Le livre intitulé L’empire de la honte de l’ex Rapporteur de l’ONU pour le droit à l’alimentation, est truffé de chiffres des plus parlants. Des chiffres choquants qui m’avisent, me font aujourd’hui comprendre pourquoi tant de connaissances lausannoises préfèrent ignorer. La lucidité de leur impuissance n’amène que déprime. Mais combien de temps continueront-ils à se voiler les yeux devant la bestialité des « maîtres du monde » vis-à-vis de leurs semblables humains dans la détresse ?

Beaucoup donc préfèrent se passer des écrits des vérités de Ziegler, assénées de livre en livre depuis si longtemps, et ce malgré les coups, les assignations en « justice » par les maîtres du monde : puissances financières, banquiers, multinationales etc. En l’an 1976 déjà, son livre intitulé Une Suisse au dessus de tout soupçon dénonçait le rôle des banques suisses, coffre fort du monde abritant l’argent détourné par les dictateurs du tiers-monde ; les critiques fusèrent de toutes parts ; il perdit même son siège de député au parlement suisse.

Lire donc Jean Ziegler et savoir combien la privatisation du monde par des minorités insatiables accaparant des fortunes colossales. « En 2004 par exemple, les cinq cents puissantes capitalistes transcontinentales du monde dans l’industrie, le commerce, les services, la banque, contrôlaient 52% du produit mondial brut : en clair plus de la moitié de toutes les richesses produites en une année sur notre planète ».

Le sociologue genevois fait des constats.

Une civilisation méritant bien son nom amènerait logiquement plus d’humanité, de liberté : l’Homme civilisé arrivant à vaincre la bête en lui. Et chaque fois des progrès énormes avaient été réalisés depuis l’avènement de l’Homme sur terre. Dans mon village de Kabylie, il y a de cela des années, de l’Homme courtois aidant son prochain on disait qu’il était civilisé.

Ainsi les temps d’abondance étaient bénis car en profitaient tous les êtres des richesses jusqu’aux confins des plus reculés de la planète.

Si la rareté justifie les guerres, la logique est que l’abondance ferait vivre toute l’humanité dans des havres de paix.

Le monde, nous dit Ziegler, a été amené durant la deuxième moitié du XXème siècle par une formidable succession de révolutions industrielles, technologiques et scientifiques qui ont dynamisé les forces productrices et ont fait crouler la terre sous les richesses. Et pourtant la misère a atteint un niveau plus effroyable qu’à aucune autre époque de l’histoire. « La planète compte aujourd’hui plus de 1,2 milliard d’êtres humains végétant dans un dénuement extrême avec moins d’un dollar par jour, tandis que 1% des habitants les plus riches gagnent autant d’argent que 57% des personnes les plus pauvres de la terre ».

— C’est ainsi que plus de 10 millions d’enfants meurent chaque année de sous-alimentation, d’épidémies, de pollution des eaux et d’insalubrités. 50% de ces décès interviennent dans les 6 pays les plus pauvres de la planète. 42% des pays du Sud abritent 90% des victimes ;

— Au moment de la fondation de la CNUCED (conférence des Nations unies pour le commerce et le développement fondée en 1964), la dette extérieure cumulée des 122 pays du tiers-monde s’élevait à 54 milliards de dollars, elle est plus de 2000 milliard aujourd’hui ;

— La part dans le commerce mondial des 42 pays les plus pauvres du monde était de 1,7% en 1970. Elle est de 0,6% en 2004.

— Il y a quarante ans, 400 millions de personnes souffraient de sous-alimentation permanente et chronique. Elles étaient 842 millions en 2004 ;

— Pour 86 des 191 pays membres de l’ONU, les produits agricoles représentent l’essentiel de leurs recettes à l’exportation. Mais le pouvoir d’achat de ces produits n’est plus aujourd’hui que d’un tiers de ce qu’il était il y a 40 ans ;

— En Afrique, dans la plupart des pays du continent, l’accumulation des capitaux est faible, le produit de l’impôt quasi inexistant et les investissements publics déficients. Pourtant, en une année (de 2002 à 2003), le nombre de millionnaires en dollars originaires de l’un ou de l’autre des 52 pays d’Afrique a augmenté de 15%. Ils sont aujourd’hui plus de 100 000. C’est ainsi que les Africains riches détiennent aujourd’hui, en cumul, des avoirs privés s’élevant à 600 milliards de dollars, contre 500 milliards en 2002

Les exemples chiffrés ne manquent point dans les livres de Jean Ziegler.

Et l’Algérie n’étant pas en reste de la décadence. Dés le tournant libéral des années 1980, on a vu l’effritement des acquis sociaux et l’éclatement du tissu industriel. L’Homme nouveau, le nouvel Algérien n’avait compté que durant les deux décennies post indépendance.

Aujourd’hui nous vivons dans une société à deux vitesses, avec une médecine à deux vitesses une « justice » à deux vitesses, ce que ne mérite nullement un peuple ayant souffert depuis le siècle de la nuit coloniale.

La Révolution algérienne a été un phare éclairant le tiers-monde. S’en inspirer encore et toujours est une résolution de bon sens.

Nourdine Amokrane
21 mars 2010

6 commentaires

  1. la déprime avec la depression
    Je suis ravi de trouver quelqu’un qui a enfin lu et bien lu J.ZIEGLER  » L’empire de la honte ».

    Je vous recommande de lire également J.STIGLITZ, Prix Nobel d’économie et président council advisers de B.CLINTON, « La grande désillusion ».

    C’est fou de constater que des sommités du monde développé, dénoncent ces injustices et ne trouvent pas d’oreilles attentives, notamment chez nous.

    Mais, ces lectures finissent par déprimer le lecteur,en raison de ces vérités crues et surtout de ce sentiment d’impuissance,en finissant par accepter notre sort comme une fatalité.

    A la signature de la Loi sur les hydrocarbures, notre Président,un certain 24 Février, déclarait devant un parterre de syndicalistes » c’est comme ça où l’Irak! »

    Ces jours ci se tient une réunion de rang ministériel, qui sera suivie d’une réunion des chefs d’Etats du Sahel,sommés de trouver une solution au terrorisme( el qaida au Maghreb), sans quoi, ce sera le droit d’ingérence et d’intervention pour casser l’axe du mal.

    La région est trop riche pour la laisser entre nos mains , dirigés par des gouvernants véreux et mafieux.

    Les USA ont déjà leurs alliés et cene sont pas les discours pérorants de Belkhadem et d’Ouyahia qui nous feront croire le contraire.

    L’AFRICACOM devra s’installer et les USA auront leurs bases dans la région.

    En attendant le dossier du Sahara Occidental est détérré et Mohamed VI n’a pas fait sa déclaration écartant toute idée de référendum, sans l’appui de qui nous devinons.

    Voilà l’Algérie qui retrouve sa place dans le concert des nations!

  2. salutations
    merci à Monsieur Noureddine Amokrane de son article,qui neanmoins,est venu assez tard.

    merci aussi à la replique de mister Akavache Mohand Ouali.

    un grand merci enfin à monsieur ZIEGLER,pour son courage et son honneteté envers les déprimés de ce bas monde.

    à noter que monsieur ZIEGLER a aussi un livre intitulé: »Les Nouveaux Maitres Du Monde Et Ceux Qui Leurs Resistent » .

    il se trouve sur http://www.ebooks-land.net,pour les personnes interessées.

    salutation

  3. Merci pour les commentaires fort à propos de messieurs AKAVACH MOHAND OUALI (quoique, j’aurai préféré un autre pseudo) et de NACER

    Quand à mes amis’ (es) suisses (lausannois) je tiens encore à rapporter les propos de cette grande conscience universelle JEAN ZIEGLER très aimé à travers le monde. Interviewé dans BELLA CIAO par Benito Perez sur son livre intitulé LA HAINE DE L’OCCIDENT le professeur à la retraite JEAN ZIEGLER dit : « A la lutte contre l’occupant s’est substitué un rejet du système de domination globalisé. Quand Sartre disait : «Pour aimer les hommes, il faut haïr ce qui les opprime», tout est dans le «ce».

    La réaction n’est pas dirigée contre un groupe d’hommes ou des individus mais contre les mécanismes de l’oppression »

    Si certains de mes amis(es) se sentent offusquées par mon modeste article ; je leur présente toutes mes excuses.

    NOURDINE AMOKRANE

    • slt
      Je suis trés ravi de lire votre commentaire. Mais que voulez vous, j’utilise un pseudo à cause justement de ce « ce » qui nous opprime.Ceci dit j’aimerais bien continuer à vous lire, car vs semblez bien documenté.

      Ce qui me révolte justement chez le « ce » national est cette obsession pour la « mondialisation » présentée comme la panacée à nos problèmes alors que, ailleurs, chez justement ceux qui l’ont conçue, à l’évidence ds leurs intérêts,il existe des intellectuels dignes de ce qualificatif,dénonce la globalisation.

      Mais la globalisation juste dans les aspects échanges de biens matériels faisant de nos pays de vastes marchés pour leur croissance, en asphyxiant notre agriculture et notre industrie par le biais de « barrières » :normes techniques, subvention de leurs agricultures,émigration choisie …etc.

      La dernière trouvaille de nos ministres est le rapatriement de nos réserves de changes placées à l’Etranger.

      Elles étaient donc à l’Etranger! Où pouvaient elles être.Comment avouer de telles inepties sans aucune réaction des spécialistes? Mais quelle est la contrepartie de la masse monétaire en dinars en circulation chez nous pour financer tous ces programmes décidées par le « ce » national sans aucun débat au moins dans les institutions parlementaires, au moins?

      Qu ‘en pensez vous monsieur AMOKRANE?

      • Cher ami MOHAND OUALI, il nous est tous difficile de prendre conscience que des algériens oppriment d’autres algériens et de façon savante.Néanmoins si je peux vous conseiller un livre et si vous pouvez l’avoir; c’est un livre que je lis souvent C’EST LE LIVRE NOIR DU CAPITALISME aux éditions Le Temps des Cerises an 2001 touts mes salutations amokrane nourdine

        • slt
          je suis heureux de ces contacts avec vous. Je chercherai ce livre avec beaucoup de chance de le trouver à Bejaia.

          Je vous tranmets toutes mes salutations et à votre prochaine contribution

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