Michel Rocard, héraut de la ligne social-démocrate française dont se revendiquent Manuel Valls et Emmanuel Macron, juge les deux hommes « loin de l’Histoire » et plébiscite Alain Juppé alors qu’il accuse François Hollande d’être « un enfant des médias ». (Reuters le J. 23/06/2016 à 17:43)

En déclarant que les idées de gauche ont perdu de leur influence, « et pas seulement en France », Rocard confond la gauche et les Partis socialistes, en effet partout en perte de vitesse en Europe et ailleurs. Le scrutin espagnol de ce WE l’a confirmé.

Cette confusion ne sert qu’à justifier son soutien au très atlantiste Juppé. Cela n’a rien d’étonnant : Atlantisme et anticommunisme sont les mamelles historiques des socialistes et des gauchistes (des socialistes révolutionnaires de gauche en 1918 à Cohn-Bendit, cette incongruité franco-germano-sioniste qui prétend aujourd’hui à la présidence de la Commission européenne après avoir annoncé sa -fausse- retraite médiatico-politique).

En vérité, Rocard est un aigri qui règle de vieux comptes avec les reliques du mitterrandisme.

Mitterrand lui a joué un mauvais tour à la fin des années 1980 et le pauvre petit Rocard n’en revient toujours pas. Il l’a fait premier ministre pendant quelques semaines et aussitôt après lui a tout retiré, sauf ses illusions…

Toujours subalterne, toujours oublié. Contrairement à son discret papa, il a tout raté.

Le Parti Socialiste Unifié (PSU) a été un avorton qu’il a troqué contre un strapontin. Il n’a récolté que les chutes de table, des titres et fonctions symboliques d’importance mineure.

Après sa disparition il ne restera plus rien de ce genre de « socialistes » seulement préoccupés par leur ego et leur carrière. Des petits bourgeois complexés qui se rangent derrière les peuples quand ils sont jeunes et superficiels, mais qui réalisent dans quel camp se trouvent leurs intérêts et retrouvent l’échelle de « valeurs » qui a gouverné leur éducation, distinguant l’essentiel de l’accessoire.

Rocard rejoint en cela la trajectoire des « réalistes » cyniques Fabius, des Badinter, des BHL…

« Le problème de François Hollande, c’est d’être un enfant des médias. » Dit-il.

C’est vrai que le président sous l’œil des caméras flotte dans un costume beaucoup trop grand pour lui. Un gamin qui joue aux Grands en prenant l’Elysée pour un bac à sable.

Mais lui au moins a réussi à berner les Français (qui ne sont plus si difficiles à berner que cela) et se hisser à la plus haute des fonctions.

Le vrai fiasco des « socialistes » ne se verra qu’après leur disparition pressentie, annoncée très vite, dès 2012.

Ils auront coulé leur parti, ce qui reste de leurs idées et la France qui sera alors livrée à la droite la plus dure, la plus rétrograde que le pays aura connu en un peu plus de deux siècles, après la fin de l’Ancien Régime.

Sionistes, bellicistes, atlantistes, anticommunistes enragés, combinards et carriéristes, les « socialistes » nous renvoient à la IVème République de Guy Mollet le grand civilisateur de l’Algérie française dont beaucoup de crétins parmi nous regrettent le départ.

Et qui oublient que l’Algérie – bien avant les Britanniques et de nombreux autres pays qui ne songent qu’à la quitter, à l’exception des descendants idiots d’Atatürk- a été le premier pays à renoncer aux « bienfaits » de l’Union Européenne.

Djeha,
Mercredi 29 juin 2016

PS: Je recommande pour ceux d’entre vous qui portent quelque intérêt à l’archéologie tératologique la lecture d’un bouquin de ce rhéteur romantique à la Flaubert: M. Rocard « Si la gauche savait ». Entretiens avec inénarrable et inconsolable algérianiste G.-Marc Benhamou. Ed. seuil, coll. Points, 2007, 474 p.

On pourra aussi lire avec profit celui que J.-L. Mélenchon lui a consacré: « Rocard: le Rendez-vous manqué » Ed. Ramsay, 1994, 237p.

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France-La leçon de Rocard à Valls, Macron…et Hollande
Reuters le J. 23/06/2016 à 17:43

PARIS, 23 juin (Reuters) – Michel Rocard, héraut de la ligne social-démocrate française dont se revendiquent Manuel Valls et Emmanuel Macron, juge les deux hommes « loin de l’Histoire » et plébiscite Alain Juppé alors qu’il accuse François Hollande d’être « un enfant des médias ».

Dans un entretien au Point, l’ancien Premier ministre de François Mitterrand, aujourd’hui âgé de 85 ans, estime que « la gauche a perdu la bataille des idées, et pas seulement en France ».

Remerciant non sans ironie le Premier ministre et le ministre de l’Economie actuels d’invoquer son héritage — « ils le font tout le temps, c’est gentil à eux » –, Michel Rocard déclare que « Macron comme Valls ont été formés dans un parti amputé. Ils sont loin de l’Histoire ».

« Ils n’ont pas eu la chance de connaître le socialisme des origines, qui avait une dimension internationale et portait un modèle de société. Jeune socialiste, je suis allé chez les partis suédois, néerlandais et allemand, pour voir comment ça marchait. Le pauvre Macron est ignorant de tout cela. »

François Hollande, auquel il conseille de « changer » s’il entend briguer un nouveau mandat, n’est pas non plus épargné.

« Le problème de François Hollande, c’est d’être un enfant des médias. Sa culture et sa tête sont ancrées dans le quotidien. Mais le quotidien n’a à peu près aucune importance », analyse Michel Rocard.

« Le petit peuple de France, poursuit-il, n’est pas journaliste. Il sent bien qu’il est gouverné à court terme et que c’est mauvais. Cela dit, je ne crois pas que François Hollande y puisse quelque chose. D’abord, c’est trop tard. Et puis, on ne change pas comme ça ».

Voit-il en Alain Juppé, favori de la droite pour l’élection présidentielle de 2017, un futur chef d’Etat?

« C’est un homme sage, responsable et compétent, tout cela est déjà beaucoup », dit-il, tout en regrettant que la droite « n’ait guère augmenté son patrimoine intellectuel pendant ce mandat ».

(Sophie Louet, édité par Yves Clarisse)

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