Mon cher Si Rachid,

Je vois que tu tiens mordicus à la thèse que tu n’as eu de cesse de défendre depuis la l’intronisation de Bouteflika, thèse selon laquelle ce dernier serait le SEUL maître à bord… Pourtant, nous avons été si nombreux – et depuis si longtemps – parmi tes camarades et amis, à te dissuader de cette aberration…

Mais que cela ne m’empêche pas de prendre acte de deux de tes affirmations :

1– « Je sais qu’en disant cela, je laisserai sceptiques beaucoup de personnes persuadées du contraire.» ;

2– « L’autre hypothèse est liée à une éventuelle intervention de l’armée qui pourrait provoquer le changement. Cela me semble peu probable, car l’armée, qui se revendique comme légaliste, s’est rangée du côté du pouvoir politique actuel. »

Si pour le 1er point, nous faisons le simple constat que nous avons toujours des opinions opposées, permets-moi donc de passer directement 2ème point, concernant le fait que tu écartes comme étant peu probable l’intervention de l’armée, car, comme tu l’expliques :

« …l’armée qui se revendique comme légaliste, s’est rangée du coté du pouvoir politique actuel. »

De quel concept d’« armée » parles-tu Si Rachid ?

– Du concept juridique et institutionnel général, qui définit toute armée comme étant une Institution Républicaine constituant la force publique majeure, garante de l’Unité de la Nation et de la protection du Territoire national ;

– Ou alors du concept spécifique en cours en Algérie et qui veut que l’ANP soit devenue en l’espace de quelques années, une quasi « propriété » des généraux putschistes, responsables du Coup d’Etat du 11 Janvier 1992 contre la volonté du Peuple algérien, exprimée lors des élections générales Décembre 1991 / Janvier 1992 ;

En quoi donc, cette armée pourrait-elle se revendiquer subitement de « légaliste » aujourd’hui, quand des présomptions graves pour Crimes Imprescriptible, perpétrés durant la décennie noire – 1992 -1999 – continuent de peser sur certains des hauts gradés de sa hiérarchie qui ont fait précisément alliance avec M. Bouteflika pour échapper – mais ce n’est que provisoire – à la Justice Pénale ?

En quoi pourrait-on qualifier cette armée de légaliste quand chacun sait qu’elle a donné son aval – par le truchement du DRS – à la violation de la Constitution, en 2008 pour permettre un troisième mandat à un président-pantin et invalide, dont le maintien favorise la poursuite de la mise en coupe réglée du pays, par la distribution de la rente pétrolière entre les puissants et la poursuite du pillage systématique du patrimoine national ?

En quoi pourrait-on qualifier cette armée de légaliste quand ce n’est un secret pour personne que la quasi-totalité des secteurs juteux de l’économie du pays – l’agroalimentaire et le médicament en particulier – sans parler des « Sociétés de Sécurité » sont trustés par des généraux en active ou en retraite ? Sans parler des nombreux « correspondants » du DRS au sein des différents rouages de l’Etat. A commencer cette espèce de « représentant permanent » des Services qu’est devenu à la longue, M. Ouyahia et ses sous-clones comme des Belkhadem et autres Soltani.

Que tu défendes l’Institution militaire en tant que telle, qui compte certainement dans ses rangs, quelques uns des meilleurs fils de ce pays, aussi bien au plan moral et intellectuel qu’au plan de l’intégrité et du patriotisme, personne te le reprochera ; au contraire, cela t’honores, en tant qu’ancien Officier supérieur, doublé d’un Homme d’Honneur, unanimement respecté. Mais de grâce, ne nous donne pas la désagréable impression que tu défends « aussi » la bande des putschistes qui ont fait main-basse depuis près de vingt ans, sur le pays, ses Institutions et sur ses ressources et que tu dois formellement dénoncer pour mieux clarifier ta position.

Sans rancune bien entendu.

Abdelkader Dehbi
28 janvier 2011

Les militaires ne verraient aucun inconvénient à la levée de l’état d’urgence

Que penseraient les hauts gradés de l’armée d’une éventuelle levée de l’état d’urgence ? El Watan Week-end, à l’approche du 19e anniversaire, le 9 février prochain, de l’instauration de l’état d’urgence, a posé la question à l’un des plus anciens hauts officiers de l’ANP.

– Qu’implique l’état d’urgence, concrètement, en  Algérie ?

L’état d’urgence fait partie d’une panoplie de mesures restrictives dont la première implication concrète concerne la restriction des libertés publiques. C’est un instrument pseudo légal permettant d’empêcher toutes les réunions publiques, manifestations ou la création d’associations à caractère politique. Pour rappel, l’état d’urgence a été mis en place en 1992, après l’arrêt du processus électoral. Dix-neuf ans plus tard, alors que le terrorisme est vaincu et que la réconciliation nationale a porté ses fruits, selon ses dires, le pouvoir refuse toujours de lever l’état d’urgence. Lorsqu’il est justifié par une situation exceptionnelle, l’état d’urgence doit être limité dans le temps et ne doit pas dépasser quelques jours ou quelques semaines.

– Comme si le pouvoir avait peur du peuple !

Absolument ! Aujourd’hui un immense fossé sépare le peuple de ses dirigeants. Pour ces dirigeants, le peuple est une «populace», immature qui ignore son bonheur et sa chance de vivre sous sa direction. 

– Dans ces conditions, à qui profite le maintien de l’état d’urgence ?

Au seul pouvoir bien sûr ! Celui-ci ne veut à aucun prix que les Algériens puissent manifester leur opinion et débattre de la situation de leur pays. Il veut maintenir les Algériens en dehors de la vie politique.

– Mais de quel pouvoir s’agit-il ? Celui de Bouteflika ou celui des militaires ?

Il n’y a qu’un seul pouvoir et c’est celui qui est entre les mains de M. Bouteflika, car, contrairement aux spéculations en vogue dans certains milieux dits bien informés, il n’y a pas de dualité de pouvoir en Algérie. Les militaires, et cela depuis plusieurs années déjà, se sont volontairement éloignés de la vie politique et ont confié les rênes du pouvoir à M. Bouteflika. Je sais qu’en disant cela, je laisserai sceptiques beaucoup de personnes persuadées du contraire.

– Qu’est-ce qui pourrait faire évoluer la situation vers plus de démocratie ?

D’une part, des partis politiques crédibles capables de mobiliser une population et de l’encadrer et, d’autre part, des manifestations populaires massives et durables et non des feux de paille, comme cela a été le cas jusqu’à présent. L’autre hypothèse est liée à une éventuelle intervention de l’armée qui pourrait provoquer le changement. Cela me semble peu probable, car l’armée, qui se revendique comme légaliste, s’est rangée du côté du pouvoir politique actuel.

– Mais l’armée n’est pas contre la levée de l’état d’urgence ?

Comme je le dis depuis de nombreuses années, la décision appartient à M. Bouteflika et uniquement à lui. Je suis absolument certain que les militaires ne verraient aucun inconvénient à la levée de l’état d’urgence. Mais ils ne peuvent pas imposer leurs points de vue, puisqu’ils se sont effacés de la vie politique. Personne, aujourd’hui, à l’intérieur du système, ne lui conteste ce pouvoir.

– Serait-il envisageable que le Président décide la levée de l’état d’urgence ?

Je ne le crois pas. Je pense d’ailleurs que c’est le dernier de ses soucis, lui qui se considère comme une bénédiction pour le pays, alors que celui-ci, depuis de nombreuses années, est à la dérive dans tous les domaines. Un pays naufragé, sans commandant et avec un équipage livré à lui-même. Je ne pense pas que M. Bouteflika ait pris la mesure du danger dans lequel le pays se trouve, ni des conséquences que pourraient avoir les événements de Tunisie.

– Une révolution à la tunisienne est-elle envisageable en Algérie ? Et si oui ou non, pourquoi?

La révolution en Tunisie s’est distinguée par une montée en puissance progressive et soutenue dans le temps, des manifestations marquées par une prépondérance des adultes (les adolescents étaient quasiment absents) et par un accompagnement, pour ne pas dire un encadrement, d’une organisation à caractère sociopolitique, l’UGTT en l’occurrence. Tous ces facteurs ne semblent malheureusement pas être réunis en Algérie. C’est pourquoi, il me paraît peu probable qu’une telle révolution puisse avoir lieu chez nous, dans un proche avenir. Mais il n’y a, cependant, aucun doute que les retombées de l’expérience tunisienne auront des effets profonds sur la situation dans le monde arabe et notamment en Algérie.

– L’Egypte connaît à son tour des troubles qui ont fait plusieurs morts. Ce pays peut-il basculer alors que le poids de l’armée est très fort (comparable à celui de l’Algérie) ?

Je ne pense pas que l’Egypte puisse basculer. Les Etats-Unis et l’Europe ne le permettront pas. Les enjeux géostratégiques liés à l’Egypte et au Moyen-Orient sont d’une telle importance, que ces pays empêcheront par tous les moyens ce basculement, quitte à imposer une plus grande ouverture politique tout en conseillant, avec «insistance», au président Moubarak et à sa descendance, de renoncer à un prochain mandat.

Source : El Watan du 28 janvier 2011

Un commentaire

  1. Basta!
    Je suis désolé pour vous mais vous devez avoir un sacré problème personnel avec Bouteflika et la DRS comme vous la nommez. Vous avez une obsession maladive au point ou presque tous vos articles les citent. Vous les voyez même à Barcelone!On remarque aussi que vous tirez sur tous ceux qui ne vont pas dans votre sens en usant même de l’humiliation. vous êtes contre aussi tous partis politiques que vous jugez « faux », contre la presse que vous accusez au services du pouvoir bien qu’elle publie vos articles. Vous sautez sur toutes les occasions pour dénigrer ou accuser d’assassinat sans preuves des ‘entités’ sans oser citer un seul nom. A lire vos articles, vous vous présentez comme seul détenteur de la vérité; le seul vrai démocrate. Vous semblez profondément déçus que le cas Tunisien ne se soit répété en Algérie, bien-sur en se gardant d’épargner ses enfants ou petits-enfants. Mais tout cela sont vos problèmes dont vous vous évertuez à transposer à toute l’Algérie. Ce qui est certains c’est que ce sont des ‘salades’ de votre génération, des règlements de compte entre clans auxquels vous avez du appartenir au regard des détails que vous donnez et des personnalités du pouvoir que vous dites « amis de la famille ». Alors basta avec vos élucubrations et querelles de chapelles que vous voulez transmettre. Restez seul avec vos semblables là ou vous vous êtes embourbés il y a 50 ans.Laissez le peuple juger lui-même de ce qui est bon pour lui sans se voir « conseiller » par ceux qui cherchent à éliminer un pouvoir que pour le remplacer!

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