Les empires tendent naturellement à renaître de leurs cendres.

La crise que traverse actuellement la Grèce nous donne l’occasion de le vérifier.

L’Allemagne, terre des aryens revendiquerait l’expulsion hors de l’Union Européenne, de la Grèce terre des Hellènes.

Que la Grèce y soit entrée par effraction est évident, une double effraction d’ailleurs. La première effraction est celle commise par deux présidents français qui ont voulu ardemment que la Grèce y entre absolument. Une Europe sans la Grèce ?? Inimaginable. Le nom même d’Europe est grec.

Depuis le Moyen Âge, avec l’assimilation d’Aristote à l’héritage chrétien, et plus tard à la Renaissance avec la récupération de la poésie et de du théâtre grecs, l’Occident cherche à coller le wagon de la Grèce à sa locomotive, comme un gage de sérieux.

On ne savait pas alors que c’était l’Occident qui se collait à la Grèce pour paraître plus humaniste, cet humanisme que le christianisme seul n’avait pas pu alimenter et rendre crédible.

L’homme est la mesure de toute chose… Seul l’héritage Grec se présentait sérieusement.

La deuxième effraction est celle que les Grecs de notre temps, auraient commise en fraudant sur la réalité de leur économie. Ils ne remplissaient pas les conditions de l’adhésion à l’UE. Pourtant, avec la complicité des autres pays européens, la Grèce est devenue membre à part entière des douze.

Il fallait se hâter de l’absorber, avant même sa maturité…

Des considérations purement politiques avaient conduit les dirigeants de la CEE à cette décision : on voulait sûrement déjà donner aux Turcs un signe …

Seulement voilà : la Grèce est le pays des mythes, chacun le sait.

La Grèce antique était le pays le plus occidental de l’Orient. Elle faisait partie de l’Orient. Quand Alexandre de Macédoine voulut conquérir le monde, il n’alla pas du coté de l’ouest, mais du côté où il y avait du monde, je veux dire de la civilisation.

Les guerres du Péloponnèse se faisaient entre Grecs, ou contre les Perses, contre l’Egypte, pas contre les gaulois ou les germains.

Les Achéens qui menaient la ligue hellénistique combattirent les Troyens, pas les Romains qui n’existaient pas encore.

Les premiers chrétiens ne s’y trompèrent pas qui choisirent Rome comme capitale… Il y avait risque à choisir Constantinople : elle était trop orientale pour servir de capitale à une religion nouvelle qui ne pouvait trouver d’adhérents que dans des terres vierges.

Quand le Sultan Mehmet le Victorieux, prit possession de Constantinople en 1453, cela se passa presque dans l’indifférence de l’Occident catholique.

Un professeur de mes relations m’a dit un jour que le Sultan Ottoman entrant dans la ville orthodoxe aurait dit : « Ce jour est celui de la revanche de Troie !! »

Le sultan était-il un fin connaisseur de la mythologie grecque, et quand bien même le serait-il, en quoi cette déclaration aurait-elle un sens ?

L’islam était en territoire grec dès les premières années qui ont suivi la naissance de l’état prophétique de Médine. Déjà au 12ème siècle, les Seldjoukides occupaient l’essentiel de l’Anatolie, et la population grecque s’était largement convertie à la religion nouvelle. C’est dire que l’élément grec était déjà la principale composante de la population anatolienne.

Et il est fort probable que des penseurs Grecs avertis et initiés au sens de la mythologie, aient eu envie de suggérer au vainqueur de Constantinople, Mehmet Fatih, de placer sa victoire, dans la continuité historique.

J’ai cherché une référence à cette déclaration du Sultan. J’ai appris alors que les historiens turcs ne font pas l’unanimité au sujet de cette anecdote, mais qu’il en existe qui y croient dur comme fer.

Si je m’en sers, ce n’est pas que je possède une preuve incontestable de son historicité. Je considère seulement que le seul fait qu’une telle histoire nous soit rapportée mérite d’être médité.

Il existerait donc une conscience métahistorique (au-delà de l’histoire officielle) qui voudrait que les évènements antiques subsistent dissimulés dans quelques rares esprits et se transmettent in extremis parfois avec le témoignage d’un seul homme, d’une génération à l’autre jusqu’à nous parvenir.

Il me suffit de rappeler qu’un grand guerrier, le phénicien Hannibal, le maître de Carthage, qui en son temps de gloire fit le siège de Rome après avoir traversé les Alpes avec ses éléphants africains, a fini sa vie assassiné en terre d’Anatolie où il s’était réfugié espérant retrouver l’énergie de ses ancêtres troyens…

Toujours est-il qu’au 15ème siècle, le colonialisme, invention occidentale, n’existait pas encore : au lieu de finir comme des « indigènes » colonisables ad vitam aeternam, les Grecs de l’Anatolie se convertirent en masse et sont aujourd’hui la principale composante ethnique de la Turquie. L’assimilation des grecs était si avancée que beaucoup d’entre eux occupèrent des fonctions supérieures dans l’Etat Ottoman. Les frères Barberousse qui furent chargés de protéger les musulmans chassés d’Espagne étaient originaires de Crète.

Seulement voilà, l’Occident persiste à ne considérer comme véritable grec que le grec chrétien orthodoxe. Comme il ne considère comme slave que le slave chrétien : on a laissé massacrer les musulmans bosniaques, car ils sont des slaves… musulmans. Le nationalisme a aveuglé les consciences.

Le renouveau de l’Orient proche se voit ainsi dans cet épisode de la crise grecque : on chasse la fausse Grèce, pour lui permettre de redevenir ce qu’elle a toujours été : une composante de l’Orient, et les Turcs comprendront enfin qu’ils n’ont rien à gagner à frapper aux portes d’une Europe qui n’est déjà plus que l’ombre d’elle-même.

Les Grecs seraient bien inspirés de saisir la chance historique qui leur est offerte de se rapprocher de leur seul allié naturel : la Turquie.

Europe était le nom de la princesse phénicienne (=arabe) qui fut ravie par des « Grecs ». Il n’est donc pas un prénom grec. Son mythe symbolise l’amour qu’éprouvaient les Grecs pour la culture orientale. Les Grecs étaient ravis par la culture phénicienne qui avait inventé l’alphabet. Leur alphabet n’est autre que celui des phéniciens. Alpha, beta, gamma, delta, (ABCD), et en arabe, alif, ba, jim, dal (Abjad).

Bref le mot Europe signifie Arabe. Même la lettre E ressemble à s’y méprendre au ‘ayn de l’arabe. Et dans la langue du Coran, le mot arab, ‘urub, connote les significations d’éloquence et de beauté. Décrivant les belles du paradis, le Coran les qualifie de ‘uruban (belles à la taille élancées, pas forcément européennes).

En retournant en Orient, les Grecs retrouveront leur âme perdue et leur gloire.

Si les sirènes de la haine voulaient bien se taire, j’ajouterais que ce qui est valable pour la Grèce l’est aussi pour l’Arménie et la Géorgie.

Omar Benaïssa
5 avril 2010

Source : Majlis al-Uns

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