Introduction

Examinées sous l’angle absolu d’une meilleure utilisation des capacités industrielles, les réformes économiques engagées dès 1982, peuvent paraître nécessaires. Mais, à postériori, au vu des résultats et des méthodes mises en œuvre, il est loisible et permis de se poser des questions sur les attendus réels.

Parties du « vœu » de ramener les sociétés à des tailles et des modules gérables par nos capacités managériales nationales, les réformes ont visé, par la suite, la rentabilité, concept longtemps écarté au profit de la rentabilité économique.

Ces réformes se sont accélérées avec l’avènement de la mondialisation et de la globalisation, concepts tous nouveaux imposés par les puissances économiques occidentales, et catalysés par les institutions issues des accords de Breton Wood, le FMI et la BM.
 
L’adhésion à l’OMC et les traités de partenariat avec, notamment l’UE finissent par avoir raison de toutes autre volonté que celle de se soumettre aux concepts de l’ultralibéralisme et du capitalisme mondial mené par les super sociétés transnationales et multinationales.

Les limites de néocapitalisme sont démontrées et il suffit pour cela de voir de près ce qui se passe dans ces pays, qui n’hésitent pas, eux, de recourir même à leur Trésor Public, pour prendre des mesures, qui par ailleurs nous sont interdites, et sauver leurs banques et entreprises.

Ces pays enregistrent les plus forts déficits budgétaires pour préserver leur bien-être : Obama vient même de faire passer une loi sur la protection sociale, une révolution de taille aux Etats Unis.

En France la réforme des régimes de retraite connait des difficultés pour passer l’âge du départ en augmentation de seulement une année.

Par contre, pour les pays qui osent solliciter le FMI, à notre exemple en son temps, ce sont les mesures draconiennes de réduction des budgets de l’Etat qui sont les premiers à être examinés à la loupe y compris la santé et l’éducation bien que le consensus de Washington, ait insisté sur la nécessité d’imposer des plans de développement et de protection des populations, pour montrer, de façade, le visage « humain » des mesures d’ajustement que le FMI aurait à proposer.

Quelle est donc cette vérité que ces montagnes bordent et qui est mensonge au-delà ?

Le milieu des années quatre vingt dix a connu la série des ajustements structurels  et des fermetures d’entreprises aux prétextes de non rentabilité et des contreperformances enregistrées.

Cette vision est juste si elle est cadrée dans une vision d’économie libérale où le seul marché est juge. Appliquée sans réflexion quant aux conséquences prévisibles à l’économie algérienne, elle est à tout le moins injuste et dénuée de tout fondement, car le prix est payé par les couches sociales les plus vulnérables, à savoir les couches les plus laborieuses, les travailleurs et la classe que nous appelons moyenne constituée des cadres et agents de maitrise qui n’ont que le savoir faire  et leur force de travail à marchander.

Tout le débat est centré sur les performances que chacun définit selon qu’il se trouve dans la sphère dirigeante ou dans la sphère productrice dans le sens le plus complet du terme.

Nous allons essayer ci-après de revoir et redéfinir, à notre avis, la performance d’une entreprise en faisant cas de notre expérience et de notre vécu en complétant par une tentative de recentrage de la notion de performance et de résultats.

Cette contribution a pour objectif de proposition à un débat, même restreint aux seuls lecteurs sur le net, n’ayant pas les moyens de notre ambition.

Par ailleurs, le recours au net pour exposer notre point de vue est justifié par les refus à toutes les tentatives, engagées dans les cadres normatifs où devaient avoir lieu ce genre de « polémiques » fécondes, la parole étant toujours retirée ne faisant pas partie de l’establishment.

Nous tenterons de situer notre point de vue  à travers les périodes qui nous semblent les plus marquantes dans le processus de notre développement, soit :

• La période Fin 70 jusqu’à 1987/1988
• La période 1988-1997
• La période 1997-2000
• La période 2000- 2008

Il doit être entendu que cette analyse sera basée sur une vision de la performance, vision dépendant de l’angle sous lequel elle pet être appréciée, c’est-à-dire de l’interprétation qu’ou lui donnons, à contrario des visions étroitement et exclusivement financière.

Car, vue sous ce seul angle, il est clair que la performance se mesure par le taux d’intérêt, ou plus simplement de la rentabilité des capitaux calculée sur la base des dividendes distribués et/ou réinvestis, évacuant du coup la répartition de la valeur ajoutée sur les différents agents économiques que nous oublions de qualifier de partenaires.

Première période : Années 1970 – fin 1987

Les différents textes et autres statuts des sociétés nationales, n’ont à aucun moment insisté sur l’aspect économique pur, sans ambages mais, particulièrement la charte de la gestion socialiste des entreprises.

Par contre ils ont défini les sociétés comme le lieu naturel de formation et de promotion de l’homme moderne.

Les sociétés ont été créées par décret, financées par des emprunts contractés auprès de la Banque Algérienne du Développement, sans apports ni fonds propres et encore moins de capital social à la mesure de la taille de ces dernières.

Un Etat propriétaire, gestionnaire, représentant la collectivité nationale, bref, un seul investisseur et un seul détenteur des capitaux.

Les sociétés ont servi d’outil entre les mains du pouvoir public, sans se référer à des objectifs et des soucis de rentabilisation de ces capitaux investis pour le compte de la collectivité nationale.

Les plans annuels des sociétés comportaient au même titre que l’aspect financement et résultats, des volets sociaux, culturels, soutenus devant les différents comités de planification au même titre et avec la même importance que les volets approvisionnements, commercialisation, production, maintenance, etc.

Ceux qui ont eu la charge de la direction d’une unité économique durant cette période se rappelleront les orientations et les injonctions qui parvenaient des ministères et des directions générales de l’époque relatives aux programmes de formation, de plans socioculturels (colonies de vacances, médecine du travail, sport en entreprise, transport du personnel, cantines et œuvres sociales, généralisation de l’utilisation de la langue arabe…).

Les plans budgets annuels institutionnalisés depuis 1979, étaient les exercices les plus redoutés et les plus craints par les gestionnaires de cette époque (nous n’utiliserons pas le vocable de manager exprès).

Cette crainte s’est rapidement dissipée pour les plus éveillés, constatant que l’inquiétude du pouvoir central n’était pas tant le souci de rentabilité des capitaux mais uniquement les volumes d’activité et la cohérence des plans.

En matière de réalisation seuls comptaient les ratios de taux de réalisation des objectifs, y compris celui des AGI, où régulièrement, chaque rentée sociale était l’occasion de rappeler la nécessité de finaliser l’exercice avec des réalisations maximum.

L’Etat social assumait ses responsabilités de gestionnaire et de propriétaire pour la simple raison que son appréciation des performances était loin de se limiter à l’évaluation financière.

En 1985, lors d’une séance de travail dont l’objet était l’homologation des prix de vente, j’ai osé, par ignorance de la politique économique du propriétaire et voulant assumer mon seul rôle de gestionnaire, soutenir que dans un souci du seul équilibre, nous devions augmenter les prix des sacs en jute d’emballage des céréales.

Ma surprise fut de taille lorsque j’ai été, très diplomatiquement ramené à l’ordre, par le secrétaire général du ministère, par sa réplique que je n’oublierai pas de sitôt : « Vous vous imaginez que vous me demandez de fixer le prix d’un emballage perdu à 20% du prix d’un sac de semoule ; savez vous que l’unité que vous dirigez revêt un caractère stratégique de soutien de l’agriculture ? Nous ne vous demandons pas de nous faire gagner de l’argent, mais de produire le plus de sacs possible pour emballer les céréales ».

La même année a connu effectivement une récolte record de 35 millions de quintaux et l’usine a été réquisitionnée durant tout l’été.

A partir de ce moment changea, pour ce qui me concerne, l’angle d’évaluation de la performance, qui doit être élargie aux autres aspects économiques, en plus des bénéfices comptables.

A notre sens donc, les entreprises doivent faire l’objet d’évaluation sur le plan de leur contribution au développement et non stricto sensu sur la base de critères financiers seulement.

Jusqu’en 1981/82, les sociétés nationales ont réalisé des performances gigantesques sans que cela ne soit mis en exergue, bien au contraire et c’est là que commença la « dégringolade » vers l’enfer et les zones de perturbation qui ont mis à mal le secteur de la production de biens.

La période 1980 à 1982, est celle de la pause, une véritable pause.

Période de réflexion ou de cogitation, le résultat ne tarda pas à venir : la restructuration organique des sociétés qui « devaient être ramenées à des tailles humaines, gérables et accessibles à nos capacités managériales » (le management pointe ses oreilles et remplace la gestion) est engagée à grands coups de promotion.

Cette restructuration bénéficia d’un contexte financier caractérisé, comme la période présente, par l’opulence financière qui a permis au pouvoir d’engager la clinquante politique du Programme Anti-Pénurie.

L’ère était aux programmes sociaux, aux programmes jeunesse et aux autres festivals, pensant, peut être que la situation allait perdurer.

Nos responsables faisaient preuve d’aveuglement voire de cécité, car la crise va nous rattraper rapidement.

Pendant que des pays sombraient dans la crise et ses conséquences, à l’identique que celle qui prévaut depuis l’automne 2008, Peter Ustinov, a été chargé de produire une émission de télévision, pour nous rassurer de la nullité de l’effet de la crise sur nous.

L’Algérie allait bien et nous ne le savions pas.

Qui se souciait des entreprises publiques ou du secteur privé qui pataugeaient dans des problèmes de mise à niveau, de renouvellement de leurs équipements ou de l’extension de leurs capacités, besoins réintroduits de manière récurrente par les gestionnaires ?

Pendant donc toute cette période de pause, les sociétés étaient abandonnées à leur sort. Pendant ce temps les souks el fellah et les galeries algériennes regorgeaient de produits d’importation et les jeunes partaient en vacances avec des pécules en devises pour leur permettre de voir le monde. Les grosses fortunes commencent à se constituer sans faire de bruit, attendant le moment propice.

La performance, pour revenir au sujet qui nous intéresse, est un tabou dont personne n’en parle et les comptes n’étaient rendus que dans la forme. La société performante est celle qui fait sa reddition des comptes auprès de la cour des comptes à temps, peu importe le résultat. Pour peu qu’il n y ait pas preuve flagrante de détournement, de faux en écriture, ou de dilapidation de biens publics, ce sont les félicitations qui tombent.

Cette période coïncidait également avec la fin des contrats et les réceptions des derniers projets industriels, objet de récupération à des fins politiciennes : visites et inaugurations se succèdent pour montrer le visage industrieux de l’Algérie.

Rappelons nous les questions qui étaient le souci majeur du Président de la république et les questions qu’il assène toujours aux directeurs : taux d’absentéisme, ratio personnel administratif par rapport aux effectifs, taux d’utilisation des capacités de production sans faire allusion aucune aux circonstances dans lesquelles évoluaient les sociétés.

La société n’est plus qu’un outil entre les mains des politiques pour faire la propagande du moment, propagande qui change en fonction du climat qui prévaut.

Le message distillé dans ces remarques a eu pour résultat d’offrir à la vindicte populaire les gestionnaires et travailleurs compris en soulignant tantôt leur incompétence et tantôt leur fainéantise (faiblesse des taux d’utilisation des capacités de production accouplée à l’absentéisme, assimilé à une sorte de refus de participation à l’effort de production).

Durant toute cette période nulle trace de la performance.

Les caisses étant pleines de dollars, il faut s’occuper du petit peuple dont les aspirations ont été étouffées.

Les fruits exotiques dont nous n’avons jamais soupçonné l’existence, les AIV, les sorties à l’étranger, les équipements électroménagers étaient les seuls sujets de discussion.

Cette situation et ce climat durent jusqu’en 1986 et pour être plus précis jusqu’à la fin du deuxième semestre de l’année.

La chute du prix du baril de brut chute d’une manière vertigineuse et c’est l’affolement général.

Les Etats Majors se réunissent sans discontinuer pour « pondre » les orientations notifiées aux sociétés :

• Revoir les Plans Nationaux de Distribution a hauteur des capacités des sociétés
• Revoir les programmes d’importation en réduisant de 30% les AGI
• Substituer les inputs d’importation par des produits locaux (?)
• Redéployer les effectifs indirects vers des postes productifs (?)
• Rechercher des financements commerciaux des besoins en importation

Aucune de ces orientations n’est bien entendu applicable. En conséquence avec les restrictions des importations c’est l’activité qui encaisse des reculs sans aucune mesure palliative. Par contre les sociétés instruites de rechercher des crédits commerciaux pour financer leurs importations, c’est le rush sur les places financières, inconnues pour la plupart. La structure de la dette algérienne accuse les coups, les crédits à court terme prenant le pas et engageant la Banque d’Algérie à presque son insu.

La dette s’aggrave donc avec en plus son profil, et son ratio dettes à court terme/dettes totales. Les échéances se raccourcissent et le volume augmente.

Devant ces pressions les bien pensant imaginent des réformes, qui nous disait–on, devaient donner plus de liberté d’initiative aux « managers ». Les préparations des esprits commencèrent à la dernière Conférence Nationale des Cadres réunie au Club des Pins (1987).

Le parterre prêt, l’idée est mise aux débats par l’équipe des réformateurs installée à la Présidence de la République.

La Loi d’orientation de 1988 publiée, les conseils d’administration et autres Fonds De Participation installés, c’est une nouvelle forme de performances et une nouvelle race de managers qui  sont nés.

Période 1988 – 1997

Au départ déjà la polémique s’est enclenchée autour des objectifs « visés et pour d’aucuns inavoués » et du statut des sociétés. La puissante centrale UGTA  fit savoir son « opposition » en sourdine à travers ses conseils syndicaux chargés d’exprimer leur désaccord de façade.

Les pouvoirs publics par les législateurs font une concession comprise comme une victoire : dans l’article 1er la LOI 88- 02 consacre l’entreprise publique économique de « socialiste ».

Piètre de précision qui n’a pas du tout sa place sachant que cette loi voulait donner l’image de l’entreprise comme une entité agissant sur le seul principe de la commercialité, terme consacré à l’époque. Cette même Loi abroge tous les dispositifs de participation des travailleurs à travers les commissions instituées par l’ordonnance portant GSE (Gestion Socialiste des Entreprises).

En réalité, ce qui dérangeait plus les syndicats était ces pouvoirs immenses perdus au profit des seuls organes consacrés par le code du commerce.

Cette réforme démarra mal, car juste après, c’est Octobre 1988, puis la série de grèves de l’année 1989 où l’on vit apparaitre toutes les formes et les natures de revendication et la plus courante « licencier les cadres auteurs de hogra, de malversations, de népotisme et autres maux ».

A cela il faut greffer le pavé dans la mare lancé par l’ex-premier ministre sur l’affaire des 26 milliards de dollars de commissions et détournements. Il fallait achever le taureau, véritable corrida où est demandée la mise à mort.

Les entreprise économiques doivent dons être créées. Le COREP (Comité de Reforme des Entreprises Publiques en est chargé). A ce propos il faut rendre hommage à son président, qui a dirigé les débats et les séances d’examen des dossiers des entreprises candidates au passage à l’autonomie en professionnel.

D’abord il fallait s’occuper de donner aux entreprises le profil financier en respect de l’orthodoxie de financement et c’est la note méthodologique N° 1 qui organise ce que l’on appelait à l’époque : « toilettage des passifs ».

Par cette opération les entreprises sont dotées de Fonds Propres par la recapitalisation des dettes BAD, transformées en Obligation du Trésor ou en Crédits Participatifs. Nous l’avions dit ci avant que les sociétés nationales étaient constituées par décret sans aucun souci de leur conférer une personnalité morale dans les règles qui prévalent partout ailleurs.

A contrario, les actifs cédés aux nouvelles entreprises, la règle de commercialité voulant que ces derniers soient transférés à leur valeur marchande, n’ont pas fait l’objet d’une évaluation. Par souci d’équilibre des bilans et pour éviter d’enregistrer des déficits au départ, ils sont maintenus à leur valeur comptable, ce qui facilite les opérations financières de calcul des apports de l’Etat et des emprunts bancaires.

Un endettement trop lourd hérité, aggravé par le poids des découverts sur les crédits que les managers promus PDG, découvraient au lendemain de leurs nominations furent les boulets que trainaient chacune : les frais financiers insupportables grevaient dangereusement les résultats d’exploitation.

Sur le plan financier les échéances de remboursement asphyxiaient les plus performantes et les mêmes causes produisant les mêmes effets, c’est la spirale des résultats comptables négatifs qui se déclenche.

Code de commerce obligeant c’est le recours aux différentes réévaluations des immobilisations décrétées par le propriétaire, l’Etat, qui ont servi à éponger les actifs nets négatifs, reconstitués à chaque fois.

Le propriétaire se rend compte qu’il est riche : celui qui compte seul trouve toujours des excédents comme le dit l’adage populaire.

Les entreprises deviennent par la force de ces décrets des entreprises, avec un profil financier, par le truchement des écarts de réévaluations, des entités bancables éligibles aux financements.

Durant toute cette période le concept de performance a été rabâché à chaque séance de travail et d’évaluation pour expliquer que les entreprises sont chargées de produire des richesses seulement et financières cela s’entend.

Mais ces réformes ont été menées tambour battant, sans se soucier de la ressource humaine qui avait besoin de recyclage et de programme de formation de mise à niveau et de perfectionnement. Seuls quelques séminaires de vulgarisation ont été organisé à l’intention des administrateurs désignés et là il y’ a encore à dire sans verser dans la polémique.

Le développement dans le « hard » par l’édification d’usines et d’entreprises ne constitue pas le seul critère d’une économie forte.

Sans la ressource humaine ce n’est qu’un ensemble sans âme.

Or, avant même la mise en œuvre de ces réformes, encore une fois, le pourvoi aux postes de dirigeants s’est fait dans l’opacité totale.

Rappelons que la Présidence de la République avait lancé une opération de recensement des cadres supérieurs pour la constitution d’un fichier national duquel seront puisées les candidatures aux postes de dirigeant et d’administrateurs.

Les rumeurs faisaient circuler d’orienter les choix vers les cadres ayant fait leurs cursus dans les grandes Ecoles Nord Américaines et Européennes de management, négligeant ainsi les cadres formés en Algérie, qui en plus de leurs acquis théoriques, bénéficiaient des expériences dans le secteur national de l’industrie.

Pire, cette opération, au demeurant plus juste s’agissant d’une mise en compétition de toutes les compétences, fut abandonnée au profit d’un recensement confié aux directeurs généraux en poste (qui sont automatiquement reconduits en Président Directeurs Généraux). Elle donne bien entendu les résultats que nous connaissons, puisque les choix ne pouvaient être que subjectifs, basés sur les seuls intérêts de se constituer, par la cooptation des conseils d’administration alibi. Ainsi furent constitués les organes de gestion par des participations croisées, chacun défendant de son ami et camarade.

L’absence de statut des administrateurs, qui se voient comme des cadres seulement en réunion pour produire des procès verbaux de réunion des conseils d’administration et d’assemblées générales, ne se soucient que des avantages pécuniaires (trop maigres) et matériels.

Malgré leurs responsabilités « civiles et pénales », contenues dans le code du commerce et précisées sur les mandats qu’ils ont signés, les administrateurs n’ont jamais eu le souci des performances des entreprises  dont ils assument la charge. Le conseil d’administration est le seul responsable, ou plutôt le premier organe régulier de gestion de l’entreprise, le PDG étant « élu » par lui et agissant pour son compte.

En réalité ce sont les SGP et avant elles les Holdings et les Fonds de Participation qui désignent les PDG, en fonction souvent d’affinités et quelques fois, il faut le dire, sur la base des profils, mais très rarement.

Cette négligence vis-à-vis des compétences et des expériences de l’encadrement, l’absence d’interconnexion, de synergie, ajoutées à l’état des entreprises, ont abouti aux résultats que nous avons connus durant les années 97/99.

La majorité des entreprises se retrouvent en cessation de paiement, plus grave en presque faillite totale. Sous les conseils, encore une fois des bureaux d’études étrangers, ce sont les mesures douloureuses qui sont pratiquées : la boutade du premier ministre de l’époque annonçait la couleur : « une entreprise doit marcher comme une entreprise ».

Résultat : fermeture des entreprises non performante, ajustements structurels des effectifs à coup de départs volontaires indemnisés, préretraite, retraites anticipées, proportionnelles et la série de mise en chômage.

Pendant ce temps florissaient les sociétés d’import import privées encouragées par convertibilité commerciale de la monnaie nationale sans aucun contrôle, qui donne naissance à toute sorte de trafics.

Devant cette absence de résultats il fallait encore réajuster les structures des entreprises et procéder à la filialisation des unités industrielles, ce qui veut tout simplement dire «  les ériger en sociétés par actions » permettant leur liquidation sans grand dommage sur les ensembles.

Sans aucune tutelle de contrôle efficace, ni politique générale de gestion en principe dictée par le Propriétaire, les nouveaux PDG essaient, d’assurer leurs journées et leurs fins de mois : c’est la course aux statuts et la plupart ne fait que compter pour se garantir des bases salariales soumises à cotisations en vue de la retraite, par l’attribution, avec la complicité des conseils d’administration, de parties variables de salaires souvent imméritées.

L’échec de cette politique consommé il fallait imaginer, une autre stratégie, celle de la privatisation.

Période 1997 – 2000

L’idée de la privatisation est lancée avec la première ordonnance après avoir procédé aux ajustements structurels suivis des compressions massives des effectifs.

Ce programme a pataugé durant plus de trois années sans résultats. Il faut dire que le frein est d’ordre idéologiques, les esprits n’étant pas préparés à cette option.

Tout l’arsenal juridique mis en place n’a servi qu’à organiser « l’apurement des effectifs » et préparer les entreprises à leur cession.

Les décrets exécutifs de 1997 organisent les compressions d’effectifs, le chômage et les différentes formes de retraites. En matière de ressources humaines les entreprises subissent de véritables hémorragies les rendant exsangue de toute leur énergie et savoir faire. Alléchés par les indemnités qui leurs fut proposées la crème des unités économiques se désolidarisent de leurs lieus de travail pour tenter ailleurs, dans le secteur privé, par exemple.

Ces mesures n’ont eu d’effet que de déstructurer davantage la situation de la caisse de retraite, situation exacerbée par l’ordonnance autorisant les retraites sans condition d’âge et/ou proportionnelle après cinquante ans de cotisations, que le gouvernement cherche d’ailleurs à supprimer aujourd’hui, sous la pression des instances syndicales.

Le bilan n’est pas du tout reluisant et l’Algérie cherchant à attirer la sympathie des institutions internationales, institutions monétaires qui n’arrêtent pas de rappeler les nécessités d’aller vers l’ultra libéralisme, en cohérence avec la mondialisation.

Pendant toute cette période ce sont les interrogations qui restent sans réponses, qui ont ajouté en acuité à la situation déjà fort bancale des entreprises.

Bien entendu cette période de non gestion ne fait qu’aggraver les performances et les résultats sous l’œil complaisant mais impuissant des managers qui ne font que comptabiliser les déficits et les résolutions des Assemblées Générales des Actionnaires exigeant des plans de redressement pouvant rétablir les profils fortement perturbés.

Nombreuses sont les entreprises, restées sans ressources, sans rémunérations des travailleurs durent fermer et « mettre la clé sous le paillasson », avec l’indifférence de tous les partenaires. Les arguments sont indestructibles, le marché étant inondé des produits d’importation, par la force de la libéralisation du commerce extérieur et la convertibilité commerciale de la monnaie nationale.

Il est inutile de revenir sur les conséquences de ces mesures, les premières après le rééchelonnement de la dette, exigence du FMI, et nous en vivons les conséquences à aujourd’hui.

Il suffit pour corroborer cela de citer les affaires, au moins les plus importantes qui défraient la chronique telles que Khalifa, BCIA, les transferts vers l’Espagne de devises par les importateurs et les promoteurs immobiliers, sans compter les surfacturations favorisées par les procédures de financement par REMDOC.

Cette méthode, en plus des possibilités de transfert de surcouts incontrôlables, a permis aux escrocs d’abandonner des milliers de conteneurs dans les ports.

Pour les plus « honnêtes », les opérateurs de commerce extérieur, se sont lancés dans l’achat de produits de qualité douteuse, s’arrangeant des marges les plus larges sans possibilité pour l’Etat (Puissance de régulation) de procéder aux contrôles de quelque nature qu’ils soient.

Le marché est ainsi devenu un véritable bazar ou se côtoient les sous produits de toutes les origines faisant le bonheur des pays tels que la Chine, la Malaisie, la Turquie, l’Indonésie, la Tunisie, l’Egypte, et même le Pérou pour les pommes.

Nous reviendrons pour nous étonner des réactions des opérateurs industriels qui se sont offusqués de cette mesure prévue dans la LFC 2009 : l’importation par Lettre De crédit oblige effectivement l’importateur à préfinancer son opération par une provision sur ses propres fonds et du coup soumet l’opération au contrôle préalable de la Banque d’Algérie.

Bien sur que ces « réussites » ont été chantées pour donner l’exemple des possibilités offertes aux initiatives enfin libérées par cette économie de marché, débridée et soumise à tous les aventuriers et autres prédateurs encouragées par cette politique bling bling pour emprunter ce terme en vogue ailleurs.

Que reste-t-il de ces empires que des procès en justice dont tout le monde attend les dénouements et surtout escompte récupérer, l’est-il possible, les sommes faramineuses détournées et investies sous des ciels plus cléments, dans l’immobilier.

Période 2000-2008

Cette période devait enregistrer une accélération des réformes, réformes qui, par un redressement longtemps attendu, allait faire de notre pays, la paix retrouvée, une puissance dans tous ses sens, un pays retrouvant enfin, sa place dans le concert des nations.

L’Algérien n’attendait que l’ordre de remonter son menton pour exprimer sa fierté, sur injonction.

La réconciliation nationale, après la rahma, redonne enfin à l’Algérie le visage d’un pays fréquentable.

L’ordonnance sur la privatisation est corrigée et améliorée, le code des marchés publics revu dans le souci de transparence, le marché est enfin prêt.

De vastes campagnes de promotion sur la destination Algérie sont organisées y compris d’abord par le Président de la République. Les milliards de dollars attendant devant nos portes  vont envahir le pays sous forme d’investissements directs étrangers.

Les entreprises sont offertes sans exception aucune à la privatisation par le ministre de la participation sur la toile du net : 1200 entreprises ont fait l’objet d’un appel à manifestation d’intérêt en publiant des fiches techniques insuffisantes, bâclées, non mises à jour.

Dix longues années de tergiversations, d’avancées et de reculs, de politiques économiques aux contours des plus sombres ont donné les résultats qui n’étonnent personne.

Les cas d’investissement directs étrangers se comptent à peine sur les doigts des mains et les opérations de privatisations sont connus de tout le monde : c’est dire l’insignifiance devant les objectif affichés.

Quelles sont donc les résultats ?

Participation du hindou MITTAL Lakshmi dans le capital de Sider, de HEINKEL  dans le capital de l’ENADE, la cession de deux licences de téléphonie mobile et, bien entendu, là où cela intéresse toujours les étrangers, les hydrocarbures où semble-t-il, les investissements sont énormes.

En matière de privatisation, seules les unités de production déjà rentables ont intéressé nos industriels privés.

Le ministre des participations n’a rendu qu’un bilan financier de ces opérations, soulignant les recettes effectuées par le Trésor, alors que nous croulons sous des réserves de changes à ne plus savoir qu’en faire.

Quant au bilan sur les engagements pris par les acquéreurs en termes d’investissements et de création d’emplois pour lesquels ils sont engagés par les cahiers des charges nous gagerons que nous ne saurons jamais la vérité.

Mr le Ministre de la Participation et de la Promotion Industrielle cogite longtemps avant de sortir de ses tiroirs sa fameuse Stratégie Industrielle qui devait organiser l’économie en pôles d’excellence.

Dès son installation, le Premier Ministre nous surprend en affirmant que cette stratégie n’a jamais fait l’objet quelconque d’un examen en conseil des ministres et que ce document, c’est ce que nous comprenons et (devons comprendre), n’est qu’une élucubration de son auteur.

L’échec consommé du programme des privatisations, la crise financière de l’automne 2008, les menaces qui planent sur nous et surtout les exemples fournis par les puissances économiques et non des moindres qui ont réagi en « aidant » leurs banques et Sociétés, réveillent nos ministres, qui se sont enfin rendu compte que la menace plane sur nous, nous promettent de mettre en place un programme de soutien aux entreprises présentant des profils performants (?).

Exception faites des quelques informations distillées çà et là, par la presse aux différentes occasions et rencontres, ce plan semble, encore une fois être une vue de l’esprit, que même nos parlementaires sont incapables d’en fournir la moindre précision, n’en ayant pas eux même.

Nos fiertés :

• La dette extérieure est remboursée par anticipation
• Nos réserves de change nous permettent la couverture de trois années d’importation
• Les agrégats macroéconomiques sont sains : croissance positive, chômage en recul, service de la dette insignifiant
• Un plan quinquennal de 150 milliards de dollars
• Des projets de réalisation d’infrastructure pharaoniques, fierté du pays

A regarder de près et pour ne pas verser dans des analyses qui prendront beaucoup de temps, nous pouvons deviner que la croissance économique est boostée par les investissements publics, que le chômage recule par l’effet des emplois jeune et autre trouvaille et que la production de biens est loin de répondre aux exigences d’une économie qui a bénéficié d’autant de budgets qui font beaucoup de « jaloux ».

Il est vrai que ces projets, tels que les voies ferrées, les barrages, l’autoroute sont d’un apport certain ; mais à l’exception des barrages qui pourront alimenter une croissance du secteur agraire, les autres, n’ont d’effet que durant leur réalisation, encore que cette réalisation est confiée à des entreprises étrangères, qui, elles, en profitent pour leur relance.

Quelle est notre état de santé aujourd’hui ?

L’économie de marché a démontré ses effets sur des économies plus fortes : la Grèce, peut être les suivant qui pourraient être l’Espagne, l’Islande, l’Italie.

L’UE n’a pas cessé de se concerter pour organiser une opération de sauvetage de la Grèce avec la hantise des répercussions sur toute l’Europe.

Tout ceci, pour dire que la crise, loin d’être derrière nous est par contre encore plus menaçante. Si le plan de développement prévu pour le prochain quinquennat n’est pas orienté vers des activités soutenues et productrices de biens, de richesse et de croissance hors hydrocarbures, ce plan étant financé sur nos propres ressources, sans recours aux emprunts qui vont être de plus en plus durs à lever, les réserves de changes vont fondre comme neige au soleil et nous aurons consommé notre pétrole pour de beaux ensembles qui dépériront.

A quoi servirait tout ce beau réseau de routes et de voies ferrées si les trains circulent vides et si nous devons en plus, importer notre essence.

Les défis sont nombreux et multiformes, les fléaux sociaux rongent la société et nous continuons à faire des discours au lieu de se soucier d’une véritable relance économique, mettant le pays à l’abri des chantages, et des néo colonialistes qui n’attendent que cela.

L’actualité nationale est animée par : les affaires de détournements de deniers publics qui se banalisent, par l’extradition de Khalifa Moumène, l’activité footballistique et uniquement le mondial comme étant la réalisation du siècle alors que nous sommes à notre troisième participation, les affaires de harragas sans émouvoir quiconque et sans réaction idoine par au moins des études socio psychologiques, le retrait de Djezzy, etc.

Résultats en fin de course : nous sommes classés fin derniers dans tous les indices internationaux même s’il ne faut accorder qu’une importance relative à ces publications, mais cela fait quand même mal de savoir nous sommes traités de corrompus, de dernier de la classe en matière d’enseignement supérieur avec notre millions deux cent mille étudiant et notre trentaine d’universités.

Nous ne parlerons pas des autres fléaux sociaux tels que la drogue et la prostitution qui se développent à une vitesse que nous ne pourrons peut-être jamais arrêter.

Que faut-il de plus pour tirer la sonnette d’alarme et agir ?

Nous ne sommes que trente cinq millions avec un pays de deux millions trois cent mille kilomètres carrés, des réserves en gaz parmi les dix plus importantes de la planète, des réserves de change (officiellement déclarées) de cent cinquante milliards de dollars, une superficie agricole de millions d’hectares et nous vivons les yeux braqués sur les ports où les cargos ne font que décharger.

Ce n’est certes pas l’apocalypse encore, mais la précarité hante tous les Algériens.

Cette apocalypse peut arriver : regardons la Grèce et attendons l’Espagne, pour la démonstration. Il faut savoir que la Grèce, de l’avis des spécialistes, entendus sur les chaines de télévision a été rongé par l’économie informelle et la corruption (?!).

Arezki Maouche
Bejaïa
12 mai 2010

2 commentaires

  1. Delendo quoque Carthago
    D’abord merci sincèrement M. Arezki Maouche, de continuer à nous recycler ; aujourd’hui, à travers cet exposé très complet – j’allais dire, cette « revisitation » – de l’histoire récente de l’économie nationale d’où je voudrais dégager avec vous si vous le permettez, et pour faire court, trois conclusions qui me paraissent essentielles pour tenter d’expliquer la situation d’échec catastrophique de notre pays, dans tous les domaines :

    – 1.- l’absence d’un projet national de société consensuel et mobilisateur, c’est-à-dire traduisant réellement et loyalement les aspirations du plus grand nombre, au progrès et à la justice sociale. Même si des textes comme la Charte d’Alger ou la Gestion Socialiste des Entreprises ont pu constituer des embryons institutionnels allant dans ce sens ;

    – 2.- en corollaire au premier point, une absence totale et jusqu’à ce jour, d’organisation institutionnelle authentiquement démocratique des Pouvoirs Publics ; une absence qui a favorisé l’émergence de clans politiques mafieux et corrompus, par conséquent incapables de penser en termes d’intérêt national et de perspectives pour la société et le pays, dans le moyen ou long terme ;

    – 3.- la méfiance manifeste, sinon l’hostilité des pouvoirs successifs à l’égard de l’élite intellectuelle en général et de l’élite scientifique en particulier, en matière d’accès aux plus hautes charges de l’Etat. Avec un bémol cependant, en ce qui concerne la période Boumédiène, même si c’est la mode aujourd’hui, d’imputer tous les maux de ce pays à cette période précisément…

    Vous concluez votre exposé en mettant en relief nos atouts qui sont réels. Mais permettez-moi d’insister sur l’atout essentiel qui est à mon avis celui des Hommes, c’est-à-dire des compétences de haut niveau acquises par nos Cadres supérieurs, tous statuts résidentiels confondus – c’est-à-dire y compris l’émigration – et toutes générations confondues. Rien ne se fera de concret dans ce pays, sans une mobilisation de toutes les compétences algérienne – qui sont réelles – autour d’un projet national crédible ; que cette mobilisation se fasse à temps plein ou à temps partiel, à l’intérieur ou depuis l’extérieur, grâce aux moyens modernes de communication et d’interactions.

    Or une telle mobilisation ne peut se concevoir, sans que soit réglé ce que j’ai toujours appelé « le préalable des préalables » : à savoir l’abolition par tous les moyens légitimes, du régime politique aujourd’hui en place à Alger ; un régime malade biologiquement, corrompu moralement et discrédité politiquement.

    C’est pourquoi, il est salutaire aujourd’hui, plus que jamais auparavant, de chercher à rassembler autour de ce préalable, toute l’élite intellectuelle algérienne restée saine, c’est-à-dire non compromise moralement avec le pouvoir en place. Et Dieu merci, elle représente l’écrasante majorité.

  2. Les dérives totalitaires du néolibéralisme.
    Piste de réflexion – N’oublions pas que dans le cadre de l’UPM,la mise aux « normes » bruxelloises des systèmes politiques,économiques,sociaux et…..culturelles (mais oui!)sera menée à son terme et ce, sans aucune consultation des populations concernées.

    ———————–

    16 avril 2010

    Le libre-échangisme, machine de guerre contre les systèmes de protection sociale.

    Bernard CASSEN

    Extrait :

    Résumons-nous : le libre-échangisme est une machine de guerre contre la protection sociale, et les politiques européennes en constituent un rouage redoutable. Maintenant une question : quel parti ou syndicat aura l’honnêteté et le courage de le dire tout haut ? Qui prendra le risque de se faire taxer de « protectionniste » ou d’ « anti-européen » par des médias entre les mains des grands intérêts financiers et industriels, voire par des responsables politiques répétant comme des perroquets une vulgate apprise à Sciences-Po ou à HEC ?

    Pour ces timorés en mal de références alternatives, mais indiscutables, on suggèrera de prendre appui sur un texte étonnant et peu connu : la Déclaration de Philadelphie, première Déclaration internationale des droits à vocation universelle, proclamée le 10 mai 1944, quelques semaines avant les accords de Bretton Woods et quatre ans avant la Déclaration universelle des droits de l’homme. Ce texte, auquel Alain Supiot consacre un livre à lire absolument [3], se présentait comme une Déclaration concernant les buts et objectifs de l’Organisation internationale du travail (OIT).

    Près de 70 ans après, ce texte est d’une actualité aussi brûlante que celui du programme du Conseil national de la Résistance en France, adopté le 15 mars 1944, et dont le Medef réclame la mise à l’Index. Altermondialiste avant la lettre, la Déclaration affirme que « le travail n’est pas une marchandise » ; elle pose la nécessité de la « sécurité économique » et indique que la justice sociale est « le but central de toute politique nationale et internationale ». C’est-à-dire exactement l’inverse des principes du néolibéralisme. Voilà un texte à brandir aujourd’hui et à confronter aux prétendues « libertés » des traités européens qui constituent le carcan dans lequel doivent s’inscrire les politiques nationales.

    Se poser la « question européenne » devrait être un préalable à toute réflexion sur la protection sociale. On n’en prend pas actuellement le chemin. Mais cette omerta ne pourra durer indéfiniment. Arrivera bien un jour le moment où les citoyens se rendront compte qu’on les a enfermés comme des mouches dans un bocal de verre européen sur les parois duquel ils butent en permanence. Et grande sera alors la tentation de briser le bocal. Le rôle des responsables politiques devrait être de délivrer les citoyens de ce bocal plutôt que d’avoir à en ramasser après-coup les fragments épars.

    (Bernard Cassen est secrétaire général de Mémoire des luttes et président d’honneur d’Attac).

    Source : Mouvement politique d’éducation populaire (M’PEP). http://www.medelu.org/spip.php?arti

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