L’arrestation de Mourad Dhina (1) nous fait revivre les pires heures de la guerre civile algérienne. La seule accusation infamante d' »islamisme » portée contre leurs adversaires, permettait alors aux officines algériennes de l’ombre, grâce au soutien aveugle des « intellectuels médiatiques » français, d’assassiner impunément les représentants ou les membres du courant politique qui avait eu l’impudence de les battre dans les urnes tout en lui faisant cyniquement porter l’opprobre de ces massacres.

Pour avoir côtoyé Mourad Dhina et les exilés du FIS à Genève, pour avoir consacré une partie de ma pratique professionnelle à décrypter les méandres de cette terrible guerre, pour avoir eu à connaître l’impressionnant éventail des manipulations mises en oeuvre par ces officines pour fourvoyer les juridictions française, américaine ou néo zélandaise, je crois pouvoir et donc devoir dire ma profonde conviction que Mourad Dhina ne constitue pas un obstacle à la transition tant attendue de l’Algérie vers plus de démocratie. Pas plus qu’il ne met en danger l’évolution harmonieuse des relations entre le nord et le sud de la Méditerrannée. Si elle devait déboucher sur son extradition, la détention sur commande de Mourad Dhina constituerait au contraire une atteinte très sévère à la crédibilité de la nouvelle politique française dans cette conjoncture exigeante des « printemps arabes ».

François Burgat
3 mars 2012

(1) Mourad Dhina, dirigeant du mouvement d’opposition algérien « Rachad », a été arrêté le 16 janvier 2012 à Paris, en réponse à un mandat d’arrêt international émis par les autorités algériennes. Il est depuis lors détenu à la prison de la Santé, en attendant que la justice tranche, le 21 mars, sur la demande d’extradition d’Alger.

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