Beaucoup d’observateurs ont évoqué dans l’ensemble de leur travail, et à travers une forme de synthèse, les intrigues et les obstacles qui ont empêché à ce qu’elle soit établie une véritable démocratie. La domination de la logique militaire sur les institutions est la principale cause de l’échec du processus démocratique, car jusqu’à la preuve du contraire, elle reste une vérité absolue dans la logique du pouvoir. Celui qui fait la loi ne doit pas l’exécuter, ce principe reconnu par la science politique moderne, notamment par ceux qui ont fait l’assaut contre l’absolutisme, fut escamoté. La confusion du pouvoir, voire sa concentration aux mains de l’armée a fait en sorte de faires des lois tyranniques pour les exécuter tyranniquement. L’armée se considère au-dessus de la société, la guerre de libération a servi d’alibi.

Le deuxième obstacle est celui de la rente pétrolière, ayant aussi un rapport avec le pouvoir, c’est-à-dire l’armée. C’est elle qui gère les revenus des hydrocarbures, plaçant la corruption à la pace de la compétence pour paralyser en définitive le travaille et tuer l’économie. La société vit un état de paralysé presque général, favorisant une humeur, une attitude sociale dans lesquelles le travail ne représente plus le secret de la réussite. La combine, la corruption et les épaules larges apportent plus. L’obstacle de la démocratie est la destruction pure et dure de la société civile, la disparition d’une classe moyenne autonome et créative ; l’effacement de la société se faisait à travers sa dépendante du pouvoir. Si on confond le pouvoir avec l’Etat pour reprendre l’idée de B.Ghalion, ce n’est pas l’Etat qui dépend de la société, mais c’est la société qui dépend de l’Etat. Les rapports de dépendance se sont inversés, ce n’est pas la société qui vit de son propre travail, qui s’organise avec ses propres partis, associations, syndicats et autres moyens pour exprimer ses propres revendications. Dans cet état de retournement, le pouvoir a créé ses propres mécanismes de défense, les partis politiques de la société expriment de nos jours sa volonté. Ce dernier se confond avec la société civile, voire dans son absorbation totale. (C.Laffort)

Le troisième obstacle devant la démocratie a un rapport avec l’extérieur, les réseaux de la Françalgérie et par la suite des Etats-Unis/Algérie, sous prétexte de lutter contre le terrorisme, ce rapprochement a compliqué de surcroît le rapport avec la démocratie ; la complicité fut totale après le 11 septembre 2001. Concernant le fonctionnement de ces réseaux, et le rapport de l’Algérie avec les grandes puissances mondiales, notamment la France et les Etats-Unis, le peuple n’a eu qu’une infime vérité propagée malgré le matraquage, les raccourcis et la censure médiatique. Le pouvoir a tiré plus sa force de l’extérieur jusqu’à la trahison de son peuple, la société a pris conscience et elle s’est mise à la résistance, tantôt pacifique, tantôt avec violence.

Au départ, en 1962, nous avons perdu la démocratie par un coup d’Etat militaire contre la révolution et contre la volonté du peuple. Nous l’avons une autre fois perdu en 1992 sous la hantise les généraux janvieristes sous prétexte de conserver l’Etat républicain que les ainés de la révolution ont arraché au colonialisme par l’abnégation et le sacrifice, réduisant ainsi, la résistance de tout un peuple en des simples islamistes égarés. La troisième occasion fut quand le pouvoir en 1997 a lâché sous les effets du gémissement de ses victimes, la violence jusqu’à l’extrême était le langage le plus expressif, le paroxysme de cette violence exercée sur la société a dévoilé le vrai visage du pouvoir, il s’est avéré comme un conglomérat corporatiste, pétrit dans la violence, l’ignorance, l’aveuglement, l’opulence et le gain facile, quelques milliers de personnes s’emparent de la richesse du pays et le reste vit dans l’asservissement et la misère. Le pouvoir, en ce moment précis, était suspecté d’une violence et un massacre qui lui ont restés collés jusqu’à nos jours. À l’époque, la démission du président Zéroual, a mis le pouvoir de l’ombre dans le grand embarras, son attitude de ne pas vouloir cautionner cette violence inouïe, a imposé à ce même pouvoir, de trouver une solution car suspecté au plan international de commettre des crimes contre son peuple. Il y avait deux événements qui ont sauvé le régime, le 11 septembre 2001 où les Etats-Unis cherchaient une façade amplifiant la violence islamiste pour la concevoir tel un danger, un ennemi de circonstance justifiant leur conduite interventionniste dans les zones stratégique du monde, prenant la traction d’El Qu’aida comme ultime argument d’autorité.

Le deuxième événement fut l’arrivé ou la cooptation de président Bouteflika au pouvoir, notamment son incapacité ou non de cautionner une salle une sale guerre, mais Bouteflika, assoiffé de revanche contre son écartement du pouvoir depuis l’ère Boumediene, en précisant qu’il a pris la position ‘’des arènes et des les lions’’, a développé un double jeu. Il s’est montré ami du peuple tout en étant du camp opposé. Il n’était finalement ni pour les militaires parce qu’il a récupéré davantage de pouvoir malgré les luttes ardentes et intestines avec les paires de la hiérarchie, ni pour le peuple car ce dernier réclame ses propres partis, associations, syndicats et tout autre moyens pour faire exprimer ses forces vives. Durant le triple mandat de Bouteflika, nous avons assisté au contraire, à l’abdication pure et simple de la société, les revenus des hydrocarbures ont contribué opportunément à la clientélisation de la société et son maintien dans une liberté surveillée. Bouteflika a finalement créé son propre clan, et c’est fort probable que le vent de la démocratie qui souffle violement de nos jours, et qui a essoufflé le régime de Moubarak et de Ben Ali, soufflera non seulement contre le régime algérien dans son ensemble, mais d’abord, entre les clans au sommet, Bouteflika et le reste. Il ne faut pas oublier que la guerre des clans n’a jamais cessé ; c’est fort probable donc qu’un clan au sommet du pouvoir sacrifiera l’autre.

La dégénérescence du régime, le contexte internationale sont des facteurs encourageants car si les occasions précédentes furent perdues, celle-ci devrait réussir, devrait être exploitée jusqu’à la dernière substance, jusqu’à voir surgir une démocratie émanant réellement du peuple et non une démocratie de façade, parce que c’est ici que réside le génie du régime de s’abriter derrière un pluralisme insensé, derrière une presse relativement libre, derrière la distribution des miettes des revenus des hydrocarbures, encore faut-il le savoir que la société rejette cette politique distributive discriminatoire. Ce n’est pas le mérite, la compétence ou le travail qui ont eu le dernier mot, cette distribution anarchique a créé une classe spéculative, oisive et parasitaire. Certes l’Algérie et parmi le pays où se font plus de transferts sociaux, mais vers cette classe corrompue et incompétente. Si la lutte tunisienne et Egyptienne ont abouti dans l’intervalle d’un mois à bouleverser l’ordre des choses, mettant fin au pouvoir des deux dictateurs, l’Algérie peigne à sortir de l’ornière depuis 20. Il faut signaler que le contexte internationale n’est plus le même, ou du moins les Etats-Unis, et même l’Europe, ne veulent plus désormais apparaitre aux yeux de leur peuple, comme un rempart devant la démocratie dans le monde, qu’ils rangent leur frein au soutien inconditionnel des régimes dictatoriaux ; d’autant plus que l’administration Obama, élu pour faire table rase avec l’héritage de Gorges Buch, a plus penché vers une nouvelle politique d’ouverture, l’intérêt des Etats-Unis dans la région passe mieux par la liberté et la démocratie que le soutien des régimes archaïque et médiévale. Si la révolution arabe a plus au moins réussi cette fois, c’est parce que nous avons remarqué des jeunes révolutionnaires, que malgré leur amateurisme et manque d’expérience, ont réussi à s’organiser selon le mot d’ordre de changer le système. Cette unité et maturité politique qui se préparait d’un manière discrète et en douceur, a été une surprise pour tout le monde y compris les services secret américains, ces derniers ont cru à un moment donné que la stabilité de la région, notamment celle du monde arabe, très stratégique pour eux, dépend plus d’une homme politique fort, de préférence militaire ou de la police, obnubilé par l’idée de la sécurité, des régimes corrompus comme celui de l’Algérie que la boutade de la lutte contre le terrorisme a fait de lui le gendarme de la région. Si par chance et la chance souvent se mérite, la révolution tunisio-égyptienne a coïncidé cette fois avec le changement de la politique arabe des Etats-Unis et que c’est parti pour un tour, la révolution a ouvert la brèche très attendue par le peuple pour se déferler en vague, cyclique d’une part, sporadique de l’autre, l’engagement historique est déjà pris. Le compromis entre l’administration américaine et l’automatisme arabe s’achève.

Les Etats-Unis n’ont pas d’amis, n’ont que des intérêts, à peine ils trouvent une alternative nouvelle, ils n’hésitent pas à sacrifier froidement leurs soi-disant alliés. Le président pakistanais Parwis Mocharaf, le Shah d’Iran, le président du Philippine Ferdinand Marcos, le président du Panama Manuel Noriega, le président du Cuba Batista, etc. étaient tous des amis des Etats-Unis et ils furent tous dénigrés et lâchés en dernier essor. Ben Ali, le président du tunisien a subi la même fatalité, Moubarak aussi. Quant aux généraux algériens, attendront leur tours, ils suivent l’évolution des évènements de prés et demeurent sans réactions ; ils soufflent le chaud et le froid et tremblent de peur d’être dévorés par leur peuple et lâché par leur interlocuteurs américains. Ils n’ont plus à spéculer sur le terrorisme qu’ils ont créé pour construire un abri et prétendre défendre les intérêts de leurs peuples et celui des Etats-Unis, tout le monde sait que le 11 septembre a fixé le lieu de rencontre entre le deux alliées de la circonstance, où le régime algériens partageait les douleurs des américains après les attentats. Il fut un temps où les islamistes étaient également proches des Etats-Unis. En étant pas sûr que Ben Laden est une pure création américaine, nous pouvons plus au moins affirmer que les islamistes ont combattu au côté des américains la présence soviétique en Afghanistan. Et quand le communisme a capitulé devant l’entrisme du marché soutenu par une armée prête à intervenir même avec violence dans les pays tiers, il a fallu pour les Etats-Unis justifier leur ingérence jugée criminelle par les organisations des droits de l’homme, par la lutte contre le terrorisme créant un amalgame entre l’islam en tant que religion de foi et les actes terroriste. Il a fallu un ennemi fictif plus que réel pour trouver un compromis avec les dictatures se souciant du même centre d’intérêt. De la même manière que les Etats-Unis ont lâchée les islamistes durant les années 80, lâchent les dictateurs aujourd’hui, à leur tète Moubarak de l’Egypte. Les dictateurs ont une mémoire courte. Le pragmatisme américain n’a rien loupé de la théorie éducative de John Dewey, la politique internationale arabe des Etats unis a désormais changé, les américains ne veulent plus être détestés dans le monde arabe comme c’est le cas de l’Iran. Et c’est fort probable que les Etats-Unis ont provoqué le changement démocratique dans le monde arabe pour se monter amis des peuples et tirer le plus grand bénéfice de ce changement. Or, quelque que soit la hantise des Etats-Unis, la situation est meilleure que celle des années quatre vint dix où le processus démocratique a trouvé des obstacles contre son aboutissement, l’interventionnisme français et les réseaux de la Francealgérie dans un premier temps, puis l’interventionnisme américain dans la première décennie des années 2000, ont complique de surcroit l’aboutissement du processus démocratique. Or, il y a eu de nouveaux acteurs, les américains qui ont cru dominé le monde après la chute de l’union soviétique, ne se trouvent pas seuls dans la scène internationale, la révélation de la Chine, de l’inde, du brésil, de la Turquie. Puis la crise économique au Etats-Unis, faisant en sorte que même l’élection d’Obama avait plus pour objectif de palier aux difficultés économiques que de rester sur l’idée de l’intervention extérieure. Cette politique interventionniste avec les dépenses militaire qui en découlent, comme c’était le cas du Vietnam, de la Coré du Nord, de l’Irak, de l’Afghanistan etc, s’est avérée comme un problème plus qu’une solution. Donc, le contexte international est différent par rapport aux années quarte vingt dix, c’est pourquoi c’est l’occasion précédentes furent perdues, celle-ci doit être saisie. Certes, ils se trouvent ceux qui rappelle sans cesses l’absence de l’organisation de la société civile dans le changement, notamment en Algérie, mais l’opposition radicale et la résistance au régime sont intacte, car il n’y eu aucun changement notoire depuis 1991, les revendications de la société sont les mêmes. Le régime algérien est plus puissant que les autres dictatures, car soutenu par rente pétrolière hydrocarbures, mais il se retrouve condamné, il ne peut plus se permettre l’assassinat massif comme l’avait fait durant la décennie noire. Il suffit à la société même révolté de manière sporadique de garder la résistance. Sachant que la capitale est connue pour être une ville frondeuse, le pouvoir comme nous l’avons vu, a plus concentré ses efforts dans la capitale. Il faut que le pays se solidarise avec sa capitale a précisé Luis Martinez. Nous l’avons bien remarqué en Tunisie, la révolte est partie d’une petite ville pour se propager par la suite dans tout le territoire, l’Egypte aussi a eu recours à d’autres villes comme l’Alexandrie. Sachant qu’en Algérie le mal est partout, même à Maghnia fief de Bouteflika, il y eu l’année dernière des émeutes, aussi à Ghardaïa, Annaba, la Kabylie ou autre ville, la réussite des manifestations dépend de sa généralisation dans le territoire pour désenclaver Alger et torpiller la stratégie du pouvoir de se focaliser seulement sur la capitale.

Hammou Boudaoud
15 février 2011

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