L’Iran qu’on ne cesse point d’attaquer, de dénigrer, de diaboliser, de cuisiner n’a point le même mode de vie, ni le niveau de vie des occidentaux. Mais force est de reconnaître que David se défend fort bien face à Goliath. Le développement du nucléaire civil iranien « affole » les puissants qui ne veulent toujours rien partager mais continuer à dominer le reste du monde.

Je ne comprends pas pourquoi l’Algérie, mon pays, ne jalouse nullement l’Iran qui avance à pas de géants. On ne fait que grief à l’Iran sur la question des femmes, le voile etc. même si en Algérie les questions démocratiques sont si malmenées. Certes je n’envierai point le mode de vie des Iraniens proche du nôtre, mais sa façon de défendre ses intérêts. Et si un génie sorti miraculeusement de quelque part me demande quelle destination choisir entre celle de l’Iran ou celle de l’Occident, j’irai là où sont développés et respectés les droits humains, c’est-à-dire l’Occident. Mais ce qui fascine chez l’Iran reste son désir de se muer en puissance régionale si elle ne l’est point déjà ; ce qui n’est point le cas de mon pays présentant les mêmes déficits démocratiques et aligné de façon subordonnée au nouvel ordre économique mondial.

On dit souvent ici et là, que l’Occident « aura de nouveau raison » des pays tels que l’Iran et le Venezuela de Chavez ; cela n’empêche guère de constater, admiratif, que la résistance à l’ogre, suscitant tant d’espoirs reste l’œuvre de ces pays voulant coûte que coûte sortir leurs pays de l’exploitation. Quoi qu’il advienne, l’Iran et le Venezuela tentent d’émerger comme puissances régionales quoique assez différemment de la Chine et de l’Inde. Et les sociétés civiles en Occident en soif de justice plaideront certainement pour l’émergence de pays du Sud ; ici et là en Occident les luttes sont âpres malgré le contrôle permanent des Etats et le travail de sape des nombreux médias, armes redoutables dans les mains des dominants.

En Amérique latine, il y a eu l’alliance bolivarienne (ALBA) rompant ses relations commerciales avec l’Oncle Sam. Puis aux nationalisations au Venezuela suivaient celles de Bolivie où Evo Morales s’affranchit de la tutelle étatsunienne de façon remarquable. Tous les observateurs soulignent la détermination des pays d’Amérique latine à défendre plus que jamais leurs ressources naturelles au grand dam d’Obama et de madame Clinton. Et comme en géopolitique, on ne choisit pas ses alliés, le rapprochement entre l’Iran et les pays de l’Alliance bolivarienne (qui réunit notamment la Bolivie, l’Equateur, Cuba et le Venezuela) s’est opéré. Ainsi donc, « la solidarité anti-impérialiste » s’accroît. Les échanges entre l’Iran et les pays de l’ALBA sont impressionnants. Les grands investissements de l’Iran en Amérique latine lui permettent, en dépit des sanctions économiques infligées à Téhéran, de soutenir sa propre économie et notamment les secteurs industriels développés : aviation, exploitation pétrolière et gazière, production automobile…

Deux pays d’Amérique latine, dont le Brésil, viennent de reconnaître la Palestine. L’Iran, le Brésil, le Venezuela impressionnent en tenant tête aux dominateurs du Nord et suscitent tant d’espoirs.

Nourdine Amokrane
13 décembre 2010

PS. Lire l’excellent article de Nikolas Kozloff (journaliste auteur de Révolution ! South American and the Rise of the New left Palgrave Macmillan, Houndmills 2008) intitulé “Et l’Iran découvre l’Amérique Latine” in Monde Diplomatique de décembre 2010.

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