Nos chroniqueurs bledards chasseurs du Goncourt au prix de grandes abdications ont une toquade qui vaut le détour. Dans les chapelles médiatiques et sur les autels cathodiques ils se confessent, ils abjurent puis ils se convertissent au goncourisme, monothéisme des temps littéraires. A les entendre, ils reviennent de loin, de très loin. Ils sont les évadés des laboratoires ou des imams fanatiques. A l’aide d’un manuel étrange ils transforment le croyant en engin d’abattoirs. Ah le Goncourt ! Ce démiurge de la littérature qu’implorent nos écrivailleurs et qui promet célébrité et un paradis ailleurs. C’est une religion où les préceptes sont le fruit de compromissions intellectuelles et de renoncements culturels. Se convertir est d’une simplicité déconcertante. Il suffit juste, avant le baptême, d’injecter aux siens une grande dose d’anathèmes, renoncer à son identité, et de sa culture se dévêtir. Il suffit de professer la haine de soi et la haine des siens, avoir une posture d’indigène, voire d’un chien, accepter l’humiliation et affirmer qu’on est moins que rien. Renonce à ton amazighité et à ton arabité, dis juste que tu es un Algérien. Salan et Lagaillarde, fondateurs de l’OAS, l’étaient eux aussi mine de rien ! Ils ont mis l’Algérie à feu et à sang pour que l’indigénat soit synonyme d’Algérien. Oh cher disciple ne crains rien. Pour réussir ta conversion, il va falloir une fatwa de diversion. Les chimistes du labo ont toujours à portée de main un imam collabo. Une fois qu’il prononcera la sentence, tu auras succès et tu atteindras l’excellence. Au paradis médiatique t’attendent soixante-dix médiats et un audimat avide d’histoires d’indigènes fanatiques qui se préparent à un assaut contre la forteresse humaine et magnifique.

Yassine Sammy Saadi
11 septembre 2015

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