulement à la demande des Palestiniens. Des universitaires Israéliens, fans du groupe américain ont écrit une lettre pour rappeler aux Pixies quelques paroles de sa chanson « River Euphrates », sortie en 1988 : « Bloqué ici à cours d’essence, ici dans la bande de Gaza, à force de vouloir y aller trop vite ». Les Pixies ont compris le message : « Que ces paroles soient une métaphore ou qu’elles fassent effectivement référence à des pénuries d’essence, on ne peut s’empêcher d’y voir une résonance avec ce qui se passe aujourd’hui dans la bande de Gaza », ont-ils expliqué.

La retentissante annulation des Pixies marque-t-elle le début d’un mouvement plus profond ? « J’espère sincèrement que nous n’en arriverons pas là », souhaite Moran Paz, la porte-parole de Shuki Weiss, une société de productions de spectacles. Quant au concert d’Elton John prévu pour le 17 juin au stade Ramat Gan de Tel-Aviv, ses producteurs indiquaient que l’artiste n’avait aucune intention d’annuler. Et comment qu’il avait hâte de soutenir les bouchers des Palestiniens ! De toute façon, les producteurs savaient que les homosexuels sont des « hommes » de parole. Fort heureusement, comme convenu, Elton John s’est produit devant 45 000 fans à Tel-Aviv sinon Moran Paz ou Gadi Oren auraient été contraints de se rabattre sur du menu fretin, des intérimaires comme les “journalistes et universitaires” algériens, très sensibles au terrorisme culturel dont est victime Israël.

Pour un séjour à Tel-Aviv qui a duré du 25 juin au 3 juillet 2000 et dont le spectacle a été négocié pendant une année entière, les journalistes et universitaires d’Algérie n’ont eu, chacun, qu’une minable kippa et une affectueuse tape amicale sur les fesses ! C’était semble-t-il bien payé pour toute la hargne que les professionnels du monde entier reconnaissaient à la presse la plus libre du monde arabe dans la conduite de l’opération Plan Durci, menée dans les médias algériens pendant des années avant que la suite de cette même opération contre les camps palestiniens de la bande de Ghaza ne commence en 2009. Aujourd’hui, frustré d’avoir été zappé par Gadi Oren, un chroniqueur fait contre mauvaise fortune bon cœur en invitant ses lecteurs à suivre les buts au Brésil plutôt que les bombes à Ghaza. Une façon assez efficace de dire sa solidarité aux tueurs.

Ouas Ziani
16 juillet 2014

3 commentaires

  1. RE: Roger Waters et les boucs d’Algérie
    Merci Mr Ouas Ziani pour ce billet.

    Connait-on la liste nominative des journalistes et universitaires algériens qui ont visité Israel ?
    Seuls quelques noms sont évoqués: Baya Gacemi, Nadia Ait Zai, Boualem Sansal.
    Sans oublier Ferhat Mehenni bien sûr.
    Les journaux Le Quotidien d’Oran, Liberté, Le Matin, Le Soir, El Khabar, et ElWatan, étaient tous représentés.

    Pouvez-vous Mr Ziani, ou d’autres amis lecteurs, nous citer quelques autres noms ? Sinon tous les noms ?

    Merci

  2. Ouas Ziani on

    RE: Roger Waters et les boucs d’Algérie
    Tout ce que j’ai appris d’un ami, c’est que parmi les pèlerins d’Israël, il y avait un chroniqueur dont j’appréciais la plume : Mounir Boudjema. Il était au Quotidien d’Oran avant qu’il ne cède sa guérite à K. Daoud pour devenir directeur de la rédaction de Liberté. Depuis cette absolution obtenue de David Levy, la distribution des rôles dans les médias est remarquable et la grâce est visible sur le visage de ces repentis.

    Cela peut paraitre étrange que les noms de ces pénitents en moubayaa à Jérusalem soient inconnus à ce jour mais c’est compréhensible puisque ces faiseurs d’opinion ne se sont pas rendus en terre sainte de leur propre chef. Le culte relève du domaine privé, nous disent-ils sans rire.

    Cher ami, ce qui est visible dans cette plume repentie, c’est ce que les psy appellent le clivage du Moi. Le journaliste algérien, et particulièrement le francophone, ne sait plus comment traiter le thème Palestine / Israël. Il y a ceux qui assument leur proximité avec Tsahal, tel Mohamed Sifaoui et il y a ceux qui louvoient, tel K Daoud mais dans les deux cas, les fournisseurs d’idées restent le MEMRI et BHL.

  3. Ouas Ziani on

    RE: Roger Waters et les boucs d’Algérie
    Tout ce que j’ai appris d’un ami, c’est que parmi les pèlerins d’Israël, il y avait un chroniqueur dont j’appréciais la plume : Mounir Boudjema. Il était au Quotidien d’Oran avant qu’il ne cède sa guérite à K. Daoud pour devenir directeur de la rédaction de Liberté. Depuis cette absolution obtenue de David Levy, la distribution des rôles dans les médias est remarquable et la grâce est visible sur le visage de ces repentis.

    Cela peut paraitre étrange que les noms de ces pénitents en moubayaa à Jérusalem soient inconnus à ce jour mais c’est compréhensible puisque ces faiseurs d’opinion ne se sont pas rendus en terre sainte de leur propre chef. Le culte relève du domaine privé, nous disent-ils sans rire.

    Cher ami, ce qui est visible dans cette plume repentie, c’est ce que les psy appellent le clivage du Moi. Le journaliste algérien, et particulièrement le francophone, ne sait plus comment traiter le thème Palestine / Israël. Il y a ceux qui assument leur proximité avec Tsahal, tel Mohamed Sifaoui et il y a ceux qui louvoient, tel K Daoud mais dans les deux cas, les fournisseurs d’idées restent le MEMRI et B.H.L.

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