A l’occasion du 70e anniversaire de la publication du livre «Conditions de la Renaissance » du penseur algérien Malek Bennabi, l’Université Khalifa de Doha (Qatar), annonce la tenue d’une conférence internationale, en février 2019,  pour une étude approfondie et complète de l’ouvrage en question, et l’évaluation du  projet de la Renaissance en général.

Les organisateurs espèrent que la conférence sera un espace pour les chercheurs et les penseurs qui étudieront le projet intellectuel de Malek Bennabi et réaliseront un travail d’évaluation tourné vers l’avenir, et se réjouissent de son développement pour une transition vers le futur proche.

 Cette conférence aura pour mérite de nous rappeler tout le génie que Malek Bennabi n’a cessé d’incarner tout au long de son parcours d’intellectuel engagé sur plusieurs fronts de la pensée (Islam, Tiers Monde, l’afro-asiatisme, la culture, la civilisation…).

Il faut savoir que Malek Bennabi est un « éminent et reste un artisan de l’idée qui, par son œuvre, porta le combat contre le colonialisme et parla de l’Islam dans la mesure où cette religion ne devait pas servir à endormir davantage les peuples musulmans en leur parlant de leur passé glorieux, mais en en faisant une «idée travaillante» qui les arrimerait au destin commun de l’humanité» C’est un homme qui cherche, par ses écrits, des réflexions d’une grande qualité à ses lecteurs vers une nouvelle renaissance, en tenant compte de la culture, y compris l’idée religieuse, comme étant un élément fondateur dans l’édification de la société.

 Par conséquent, les organisateurs ont envoyé des invitations aux spécialistes en la matière, avec des questions pertinentes, entre autres :

  • Comment les sociétés et les nations s’éveillent-elles et réalisent-elles leur leadership et leur rayonnement culturel? 
  • Comment les sociétés et les nations perdent-elles leur renaissance civilisationnelle et entrent-elles dans l’obscurité de l’humiliation et de la subordination culturelle? 
  • Pourquoi les sociétés musulmanes ont-elles perdu leur renaissance culturelle? Quelles sont les conséquences? Comment ces sociétés  peuvent-elles retrouver leur renaissance culturelle ?

D’après les organisateurs,  telles sont les questions centrales qui ont été au cœur de l’important ouvrage « Conditions de la Renaissance » de Malek Bennabi, publié il y a plus de soixante-dix ans. Dans cet ouvrage, Bennabi était préoccupé par les conditions de la renaissance culturelle des sociétés musulmanes contemporaines sous le joug colonial de l’époque et les dangers de l’impérialisme et du matérialisme de la civilisation occidentale qui se dit moderne. Malgré l’importante valeur cognitive et fonctionnelle de cet excellent ouvrage de référence, la plupart des élites intellectuelles, politiques et sociales dans les sociétés musulmanes ne lui ont pas prêté attention, ni n’ont exprimé la curiosité qu’il méritait. Il y avait même ceux qui se sont élevés contre ses idées, c’est pour cela que la nation n’a pas bénéficié de cet ouvrage, comme elle n’a pas bénéficié auparavant  d’«Al-Mouqaddima» (Introduction à l’histoire universelle) d’Ibn Khaldoun (14e s.).

C’est pour cela qu’il a été demandé au participant intéressés par la pensée de ce rénovateur algérien de répondre aux questions suivantes :     

  1. Comment Malek Bennabi a-t-il construit son projet pour les conditions de la renaissance civilisationnelle? Comment a-t-il diagnostiqué la situation de la nation et résolu sa crise civilisationnelle? Quels sont les résultats? Quels sont les outils méthodologiques et cognitifs utilisés dans ce diagnostic pour atteindre ces résultats?
  2. Quelle est la crédibilité du diagnostic présenté par Malek Bennabi à la situation de la nation et à sa crise de civilisation? Quelle est la crédibilité des résultats de ce diagnostic? Quelle est la crédibilité scientifique de son programme?
  3. Comment Malek Bennabi a-t-il diagnostiqué l’expérience de la civilisation humaine contemporaine? Quelles sont ses conclusions? La civilisation moderne est-elle dans un état naturel ou est-elle en crise? Quelle est la crédibilité du diagnostic du projet «Conditions de la Renaissance» pour la crise de la civilisation humaine?
  4. Malek Bennabi peut-il établir une théorie dans la philosophie de l’histoire et de la civilisation et les conditions de la renaissance culturelle? Quels sont les paramètres de cette théorie? Quelle est la crédibilité cognitive de cette théorie?
  5. Que reste-t-il de valable à fructifier ou exploiter de «Conditions de la Renaissance»? Au niveau des idées, de la terminologie, de la méthodologie et des projets?
  6. Dans quelle mesure les communautés intellectuelles, politiques et sociales de l’élite ont-elles considéré le projet intellectuel présenté par le livre « Conditions de la Renaissance» ? Quels sont les obstacles intellectuels, psychologiques, sociaux et politiques qui ont empêché et continuent d’empêcher la prise de conscience de ce projet?
  7. Que devrait-on faire pour vulgariser ce projet intellectuel au niveau des universités et des institutions éducatives, culturelles, sociales et politiques en général?
  8. Est-il possible de mettre un dictionnaire ou un glossaire de la terminologie proposée par Malek Bennabi qui  peut contenir les clés de sa pensée et de son projet de renaissance culturelle?  
  9. Est-il possible de dresser une liste des sujets centraux dans l’esprit de Malek Bennabi, qui peuvent donner lieu à des études approfondies au niveau de la recherche universitaire ou de la recherche dans le domaine de la culture?
  10. Quels sont les moyens les plus importants pour comprendre la pensée des conditions de la Renaissance?

 De cette série de questions les organisateurs de la conférence constatent que le livre «Conditions de la Renaissance» et son projet culturel est un prolongement naturel du livre «Al-Mouqaddima» et de son projet culturel. Tous deux se déplacent ensemble vers une vision complémentaire coranique du mouvement de la vie et les lois générales qui régissent son processus civilisationnel. Et d’ici surgit la grande importance du projet «Conditions de la Renaissance», qui intervient dans le contexte de relier à nouveau les cycles historiques de la connaissance, de la culture et de la méthodologie, de la nation et de l’humanité.

D’où aussi l’importance de prendre soin de cet ouvrage de référence du penseur algérien Malek Bennabi, qui renvoie inévitablement à «Al-Mouqaddima» et a sa méthodologie, ainsi qu’à tout ce qui touche à la culture de l’Islam et de l’humanité en général, afin d’atteindre l’équilibre humain nécessaire, qui est le but de toutes les sociétés.

Ce qui est étrange est que la société dans laquelle cet important projet intellectuel est né est la société algérienne, où la première édition du livre était intitulée « Les conditions de la Renaissance algérienne ». Mais la société algérienne non seulement n’a pas pu bénéficier de ce projet, mais l’auteur du livre est  devenu la cible de harcèlement et de poursuites sécuritaires durant une longue période de sa vie! En plus de cela, de nombreuses officines ont travaillé à dénigrer le professeur Malek Bennnabi et ses idées, et empêcher de nouvelles générations d’en profiter. Cependant la ténacité de cet intellectuel et sa détermination à transmettre ses pensées par tous les moyens légaux a conduit à l’échec des plans de ses détracteurs d’ici et d’ailleurs.

Comme ce fut le cas auparavant pour le projet d’Ibn Khaldoun, celui de Malek Bennabi  a été à son tour marginalisé et négligé, et n’a pas profité à la nation pour corriger et renouveler sa civilisation, malgré sa grande importance sur différents plans.

Malheureusement, si «Al-Mouqaddima» et son approche cognitive avaient été connus par les musulmans de l’époque, le processus de renaissance culturelle islamique aurait été radicalement transformé et, en conséquence, ce processus durera longtemps dans l’histoire humaine.

Il ne fait aucun doute que la Oumma (Nation) musulmane en particulier et l’humanité en général ont beaucoup perdu en raison de l’interruption du projet intellectuel et méthodologique équilibré présenté par Ibn Khaldoun. Ce blocage du projet révolutionnaire d’«Al-Mouqaddima», a privé le système éducatif et culturel de la nation et de l’humanité entière d’une culture de citoyenneté globale, intégrée et inclusive, qui fournit à la personne musulmane la connaissance complète de la Sounna, dans laquelle il construit sa vision pour une société prospère et civilisée.

D’après des experts le résultat de tout ce gâchis a été une duplication, une hétérogénéité et des abus cognitifs, culturels, psychologiques, comportementaux, sociaux et culturels que vivent nos sociétés aujourd’hui.

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