Le silence prolongé de Bouteflika est à la fois lourd de sens et difficile à décrypter.

La couleuvre du 3ème mandat est bien trop grosse pour être avalée. C’est beaucoup trop tôt. Passé les premières fausses certitudes, il faut peut-être se ranger à la même évidence. Le pouvoir militaire aime trop ses habitudes pour y déroger. Il nous a habitués depuis si longtemps à lancer des leurres et des lièvres avant de sortir de son chapeau "son" candidat, le seul, le vrai, l’unique.

En poussant Belkhadem à lancer rapidement avec autant conviction le "soutien officiel du FLN" au 3ème mandat, en faisant taire toutes les critiques internes, on peut en tirer deux conclusions.

La première est que toute autre candidature que celle de Bouteflika devient impossible au sein du FLN. Silence dans les rangs!

La deuxième, qui en découle, est que le candidat du système sera cette fois hors FLN, donc qu’il est déjà choisi, sans réviser la Constitution… au nom du peuple.

Et qui est le mieux placé des "enfants du système" hors FLN. Ouyahia pardi… celui qui conteste justement la révision de la Constitution… et qui attend sans rire que "l’intéressé se prononce lui-même".

A moins que… on ait droit à une "nouvelle casquette consensuelle" pour gérer encore une nouvelle transition et remplacer les généraux vieillissants de l’état-major.

La messe du pouvoir est dite. Il n’y a plus d’opposition pour contester quoi que ce soit. Quand au peuple, il est trop occupé à joindre les deux bouts du mois, et à panser les blessures de tous les attentats qui feront du bruit, du sang et des larmes jusqu’à l’élection présidentielle.

Pendant ce temps, l’Etat algérien s’enfonce de plus en plus dans ses puits de pétrole jusqu’à s’y engluer… Il ne sait rien faire d’autre. Et il prend un malin plaisir à saboter toute initiative économique d’envergure hors hydrocarbures. Pourquoi? Pour empêcher l’émergence de tout pouvoir économique en dehors du système.

Saâd Lounès
2 janvier 2007

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