A choisir entre le maintien d’une statut quo porteur de tous les dangers ou engager une transition démocratique permettant un changement pacifique dont le pays a tant besoin, les tenants du quatrième mandat ont choisi, sans aucune hésitation, la première alternative. Les partisans de Bouteflika sont, en tout cas, prêts à livrer une bataille féroce pour que le chef de file soit «élu ». Et pourtant, ce dernier n’est même pas capable d’annoncer, en quelques mots, ses intentions. Les images du 3 mars parlent d’elles-mêmes. Heureusement, pour eux bien sur, les techniques de triche, en arrangeant les séquences, existent. Bien que la moquerie du petit journal nous fasse mal au cœur, il n’en reste pas moins qu’au-delà de la blague les animateurs de «Canal Plus » mettent à nu les pratiques machiavéliques des «journalistes » de canal Algérie.

Néanmoins, en l’état actuel des choses, ce ne sont pas ces dénonciations en chaîne qui vont dissuader le régime pour qu’il renonce à son emprise sur le pays. Les dirigeants autoproclamés vont continuer à pressurer la société jusqu’à ce que la situation devienne intenable. Malheureusement, ce jour-là, ce sont les Algériens de condition modeste qui payeront les pots cassés. Entre temps, ce sont les Benyounes, homme opportuniste mangeant à tous les râteliers, les Sellal et autres qui donnent de la voix. En confondant évidemment leurs intérêts personnels avec ceux de l’Algérie, ils claironnent que si le régime ne se maintient pas, ça sera le chaos. Or, le chaos va arriver à cause de leur gestion calamiteuse des Affaires du pays. Ceux qui disent aujourd’hui que la situation en Libye est désastreuse, ces gens-là oublient que ce sont les pratiques de Kadhafi, qui ressemblent à celle du régime algérien, qui ont conduit à cette situation.

Que doivent faire les Algériens? Bien que le mouvement anti quatrième mandat ne constitue pas l’ébauche d’un projet de société, il n’en demeure pas moins que leur colère est juste. Comme nous tous, ces Algériens manifestent une peur légitime. «Où voulez-vous emmener le pays », s’interrogent les Algériens inquiets. Evidemment, pour toute réponse, le régime déploie son arsenal répressif. Or, malgré l’intervention musclée de la police, des voix continuent de dénoncer ce régime. Refusant de renoncer à l’Algérie, les compatriotes lancent des cris alarmants. Dans une chronique à «Maghreb Emergent », Kamel Daoud, dont la plume est incisive, interpelle le candidat Bouteflika. «Que voulez-vous? Plus d’argent? Plus d’Or et d’agneaux? Plus d’applaudissements? Plus de gloire? On vous le donnera. Donnez votre prix et on cotisera pour que vous preniez l’or et nous laissiez la terre. Pourquoi tenez-vous tant à emporter notre pays dans votre tombe? Enterrer vivante notre nation avec vous? … Votre mascarade, vos danseurs et vos mannequins ont fait de nous la risée du monde. Là où tout le monde se révolte pour arracher la liberté, vous nous réduisez à l’asservissement par votre folie qui pense compenser votre manque de grandeur », lui dit-il.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que malgré ces appels, les dirigeants restent sourds. Atteints de cécité, nos dirigeants ne voient pas que la majorité de la population souffre de leurs agissements. Pour cela, il suffit qu’ils se rendent dans un bal de courtisans, accompagnés de caméras de l’ENTV, pour écouter les encenseurs leur dire qu’ils sont géniaux. Ainsi, en regardant de temps en temps les infos sur la zéro nationale, on se dit qu’avec ces courtisans, nos divergences sont quasiment insurmontables. En revanche, si on est sûr d’une chose, c’est que les héritiers de Ben Mhidi [il a été tué il y a 57 ans en refusant de se plier devant un système colonial injuste], ce ne sont pas eux.  Car, on ne s’abaisse jamais de la sorte devant un homme. Bouteflika n’est qu’un homme qui doit rendre les comptes de sa gestion. Enfin, à ces courtisans, on peut dire ceci: vous pouvez prendre toutes les richesses de l’Algérie, mais vous ne ne serez que des bourgeois sans honneur.

En somme, il va de soi que pour le scrutin du 17 avril prochain, les dés sont pipés. Mais, s’il y a un enseignement à tirer sur les trois derniers mois, ça sera le suivant: bien que les clans du régime puissent se déchirer entre eux, ils s’unissent dés que le peuple s’invite au débat. En fin de compte, c’est cette flamme qu’il faudra entretenir avant comme après le 17 avril.  En gros, il faudra crier plus fort que les courtisans qui, au nom des intérêts personnels, se proclament du peuple.  Quant à ceux qui ont fait et font encore du mal à ce pays, la justice, terrestre ou divine, les rattrapera un jour.

Boubekeur Ait Benali
6 mars 2014

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