Quand on apprend que c’est le Département du Renseignement et de la Sécurité (DRS), qui, remplaçant la justice, intervient pour enquêter [2] sur des scandales financiers impliquant de hauts fonctionnaires et par ricochet, de manière directe ou indirecte, des ministres, cela laisse penser qu’il s’agit vraisemblablement d’une manœuvre politique mettant en prise deux camps au sein d’un pouvoir en désaccord.

Les observateurs parlent d’un affrontement entre, d’une part le gouvernement actuel, représenté par le président Bouteflika et ses lieutenants, et d’autre part une partie de l’armée et son bras actif le DRS.

Bouteflika ne représente-t-il plus alors l’homme du consensus, dès lors que toute cette opération sous-tend une campagne de déstabilisation visant à l’affaiblir en s’attaquant à ses plus proches ministres ?

On est tenté de répondre par l’affirmative, eut égard aux multiples indices qui ressortent de la crise actuelle en Algérie traduisant un malaise dont, en vérité, les prémices remontent bien au début du troisième mandat de Bouteflika.

En effet, depuis un moment, le courant paraît-il ne passe plus entre le président et le patron du DRS, « Toufik », alias Mohamed Mediène. Ce dernier, excédé par le comportement de Bouteflika, aurait décidé de mettre le holà à un président fin tacticien qui chercherait à neutraliser l’armée par le truchement de diverses actions et décisions politiques.

Ainsi par exemple, la « volonté » de Bouteflika de renforcer et de contrôler le corps de la police nationale est perçue comme une tentative de contrecarrer l’armée, particulièrement Toufik, en créant un contre poids à celle-ci.

Par ailleurs, la présence de plus en plus visible du frère du président Saïd Bouteflika dans l’aréopage de la présidence [qui se fait discret ces derniers temps] et ses velléités politiques « dynastiques », participent également à détériorer la relation entre le locataire d’El Mouradia et le patron du DRS.

Enfin, signe apparent du coup froid entre les deux hommes, Bouteflika a séché le 5 juillet son rendez-vous annuel au ministère de l’intérieur où il tient d’habitude son traditionnel discours de fête nationale.

Avertissement ou rupture ?

Le 13 décembre, la presse nationale faisait échos de l’enquête du DRS sur les attributions des marchés de l’autoroute est-ouest, un projet qui relève de la responsabilité du ministre des transports, Amar Ghoul, placé par Bouteflika. Cette affaire devait annoncer une série de révélations sur d’autres scandales financiers. Le 13 janvier, le DRS déclenche en effet une opération « mains propres [3]» contre de hauts cadres de la Sonatrach, première entreprise nationale, dirigée par le ministre de l’énergie et des mines, Chakib Khelil, lui aussi installé à ce poste clé par le président. Et ce n’est pas fini. Selon certaines sources, la prochaine cible des limiers du DRS serait, l’autre pilier du gouvernement, le ministre des affaires étrangères, Mourad Medelci.

Par ailleurs, les choses se gâtent sérieusement pour le gouvernement sur le plan social avec la multiplication des grèves et la grogne populaire qui enfle. L’importance mobilisation des algériens autour des l’EN de football témoigne de la capacité des « services » à mobiliser les foules, une démonstration de force que Bouteflika a bien comprise.

Toute cette agitation au sommet de l’Etat étalée sur la place publique – fait exceptionnel venant d’un pouvoir d’habitude si discret-, montre bien qu’il s’agit d’une mise en garde énergétique en direction d’un président quelque peu « capricieux », et que l’armée, particulièrement Toufik, qui au départ a été favorable au troisième mandat de Bouteflika, n’exclut pas la possibilité de s’en séparer si besoin.

Qui sera le prochain président ?

Si l’armée et le DRS devaient in fine passer à l’acte et se séparer de Boutelika, qui sera alors son successeur ?

Certainement un homme de « consensus », capable de mettre tout le monde d’accord, aussi bien dans le milieu politique que dans celui des affaires. L’actuel premier ministre, Ahmed Ouyahia serait la personne sur laquelle miseraient l’armée pour s’acquitter de cette « mission ». Il est bien vu par les décideurs, connait parfaitement les rouages du pouvoir en Algérie et sa présence dans le gouvernement a été quasi « imposée » à Bouteflika. Il a remplacé Belkhadem pour appliquer un programme de « ré-algérinisation » de l’économie algérienne.

Le nom de Abdelkader Bensalah, le président du Conseil de la Nation, circule aussi comme étant un candidat potentiel. De même que, mais sans trop de conviction, les noms des deux anciens premiers ministres, Mouloud Hamrouche et Sid Ahmed Ghozali.

Bouteflika contre-attaque.

Selon nos informations, acculé par les pressions qu’exercent sur lui le DRS, le locataire d’El Mouradia a ordonné la création d’une « commission sécuritaire autonome [4] », composée de plusieurs magistrats et procureurs civils et militaires en vue de rouvrir certains dossiers et affaires restés en suspens ou bâclés à leur époque. «Ces dossiers que Bouteflika veut rouvrir, c’est du lourd», nous dit notre source, qui a requis l’anonymat. Il s’agirait, selon elle, de plusieurs affaires d’assassinats menés durant la décennie noire et qui ont ciblé des personnalités nationales, à l’instar de feu Mohammed Boudiaf ou encore du Général Fodil Saidi.

Fruit du hasard ou manœuvres en coulisses, le coup de projecteur que menace de braquer Bouteflika sur la période trouble de la décennie noire, coïncide curieusement avec la décision de Washington de faire figurer l’Algérie dans liste des 14 pays accusés de « soutenir le terrorisme ». Cela fait craindre effectivement un retour sur l’affaire du « qui tue qui », à laquelle, comble de l’ironie, Bouteflika lui même a tenu à mettre un terme avec son projet « de réconciliation nationale ».. En tout état de cause, seul l’avenir nous dira jusqu’où les uns [Bouteflika et ses ministres], comme les autres [Toufik et le DRS], sont capables d’aller pour montrer qui décide en Algérie. Wait and see

RAF avec Maghreb Confidentiel
7 février 2010

Source : www.algerie-focus.com

2 commentaires

  1. ALGERIE,QUE DIEU VOUS GARDE
    salut je remercie le webmaster de ce site qui de jour en jour devient une reference dans tous les domaines surtout dans celui de la boulitique(terme cher a feu malek bennabi).

    en ce qui concerne la lutte des clans ici en algerie,c’est un secret du polichinel,vu la gde capacité des pouvoirs publics à masquer la réalité des vrais problemes par l’opium du football.ils ont créés une psychose jamais vue depuis l’independance,en laissant des jeunes fous et sauvages ,à manifester à leurs guises et à reclamer les couleurs du drapeau,alors qu’ils n’oseront pas à le dechirer à la première occasion qui se presente.

    la réalité est toute autre chose:les greves qui se multiplient,les corruptions dans les spheres de l’état sont là pour témoigner de l’incapacité d’un pouvoir dictateur,vieux et las mais impitoyable,de gerer les veritables problemes des algeriens.

    merci

  2. Censure
    Excusez cette digression, mais je tiens à dénoncer la censure qui prévaut sur le site de TSA (Tout sur l’Algérie). Je soumets à votre appréciation et à votre jugement le dernier commentaire que j’ai posté sur ce site. Un commentaire qui n’a jamais été publié et qui m’a valu le bannissement définitif. En voici le contenu :

    «J’aurais au moins souhaité avoir une quelconque explication sur ce qui me semble être une attitude douteuse de la part de TSA. En effet, ce n’est pas la première fois que mes propos subissent une censure qui ne dit pas son nom. La toute dernière date d’aujourd’hui même (11 février 2010) et visait un commentaire que j’ai placé aux environs de 5h00 du matin à propos d’un article relatif au scandale de Sonatrach et ses répercussions supposées sur le remaniement ministériel qui était prévu par sa fakhamatouhou. D’habitude vous éliminez, purement et simplement, le commentaire qui ne vous «sied» pas, puis vous avez appris, avec le temps, à recourir à cette nouvelle astuce qui consiste à rapidement «classer» l’article en question dans les archives, pour «noyer» les commentaires qui l’accompagnent afin qu’ils soient bien loin des regards et des éventuels commentaires. Mais aujourd’hui, je constate que vous innovez en éliminant et en faisant tout simplement disparaître et l’article et les commentaires qui vont avec !!! Mais qu’est-ce qui vous a donc, à ce point, gêné dans mon commentaire ? Le fait de dénoncer l’attitude des responsables de la fédération algérienne de Hand-ball qui ont choisi d’effectuer le déplacement des deux équipes nationales, filles et garçons, vers le Caire à bord d’un avion de la compagnie Egyptair ? Le fait d’écrire que je trouvais que ces responsables n’avaient pas le moindre «nif» après tout ce qui s’est passé et tout ce qui s’est dit ? Ou plutôt le fait d’avoir exprimé mon étonnement de voir aujourd’hui une bannière publicitaire de Djezzy défiler par intermittence ici même, en haut de votre page, alors que vous vous faisiez, il y a encore à peine quelques jours, le chantre de la défense des intérêts de l’Algérie tout au long de la crise vécue avec les égyptiens ? Ou alors, le fait de simplement dire (ce que finalement tout le monde sait) les gros intérêts que possède la famille régnante de sa fakhamatouhou dans Orascom et donc dans Djezzy ?».

    Merci pour votre attention.

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