Cette histoire de 3eme mandat n’est pas une farce. C’est une partition de musique savante qui se joue ! En même temps qu’une partie d’échecs.

Les uns et les autres, ceux du sérail s’entend, croient et veulent nous faire croire qu’ils font de la haute politique en s’engageant pour ou contre cette candidature de Bouteflika, qui reste encore anticonstitutionnelle. En théorie. Certains, comme Belkhadem et autres grands politiciens de la même veine, s’époumonent à nous faire rentrer dans le mou qu’il y aura un troisième mandat pour Monsieur le président déjà sortant. Çà y est, c’est décidé ! Bouteflika et nous, n’avons plus qu’à obtempérer. Circulez, y a rien à voir. Ils n’ont même pas la décence de mettre une toute petite réserve, pour la forme, juste pour sauver les apparences, en précisant que cela ne pourrait se faire que si le peuple algérien accepte de changer "sa" Constitution, et de permettre au président encore actuel, de briguer un troisième mandat. Ce qui est encore, en l’état des choses une violation majeure et très tiers-mondiste de la Constitution. Non ! Messieurs Belkhadem et consorts, dans la foulée de leur grosse suffisance, en font le dernier de leur souci. Pfff… C’est l’expérience qui parle. Puisqu’ils savent, et qu’ils ont éprouvé ô combien de fois, toute la facilité à faire marcher la foule moutonnière qu’ils ont fait de nous, vers nos abattoirs électoraux.

Même les très fortes abstentions aux dernières élections législatives et communales qu’ils n’ont pu maquiller qu’en partie, ne leur font pas peur. Ils nous ont ri au nez et nous ont déclaré, très officiellement, avec le légendaire rictus sarcastique du ministre de l’intérieur, que les abstentions étaient dues au mauvais temps. Pour eux, c’est du pipi de cafard, de toute façon. Vraiment ! Ce qui compte maintenant pour eux, c’est de brasser l’air aseptisé qui les entoure. Pour se ménager une place aux côtés du futur Président. Lequel président, dans leur petit crâne de babouins autistes, ne pourra pas oublier ce qui leur doit. Tout en sachant oublier que toute leur agitation de babouins autistes n’est que du pipi de pou dans cette transaction.

D’autres, une espèce de nervis, juste bons à mettre en valeur l’enthousiasme débordant des premiers, se hissent sur leurs petits ergots manucurés, et déblatérant dans une dialectique dont on ne sait pas très bien ce qu’elle veut dire, font remplir des pages entières des journaux des copains, pour nous dire, ou plutôt pour se dire entre eux, "Oui, trois fois oui, si c’était à l’ordre du jour. A leur ordre du jour. Comme si en pareille matière ils pouvaient vraiment avoir quelque chose à dire. Mais de la volonté populaire et de l’écueil constitutionnel, c’est comme leurs concurrents à qui pissera moins loin, pas un mot. Même pas pour la forme.

D’autres encore, parlent de changement… dans la continuité. Et qu’est ce qu’ils nous disent ? Que ce changement tellement révolutionnaire, puisqu’il consiste à continuer ce qui est, doit venir de l’intérieur du régime. Le pied ! La trouvaille du siècle ! Un vrai pipi, de vrai bonhomme. En fait, pour ceux qui n’auraient pas très bien saisi la nuance codée en patois du Club des Pins, le changement c’est que le régime les désigne "eux" ! Pour que "eux" continuent de mener à bon port la barque du changement de la continuité. De façon à ce que la continuité continue. Cette dernière catégorie non plus, ne parle pas du problème de la volonté populaire. Parce qu’ils ne vont pas perdre leur temps et celui des autres initiés, à parler pour ne rien dire. C’est pas encore le moment de faire rentrer la populace dans cette fine partie, avant la finition. Mais ce sont les plus réalistes, parce que eux, au moins, s’adressent à ceux, aux véritables patrons, qui vont décider si oui ou non le Président actuel pourra se présenter. Ou plutôt s’il sera élu ou non. Les élections n’étant qu’une petite formalité dont ils ne formalisent pas outre mesure.

Belkhadem le sait, lui qui veut faire croire, par de maladroites techniques, qu’il croit subliminales, qu’il est en train de forcer la main au Sauveur. Ouyahia le sait, lui qui dit sans dire, qu’il est d’accord sans être d’accord, lorgnant du côté où se lève et où se couche le soleil d’Alger.

Bouteflika le sait, lui qui boude et qui se fait languir, tout en faisant distiller des rumeurs contradictoires. Lui n’est pas totalement dépourvu. Il a su mettre le pied dans l’entrebâillement de la porte. La porte du sanctuaire où se tient le grand cénacle. Il sait qu’ils devront compter avec lui. Dans les limites des instruments qu’il manie. Sauf que pour souffler dans un trombone, il faut avoir du coffre. Mais lui comme les autres bouffons savent que cette histoire du troisième mandat est en train de se discuter, non sans une certaine désinvolture, pour faire monter les enchères, et parce qu’il y a encore de la marge, entre les vrais pilotes de la machine à faire des présidents. Une machine qui peut tout aussi bien les défaire et même les périmer définitivement. Une semonce a été lancée à Batna, il n’y a pas longtemps, pour remettre certains velleitaires dans le rang. Les récentes sorties, qui peuvent paraître improvisées, de l’ex président Chadli, procèdent de la grande mascarade qui se joue en ce moment. Un spectacle pour initiés où les spectateurs sont eux même des figurants d’arrière scène ou plutôt des marionnettes mécaniques télécommandées à distance. Et pendant que toute cette star académie s’agite, vocifère, gesticule et baragouine sa répartie, les faiseurs de rois, tout à leurs agapes, avancent et reculent des pions. Parce que dans cette partie là, il y a de nouveaux joueurs. Des joueurs émérites qui ont misé gros. Bouteflika le sait. Ouelandaloussi bel ichara.

Djamaledine Benchenouf
2 janvier 2008

Tahia Bladi

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