C’est sans grande stupeur, à dire vrai, qu’est tombée la nouvelle de l’exécution du diplomate algérien Tahar Touati, ce samedi 1 septembre, par les fractions djihadistes de Gao. Ce qui est frappant toutefois, c’est le silence d’Alger, que cela soit au niveau des partis, que cela soit au niveau du gouvernement ou que cela soit au niveau du corps militaire. Ce dernier pourtant très impliqué dans la région du Sahel et dans la lutte antiterroriste.

Evitons les injures et accusations, et attribuons une valeur discursive aux actions des concernés.

Le groupe djihadiste du MUJAO (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest) avait dès le départ un langage explicit : il frappe (selon sa conviction) des « généraux entêtés et un président irresponsable et idiot », qui ont enroulés le pays dans des problèmes qu’ils auraient pu éviter.

Ainsi formulé, ce discours est habituel et connu, donc adéquat par rapport à la littérature djihadiste spécifique, au final, au noyau-mère : Al-Qaïda, qui fédère ces mêmes groupuscules.

Du côté d’Alger, extraire le discours reste difficile. D’une part, parce qu’il y a silence (aucune réaction explicite), de l’autre part parce que l’exécution est survenue après un kidnapping qui a duré cinq mois, puis une vidéo diffusée du défunt demandant une négociation sérieuse qui permettrait de mettre fin à son calvaire, à quoi s’ajoute une dernière chance offerte par les ravisseurs sous forme d’ultimatum. Autant dire que l’affaire du diplomate algérien n’a pas fait long feu dans l’esprit des décideurs algériens, en voila le discours.

La question est alors : que peut (et que veut) faire les décideurs algériens pour venir en aide à leurs collègues cadres ? A posteriori, rien. D’ailleurs (et c’est le plus dramatique) la partie négociatrice pour le compte d’Alger s’est même offerte le luxe de se rétracter des pourparlers avec les ravisseurs (pour des vacances ?).

Autre remarque au passage. Le kidnapping est un procédé bien typique des groupuscules djihadistes. Ils en usent pour bénéficier de pourparlers avec les Etats, dans un rapport asymétrique (Etat/groupe et non Etat/Etat), afin de se faire valoir sur le plan symbolique, et afin de demander principalement des rançons puis éventuellement des requêtes (exagérées dans leur formulation discursive, mais très intimidatrices et embarrassantes pour les gouvernements). On a pu vérifier cela avec les ciblages de ses fractions armés sur l’Europe.

Donc, au bout du compte, la manière de procéder d’Alger est profondément intrigante, conventionnellement inhabituelle et curieusement arbitraire.

Mais finalement, elle n’est pas si arbitraire qu’elle en a l’air. Du moins sur le niveau discursif qui nous intéresse (et celui même qui refuse le caractère arbitraire de l’action humaine). Alors, et pour appuyer notre première interrogation, quel discours extraire de l’exécution du diplomate algérien ?

Il y a plusieurs angles de réponse. La plus apparente est que la décision politique et diplomatique ne se fait pas, en Algérie, selon une hiérarchie pyramidale ou chacun des responsables assume des fonctions pour qu’à la pointe de la pyramide se forme une décision reflétant le gouvernement et l’Etat, et qui soit ainsi une décision issue de l’effort des tous les responsables politiques et diplomatiques.

Le pouvoir en Algérie obéit à un mouvement circulaire. Ceci revient à dire que la décision est réduite à un seul cercle, bon vent pour le reste (et même s’il s’agit de vice-consul).

Cela va de soit que ce fonctionnement est le propre du régime totalitaire. Voila ce qui nous explique le silence des décideurs algériens : dans le régime totalitaire n’importe seulement que le cercle restreint. Rien d’autre et personne d’autre.

Pour le reste, attendons le scénario prochain, ce n’est pas fini et il reste trois autres diplomates. Demandons-nous aussi : le régime algérien nous offrira-t-il une soupe au lait ou mettra-t-il ses doigts dans le nez ?

Moussaab Hammoudi
2 septembre 2012

6 commentaires

  1. Abdelkader Dehbi on

    Le pouvoir est responsable
    Au-delà de son aspect humain, cette tragédie qui frappe la victime elle-même et sa famille, nous frappe nous tous, individuellement et collectivement, en tant que concitoyens de Tahar Touati. Des concitoyens qui avons assisté impuissants, au lent déroulement d’une mécanique fatale résultant d’abord, de l’incompétence criminelle de cet improbable et sinistre tandem que sont M.M. Medelci et Mesahhel, qui président depuis tant d’années, aux destinées de la diplomatie algérienne. Un tandem de vrais bras cassés dont l’arrogance imbécile, n’a d’égale que la suffisance stupide.

    Par ailleurs, on ne peut pas passer sous silence, une certaine « culture d’Apartheid politique » d’un régime scélérat, corrompu et cynique, capable de remuer ciel et terre pour sauver l’un des siens – comme pour le cas du général Nezzar exfiltré de France par un avion spécial généreusement envoyé par M. Bouteflika – mais faisant preuve ici, d’une incroyable impéritie, s’agissant d’un fonctionnaire ordinaire et innocent de tout crime.
    En tout état de cause, il faudra bien qu’un jour – et çà sera peut-être demain – la vérité soit faite sur les circonstances qui ont conduit à la perpétration d’un tel crime et sur les responsabilités, non seulement des criminels qui l’ont directement perpétré, mais aussi, sur les responsabilités indirectes ou par omission de ceux qui prétendent représenter les intérêts de ce pays et défendre la sécurité de ses citoyens. A commencer par les barons du régime et tous les Services de Sécurité confondus, civils et militaires.

    Et prions le Ciel qu’il ne s’agit pas là de résultats « attendus » d’une quelconque « manipulation par défaut » sous-tendue par des calculs abjects, politiques et « sécuritaires » immoraux et criminels comme on en a tant vus par le passé, hélas !

  2. algerien fier on

    RE: Lecture du discours autour de l’exécution d’un diplomate algérien
    signe des temps , sophisme et raisonnement par l’absurde.
    en somme tous les moyens sont bons pour charger les régimes qui resistent au chantage des « takfiristes ». ainsi par les temps « du printemps arabes » qui corrent , l’ASSASSIN PASSE POUR LA VICTIME ET LA VICTIME POUR LE COUPABLE.
    C’EST LE MONDE A L’ENVERS DES Illumunes à l’esprit obtu des Temps modernes.
    ya khi Halla.

    • Abdelkader Dehbi on

      trolls-Drs
      Apparemment les indics et autres préposés Drs, au suivi des sites de l’opposition au régime des généraux d’Alger – comme l’est ici, le site du Hoggar – sont littéralement vissés à leur misérable job de trolls.

    • RE: RE: Lecture du discours autour de l’exécution d’un diplomate algérien
      croire en l’existence d’AQMI , un terme je le rappelle forgé par les médias FRANCAIS caisse de résonance des services secret français , OU Le groupe djihadiste du MUJAO , c’est croire aux chimères.Ce ne sont que de simples mots bien ronflants pour demeurés , des attrape-nigauds destinés à leurrer CERTAINS fhaymiya , ennemis accessoires de « nos dictatures » ( parce que makache ennegu’b) ceux qui ne voient pas dans l’assassinat de notre regretté compatriote les mains assassines des arabo-européens -(c’est le nom que meritent ces pseudo réfugiés politiques ennemis potentiels de leur pays).Pourquoi ces bouchers si prompts à manier la lame et la corde avec les musulmans ne le font pas avec les otages occidentaux.Pourquoi le sang des otages du Nord vaut infiniment plus cher que le notre.
      une seule réponse s’impose :les AQMI , Alqaida sont des organisations terroristes crées par le neo colonialisme pour nous faire plier.
      Il n y a ni AQMI ni Mujao ni BOCOHARAM il n y a que le colonialisme qui agite ses pantins pour nous effrayer.

      YAW FAKOU

  3. l’incompétence
    si cette crise est gérée de cette manière, cela est dû à l’incompétence de ceux qui gérent ce dossier, à l’insoucience des autorités et à leur faiblesse.

    pauvre algérie

    • algerien fier on

      RE: l’incompétence
      je suis qu(un simple citoyen qui fait le constat d’une pauvreté d’esprit à pleurer de gens qui au lieu de condamner fermement les assassins des musulmans s’érigent en défenseurs pour des ASSASSINS se réclamant de l’Islam.Moi je dis qu’il faut appeler un chat un chat et un assassin un assassin point barre.Serait-il un ange.Avez vous assez de culot pour les condamner ces djihadistes A LA NOIX . « KILABOUNE LIL ADJNIBI , OUSOUDOUNE 3ALA ABNAI DJILDATOUHOUMOU » Kawakibi.

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