Après des mois de brouille et de tergiversations au sujet du TSL avec ses élucubrations et la question des faux témoins qui divisent la classe politique libanaise, voilà que les évènements se précipitent avec la tournée du PM S. Hariri aux États-Unis, où il a reçu des soutiens que l’opposition considère en contradiction avec les clauses de l’initiative syro-saoudienne, dernier espoir de voir la fin de la crise politique.

Avant même son retour qu’il termine chez Sarkozy, on apprend la chute de son gouvernement avec la démission de 11 ministres de l’opposition, soit plus du tiers comme l’exige la Constitution libanaise. L’espoir qui reste dans l’initiative syro-saoudienne s’est donc effondré. Elle consiste en une révision de la position du Liban à l’égard du TSL et à prendre les mesures nécessaires pour s’en dégager. Selon As-Safir, qui se réfère à une source syrienne, “la solution libanaise est sur le point d’être achevée. Elle n’attend plus que quelques mesures… ”. Mais voilà que Michel Aoun annonce sa “(…) fin sans avoir abouti. Le PM n’ayant pas coopéré (…) Nous sommes arrivés à une impasse”, et ce juste après les rencontres que le PM a effectués. L’opposition a vite accusé les EU d’être derrière cet échec. Le chef du bloc de la résistance M. Raad confirme, selon ‘ses’ informations, “l’entrée en scène des ÉU pour démonter le processus d’entente”. M. Jawad Khalifé, d’Amal, prévient que “si le Conseil des ministres ne se réunit pas, les 11 ministres vont présenter leur démission”, ce qui entraîne l’effondrement du gouvernement. M. Fneich, qui a incombé cet  échec aussi à “l’incapacité de l’équipe libanaise”, tempère les choses en précisant que “le Président a souhaité prendre le temps de contacter Hariri”.

Mais les choses se sont précipitées malgré la position parvenue de sa part. “Nous aspirions, lorsque nous avons fait les dernières déclarations à Beyrouth, au succès des efforts syro-saoudiens en vue de mettre à exécution les clauses qui furent la base des efforts déployés. Nous sommes toujours fidèles à nous engager en faveur de cette volonté.” Avant son départ pour les EU, S. Hariri a bien affirmé à Al-Hayat que “le compromis a été achevé”. “Aujourd’hui, après New York, nous allons voir si cette position restera la même ou sera changée.” Précisons que le Camp Hariri soutient le TSL. Selon des fuites, ce TSL — qui a vu 3 juges se succéder et 9 démissions — compte mettre en cause “des éléments indisciplinés du Hezbollah” ; ce que refuse ce parti et ses alliés qui l’accusent d’être “politisé”. S. Nasrallah va jusqu’à accuser nommément l’assistant de Melhis, Gerhard Lehmann, d’être “un homme corrompu qui a vendu des documents”. Le double refus de S. Hariri de désavouer ce TSL et de traduire les faux témoins en justice, que l’opposition considère primordial pour la vérité, a suscité de sérieux soupçons.

Le président M. Souleimane est pour “l’envoi du dossier des faux témoins au Conseil de juridiction, à condition qu’il y ait consensus”. Rappelons certains faits. Prévu pour enquêter sur le meurtre de Rafik Hariri, le TSL ne cesse d’être accusé de facteur de division, surtout après son échec lorsqu’il a accusé injustement 4 officiers et la Syrie. La majorité des partis le rejette en avisant qu’il n’aboutira jamais à la vérité car érigé pour combattre la résistance à Israël. Même les indices, révélés par le Hezbollah compromettant Israël, que S. Hariri a transmis, ont été négligés. En revanche, des renseignements américains, français et des enregistrements des réseaux d’espionnage israéliens des télécom libanais ont servi d’éléments probants par le TSL, que confirme le spécialiste en affaires d’intelligence, Yossi Miliman. La méfiance a atteint son comble lorsque les enquêteurs, qui ont déjà tout obtenu, ont cherché à se procurer des dossiers médicaux d’une clinique gynécologique, en visant particulièrement 17 patientes, femmes et filles des responsables du Hezbollah. En ajoutant certaines déclarations, notamment celle d’un haut responsable américain qui a affirmé à Al-Hayat que le TSL poursuivra son action “quelles que soient les mesures prises ou non prises par le Liban”, suivies de celle de J. Bolton qui certifie que “des responsables syriens et des membres du Hezbollah sont accusés”, ou bien celle de M. Alliot-Marie qui estime que “si des personnes sont mises en cause, elles le seront en tant que personnes et non comme représentantes d’un parti”, on comprend que certains sont bien au courant des détails de l’acte avant sa publication, d’où les sérieuses méfiances à l’égard d’une instance que les Libanais ne maîtrisent pas, qui les divise et qui leur ôte toute souveraineté.

Amar Djerrad
15 janvier 2011

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