1-La liberté ne fait pas peur, mais faire du crime un outil de la légalité.
La conscience, est un acte ; toute conscience est conscience de quelque chose. On convient que pour le bout de liberté dont nous jouissons depuis 1962, notre reconnaissance doit donc, sans
équivoque, aller à tous ceux qui l’ont arrachée, même si la praxis politique générée par le système caduc a pâli leur étoile. Il est important d’anticiper l’oubli par l’écriture de ses idées.
Nous n’avons pas l’habitude d’être libres, certes ! Mais le pouvoir a-t-il jamais pensé à nous y essayer ? Est-ce suffisant pour nous priver, par la force, de notre liberté ? La liberté est innée. Mais
bien qu’innée, comme le manger ou la marche, elle a besoin d’apprentissage, d’éducation, de polissage et de promotion. Tous les ministères sont sollicités pour concourir à la réussite de cette
entreprise. Le régime postindépendance avait une peur bleue de la liberté populaire. Il a toujours donné une importance particulière aux trois ministères défense, intérieur, justice (prisons) pour imposer une main de fer sur son peuple. Au tout début, à la fin des années soixante, il est des hauts responsables qui avaient même déclaré ne pas avoir besoin d’assemblées sous prétexte que les délibérations font perdre du temps que l’édification du pays ne pouvait se permettre !
Sans liberté, un peuple ne peut ni produire ni innover. Quant à nous, la liberté nous manque ; c’est un besoin vital ; c’est notre requête. Peut-on réduire le peuple à l’ensemble des électeurs, et la démocratie à son aspect représentatif ? Peut-on parler de démocratie sans qu’il y ait un lien entre le politique et le social ?
N’oublions pas que notre héritage culturel contient suffisamment de matière première pour donner à notre liberté une forme et un contenu compétitifs à l’échelle internationale.
Avec ses périodes, faite de progrès et de régressions sans ordre, l’Histoire des peuples, est un champ qui offre au lecteur selon son état d’âme : en ses moments de faiblesse, il n’y verra que ce qui décourage le divin dans son âme ; en ses instant de force, il n’y trouvera que ce qui encourage et ce qui pousse au défi. La soumission demeure un temps, certes, mais ne peut être pérenne. L’équilibre dominant- dominé a toujours été instable : il est fonction du consentement de la population. Il suffit que les peuples se lèvent pour mettre fin à l’autorité qui se maintient par la puissance et la contrainte. Leurs révoltes, leurs rébellions et leurs révolutions ont mis fin à l’existence des pires tyrannies inventées par les hommes.
La précipitation des événements, la substitution d’acteurs, rend les concepts dont nous nous servons flottants, élastiques, mobiles voire flous ce qui contribue à brouiller les vérités les plus élémentaires. Le « moindre mal » engendré par le « politiquement correct » est quand
même un mal. Et il n’a rien de moindre ! S’ils le disent moindre, c’est normal, ils ne le subissent pas ! Ils n’en sont pas victimes ! Et les victimes, elles-mêmes, ne savent souvent pas faire ce qu’il
faut pour éviter de l’être. Il faut reconnaître que notre peuple ne s’est jamais laissé réduire à la somme des individus qu’il réunit. Il sait comment et quand se rassembler contre la tyrannie, l’injustice et la décadence. Il est temps d’inventer des moyens adéquats pour promouvoir l’éclosion de la volonté populaire, faciliter sa formation et surtout maintenir son expression libre, claire, nette et précise.
Le « régime militaire» est l’expression du mal politique moderne et ne peut être qu’un repoussoir, alors que le « régime civil » résume l’expression la plus générale de la lutte de la démocratie contre la dictature. Le mal généré doit être géré pour être éradiqué non pour être entretenu. Ce couple – militaire /civil – stimule aujourd’hui le Harak. Il doit l’accompagner dans son parcours jusqu’à l’aboutissement de l’Etat civil où s’imposeront le droit, la justice et l’égalité au sein de la liberté.
Personne ne veut nourrir la cicatrice des années 1990, cette cicatrice qui se veut incicatrisable. Mais la vigilance révolutionnaire nécessite d’ajouter au souvenir historique et sentimental un minimum de réflexion critique. Si on veut rompre avec la logique de la revanche, on entend rompre aussi avec celle de l’oubli. Tout un glossaire nouveau, avec des mots précis, est à inventer dans le but de décrire le vécu de l’enfer où le général K. Nézar a précipité le pays. La peur panique ou terreur, qui a traumatisé l’équipe putschiste, y a créé un vide imaginaire, voire émotionnel, aux deux niveaux individuel et collectif au point où elle ne voyait le respect de la loi qu’à travers la violence. Une violence qui a souvent pris l’aspect de la torture voire du crime. Seule une description fine et honnête de ce que le peuple a senti, et dans sa chair et en son âme, pourra
peut-être permettre de sanctifier le « pardon » – et non l’oubli -et d’éviter le renouvellement de la goujaterie géopolitique et le mutisme des mass-médias.
Comme le développement du meilleur de l’homme reste la finalité première de tout être humain, il doit être l’axe de tout programme politique ayant pour but la promotion et la réalisation de la
personne et de la société. Il est des faits qui annoncent que ce début de siècle prédit une ère avec de nouveaux horizons. Chacun ambitionne prodiguer de son mieux. Qu’en est-il de nous ? Sommes- nous capables, nous aussi, avec toutes nos tares, de proposer ce mieux- le notre? Pouvons-nous l’exiger de nous-mêmes d’abord ? En exécutant tout ouvrage, simple ou complexe, avec le gout de grandeur et de perfection tel recommandé par le Prophète ( qssl ). A l’œuvre on
reconnait l’artisan !
On ne peut que constater aujourd’hui la défaillance de la « démocratie assistée » et l’aporie de notre système. Du marasme politique qui nous déchire les viscères tirons la leçon, l’essence, l’imagination et le sens qui nous ouvriront les horizons d’un avenir plus mûr. Le temps n’est-il pas venu de réagir à cette situation putride ? De dégager notre vie politique de son état comateux ? De nous ressourcer aux idéaux de Novembre – sans mettre en cause les acquis postindépendance
? N’est-il pas venu le temps de cet engagement ?
Ne devrions-nous pas réinventer aujourd’hui notre propre démocratie, celle qui répond le mieux aux besoins de notre peuple ? Celle qui revalorisera ses aspirations et lui redonnera confiance. Ce ne sont pas les solutions qui font défaut, c’est le courage politique qui manque ! Les éléments qui structurent l’évolution de la vie politique algérienne, sur tous les plans, sont à bout de souffle. Il s’avère primordial de ré-imaginer d’autres modalités de la démocratie, si non, on risque de tourner le dos à la vie politique et, partant, de rater le coche du progrès véritable. Et comme n’a cessé de le répéter un de nos sheikhs : « tourner le dos à la politique c’est tourner le dos à
soi-même. C’est simplement se renier – sans plus ».
Il est des observateurs qui assurent que quand la corruption se fait omniprésente, elle assure des climats anti-pouvoir lesquels forgent les événements indicateurs de changements politiques, économiques, sociaux voire culturels que couve la société. Il faut savoir les lire et les exploiter. Nous n’avons pas à nous occuper des motivations, des objectifs et des moyens mis en œuvre lors de la campagne anti-corruption, c’est une façon du système d’affirmer sa présence: il se répète ; il patauge ; il régresse mais assure, par les faits, sa continuité : un gouvernement qui néglige, un pouvoir qui se fout de la vie des gens en cabrant ses esprits et en cambrant sa poitrine devant un peuple qui bouscule et exige.
On dit que le vent de l’histoire a tourné. Maints indicateurs sociaux laissent prévoir que notre société se trouve aujourd’hui à un virage important voire décisif de son histoire. Les protagonistes les plus puissants de ce monde peuvent-ils avoir gain de cause contre la vérité ? Ou contre cette ferme détermination qu’ont nos gens bienveillants qui se rassemblent pour défendre nos aspirations ? Des rapports de force entre la population et les responsables politiques risquent de
naître, des coopérations peuvent ou doivent être entamées, n’est- il pas temps d’en préparer le terrain ? S’il est encore temps d’agir, aurons- nous assez de temps pour organiser cette transition?
S’associer à ériger ce qui parait être irréalisable est un exploit de responsabilité : les hommes libres sont toujours prêts à l’action afin de porter haut la vérité face à tous les pouvoirs et les excès qui les menacent. (à suivre)

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