Puis il est sorti et n’a plus rien dit. Je m’aime. Et à la fois je n’aime personne. J’aime ce pays quand je suis hors de ce pays. Pas quand je suis dedans. Dedans, il n’y a que quelques ambassadeurs et trop d’Algériens.
Dehors, c’est l’inverse. Parfois aussi je souffre : j’ai besoin des Algériens pour être l’unique Algérien valable à mes propres yeux et en même temps je ne les aime pas car tous veulent être à ma place comme moi je suis à la place de tous. Maintenant je suis fatigué.
Ils m’ont accusé de détournement ? Aujourd’hui, ils sont tous corrompus. Ils m’ont méprisé ? Je les méprise tous aujourd’hui et en direct. Ils ont sali ma réputation, je salis la leur à chaque fois que je rencontre un ambassadeur ou un président étranger. Ils m’ont volé mon histoire ? Je leur prends leur dignité. Je suis les trois quarts de mon destin, ce peuple est le quart de son histoire nationale. C’était le but de l’équation initiale : revenir en 1979, reprendre les mêmes hommes qui m’ont chassé pour les revoir revenir vieux et repentis, écrasés et affables, demander des excuses pour m’avoir enterré vivant. C’était le but, mais maintenant je n’ai plus de buts. Sauf regarder. J’ai tellement attendu ce moment que lorsqu’il est enfin venu, je ne sais pas quoi en faire. Sauf continuer. Et c’est pourquoi après avoir été ministre, ministre du monde, président, immigré, exilé, roi errant, président, rassembleur et séparateur, peuple et destin, histoire et biographie, je m’ennuie. Il ne me reste rien à faire.
Ce pays n’est plus que mon miroir. Un dossier dans mon tiroir. Une femme que je ne veux même plus épouser. Trente-six millions de personnes qui me demandent à manger sans travailler. Des millions qui tournent en rond et je suis le centre qui s’en amuse. Tout est dans mes mains et je m’amuse de garder les mains derrière le dos pendant qu’ils se mordent les doigts. »
Kamel Daoud
21 février 2010
Source : Le Quotidien d’Oran
Un commentaire
L(ironie est l’arme des lâches.
Monsieur le signataire du Manifeste des Libertés laxistes, donnez nous un indice, à qui faites-vous allusion ? Qu’avez vous à offrir à l’Algérie ? Un programme selon la ligne d’une de vos célébrités du Manifeste ? Liberté, Egalité, Fraternité ? Le respect religieux de la Shoah, le respect des « Gays », puis dans étape ultérieure, la légalisation du mariage entre même sexe ? Vous ne trompez personne avec vos jeux de mots, et il vaut mieux être Président de Musulmans paresseux mais dignes, que celui, que vous préféreriez, d’hybrides humains dégénérés.