Oui, nous devons tirer les leçons de notre propre histoire et celle des pays du monde qui ont conquis leur indépendance. A la lumière de ces expériences, nous devons trancher dans un faux débat. Il y a d’un côté ceux pour qui la Paix et la sécurité sont un préalable incontournable avant d’instaurer la citoyenneté, les droits et les libertés civiques, le développement économique dans la justice sociale. D’un autre côté ceux pour qui c’est une illusion de croire à la paix et à la sécurité, à des relations pacifiées et confiantes, quand les libertés et les droits humains sont piétinés, quand le développement dans la justice sociale est sacrifié.

Le faux débat, lorsqu’il touche à des enjeux humains considérables, est autrement plus dangereux que celui qui oppose les adeptes de la primauté de l’œuf ou de la poule dans la continuité de la vie. Dans la pratique sociopolitique, les deux visions unilatérales, en ignorant les interactions, la simultanéité et la complémentarité des deux piliers et besoins d’une nation libre, débouchent sur la même impasse.

Ceux qui en restent à leur seule approche pour des motivations explicables mais néanmoins étroites, s’exposent au sévère jugement que portait Benjamin Franklin (rédacteur avec Jefferson et Adams de la déclaration d’Indépendance des USA en 1776). Ceux qui opposent sécurité et liberté, disait-il, ne méritent ni l’une ni l’autre. Terriblement vrai pour la jeune république américaine, que les deux conceptions n’ont cessé de déchirer après l’indépendance, jusqu’à ce qu’éclate entre les deux camps, quelques décennies plus tard , la guerre civile de Sécession qui a fait plus de 600 000 (six cent mille ) morts ! Les USA replongent aujourd’hui dans leurs vieux démons en voulant exporter dans tout le «Grand Moyen-Orient» cette dichotomie désastreuse entre liberté et sécurité, entre paix et démocratie. Pour l’Algérie, qui n’a finalement débouché jusqu’ici ni sur la liberté ni sur la sécurité, oeuvrons pour que ses habitants, inspirés par leur foi et leurs convictions réciproques autant que par la sagesse et le bon sens, sortent plus rapidement d’une logique absurde et maléfique.

Je ne veux entretenir aucune illusion. Il n’y a pas de génération spontanée de la liberté et de la paix. Dans la conjoncture nationale et internationale actuelle, il n’y aura pas d’Algérie nouvelle sauvée seulement par le haut ou seulement par le bas. Pour la paix, la sécurité, la réconciliation et la démocratie politique et sociale, le chemin s’ouvrira seulement à une condition : que toutes les forces et tous les courants sains de la nation, sans distinction d’affinités idéologiques, constituent par leur action un contrepoids uni ou convergent, puissant, mais pacifique et constructif, aux scléroses autoritaires, bureaucratiques et rentières d’un système incapable de faire sa mutation par lui-même. Ainsi pourraient naître et grandir des synergies entre les différents niveaux de l’Etat, de la société et du champ politique pour la sauvegarde de la nation et des aspirations irrépressibles de la société.

Cette orientation gagnerait à progresser dans au moins quatre domaines cardinaux sensibles, d’égale importance et interférents entre eux : les mœurs politiques, la justice sociale, les relations identitaires et le positionnement international.

Je n’aborderai pas aujourd’hui à ce propos le vaste chantier ouvert aux débats et à l’action de toutes les volontés algériennes démocratiques et sociales quels que soient leurs ancrages, affinités et penchants culturels, spirituels ou idéologiques…

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