En Algérie, tous les problèmes découlent de l’incompétence des dirigeants. En fait, que les caisses de l’Etat soient vides ou pleines, les crises se multiplient sans que le pouvoir ne parvienne à les solutionner. A ce propos, la crise de la vallée du Mzab en est un parfait exemple illustratif. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que dans cette affaire le laxisme des autorités met sérieusement en péril l’avenir de la communauté mozabite. Car, depuis le mois décembre 2013, celle-ci vit dans un climat de violence. En 8 mois, elle a enregistré la mort de 11 des siens et plus de 70 blessés. Et s’elle paye ce lourd tribut, c’est parce que cette minorité n’est pas protégée. Sans avoir le parti pris –tous les Algériens doivent être traités avec le même égard –, il n’en reste pas moins que dans ce conflit les mozabites en souffrent terriblement.

De toute évidence, la recrudescence de la violence, notamment depuis le début du mois sacré, corrobore amplement cette thèse. Bien que les dirigeants claironnent –à qui veut les entendre bien sûr –que la crise de la vallée du Mzab constitue leur priorité, la réalité du terrain indique l’inverse. Le sang des mozabites continuent encore de couler. Ceci est dû surtout au traitement impartial entre les habitants de la ville de Ghardaïa. Les vidéos qui circulent sur internet montrent le parti pris flagrant des services de sécurité en faveur de l’autre communauté belligérante, les Châambas. Que reste-t-il du coup de crédibilité à un régime qui discrimine les enfants du même pays ? D’ailleurs, si le problème perdure encore, c’est parce que la loi n’est pas appliquée de façon irréprochable. Or, dans la vallée du Mzab, il y a une seule communauté qui morfle.

Dans leur ultime recours, les représentants de la communauté mozabite s’en remettent directement au chef de l’Etat.  Va-t-il prendre au sérieux cette doléance ? On le souhaite vivement, mais ce n’est pas vraiment sûr. En 2001, lors des événements de Kabylie, le chef de l’Etat –bien qu’il ait été en bonne santé –n’a pas levé le doigt pour éteindre le feu de la discorde dans la région. En tout impunité, les gendarmes ont tué, rappelons-nous bien, 127 jeunes. La plupart d’entre eux ont reçu des balles dans le dos. Mais, s’il manifeste, cette fois-ci, la volonté de mettre fin à la crise, on devra saluer sans ambages cette initiative. Car, chaque vie algérienne épargnée est un effort à encourager.

En plus, puisque tout au long de la campagne électorale d’avril dernier, Abdelaziz Bouteflika a été présenté comme le Roosevelt algérien –même malade, il est plus intelligent et plus fort que tous les Algériens réunis, nous dit-on –, cette crise ne devrait pas être plus compliquée pour lui. Et qui plus est les Mozabites ne demandent que l’application des lois de la République. Mais, dans le cas où il n’y a pas de suite à leur doléance, il faut s’attendre à ce que les idées extrémistes gagnent du terrain. D’ailleurs, le MAK, en Kabylie, n’est-il pas né en réaction à l’incurie des dirigeants. Bien que la population locale ne l’ait pas suivi et ne le suive pas, il n’en demeure pas moins que le mouvement autonomiste progresse de façon inquiétante.  Ce risque est malheureusement présent dans la vallée du Mzab.

En guise de conclusion, il va de soi que la crise qui perdure à Ghardaïa traduit l’échec du régime dans sa façon de répondre aux crises par des solutions sécuritaires. En outre, la localisation du conflit aurait dû faciliter la tâche au régime, s’il n’était pas impartial. Hélas, pour se faire entendre, les Mozabites sont obligés de se déplacer à Alger pour crier leur colère. Leurs slogans résument en effet l’impuissance du régime à résoudre le conflit. « Où sont les promesses de Sellal ? Où est l’autorité de l’Etat ? Que cesse l’impunité », sont entre autres les mots d’ordre scandés à Alger. Enfin, au-delà de la responsabilité du pouvoir, le peuple algérien, et ce, de façon plus générale, n’est pas exempt de reproches. A chaque fois d’une partie du pays est persécutée, les réactions –quand il y en a bien évidemment –sont désordonnées et sporadiques. Pourvu que la crise ne touche pas son patelin, l’Algérien n’est pas trop solidaire des autres. Ceci est aussi valable pour la classe politique. Mis-à-part le FFS, celle-ci se manifeste par parcimonie.   

Boubekeur Ait Benali
19 juillet 2014 

5 commentaires

  1. Tromperie
    Monsiuer Ait Benali nous a trompé deux fois dans son article. Le premier par le titre où je pensais trouver les clés d’une solution à un empoignement tribal indigne de musulmans alors qu’il ne s’agissait que d’un vœu. Le deuxième et le plus grave est que nous assistons à une tentative de créer une sainte alliance berbériste, en nous rappelant les manœuvres des berbéristes kabyles et en donnant raison aux Mozabites contre leurs adversaires sur la foi de vidéos publiés par les militants tribaux des premiers qui sont manifestement mieux organisés que les militants tribaux de leurs adversaires. Il ne fait que verser de l’huile sur le feu au lieu d’essayer de faire travailler ses neurones à expliquer les tenants et aboutissants de ce conflit tribal.

  2. Boubekeur2014 on

    Il n’y a pas de tromperie
    Bonjour Mr Dib!
    Je ne joue jamais avec les mots. Dans ce conflit qui me concerne, comme tous les Algériens, j’ai donné mon point de vue. Bien évidemment, je ne prétend pas détenir la vérité. Mais, tant que je suis vivant, je serai toujours du coté des gens qui souffrent le plus. Voilà pourquoi j’ai souhaité que les autorités trouvent la solution au conflit. Quant au parallèle que j’ai fait avec la Kabylie, une partie intégrante de l’Algérie, j’estime que les mêmes causes produisent les mêmes effets.Le laxisme lors des événements d’avril 2001 ont conduit à l’émergence d’un courant extrémiste.En tant qu’habitant de cette région, on ne cesse pas de le dénoncer. Je peux vous dire que c’est mal vu, mais pour l’Algérie on assume tout.Pour le reste, vous êtes libre de penser ce que vous voulez.

  3. Extrémisme
    Boujour si Boubekeur,

    Puisque vous me permettez de penser ce que je veux, je vais en profiter.Je ne vois pas de quel laxisme, vous voulez parler concernant les évènements d’avril 1980. Il y eut plutôt un mépris des autorités quant à la libre expression d’un romancier algérien qui avait le droit de revendiquer ce que bon lui semble. Par contre des forces politiques se sont saisies de cette répression pour lancer un mouvement violent en terrorisant toute une population. Mais ce mouvement a fini par s’essouffler et comme dans toute pareille circonstance, les plus extrémistes qui ne connaissent que le nihilisme ont pris la suite. Ce n’est en cédant à leur chantage que l’Algérie pourra aller de l’avant. C’est en expliquant à ceux qui s’intéressent au problème du parler kabyle, qu’une langue se forge dans le travail et les sacrifices des siens et non dans la violences physique et l’hystérie verbal.

  4. Boubekeur2014 on

    Quel extrémisme?
    Re bonjour!
    En effet, vous avez la liberté de dire ce que vous voulez. Mais, à partir de là, il ne faut reprocher aux autres de penser différemment. Dans mes deux textes du mois passé, j’ai pris position en faveur des Ghazouis et des Mzabs. Bien qu’il n’existe aucune comparaison, on ne peut pas fermer les yeux sur ces deux cas. Quant à la Kabylie,si vous avez un problème avec cette région, je n’y peux rien. Vous avez même le droit de l’exprimer. Encore une fois, il ne s’agit pas, pour moi, de faire le parallèle avec les événements d’avril 1980, mais avec les événements d’avril 2001. La réaction du régime a bien contribué à la naissance du MAK, un mouvement qui rejette l’Algérie. Bien évidemment, la quasi totalité des habitants de la région est attachée à l’Algérie. C’est pour cela que je dis que le conflit Mzab ne doit pas être traité de la même manière que furent les événements d’avril 2001. Amicalement, Boubekeur

  5. Amnésiques
    Bonjour si Boubekeur

    Dans votre première réponse, vous m’avez donné la liberté de penser ce que je voulais et je vous en ai remercié. Et je ne puis interdire aux autres de pense différemment. Par contre, j’ai l’obligation de dénoncer l’extrémisme des berbéristes, amnésiques de l’histoire de notre région depuis près de 14 siècles, qui veulent prendre une partie de l’Algérie en otage. Ils caressent le secret espoir, en allant se soumettre à Tel-Aviv, de devenir l’objet du chantage contre l’Algérie à l’instar des séparatistes kurdes, alliés d’Israël sous la houlette des Barzani.
    Je ne vois aucun parallèle avec la tragédie que vit la vallée du Mzab où j’ai la faiblesse ce croire qu’il s’agit d’un conflit tribal que l’incompétence d’un pouvoir prédateur a envenimé.
    Amicalement, Dib

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