Les boulets aux pieds
 
Ce n’est pas rien si on vit plus là bas…

Je n’avais pas encore ma bourse d’études et ne savais pas vraiment prendre soin des coupons qu’on nous distribuer  pour assurer notre restauration…

J’avais juste vingt ans et de plus la tête en l’air. Et pauvre de moi d’avoir cru que cela juste suffisait pour affronter la vie en cité universitaire ; je ne réalisais pas que je vivais en pays de haut niveau de vie, la plus chère au monde. Je pensais naïvement en me souvenant de ma vie sans ambition en Kabylie, que je n’avais rien à perdre…Et j’avais connu donc ce nouveau mode de vie aux sensations si fortes avec des êtres de tous les milieux. L’échec et les revers en amour m’avaient vite rétrogradé dans l’infini désespoir d’aujourd’hui aussi.

J’étais parti à la quête de savoir-faire et j’étais revenu sans plus vraiment savoir comment revivre, car d’avoir vécu de forts amours éphémères n’avait plus laissé de place aux rêves d’encore d’autre vie meilleure. Je vaguais longtemps perdu avant que le mariage en Kabylie transforme ma vie de dissipé en   union raisonnable et raisonnée. Je vis rangé mais rongé de manque de créativité. Je me pose souvent des questions comme est ce que le mariage est un renoncement à tout ? Pourquoi je ne décide presque plus de rien… ?

La passion n’est elle plus ce qu’elle était ou est ce le poids des années qui m’a fait perdre le goût de tout ? Je me souviens nostalgique d’aussi ce que j’étais : un jeune qui frétillait, plein d’amour pour la vie, pour les êtres, pour le partage avec des amis que je cherchais toujours. C’était, en réalisant tant d’obstacles à l’épanouissement des jeunes que j’ai cherché à partir ailleurs. En sachant vaguement l’ailleurs mais si je ne savais pas vraiment que trouver en Europe, je savais  ce que je refusais en mon pays, tous ces tabous entretenus depuis longtemps et qu’insupportait notre jeunesse. Et j’étais parti en ces pays qu’on dit de libertés où j’avais tant peiné à trouver les marques pour la mienne, il y avait tant de chaînes dans ma tête dont on ne se libère pas du jour au lendemain…

J’avais donc connu l’ailleurs et en avait été très marqué. Je peux dire aujourd’hui que les sensations d’existence se ressentent en Occident au milieu des vivants. Dans le tiers-monde, les mentalités doivent évoluer afin que la non-vie ne dévore pas encore d’autres générations.

Jusqu’à quand, les malheurs des uns continueront ils à faire le bonheur de beaucoup d’autres ?

J’ai de la foi en les êtres libérés, je sais qu’ils comprendront un jour les nécessités de libérer le reste de l’humanité des boulets qu’elle traîne au bout de ses pieds

***

Sans trop rêver…

Sans trop rêver…
J’apprends enfin à vivre
Et je me livre ivre
Et Sans un jour l’espoir
De l’attendu grand soir
 
Et me voilà les pieds sur terre
A revenir heureux sur terre
 
Je n’attends plus et je vis
Je n’attends plus et je ris
Je n’attends plus et je suis
 
Je suis prêt enfin à aider
Autrui.
 
***

Il n’est point interdit d’en rêver

On nous permet difficilement de vivre ailleurs chez les riches. Et par ici, il n’y a pas tellement de vie, et cela nous pollue l’existence. J’ai donc connu deux mondes, et revenu à l’originel, je m’y sens depuis si longtemps mal à l’aise. J’ai l’impression de les avoir les deux mal abordé…Et ni là, ni là bas, je ne m’étais soucié de ma personne, me faire, croire à la vie et me construire. J’avais fais aveuglément confiance à tous sans distinguer les mal -intentionnés des autres, ce sont les défauts de tant naïves jeunesses. Et comme je ne suis pas de famille aisée, j’aurai du faire plus attention à moi car je ne devais compter que sur moi. Je l’ai peut être fait aux débuts avant de craquer et c’était impossible d’en revenir. Pourtant Ailleurs, malgré les galères, il y avait des moments d’amour, de bonheur et de grandes libertés chez les tolérants enfants du monde. J’ai toujours enragé des interdits en ma société originelle, nous sommes toujours maîtres  pour dresser des obstacles devant les autres, ce dont ne cessent jamais les jeunes de se plaindre. Pourtant le pays est grand, beau et ensoleillé. J’enviais tant les pieds noirs de l’avoir tant aimé mon pays ; ils savaient y vivre, y mettre de l’ambiance, le construire aussi. Ils en avaient fait  leur pays en oubliant notre existence. Ah ! S’ils avaient été moins égoïstes, moins voraces, il n’y aurait pas eu de séparation dans les violences avec eux. Ah ! S’ils avaient accordé les mêmes droits à tous, on en aurait tous bénéficié de ses ressources et on aurait fait ensemble une puissance émergente depuis déjà des lustres…L’Algérie indépendante doit tendre sa main à tous, à tous ses enfants. Et pourquoi aujourd’hui ne pas prendre le meilleur du passé et construire tous ensemble ce pays ? Et dans cette nouvelle Algérie il y aura tout un mélange, il y aura l’ici et le là bas ensemble. On enseignera toutes les langues. On accueillera tout le monde. Il y aura toutes les libertés de conscience de religion. Il y aura beaucoup de tolérance et de bonheur. N’est ce point les désirs de beaucoup d’ici et de là bas ?

Alors pourquoi  ne pas libérer le plus tôt possible tous les êtres….

***

La seule façon…

Emmanuel Kant, le célèbre philosophe n’écrivit-il pas que « l’inhumanité infligée à l’autre, détruit l’humanité en moi »
 
Cessons, cessons de nous répéter tout le temps. Nous le savons maintenant depuis si longtemps. Nous savons que notre révolution, celle de nos aînés, celle de 1954, avait été trahie, détournée de son cours…

Cessons, cessons de nous répéter tout le temps et pousser les jeunes à être vindicatifs. Nous savons au fond de nous-mêmes que si advient la chute des malfaisants contre- révolutionnaires venus d’Oujda ou d’ailleurs, que nous sommes incapables  de faire le moindre mal et que nous ne sévirons contre quiconque même pas contre tous les criminels parmi eux.

Cessons, cessons mes frères de nous répéter, répéter les mêmes rengaines. Ne s’était on pas tant cassé les méninges, rongé les ongles assez longtemps! On le sait maintenant, tous l’ont compris aux quatre coins du pays comme à l’étranger.

Et si l’accumulation de problèmes sans solutions est, et si la sensation de nos chaînes nous pèse tant, et si la mal-vie encore et toujours nous accule, évitons de remuer le passé. Notre seule réponse est d’agir, chacun à son niveau afin de semer les graines de l’amour et des fraternités. Toujours dans l’effort d’éduquer, de s’entraider, persévérer à être meilleur, aider et faire espérer nos proches. Et la seule façon d’honorer nos aînés qui s’étaient sacrifiés, c’est d’être aujourd’hui fideles à leurs serments de bâtir notre pays. Soyons chacun à son niveau pacifiquement révolutionnaire. Et ne jamais céder à de nouvelles violences destructrices. Mais résister  constamment avec les rameaux d’olivier aux bouts des fusils. Et de nos persévérances, viendra un jour le bonheur d’un pays enfin construit où vivront nos enfants dans  des moments conviviaux.

Et de notre générosité, et de notre fraternité nos ennemis nombreux tireront des leçons de vies. Oui, apprenons-leur sans moindre violence, à respecter l’Algérie ; apprenons leur à travailler afin de la remettre sur le chemin de la modernité.

***

Pourquoi serait-il de leur faute ?
 
« La femme a une puissance singulière qui se compose de la réalité de la force et de l’apparence de la faiblesse.  » (De Victor Hugo, Extrait de Post-scriptum de ma vie)
 
De tout temps que je me souvienne on avait glosé sur l’égalité entre les hommes et les femmes. Et cela m’avait toujours  tant intrigué. Il est vrai qu’aujourd’hui encore, je n’en ai pas tellement réfléchi. Ce que je sais de mon exil lausannois, c’est que là où elles sont libres, on éprouve tant de plaisir à les côtoyer, les vivre et les entendre ; cela va naturellement de soi. On s’enrichit de leur savoir, leur finesse, leur tout. Ailleurs qu’en Occident on les dit moins libres, dans certains pays, on leur impose même un tuteur, ce qui va à l’encontre de toute raison. En Algérie, dans mon pays, je me souviens qu’aux lendemains de l’indépendance,  l’urgence était de scolariser tout le monde, garçons et filles en vue de leur émancipation, d’aussi afin de construire un pays moderne. On était bien parti avant que l’échec économique ne change la donne : on les voulait plus sur la place publique comme si l’échec leur incombait ! On s’était laissé aller à manquer de pédagogie et le pays avait failli être emporté. Mais beaucoup d’acquis de la révolution algérienne ont survécu et l’algérienne retrouve de nouveau sa place à côté de l’homme : à notre immense plaisir, elles sont dans tous les secteurs de travail et très actives. Maintenant que chacune s’habille à l’occidentale en jean ou à l’afghane en burqa, cela pour moi relève d’un choix personnel  qu’il faut laisser à cette autre moitié de la population sans laquelle la vie n’aurait nul charme…

Je crois que l’urgence est au respect mutuel et de sortir rapidement de tous ces faux problèmes qui retardent l’essor de la société. Le pays a besoin de tous ses enfants libres pour se construire et émerger.

Amokrane Nourdine
26 juin 2014

2 commentaires

  1. Abdelkader Dehbi on

    RE: Pensées
    Pascal est bien mort. Je viens juste de m’en apercevoir…

  2. Amokrane Nourdine on

    votre commentaire mr Dehbi
    Bonjour monsieur Dehbi,

    Qu’est ce que vous avez contre mes pensées? je contribue en dénonçant l’injustice, les inégalités dans le monde et dans mon pays. Et j’aborde assez de sujets d’actualité. Je ne fais pas que dénoncer de façon récurrente, à la longue lassante ( même si Albert Camus considérait  » Que c’est l’obstination du crime qui faisait l’obstination du témoignage »)le pouvoir algérien!!!
    Quand au penseur Pascal je ne me souviens pas l’avoir lu
    Bien à vous cordialement

Exit mobile version