Macron est disposé, pour la même absence de respect des droits de l’Homme, à exclure des prochains accords budgétaires européens la Hongrie, la Pologne et la Slovénie. Mais aussi, sachant que la France est pratiquement en froid avec tout l’univers, le Venezuela, la Chine, la Biélorussie, la Moldavie, la Russie, la Turquie, l’Iran l’Azerbaïdjan…

Il est vrai que l’Egypte est un pays barbare qui achète à la France ses Rafales et ses Mistrals (payés par l’Arabie Saoudite, car l’économie égyptienne, tout le monde le sait, est en faillite).

Il est vrai aussi qu’Emmanuel Macron renvoie l’ascenseur à son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi qui l’a soutenu face une « campagne de haine » anti-française dans le monde musulman.

Evidemment, le tapis rouge étalé devant Sissi a révulsé les défenseurs attitrés, canonisés autodésignés de l’intelligentsia parisienne qui ont bruyamment protesté (comme ils l’ont fait après le tabassage vigoureux d’un producteur noir par des flics zélés), à savoir pêle-mêle : Badinter et sa moitié (occupée – comme tous les parvenus à la recherche de titre passant du « m’as-tu-vu » au « m’as-tu-lu »- cf. R. Debray, à la promotion une édition consacrée à Anne d’Autriche), BHL et sa cour, le sublime académicien Finkielkrault, le rejeton de feu Glucksmann, l’inimitable et ineffable philosophe des libertés. Dans foule des manifestants on a reconnu des esprits brillants tels « l’académicien » Finkielkrault et son acolyte de Cnews, A. Klarsfeld de retour du « front », Ch. Ockrent et son double (B. Kouchner, 1/3 mondiste 2/3 mondain), N. Sarkozy (entre deux voyages en Libye ou entre deux procès), Franz-Olivier Giesbert… la liste de ces braves gens est très longue mais très facile à dresser : il suffit pour cela d’aller dans les rédactions de la plupart des médias, des banques et assurances, des conseils d’administration publics et privés…

Une consanguinité étroite qui fait de la France ce qu’elle paraît être, avec comme vous pouvez le deviner une congénitalité préoccupante…

Comment la France de Macron 1er honore les dictatures et leurs crimes ?

Lors de son passage à Paris le Maréchal Sissi a été glorifié, en visite à Matignon, à la Mairie de Paris, à l’Elysée.

Abdel Fattah al-Sissi a reçu d’Emmanuel Macron, le 07 décembre, l’insigne de grand’croix de la Légion d’honneur dans les salons de l’Élysée.

Avant lui, Hosni Moubarak l’a reçue en 1983, le roi du Maroc l’a reçues deux fois : en 1975, lorsqu’il était prince héritier, et en 2000 une fois devenu Mohammed VI. Et sans doute une 3ème fois, lorsqu’on découvrira que sa gandoura couvre le néant. (1) Au fait,

Question : Comment les citoyens français l’ont-ils appris ?

Réponse : Ils l’ont appris grâce à « Quotidien ». (2)

Question : Comment Quotidien l’a-t-il su ?

Réponse : Ses journalistes sont allés sur la chaîne Youtube du gouvernement égyptien au Caire où les honneurs rendus à Sissi ont été célébrés, mais honteusement tus en France, à l’insu des citoyens français.

Ces journalistes (de Quotidien) ont été donc obligés (comme cela nous est arrivés par le passé, beaucoup moins aujourd’hui), d’aller en Egypte pour découvrir ce qui est arrivé chez eux.

Une précision : la plupart des médias français étaient au courant. Mais ils l’ont mis sous le boisseau, dans le cadre de ce système politico-médiatique totalitaire, idéologiquement, politiquement, économiquement et financièrement cohérent que les Français rejètent, mais dont ils n’arrivent pas à se débarrasser.

DES MEDIAS FRANÇAIS QUI PASSENT LE PLUS CLAIR DE LEUR TEMPS À DONNER DES LEÇONS DE LIBERTE D’EXPRESSION AU RESTE DU MONDE ET, EN PARTICULIER, À NOUS AUTRES PAYS SOUS-DEVELOPPÉS.

En vérité, ces contradictions m’importent peu.

Ce cynisme « libéral » : verbeux, manipulateur et sirupeux au Centre et exterminateur à la périphérie est une vieille pratique qui avait atteint des sommets sous la IIIème République avec les Jules Ferry, les Gambetta et les autres massacreurs de la Commune de Paris.

Ne nous y trompons pas : la France de Macron et de ses prédécesseurs n’honorent pas officiellement par devers eux, à leur corps défendant, ce qu’ils condamnent en aparté. Ces honneurs, ce n’est pas faute de mieux « on ne pouvait pas faire autrement »…

Les Français honorent parce qu’ils soutiennent délibérément et partagent les objectifs et les actions de Sissi qui n’est qu’un instrument de leur politique internationale. Un truand parmi d’autres qui a besoin de ces signes de reconnaissance pour tenter les faire avaler au peuple égyptien que tout le monde veut persuader que ces lui, à travers son bourreau qui est honoré.

Cynisme, absolument, hypocrisie certainement pas.

En réalité, là est le plus ironique, les Français sont eux aussi des instruments, des supplétifs de luxe entre les mains de plus futés et de plus discrets.

J’ai parfaitement conscience en écoutant les vieux crabes hurler au « complotisme » pour discréditer mon raisonnement… Je vous laisse le soin de faire la part des choses et d’obéir à l’injonction ancienne et rationnelle de Descartes sur le doute méthodologique : «  Ne rien tenir pou vrai qui ne soit évident à l’esprit ».

De toutes les manières nous savons tous que ces cocos traitent de « complotistes » tous ceux qui leur apportent la contradiction. C’est d’ailleurs pour ça que le complotisme a été inventé, avec tout son cortège lexical de « sociétal » à « démocrature » en passant par « illibéral » avec toutes les confusions qu’il faut pour que personne ne s’y retrouve (en mêlant dans la même mélasse Poutine, Erdogan, Bolsonaro, Xi Jinping, Maduro… enfin toute la galerie des « montres » échafaudée par l’insurpassable démocrate Reagan).

Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’énergumènes exotiques avec de nombreuses araignées au plafond qui contribuent à la confusion générale.

Et de toute façon l’essentiel n’est pas là.

Que les Français règlent leurs problèmes entre eux, avec les chefs qu’ils ont placés à leur tête pour diriger leur destin, leur prospérité et leur sécurité. Après tout, ce sont eux les vrais dindons de la farce qui paient avec leurs impôts et leur crédulité les chaînes bricolées pour les asservir et des lois sécuritaires conçues pour étouffer leurs libertés.

Non, ce qui importe est d’ouvrir les yeux de nos compatriotes, de nos compatriotes maghrébins et de nos proches amis africains emballés par leurs « élites » cocotières (noires à l’extérieur et blanc comme il se doit à l’intérieur), qui leurs sont données en exemple pour mieux les asservir et les détourner du chemin critique nécessaire au progrès et à l’amélioration de leur condition.

Qu’ils ne se laissent pas éblouir par les étoiles filantes, le verre qui veut se passer pour du diamant et le cuivre pour de l’or.

La France que certains d’entre nous ont pu honorer n’est plus au pouvoir. N’oublions pas que des Français sont morts aussi pour notre libération. Ceux qui restent sont écartés des centres de décision, suspectés de déloyauté et pour tout dire mis à l’index. La plupart des lois sécuritaires sont aussi bricolées à leur intention.

Mais quoi qu’il en soit, aussi sympathique soit leur cause (car elle est aussi un peu la nôtre, dans une coopération méditerranéenne profitable à tous, mais aujourd’hui inenvisageable) ce n’est pas notre affaire.

Mais si l’Occident n’est pas le double-décimètre de la liberté, on est loin d’en être les apôtres et les meilleurs exemples.

La crotte pue aussi chez nous. Le chemin est ardu et exige certes respect de soi et défense stricte et de notre autonomie de réflexion et de décision. Mais il exige aussi lucidité, rigueur, efforts, auto-critique raisonnable et concertée. Convaincre et ne jamais violer la conscience des nôtres. Encore moins attenter à leur vie.

Comme on le voit le but à atteindre n’est pas à portée de main.

Chaque génération devra faire face aux défis qui lui sont opposés.

Et n’oublions pas une loi éternelle : nous sommes les premiers artisans de nos propres problèmes. Les autres nous y enfoncent et en tirent parti parce qu’on leur en donne l’occasion.

Que les hommes de foi appellent ça « el Djihad el Akbar », on n’a pas besoin de croire en Dieu pour en convenir.

Djeha, dimanche 13 décembre 2020.

(1) Le 21 avril 2018, la présidence syrienne annonçait que la Légion d’honneur attribuée par le président J. Chirac en 2001 au président Bachar al-Assad avait été renvoyée à ses destinataires, suite à la participation de Paris aux frappes américaines contre la Syrie le 14 avril 2018.

A la suite de quoi, pris au dépourvu, E. Macron fait connaître que la France avait déjà engagé une procédure de retrait de la Légion d’honneur au président Assad. Procédure inédite. Des personnalités pressenties l’ont refusée, comme récemment Thomas Piketty ou en leur temps et pour diverses raisons Georges Brassens, Gustave Courbet, Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Louis Aragon, Marie Curie ou Albert Camus. (3)

Une acrobatie macronienne (une de plus) destinée à sauver la face. Après coup. Elle n’abuse personne. C’est d’ailleurs pourquoi, comme bien d’autres déconvenues, elle a été passée sous silence.

« Le ministère des Affaires étrangères et des Expatriés a officiellement rendu à la République française, par le biais de l’ambassade de Roumanie à Damas, qui parraine les intérêts français en Syrie, la décoration de grand-croix de la Légion d’honneur accordée au président Assad par l’ancien président français Jacques Chirac », indiquait l’Elysée dans un communiqué bref et laconique.

(2) Amplifié par le quotidien belge https://plus.lesoir.be, le mercredi 09/12/2020.

(3) Aujourd’hui même au moment où j’écris ces mots, un journaliste italien renvoie la France à ses inconséquences.

Le journaliste et écrivain italien Corrado Augias annonce qu’il allait restituer lundi sa Légion d’honneur en signe de protestation à celle accordée au président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, qualifié de « complice d’atroces criminels ». « Demain, lundi 14 décembre, j’irai à l’ambassade de France pour restituer la Légion d’honneur. Un geste aussi bien grave que purement symbolique, je dirais sentimental. Je sens que je le dois en raison du profond lien émotionnel et affectif que j’ai avec la France », terre d’origine de son père, écrit Corrado Augias dans une lettre publiée dans le quotidien de gauche La Repubblica.

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