Il y a de cela 61, une révolution prestigieuse avait mis fin à la colonisation de l’Algérie par la France (1830-1962). Un million et de demi de martyrs avaient redonné espoirs aux peuples même si encore aujourd’hui le refus des puissants à reconnaitre notre souveraineté partant le refus de reconnaitre le mal fait aux pays du sud. Il a fallu attendre 2001 pour qu’à Durban en Afrique du Sud lors de la conférence mondiale contre le racisme initiée par Koffi Annan à l’époque secrétaire général des Nations unis et Mary Robinson haut-commissaire aux droits de l’homme pour que les puissants du nord reconnaissent que « le colonialisme a conduit au racisme à la discrimination à la xénophobie et à l’intolérance qui y est associée et que les Africains et les personnes d’ascendance africaine de même que les personnes d’ascendance asiatique et les peuples autochtones ont été victimes du colonialisme et continuent à en subir les conséquences… »

Pourquoi le souvenir incessant de novembre pour nous jeunes Algériens de l’époque ?

Parce que novembre, c’était l’espoir de tout un peuple de se libérer enfin à jamais des chaînes du colonialisme, des chaînes de la soumission.

Parce qu’aussi aujourd’hui l’échec est si grand et le malaise permanent. Novembre avait tant fait rêver ceux de ma génération. Et soixante et un an après soit plus d’un demi-siècle et malgré l’étendue du pays, ses richesses, l’indépendance alimentaire n’étant pas au rendez-vous. Et certains tiers-mondistes des plus réputés ne cessent de répéter que « l’Algérie a les moyens de s’en sortir ».

L’histoire récente du XX siècle et xx1 siècle de l’Algérie est caractérisée par un avant de rêve et un aujourd’hui de cauchemars. Autant les hommes d’avant étaient si respectables, autant ceux d’aujourd’hui semblent étrangers à ce pays, et débarqués d’une autre planète… Et plutôt détestables.

Avant, c’était le rêve. De plus d’un demi-siècle de nationalisme algérien se consolidaient les valeurs de justice et de solidarité, entre frères d’un même pays enfin retrouvés, quelque peu guéris des violences du colon même si tant de séquelles subsistent. Notre fierté, c’est cette génération d’hommes du mouvement de libération qu’étaient Abane Ramdane, Ben Mhidi et tous les martyrs que compte l’Algérie, qui s’étaient sacrifiés pour que vive l’Algérie. Les Algériens ne demandent que leur algerianité vivre leur algerianité ; qu’on les laisse vivre leur algerianité sans être amarré à tel ou tel monde. Algérien d’abord et bien avant d’être du monde arabe ou du monde occidental. Et chacun avait cet espoir capable d’affronter mille dangers. Et cette fierté d’être de ce pays, cette denrée rare que ne pourront s’offrir d’autres avec tout l’or du monde. Nous étions des êtres si liés, qui aimaient la vie ; pour lesquels il faut si peu pour tout le bonheur du monde…

Et l’euphorie et les répits des lendemains d’indépendance furent éphémères. Contre-révolution ou erreurs dans les choix des voies de développement ? On n’en finira pas d’en parler ; et certains jusqu’à regretter, tenez-vous-en bien, les temps passés…

Aujourd’hui dans le contexte de crise mondiale, de faible croissance, les réalités sont dures. Des désaccords de l’après-indépendance à la tragédie nationale de 1990, le rêve a viré au cauchemar. Et la honte d’être étiqueté de barbare. Nous ne sommes même pas à la même enseigne que d’autres pays du tiers-monde moins dotés en ressources naturelles.

Aujourd’hui tant de désillusions et arracher l’indépendance alimentaire serait un pays de géant dans le concert des Nations.

Aujourd’hui, au fond du trou, l’espoir assassiné et nulle foi pour les plus de cinquante ans dans un véritable changement. Qui aura la force de mettre fin aux obstacles sur le chemin du développement ?

L’Algérie est un pays de jeunes ; des jeunes capables de transformer le pays. Il ne reste qu’à les libérer et leur faire confiance.

Nourdine Amokrane
24 octobre 2015

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