« Nous sommes ici par la volonté du peuple et nous n’en sortirons que par la force des baïonnettes », réponse des députés du tiers-état à Louis XVI, le 23 juin 1789.

Dans tous les pays, quand la crise de confiance atteint un certain niveau, le changement devient alors inéluctable. L’histoire nous a enseigné que celui-ci s’est toujours fait contre l’équipe dirigeante. De son côté, le régime en place essaie autant que faire se peut de peser de tout son poids pour que ce changement ne se produise pas. Du coup, pour qu’une nouvelle ère voie le jour, il faudrait que le régime en place soit forcé de lâcher les rênes du pouvoir. Or, en Algérie, bien que le taux d’abstention , dans les différents scrutins, atteigne parfois les 70%, le mécontentement citoyen n’a jamais donné naissance à un mouvement révolutionnaire comparable à ceux qui ont existé dans le monde.

Pour illustrer mon propos, je vais choisir le cas de la révolution française. Toutefois, pour qu’il n’y ait pas d’ambiguïté, il ne s’agit, pour moi, que de comparer deux périodes, certes distinctes, mais qui s’y ressemblent énormément. Tous les autres parallèles ne m’intéresse pas. Qu’en est-il au juste ? En fait, la crise de l’ancien régime, dans certains aspects, est comparable à la crise actuelle que vit l’Algérie. En effet, en 1788, le gouvernement du royaume fut dans l’impasse. La crise de confiance fut telle que les deux ordres, le clergé et la noblesse, ne couraient que derrière les privilèges. Et les députés du tiers-état ne pouvaient pas éviter le pourrissement tant les deux autres ordres étaient d’accord avec le pouvoir royal pour maintenir le système inique.
 
En Algérie, on constate quasiment la même chose. Bien que le fossé séparant les citoyens du pouvoir s’élargisse de jour en jour, les privilégiés font tout pour pérenniser ce système. Un système qui profite évidemment à une seule catégorie, le clan régnant et sa clientèle. Ainsi, malgré les deux siècles qui séparent les deux régimes, force est de reconnaître que la course au profit ne varie pas énormément. Si la nature des deux régimes varie peu, il n’en est pas de même des deux populations. Ainsi, la différence entre les deux se situe au niveau de la prise de conscience, notamment des élus de l’ancien régime, sous Louis XVI.

En effet, bien que le pouvoir royale n’ait pas été souple avec ses sujets, des hommes courageux ont bravé pacifiquement le pouvoir royal. Convoqués pour les états généraux du 5 mai 1789, en constatant la faillite du système, les députés du tiers-état ont proclamé la fin des privilèges. N’ayant pas été suivis par les deux autres ordres, les élus du tiers-état ont proclamé, dans la foulée, la naissance de l’Assemblée nationale le 17 juin 1789. Malgré la mobilisation des gardes royaux pour disperser les conclavistes, la détermination des représentants du peuple français a triomphé.

Hélas, en Algérie, ceux qui sont censés défendre la parole du peuple sont du côté du régime. Quand on voit des députés applaudir la candidature de Bouteflika, on se dit que ces pseudos représentants sont simplement  indignes de toute confiance. Ils déshonorent même cette fonction législative si importante dans des pays démocratiques. Car, dans les pays où les pouvoirs sont séparés [Bill Clinton a failli être destitué par les représentants du peuple après l’affaire Lewinsky], leur mandat leur donne autant de pouvoir que celui du président de la République.

Devant cette situation de blocage tous azimuts, que faudrait-il faire ? La réponse me parait toute simple. Au risque de paraître naïf, je suppose qu’il faille revenir là où la partie s’est arrêtée, c’est-à-dire en 1962. En effet, le coup d’Etat contre le GPRA et l’imposition d’une liste unique du duo Ben Bella-Boumediene à l’Assemblée constituante ont détourné la révolution algérienne de son itinéraire. Pour reprendre le pouvoir qui nous a été volé, les Algériens doivent se mobiliser pour imposer une Assemblée constituante. Cela devra permettre à tous les Algériens d’y prendre part. Que ceux craignent la défaite électorale se préparent psychologiquement à accepter le verdict des urnes. On n’a pas le droit de se tromper éternellement de société. C’est à ce moment-là que l’Algérie bâtira les instituions républicaines, dignes des promesses de ceux qui ont donné leur sang pour la patrie.

Boubekeur Ait Benali
8 mars 2014

Un commentaire

  1. Kamal Guerroua on

    Comparer, c’est bien mais imiter, c’est ridicule!
    Cher ami,

    Merci de votre contribution mais je crois que l’Algérie a besoin d’une révolution calquée sur son modèle à elle et pas à un autre, quelle que soit sa grandeur ou sa nature! Le défi est de se regarder en miroir et de cesser de mimer l’autre sans bien sûr le perdre de vue! Comparer, c’est bien mais imiter, c’est ridicule!

    Fraternellement

    K.G

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