L’Algérie, quoique pensent nos responsables, subit les effets de la crise économique qui secoue les pays les plus puissants, d’une manière encore plus forte que nous ne déployons aucune stratégie durable à la mesure des risques.

La récession s’inscrit durablement et le sommet des 20 « tente » de mettre en place un plan de redressement et de relance de l’économie, timidement mais chacun à sa manière selon les spécificités de chaque pays.

L’Algérie, qui ne compte que sur ses recettes générées par l’exportation de brut est d’autant plus fragilisée que les prix évoluent en dehors de toute volonté des pays producteurs. La situation gagne en acuité faute de politique commune bien établie des pays membre de l’OPEP.

Le consensus n’arrive pas à être obtenu les pays membres n’ayant pas les mêmes intérêts. Les Etas sont politiquement divergents chacun faisant partie d’une « zone d’influence ». Comme l’a affirmé Mr Stieglitz, toutes les décisions économiques sont assises sur des arrières pensées idéologiques auxquelles nous ne pouvons échapper.

Le groupe des vingt a annoncé sa vision de la relance économique. Avant de publier le communiqué commun sanctionnant les travaux, le Président sortant de la première puissance annonce déjà les restrictions et les mesures sur un air de menace, avant terme le désir et la volonté de maintenir la suprématie des puissances sur l’économie mondiale :

― Interdiction absolue de revenir aux mesures protectionnistes
― Réduction des dépenses publiques

Sont ce des mesures justes si l’on considère que les pays en voie de développement doivent être considérés comme n’étant pour rien dans la crise actuelle ?

Ceci d’une part.

D’autre part, il ne peut exister d’autres mesures, en absence de redéploiement des activités économiques et cela est valable aussi bien pour les pays développés que les pays en voie de développement ou ceux dits émergents.

Comment peut-on envisager la relance économique sans la contribution des Etats ? Cela d’ailleurs a été le cas aussi bien aux Etats Unis qu’en Europe.

Le fameux plan Paulson a subi une modification substantielle et a modifié, très vite la forme de contribution du Trésor Américain. Initialement cette contribution prévoyait le rachat des « créances pourries » en participation au Capital des Banques en difficulté. N’est ce pas là une nationalisation partielle ou la modification des statuts des banques qui passent de banques privées en banques mixtes Privé-Etat ?

Mieux, le Président Obama projette de réformer le système de protection sociale ultra libéral qui, pour le moment soulèvent beaucoup de controverses, mais qui passera par la force de la démocratie réelle.

Ce qui était reproché à des pays comme le notre vient d’être envisagé par les Etats Unis d’Amérique.

Devant de telles positions dictées par les plus puissants quelle alternative peut s’offrir aux pays en voie de développement ?

Un postulat se doit d’être énoncé : il ne peut y avoir de développement d’une nation sans les conditions suivantes :

― Disposer d’une manière rationnelle des ressources naturelles non renouvelables pour les transformer en investissements durables.

― Développer les activités comptant sur le savoir faire et les moyens nationaux de production de biens et de services

― Réduire la dépendance de l’Etranger dans les produits de large consommation, notamment les produits alimentaires, les produits pharmaceutiques

― Intervention de l’Etat dans la relance de la consommation et la création d’emplois

Le Président N. Sarkozy a déjà émis l’idée d’une refondation du capitalisme ultra libéral en capitalisme entrepreneurial : un euphémisme pour à peine voiler l’idée, au demeurant corroborée par sa seconde proposition de créer des fonds de souveraineté pour assister les entreprises européennes en difficulté, de faire participer directement les Etats à l’activité économique.

La menace des fonds de souveraineté étrangers pèse sur les économies occidentales. L’agressivité des fonds koweitiens en particulier, moyens orientaux en général auxquels il faut ajouter maintenant les fonds (privés) hindous et (publics) chinois et russes, titillent quelque peu les sentiments xénophobes même lorsqu’il s’agit d’aider les économies occidentales.

Il faut se rappeler le bruit que cela a fait lorsque Mittal Steel Lakshmi a fait son offre d’achat d’Arcelor et les réactions des officiels français pour déduire la conclusion, que l’argent, en fait, a une « odeur ».

Quelles sont les moyens dont dispose l’Algérie ?

Un nouveau consensus se dégage à Washington. Les missions du FMI et de la BM vont être relookées pour s’adapter aux nouvelles exigences dictées par la crise actuelle qui sévit sur les économies occidentales et par ricochet sur les économies du monde entier, globalisation obligeant.

Est –il encore temps de revoir les étapes de l’adhésion de l’Algérie à l’OMC ?

Les plans d’ajustement connus et devenus des cas ont abouti à des résultats différents selon que les pays aient ou n’aient pas accepté de mettre en œuvre scrupuleusement les injonctions du FMI et de la BM.

Exemples : La Chine et la Russie, puis la Tchéquie et la Pologne pour comparer des économies similaires mises à l’examen par les institutions mondiales, ont abouti à des résultats extrêmement différents, selon les méthodes négociées et mises en œuvre.

Les principaux axes, la libéralisation des marchés des capitaux du commerce extérieur, l’ajustement structurel et la privatisation des entreprises, les taux de changes des monnaies et les taux d’intérêts des crédits n’ont pas connu des programmes de mise en pratique similaires.

La Russie est devenue une sorte de kleptocratie voyant la naissance d’une oligarchie qui s’est transformée en la tristement célèbre « maffia russe » avec les conséquences politiques que nous connaissons à l’inverse de la Chine devenue une puissance économique qui pèse désormais sur l’échiquier mondial.

En Algérie la question de la méthode d’adhésion à l’OMC mérite d’être reposée, du moins dans sa forme.

L’adhésion mérite d’être préparée beaucoup plus soigneusement en prenant en considération nos capacités, nos besoins et les nécessités de préservation de notre économie.

L’OMC, tout le monde le sait, est une forme d’organisation du marché mondial dictée par les pays sur développés, imposant la globalisation, terme galvaudé qui veut tout simplement dire , l’ouverture de toutes les frontières à tous les facteurs de production : capitaux, produits, services…

La globalisation faisant de la planète un village impose à tous les acteurs des objectifs développés dans l’intérêt de toute la communauté : cela voudrait dire combattre les inégalités, la pauvreté, faire de la protection de l’environnement l’affaire de tous, assurer une répartition équitable des richesses de l’humanité… en somme partager tout ce qui est commun à l’humanité, y compris le savoir.

L’Algérie a milité depuis déjà des décennies pour un nouvel ordre mondial et force est de constater qu’elle n’a pas atteint son but, mais pas faute d’avoir essayé, mais admettons le, que c’est faute de moyens, plutôt de la force d’agir.

Aujourd’hui nous nous retrouvons dans la spirale de la dépression mondiale, sans y avoir été pour quelque chose ; mais nous disposons de moyens, sinon de rebondir, mais tout au moins de minimiser les dégâts : il s’agit tout simplement de remettre en marche, pendant qu’il est encore temps notre tissu de production, tant industriel qu’agricole.

Pour le faire, il suffit de rappeler les lignes directrices des programmes mis en place pour démontrer la cohérence de la vision sur le plan économique, cohérence qui est mise « en doute » depuis le début des années quatre vingt.

Car en matière de stratégie industrielle et de développement, l’Algérie en a bien eu une ; bonne ou mauvaise, c’est selon l’angle de vision, elle a eu le mérite d’avoir existé.

Rétrospective analytique

Le plan de développement de l’Algérie post indépendance est basé sur une vision globale prenant en considération les besoins sociaux.

Par besoins sociaux il faut entendre :

― La satisfaction des besoins de première nécessité
― La création d’emplois
― L’aménagement du territoire pour éviter l’exode rural
― L’intégration verticale et horizontale de la jeune industrie
― Construire l’indépendance économique après le recouvrement de l’indépendance politique

Ces impératifs, sans aller loin dans l’analyse étaient pris en charge par les études et les avis émis par le comité des grands équilibres chargé d’impulser et de dynamiser les secteurs inter alliés dans les programmes.

Ces plans étaient conçus et mis en œuvre dans un contexte mondial de guerre froide, de partage de la planète en deux grandes zones d’influence Est-Ouest, où s’affrontent deux façons de voir le monde.

Au plan national, l’Algérie sortait d’ne guerre longue et recouvrait son indépendance politique avec de lourds sacrifices : meurtrie, appauvrie, privée des effets des avancées de la science et de la technologie elle ne pouvait concevoir de développement autre que celui qui envisage la promotion du peuple au rang des nations développées, profitant de ses ressources naturelles.

Ce type de développement ne pouvait pas être autre que ce développement entrainant en harmonie la ville et la campagne, l’industrie et l’agriculture, l’enseignement et la santé, le logement et les infrastructures de base, enfin la satisfaction des besoins des citoyens et de la société.

Les différents plans périodiques, triennal, quadriennal et quinquennal ont mis en place un tissu industriel dont, rares étaient les pays qui en disposaient : une industrie lourde pouvant entrainer dans son sillage d’autres secteurs, une industrie légère prenant en charge aussi bien la satisfaction des besoins dans une large gamme de produits de première nécessité et la résorption du chômage endémique d’alors.

L’agriculture n’était pas en reste : la reforme agraire et les plans dont elle a bénéficié avait, outre l’objectif naturel découlant des luttes, des insurrections et de la guerre, la mission de réaliser l’autosuffisance alimentaire.

La formation et l’enseignement constituaient les aspects enviés par beaucoup de nations. A titre de comparaison on disait à l’époque qu’au Brésil, là où il y’a un hameau il y’a un stade ; en Algérie, là où il y’a un hameau, il y’a une école.

Bilan d’étape

L’économie nationale a « subi » une suite de réformes sans obtenir les résultats escomptés.

Nous remarquerons que ces réformes ont toujours été envisagées sous la pression et dans la précipitation. Elles auraient gagné en efficacité si elles avaient été réfléchies en fonction de besoins réels de recherche d’efficience et en obtenant l’adhésion de l’ensemble des acteurs par la force de la conviction.

Observons les principales étapes de ces réformes :

― 1982/83 : la restructuration, dont les objectifs restent « obscurs » a procédé au « charcutage » des entreprises réduisant à néant le capital-expérience acquis. Cette opération, ce qui restera encore plus étonnant, fut menée tambour battant au moment où, ailleurs, l’heure fut aux regroupements et à la constitution de cartels économiques dans un souci d’économie d’échelle et de force.

― 1986/87 : Le choc pétrolier et la chute drastique des prix du brut a provoqué l’affolement généralisé. Après les programmes anti pénurie inondant le marché de fruits exotiques et de babioles, profitant à certains barons de se constituer des fortunes, c’est le recours aux crédits à court terme pour financer l’exploitation de l’économie, aggravant le poids de la dette et sa structure.

Cette situation de déstructuration de la dette externe et de l’impossibilité en découlant, de continuer à financer les entreprises a dicté la nécessité de revoir l’organisation de l’économie.

― 1988 : Autonomie des entreprises et retrait de l’Etat de la gestion. Cette réforme suivie des troubles politiques a été vite remise en cause par les résultats atteints. En réalité sa mise en œuvre, trop rapide, sans préparer les capacités managériales ne pouvait obtenir d’autres résultats que ceux là.

Cette reforme applaudie par les gestionnaires en poste se voulait innovatrice par le fait qu’elle introduisait la liberté la plus étendue de l’initiative.

Cela ne fut pas le cas en raison des situations héritées et beaucoup d’experts et managers ont déjà eu à s’en plaindre.

― 1992/95 : Sous la pression de la dette externe, de son service, accouplés aux tensions politiques, l’Algérie est devenue une « proie » facile aux institutions monétaires et financières mondiales qui ont exigé une lettre d’intention de rééchelonner sa dette et d’accepter les conditionnalités dictées par le FMI.

Assainissements financiers, redéploiement, restructuration, ajustements structurels se sont suivis à un rythme insupportable et non maitrisable devant les plannings, eux encore, imposés par les institutions de Bretton Woods.

― 1997/98 : devant les critères de rentabilité exclusivement monétaristes et financiers, la fermeture d’usines, d’entreprises suivies de compression d’effectifs par milliers ont réduit notre tissu industriel en une collection de musées, de mouroir ou tout simplement en « quincaillerie rouillée ».

Les tentatives de partenariat lancées ne pouvaient obtenir les résultats escomptés : les avantages comparatifs offerts ne pouvaient attirer beaucoup de monde devant l’instabilité politique que nous connaissions. L’élargissement de l’Europe aux anciens pays du bloc de l’Est, favorisés par leur proximité géographique, culturelle et même cultuelle écartait presque naturellement l’Algérie des intentions d’investissements directs étrangers.

Il ne restait plus que la privatisation tant réclamée par le FMI et la BM, après la libéralisation totale et rapide du commerce extérieur.

Le marché algérien n’est plus aujourd’hui qu’un immense bazar où se déversent toutes les marchandises de troisième catégorie et les sous produits accélérant encore davantage les restrictions des parts des entreprises algériennes, tant publiques que privées.

― 1999 à nos jours : le bilan de la privatisation, n’est pas reluisant, si l’on se réfère à celui exposé à maintes occasions par le ministre qui a ce dossier en charge. Ce bilan se résume à un peu plus de 400 entreprises privatisées et/cédées et des recettes du Trésor omettant de faire cas des emplois créés encore moins des investissements réalisés par les repreneurs, critères de poids pourtant dans les cahiers des charges.

En terme d’Investissement Directs Etrangers, en dehors des cas connus d’El Hadjar (Mittal Steel Arcelor), de l’ENADE (Heinkel), de la téléphonie mobile et bien entendu des hydrocarbures et des cimenteries (Orascom), le bilan des partenariats réalisés est plutôt maigre ou inexistant.

Pire, le constat étalé sur la presse suite à la transaction réalisée par Orascom récemment, faisant sortir de ses gonds le Président de la République lui-même, laisse douter de l’intérêt de ce genre d’investissement. En plus des apports qui ne sont pas à la mesure des attentes, c’est plutôt l’effet inverse qui s’est produit : le transfert de capitaux vers l’Etranger.

Face à la crise

Face à la crise, la démonstration vient de nous être faite par les pays développés : les solutions s’inspirent toutes de la théorie keynésienne, attribuant un rôle important à l’Etat dans ses interventions. Au-delà, les Etats forts engagent même une réforme radicale de leurs systèmes financiers et économiques.

Le capitalisme ultra libéral semble avoir atteint ses limites, voire même qu’il démontre ses propres contradictions : le marché qu’il suppose totalement libre et idéalement concurrentiel est « squatté » par les traders et les spéculateurs en bourse. Le résultat de la financiarisation de l’économie est un crash, dont l’ampleur est difficile à avouer.

Le marché financier outrageusement pénétré par les « spécialistes » en bourse a permis la naissance et la pullulation d’aventuriers et d’escroc de tout genre et les exemples d’escroquerie ont mis au devant de la scène des grands spécialistes et le cas Madoff est là pour l’illustrer.

La récession s’inscrit peut être durablement. Les solutions sont à rechercher dans une croissance partagée entre tous les pays de la planète, en respect des résolutions du cycle de Doha.

Mais les différentes réunions de crise organisées pour cela, excluent le reste de la planète et seuls se sont vus concernés le groupe des vingt, timidement élargi à « des représentants des pays dits émergents ou en voie de développement ».

Les Etats Unis ont peur du protectionnisme mettant en danger leur hégémonie sur l’économie mondiale et pourtant c’est le premier pays protectionniste.

La subvention de la culture de coton, la commercialisation du blé, la création de cartels (aluminium, uranium), ne sont-ils pas des exemples de protection de l’économie américaine ?

Ces mesures prises unilatéralement par les Etats-Unis ont simplement « tué » l’agriculture des pays en voie de développement, ces exemples du coton et du blé n’étant que la partie émergée de l’iceberg dans l’ensemble des mesures américaines en faveur de leur économie.

Que reste-t-il des programmes d’adhésion à l’OMC, des aides aux pays en voie de développement, sinon que de compter sur soi ?

Aujourd’hui, après en avoir fait tous les éloges et considéré que c’est la panacée, l’adhésion de l’Algérie à l’OMC ne semble plus d’actualité, à croire les déclarations de nos officiels. Ce qui n’est pas mauvais mais qui aurait gagné en clarté, si les véritables motifs de ce report était plus explicité, car en réalité que gagnerait-on à y adhérer lorsque nous n’avons qu’un seul produit à exporter, qui sont les hydrocarbures.

A fortiori, ce produit est soumis à des spéculations et des tensions que nous ne pouvons prétendre maitriser malgré les moult réunions du « cartel » OPEP et ses résolutions, qui la plupart du temps ne sont pas suivies d’effet, à voir le comportement des prix qui suit ses réunions.

Face dons à cette crise économique aussi grave et les spécialistes s’accordent à dire d’abord qu’elle est plus grave que celle de 1929 et qu’elle s’installe pour au moins deux années dans le plus optimiste des cas, nous devons déployer toutes nos énergies pour une relance de notre économie en comptant d’abord et avant tout sur nos propres moyens.

A titre d’exemple pour illustrer, l’échec des prévisions escomptées dès la crise (septembre-octobre 2008), le cas de la GRECE qui fait école, qui sera probablement suivie d’autres cas (Espagne ?).

Ces moyens existent. Il s’agit :

― De remettre en marche le tissu industriel pendant qu’il est encore temps avant qu’il ne soit frappé d’obsolescence et de vétusté : les usines sont encore récentes pour pouvoir espérer les remettre en marche sans de trop grandes difficultés.

― De tracer un programme de relance de l’agriculture plus sérieusement, relance qui doit nécessairement s’appuyer sur des plans nationaux de culture à l’image de l’Union Européenne.

― De mobiliser nos ressources humaines par des véritables mesures incitatives et connaissant la qualité de notre peuple qui a la mesure du sacrifice, la crise peut être utilisée à bon escient comme catalyseur et mobilisateur.

Enfin il faut inventer le rêve fédérateur qui réunira le peuple autour de grands plans dont l’objectif à court terme est, au moins, à défaut de renforcer nos capacités d’exportation hors hydrocarbures, viser de réduire nos importations.

Les grands axes de la relance

Il n’est pas question, ci-après de développer une proposition élaborée, ni d’ambitionner la création d’un quelconque débat, mais simplement d’exprimer un point de vue d’un cadre qui a participé, avec les moyens qu’il a eus et ses humbles compétences, au développement de l’industrie telle qu’elle a été projetée.

Cette envie de publier ces points de vue, à la condition qu’un média écrit accepte de le faire, est motivée par, d’une part ce sentiment d’impuissance ressenti, je le suppose par tous les cadres qui se retrouvent marginalisés par la force des choses et obligés de se mettre en retraite et, d’autre part, par la frustration de penser que la relance est possible et que les solutions existent pour peu que la décision politique soit prise. Il est encore temps.

Toutes les conditions sont réunies : les moyens financiers, les ressources humaines et les supports matériels.

Il suffirait de mettre tout cela en situation d’interconnections et développer les synergies entre tous les facteurs de production.

La condition préalable est un cadre de travail motivant, des relations transparentes et un pouvoir fédérant toutes les potentialités, un pouvoir capable d’écouter et de ne pas tourner au ridicule toutes les propositions même les plus « sottes ».

Ce rêve doit être de faire de l’Algérie un pays véritablement indépendant de toute forme de pression, un peuple vivant de ses richesses qu’il aura produites en se retroussant les manches.

Ces axes de relance peuvent être réfléchis non pas autour de pôles de compétences, mais par secteur et par branche en focalisant et en concentrant les efforts sur les besoins de la nation dans l’objectif « saint » d’une véritable indépendance économique, pourquoi pas ?

Il existe des pays qui ont adopté cette démarche et nous pouvons citer au moins un, l’INDE qui est en phase de s’imposer comme véritable puissance sur l’échiquier mondial, sur laquelle les grands de ce monde doivent compter.

Avant tout il faut se débarrasser du complexe des technologies de pointe ; nous pouvons faire de la bonne soupe dans de vieilles marmites. Il me revient à l’esprit un vieux souvenir d’un voyage d’étude effectué, alors étudiant, à Moscou où on nous a fait visiter un complexe textile, dont les équipements étaient entrainés par une centrale à vapeur. Cette usine était sélectionnée pour produire du tissu destiné à l’exportation. A nos remarques teintées d’ironie, le directeur nous fit remarquer que ce fut l’usine où Lénine a organisé une des première grève (ceci pour l’âge) et que l’important est qu’elle produise un produit de valeur par la volonté des travailleurs.

La relance, s’appuyant sur nos seuls moyens doit commencer par la base, à savoir les infrastructures servant d’appui.

Le tissu industriel même aujourd’hui moyen sur le plan de la technologie existe. Relativement bien pensé il peut servir à redémarrer le développement industriel, un développement harmonieux entre tous les secteurs d’activité économique.

Le secteur prioritaire, l’agriculture, peut être repensé avec le courage politique de clarifier le statut des terres agricoles, statut qui doit être pensé en revisitant l’Histoire. Le développement de l’agriculture sera conçu et tracé pour permettre une véritable indépendance alimentaire.

Ceci doit passer par la mise en place d’un Plan National Agricole avec des mesures d’incitation et de motivation. Un recensement sérieux des véritables agriculteurs est nécessaire pour éviter les passe- droits et les détournements que nous avons connus.

L’industrie de soutien à l’agriculture bénéficiera, au même moment, du soutien conséquent des pouvoirs publiques, à l’exemple de l’industrie de construction de matériel et équipements agricoles (tracteurs, machines agricoles, engrais, etc.).

Les outputs de l’agriculture trouveront un débouché dans le secteur de la transformation, l’industrie agroalimentaire.

La résorption du chômage peut être également sérieusement envisagée avec la relance des entreprises du secteur de la manufacture : textile, cuir, bois sous réserve d’un plan d’un véritable redressement par l’identification de programmes d’investissement visant leur revalorisation et leurs mises à niveau.

En résumé il nous est largement possible de relancer les entreprises de production industrielles à la condition que le courage politique existe, car il s’agira de renier les thèses par lesquelles il a été décidé de fermer les entreprises non performantes sous des angles d’analyses « imposés », excluant tous les aspects sociaux et même économiques, analyses limitées aux seuls critères de rentabilité financière.

La relance soutenue par l’Etat doit continuer dans les secteurs des infrastructures de base en doublant les efforts sur la réalisation de barrages destinés à l’agriculture notamment.

Il serait peut être préférable en matière de réseaux de communication de renforcer les voies ferrées dans les hauts plateaux au lieu d’autoroutes qui peuvent être remplacées facilement par un développement de routes nationales facilement réalisables par les entreprises nationales des secteurs publique et privé.

Il est certain que des compétences existent à tous les niveaux et les milliers de jeunes cadres et autres entreprises rêvent de relever les défis, d’autres nations l’ont fait.

Tout ce système peut valablement être renforcé par une politique de formation professionnelle et avec une recherche scientifique dynamique, ambitieuse débarrassée de tous les complexes, une université tournée vers la vie économique, proche des opérateurs et des acteurs de tous les secteurs d’activité.

En conclusion, pourquoi la stratégie industrielle de monsieur le Ministre de la promotion industrielle n’est pas publiée et soumise à débat le plus large possible ?

La plupart des cadres et des travailleurs qui ont vu leur outil de travail fermer n’ont pas compris les raisons qui ont conduit les décideurs à ces mesures.

La fermeture de ces entreprises qui, auraient pu être soutenues pour entrer en compétition, a conduit directement à l’inondation du marché national en produits de seconde facture et mauvais aloi.

Faut-il consommer l’échec de la privatisation ?

La privatisation des entreprises publiques n’a pas eu pour motif et, surtout pour objectif, d’améliorer leurs performances en les libérant des injonctions de l’Etat par la liberté d’initiative qu’aurait le secteur privé.

Ce programme a été « imposé » par les institutions mondiales (FMI, BM, Créanciers de l’Algérie).

Comme l’a affirmé M. Stiglitz dans son ouvrage « La grande désillusion », au niveau des staffs dirigeants de ces institutions il n’y a que le politique et l’idéologie qui priment dans les décisions et les « conseils » fournis aux pays qui les sollicitent, loin de leurs missions originelles.

A examiner, comme rappelé ci-avant, les réformes économiques connues et mises en œuvre en Algérie concourent pour appuyer et démontrer cette affirmation.

Les échecs répétés depuis la restructuration aux filialisations, c’est l’ultime étape de la privatisation qui est imposée.

La promotion de ce dossier s’est faite autour de faux arguments de rentabilisation et d’amélioration des performances, après des analyses ,audits et diagnostics qui ont tous conclu à la déstructuration totale des entreprises publiques sans aucune possibilité de débats contradictoires.

Le ministre en charge de la participation et de la restructuration lance un appel à manifestation d’intérêt globalement, sur la « toile » du net pour les 1200 entreprises, opération qu’il tenait à mener à la hussarde en se fixant des objectifs surréalistes.

Les tentatives de déclaration de guerre de la puissante centrale syndicale UGTA, le feront partir une fois pour revenir au même poste avec probablement des assurances et d’autres objectifs, mieux « emballés ».

Aujourd’hui force est de constater que la privatisation n’a pas du tout réussi. Pire les quelques entreprises cédées ou privatisées sont en train de boiter et de cahoter malgré les engagements contractés et contractualisés à la cession.

La presse a fait cas de nombreuses entreprises passées sous la coupe de privées qui sont, non seulement moins performantes mais soumises aux caprices des nouveaux propriétaires.

En réalité, pouvons nous encore une fois le constater, il n’y a pas en Algérie de véritables industriels, à l’exception de quelques uns, qui ont cette culture.

Le programme de privatisation ne pouvait pas être lancé dans ces conditions sauf si derrière cette option il y a autre chose que cette seule volonté de désengager l’Etat de la gestion des entreprises, ce qui au demeurant pouvait être conçu autrement que par cette cession effrénée à tout repreneur aux meilleurs prix : est ce que l’Etat voulait simplement s’enrichir en engrangeant les produits des cessions dans des comptes spéciaux du Trésor Public ?

Le résultat est là pour constater l’erreur dans ces braderies. Il faudrait faire le bilan avant de lancer une autre forme de privatisation, pour réussir l’échec, encore une fois.

Quels sont les industriels privés expérimentés, qui accepteront de se lancer dans l’aventure avec le capital public en acceptant toutes les règles de transparence dans la gestion ? Quels sont les privés qui auront l’honnêteté de se contenter de marges industrielles normatives, même si elles sont supérieures aux taux d’intérêt servis par les banques ?

Il faut dons se rendre à l’évidence que la privatisation est impossible pour la plupart des entreprises, notamment celles nécessitant de grosses capacités d’ingénierie, de capitaux et beaucoup de travail de mise à niveau technologique.

Toutefois peuvent faire l’objet de privatisation et/ou de cession les petites entreprises de manufacture et même là il y’aura fort à parier qu’il n’y aura pas preneur considération prise des engagements internationaux et régionaux pris par l’Algérie, notamment l’Accord de Libre Echange avec les pays arabes et les négociations en cours avec la Turquie où l’industrie de la manufacture et de l’agro alimentaire ont pris beaucoup d’avance, ce qui rendra les produits algériens non compétitifs.

Il ne nous reste plus qu’à nous retourner vers le travail de relance de notre industrie pour une véritable sortie de crise loin de tout débat idéologique et de toute démagogie.

Arezki Maouche
Ingénieur d’Etat, Manager d’Entreprise
4 mai 2010

Un commentaire

  1. Le préalable des préalables
    M. Arezki Maouche : Ayant dirigé mon propre Cabinet d’Ingénieur conseil à Paris, entre 1975 et 1986 – nous faisions souvent office d’ensembliers de projets industriels pour le comptes de pays du Moyen-Orient – je reconnais dans votre démarche, qu’il y a une grande expérience derrière vous. Il n’empêche qu’aujourd’hui, la seule priorité qui compte, c’est d’asseoir dans notre pays, des Institutions réellement démocratiques, authentiquement représentatives de la volonté, c’est à dire de la souveraineté populaire. Sans un tel socle institutionnel, garantissant le fonctionnement normal et équilibré des Pouvoirs Publics, aucun projet de société ne peut se mettre en place, quelle qu’en soit la facette : socio-politique, économique ou éducationnelles et culturelle. — Cela passe par une condition sine qua non : l’abolition du régime illégitime, criminel et corrompu en place.- J’espère que Dieu vous prêtera vie pour voir se réaliser ce préalable et apporter votre précieuse expérience à la Nation.

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