Question : Comment appréhender cette crise qui secoue la planète ?

Réponse : A la différence des crises cycliques qui l’on récemment précédée, je pense à la crise des valeurs technologiques, qu’on a appelé la crise Internet, à la crise régionale qui a affecté les pays d’Asie, cette crise dite des « subprimes » débouche sur une crise globale poly-sectorielle. C’est à dire qu’elle affecte tous les secteurs d’activités et toutes les régions du globe. Elle a d’abord concerné la sphère  financière globale avant de s’élargir irrésistiblement à ’économique réelle. Ce qui se passe, c’est la traduction dans la réalité des effondrements d’un système construit sur la liberté, l’anarchie devait-on dire, des transactions financières introduite par la déréglementation de l’activité de crédit et le flottement des monnaies autour d’un dollar géré de manière irresponsable par le Federal Reserve. La levée des contraintes réglementaires a provoqué de très graves dérives spéculatives. Certaines sont extrêmement destructrices, tant par les volumes de pertes occasionnées par le collapsus du système que, surtout, par la logique récessive qu’elle engendre aujourd’hui. Cette crise typique – l’effondrement d’une bulle spéculative mais singulière interpelle à des niveaux très divers. Elle pose en thématique centrale la question du rapport des marchés avec les Etats – et leur capacité à faire face à leurs responsabilités nationales – et celle du rapport du marché avec la mondialisation. Dans ses aspects les plus positifs, elle met en cause le modèle économique fondé sur la consommation effrénée de ressources non renouvelables au profit d’une minorité cupide et au détriment des plus faibles, condamnés à la misère et à la famine.

C’est la première crise globale du néolibéralisme, elle affecte réellement le monde entier, aussi bien les pays développés, les pays émergents que les pays sous-développés. Aucune région du monde n’est épargnée, aucun système économique, aucun secteur n’est ménagé. Ainsi il s’agit bien d’une crise typique du point de vue de son origine mais également singulière par son ampleur et sa magnitude. Même si d’autres crises historiques ont pu toucher de grandes régions, aucune n’a, comme celle-ci, affecté tout le globe et l’ensemble de l’activité humaine. C’est une crise globale.  Pour la comprendre et éventuellement adopter des mesures de sauvegarde il faut donc tenter de l’appréhender globalement.

Aux origines de la crise

Question : Qu’est ce qui a provoqué cette crise et que signifie-t-elle ?

Réponse : Je vais commencer par le second terme de votre question. Cette crise signifie la fin de l’ultralibéralisme, une phase historique du capitalisme. Depuis plus de vingt ans, l’Occident, sous l’impulsion des grands milieux d’affaires relayés par les théoriciens du monétarisme, s’est engagé dans la voie d’un démantèlement des cadres réglementaires au prétexte qu’ils seraient préjudiciables au fonctionnement efficace du marché. On connaît ce mouvement conduit par Ronald Reagan et Margaret Thatcher sous le nom de dérégulation ou de déréglementation, c’est à dire de l’abandon des prérogatives de l’Etat en matière de supervision du crédit et de l’activité bancaire. Selon ses théoriciens, la déréglementation permettrait une allocation optimale des ressources. Dans les faits, la déréglementation a permis une croissance proprement extraordinaire des marchés financiers. Ceux-ci n’étaient plus limités par aucun encadrement ou alors n’étaient liés que par un encadrement administratif minimal dans les pays développés. La sphère financière a enflé  démesurément et s’est découplée de l’économie réelle dans des proportions inédites. En se dégonflant brutalement, cette méga-bulle spéculative souffle des pans entiers de l’économie réelle et touche directement des millions de gens. Beaucoup ont déjà perdu leur épargne, leurs maisons et, plus gravement, beaucoup d’autres vont perdre leurs emplois.

Question : Est-ce que cela n’est pas dû aussi au fait que toute la puissance et toutes les richesses soient concentrées entre les mains d’un seul pays à savoir les USA ? La crise est bien partie de ce pays…

Réponse : Si l’économie américaine représente le quart de l’économie mondiale, ce pays n’est plus le seul acteur majeur. Il est naturel cependant que ce qui se passe sur le quart décisif de l’économie mondiale affecte le reste de la planète. La consommation des ménages américains est un des principaux moteurs de l’activité économique internationale. La monnaie américaine est la monnaie de facturation de l’essentiel des échanges internationaux. Donc, tout ce qui affecte l’économie américaine, affecte également l’économie mondiale. Il est exact que la crise actuelle est née aux Etats-Unis. Cette crise a une origine structurelle et des origines techniques.

La matrice de la crise réside effectivement dans les déséquilibres croissants de l’économie américaine qui s’expriment notamment dans le double déficit budgétaire et commercial ainsi que par l’endettement des ménages et de l’Etat. Ces déséquilibres très importants, signes précurseurs d’un déclin de l’Empire, sont le résultat direct de la gestion ultralibérale et néoconservatrice de la présidence Bush. Les deux mandats de cette désastreuse présidence ont été marqués par des guerres sanglantes et extrêmement couteuses, l’aggravation des inégalités ainsi qu’une désindustrialisation accélérée dans un contexte mondial également caractérisé par de dangereux déséquilibres. Aujourd’hui, sans trop forcer le trait, il est possible de dire que la Chine produit et l’Amérique consomme, subventionnée par le monde entier. Ce fonctionnement pervers de l’économie américaine, qui a perdu au cours de deux dernières décennies une partie importante de son potentiel de production, est à la base de la crise.

Les origines « techniques » de la crise se situent dans les défauts de paiements des emprunteurs américains qui avaient souscrit des crédits attribués de manière extrêmement laxiste par des sociétés de financement immobilier ou des banques. Ces crédits appelés « subprimes » car leur bénéficiaires, souvent sans revenus réguliers, ne pouvaient accéder au crédit de meilleur taux (prime rate) étaient affectés de marges progressives au dessus d’un taux d’intérêt. La garantie première de ces crédits étant l’hypothèque (Mortgage en langue anglaise) en faveur de l’établissement préteur. Cette explosion du crédit immobilier faisait partie d’une politique délibérée de la part des autorités américaines qui, en facilitant  l’accès d’un grand nombre de citoyens à la propriété, souhaitaient gagner des soutiens à leurs choix stratégiques et économiques.  La Federal Reserve ayant augmenté son taux de base de manière spectaculaire au cours des années 2004 à 2007, les emprunteurs se sont retrouvés dans l’incapacité de rembourser et dans le même temps le retournement du marché immobilier a réduit la valeur des biens hypothéqués. Or ces crédits ont fait l’objet d’opérations dites  « structurées », c’est-à-dire regroupés en « paquets » qui ont été revendus à des banques disposant d’excédents de trésorerie et soucieuses de placements « surs » à forte rémunération. Ce sont ces crédits, connus par les banquiers sous le nom d’ABS ou de MBS (Asset Backed ou Mortgage Backed Securities) qui sont les éléments déclencheurs d’une tourmente qui s’est vite propagée à toutes les opérations structurées – notamment aux CDO, pour Collateralized Debt Obligations, les obligations basées sur des crédits « garantis ». Les défauts de paiement ont induit une sorte de course panurgique à la liquidité combinée à une perte de confiance généralisée des différents acteurs. Le marché financier en devenant brutalement homogène, tout le monde vendant ce qui peut l’être en même temps, a précipité la rupture de ses principaux équilibres dans des pertes de niveaux colossaux.

Soutien des banques et privatisation des états

Question : Cette crise est donc durable…

Réponse : La crise risque en effet de durer car c’est un réajustement très brutal, de vaste ampleur, dont les conséquences sont à la hauteur des dérèglements antérieurs. Les enjeux sont considérables. Il suffit d’évoquer les montants astronomiques qui sont en jeu sur les marchés des produits dérivés. Le seul secteur des CDS (Credit Default Swaps) qui sont des sortes d’assurances croisées entre institutions financières, est évalué à 56 000 milliards de dollars. Une grande partie de ce marché est aujourd’hui composée de créances qui ne seront jamais remboursées, les contreparties ayant disparus. Les CDS constituent une bonne part des fameux actifs pourris, dont se sont gargarisés les commentateurs, qui obèrent les bilans des banques. Comment amortir ce choc ? Les mesures prises par les principaux états occidentaux suffiront elles ? En attendant, ces banques à la recherche de liquidités pour faire face à leurs échéances ont tendance à comprimer sévèrement les financements qu’elles accordent à leurs clientèles traditionnelles. Cette contraction du crédit ne peut être renversée du jour au lendemain et ses effets d’entrainement ressemblent à une réaction en chaine. Les entreprises de production et d’échange sont privées de financement et licencient à tour de bras. Des gens qui furent des consommateurs se retrouvent privés de revenus, incapables de rembourser leurs crédits, immobiliers notamment, et encore moins en position d’acheter des biens, ce qui entraine le ralentissement de l’activité…Les anticipations sont toutes plutôt pessimistes. Elles vont de la forte récession à une sorte d’hiver nucléaire de la stagflation. Les indicateurs sont mauvais. Aux Etats-Unis, nul ne sait à ce jour comment, par exemple, l’industrie automobile, qui concerne directement deux millions d’emplois, pourra être tirée d’affaire et à quel prix.

La correction est rude. Nous sommes, de ce point de vue, au début du processus dont les conséquences risquent d’être effectivement durables ! Aujourd’hui personne n’est en mesure de dire avec précision jusqu’où ira cette correction. En tout état de cause, il est tout à fait certain, compte tenu des volumes  en cause et de l’interdépendance des économies, que cette crise risque de s’étaler sur de nombreux mois.

Question : De nombreux pays volent au secours de leurs banques. Pourquoi cette précipitation ? Est-il nécessaire de sauver toutes les banques, d’où vient tout cet argent qu’ils y injectent ?  Est-ce que cela est suffisant ?

Réponse : Suffisant pour sauver les banques certainement et enrayer la dimension purement financière de la crise, peut-être… N’oublions pas que des milliers de sociétés financières sont impliquées dans cette tourmente et qu’elles détiennent elles aussi des centaines de milliards d’actifs toxiques. Ces myriades d’acteurs souvent très importants risquent d’être désintégrées si les banques cessent brutalement leurs concours. Avec un effet domino à la clé. Il s’agit d’une réponse de premier niveau à la crise, pour la relance de l’économie d’autres mesures sont nécessaires. Il s’agit donc d’une assistance stratégique obligatoire justifiée par le rôle central des banques. Le soutien aux banques se fait par deux canaux principaux : l’intervention des banques centrales et les plans gouvernementaux de renforcement des bilans bancaires. Les banques centrales sont intervenues massivement et de manière coordonnée pour les principales d’entre elles. Des milliers de milliards de dollars ont été injectés sur le marché monétaire, les taux de réescompte ont été revus plusieurs fois à la baisse alors que les plafonds de réescompte ont été fortement relevés,  les conditions d’éligibilité à ce même réescompte très considérablement allégées et les durées de remboursement élargies. Cet effort d’ampleur inédite n’est assorti d’aucune condition, ce qui donne à réfléchir quand on garde en mémoire les conditionnalités des ajustements structurels… Le soutien des banques centrales, qui se compte en centaines de milliards de dollars, provient de leur capacité à créer elles-mêmes l’argent dont on besoin les banques. A charge pour ces dernières de rembourser ces avances.

En revanche, les fonds de sauvetage, de renforcement du capital au rachat des créances compromises, sont ceux des Etats. Dans ce cas, Il faut garder à l’esprit qu’il s’agit d’argent public, de fonds qui appartiennent à l’ensemble de la collectivité concernée. Ces apports considérables, le plan Paulson est de 700 milliards de dollars, les plans européens dépassent largement  mille milliard d’euros, sont extraits de l’endettement public ou à partir de la captation des ressources publiques. Il s’agit concrètement de détournements de ressources fiscales, qui sont affectés au sauvetage de ces banques.

Dans le climat actuel de perte de confiance généralisée, les seuls emprunteurs auxquels les investisseurs font confiance sont les Etats. Les Etats disposent en effet du pouvoir d’accroitre les prélèvements sur les citoyens et de les contraindre à réduire les dépenses budgétaires et sociales. Cet argent va servir au sauvetage des banques. C’est une opération vitale, car si le système bancaire se grippe, s’arrête complètement comme cela a été le cas au début, à partir du 12 septembre de cette année en Europe et aux Etats-Unis, cela affecte jusqu’au coma l’ensemble de l’économie. Les banques ne sont pas des entreprises comme les autres, elles jouent un rôle charnière. Toute l’activité économique du marché fonctionne sur le privilège des banques à créer de la monnaie à partir de l’endettement et quand le crédit s’assèche, l’économie est menacée d’asphyxie.

Le marché incapable de s’autoréguler

Question : Ce recours à l’intervention des Etats est il illimité ? Ceux qui portent la responsabilité de la crise ne devraient ils pas en payer les conséquences?

Réponse : Le recours à l’endettement public n’est pas infini et la banqueroute d’Etats n’est pas une simple hypothèse, celle de l’Islande en est un exemple concret. Au delà, tout un chacun peut observer aujourd’hui, que le libéralisme à montré ses limites, que le marché livré à lui-même est incapable de s’autoréguler. La fameuse main invisible tant louée et célébrée par les chantres de l’économie de marché a fait visiblement long feu. A moins que cette main invisible ne soit celle de ceux qui ont bâti des fortunes sur le compte de la société toute entière. Les évangélistes du marché et les intellectuels organiques de l’ultralibéralisme, essaient de moraliser le débat en désignant les excès de certains bénéficiaires du système comme les responsables de cet état de chose. On nous parle de parachutes dorés, de bonus de niveau himalayen comme si ces « dépassements » étaient responsables de tout, expliquaient tout… On voit sans trop d’effort qu’il s’agit là de bien commodes boucs-émissaires destinés à calmer – à fourvoyer ? –  une opinion déboussolée.  Si la responsabilité des individus dans des options aventureuses est engagée, elle ne suffit pas à expliquer le niveau d’égarement généralisé. Les bonus des traders contribuent à entretenir le système, ils ne l’ont pas créé. Il ne s’agit pas de confondre les effets avec la cause. Car ce qui est en cause c’est bel et bien un système, une organisation du monde entièrement tournée vers l’enrichissement des plus riches sans aucune autre considération. En dérégulant à tout va, les dirigeants politiques occidentaux ont permis la mise en place d’un système financier global, plus ou moins inspiré du schéma de Ponzi, du nom de ce célèbre escroc des années vingt qui remboursait avec d’énormes intérêts ceux qui lui avaient prêté de l’argent en empruntant des sommes plus importantes dans une spirale folle. La différence est que cet escroc a fini par être démasqué car il a fini par ne plus rembourser personne alors que les bulles spéculatives qui fonctionnent sur le même principe de fuite en avant peuvent compter sur les Etats et les banques centrales pour éponger leurs déficits. On a pu vérifier ainsi que l’indépendance des banques centrales vis-à-vis des Etats défendue becs et ongles au nom de l’observance rigide du dogme n’est pas de mise s’agissant du capital financier privé. Les banques centrales occidentales ont accepté de faire sauter tous les verrous du refinancement sur le marché monétaire et du réescompte pour sauver les banques. Il est intéressant de mettre ce soutien inconditionnel à coup de milliers de milliards de dollars des banques centrales à des entités privés en perspective avec les conditionnalités meurtrières du FMI lorsqu’il s’agit d’assister des pays en crise des paiements…

L’intervention massive des Etats occidentaux et des banques centrales aujourd’hui montre bien que le marché livré à lui-même est incapable de s’autoréguler et qu’il aboutit régulièrement et avec une intensité croissante à des situations de crises dévastatrices. La justification de ce soutien, qui ressemble à un  chantage pur et simple, tient au fait que la chute des banques entrainera celle de l’économie. L’intervention des Etats n’est  une socialisation ou d’une nationalisation des banques, c’est  au contraire une illustration pratique  de la privatisation des Etats par ces systèmes bancaires. Ces Etats riches qui, au nom d’arguments  économiques présentés comme indiscutables se disent incapables d’assurer la couverture sociale de leurs populations les plus fragiles, ont dégagé avec une célérité remarquable et sans contrepartie des montants colossaux  pour venir au secours des  systèmes  financiers qui ont failli provoquer l’effondrement de toute l’activité. Les porte-paroles institutionnels des oligarchies, l’OCDE en est un exemple récent, s’insurgent contre toute idée de reconfiguration d’une organisation dont les bénéfices ont été captés par une minorité et la faillite est assumée par tous. L’indifférence manifeste face aux souffrances de centaines de millions de personnes est naturellement mise en regard avec cette démonstration de la main mise de ces groupes financiers sur l’Etat. C’est bien à une manifestation de la privatisation consommée  de l’Etat à laquelle nous sommes en train d’assister.

Question : Donc, nous assistons à l’échec du capitalisme et à l’effondrement du marché comme centre suprême de la régulation…

Réponse : Les expériences du vingtième siècle ont montré qu’il n’y avait pas d’alternative à des marchés qui fonctionnent sans entraves mais il faut immédiatement ajouter que toute économie repose sur des choix politiques. Le marché pour être efficace doit-il être totalement désencadré ?  La réponse est à présent limpide. Le phénomène auquel nous assistons est bien l’échec du capitalisme dans sa version déréglementée ultralibérale. C’est la traduction de l’échec d’une conception quasi-théologique du marché, idéalisé sous sa forme la plus dogmatique en termes de consommation rationnelle de ressources et de leur allocation la plus efficace. Il faut dire que la réglementation subordonnée à la volonté des oligarchies aujourd’hui est le fait des Etats, plus rarement au niveau supranational, alors que le marché lui-même est mondialisé. Grâce aux progrès technologiques qui permettent l’instantanéité des transactions, à l’unification idéologique, à l’effondrement du système communiste bureaucratique, le marché a multiplié et approfondi ses interdépendances globales, s’est mondialisé à une vitesse infiniment plus grande que toutes les autres structures sociales, politiques de l’humanité. Donc aujourd’hui la contagion d’une crise comme celle des « subprimes » n’a plus de frontières, n’a plus de limites, elle va dans toutes les directions et elle concerne des établissements financiers  à travers toute la planète. A ce stade, la nécessité d’une coordination internationale en matière de supervision des flux et de contrôle des banques s’impose d’elle-même. La globalité du problème induit les prémisses d’un minimum de gouvernance économique mondiale délégitimant ainsi les thèses néolibérales sur la nécessité de la réduction du rôle de l’état. Par une de ces ironies fréquentes de l’histoire, le capitalisme sera encore une fois sauvé par le recours à l’interventionnisme des Etats.

De la crise financière à la crise économique

Question : Quelles sont les incidences de l’implosion de la sphère financière ?

Réponse : Le premier impact est la contraction du crédit. On l’a vu aux Etats-Unis, le tarissement du crédit combiné à la chute du marché de l’immobilier et les défauts de paiement des emprunteurs qui sont le moteur de l’économie mondiale, entraîne mécaniquement une baisse généralisée du pouvoir d’achat, de la demande et donc nécessairement un ajustement de la production, de l’emploi et des revenus qui en dépendent. Nous en sommes aux prémisses. La récession traduit déjà la propagation de la crise à l’économie réelle sans qu’il soit possible encore d’en évaluer précisément l’intensité. C’est clairement perceptible dans l’immobilier ou dans l’industrie. L’industrie automobile aux Etats-Unis est au bord du gouffre et le phénomène s’étend au reste du monde, le constructeur automobile Volvo annonce une chute de ses ventes de camions de près de 90%…

Pour avoir une idée du poids de l’économie financière, il faut bien essayer de retrouver des ordres de grandeur. Le PIB mondial de 2006-2007 était de 44  000 milliards de dollars. Ce PIB agrégé ne représente que 2,5% du volume des transactions financières mondiales durant la même période. C’est dire combien la  disjonction est abyssale entre la réalité des échanges économiques, la réalité de la production économique, la réalité de la création de richesses et cette espèce de bulle financière titanesque dont l’évaluation requiert d’unités de mesure qui pourraient être empruntées à l’astrophysique. La déréglementation a permis la généralisation d’opérations extrêmement rémunératrices à très court terme grâce notamment à ce que les spécialistes appellent l’effet de levier. Ce leverage effect a permis à de nombreux spéculateurs de prendre des positions de très loin supérieures à leurs capacités grâce à un accès très facile au crédit. Comme je l’ai déjà évoqué, le recours à la titrisation de crédits, c’est-à-dire leur transformation en actifs négociables sur les marchés, a très grandement facilité la multiplication et la circulation de produits financiers hautement spéculatifs. Il faut noter au passage que ces techniques ont été paradoxalement stimulées par les normes prudentielles connues successivement sous le nom de ratio Cooke et Bale II. Dans ces schémas, les créances matérialisées ne sont pas comptabilisées comme des crédits de trésorerie et ne font pas l’objet de provisionnements. Donc les banques ont été amenées à recourir massivement à la titrisation pour éviter des provisionnements préjudiciables à leur profitabilité.

La déréglementation financière a permis à l’ingénierie financière fondée sur l’effet de levier et la titrisation d’offrir des retours sur investissement de niveaux stratosphériques à très court terme. Ce faisant, la sphère financière fonctionne sur elle-même dans une logique propre, autocentrée – découplée de l’économie réelle -en se fondant sur des modèles probabilistes qui ont pour effet de diminuer le risque réel. La recherche des hauts rendements (High yields) a été l’obsession des opérateurs financiers depuis la déréglementation impulsée à la fin des années soixante-dix et début des années quatre-vingt par Ronald Reagan et Margaret Thatcher. Cette déréglementation a suscité la naissance et la multiplication de non-banques, c’est-à-dire d’établissements financiers qui n’ont pas de statuts de banques, qui ne sont pas donc soumises aux mêmes contrôles internes et externes que les banques mais qui exerçaient concrètement le même rôle que ces dernières : elles collectaient des ressources et accordaient des crédits selon des normes de rentabilité et des niveaux de rendement croissants. La norme de rentabilité imposée à ces acteurs, et qui s’est propagée rapidement aux banques traditionnelles, par les Hedge Funds, les fonds mutuels, les fonds communs de placements était de l’ordre d’un retour sur investissement de 15 à 20%, alors même que l’économie mondiale croit annuellement en moyenne de 2%…Les agences de notation, juges et parties du système, dont le rôle est d’évaluer la qualité des contreparties, ont nourri le phénomène en sous-évaluant les risques. Dans un contexte d’argent facile, on comprend donc le délire spéculatif hors de toute norme qui s’est emparé des marchés.

La crise à travers le monde

Question : Certains affirment que les pays asiatiques sont moins touchés par cette crise ?

Réponse : Les pays asiatiques sont aussi touchés que les autres, ils le sont de deux façons. Le Japon qui est la deuxième économie mondiale, est directement impacté par la crise puisque le marché américain représente le principal débouché de ses exportations. Et du fait de l’incertitude qui plane sur le dollar, le yen est devenu monnaie de réserve  d’un certain nombre d’opérateurs économiques régionaux. Et,  compte-tenu des fondamentaux japonais, le Yen est devenu une monnaie de spéculation intense, ainsi qu’on a pu le voir à travers le mécanisme du Yen Carry Trade qui n’est rien d’autre qu’une véritable martingale pour arbitragistes fortunés. Dernièrement le yen s’est fortement apprécié par rapport au dollar, pénalisant en cela les exportations japonaises en aggravant les effets de la contraction du marché américain. Les exportateurs japonais savent qu’ils vendront beaucoup moins aux Etats-Unis.

Pour une économie développée mais moins puissante comme la Corée du sud, un pays qui a connu une dynamique soutenue ces dernières années et  qui s’est fortement industrialisé, le problème est le même. Mais avec des structures plus fragiles que celles du Japon. La Corée du sud qui était un pays créancier net, c’est-à-dire qui disposait d’excédents en compte courant, est devenu depuis quelques mois débiteur, c’est-à-dire qu’il emprunte dans un marché de plus en plus fermé. Cela intervient à un moment ou de nombreux investisseurs quittent un pays qu’ils estiment potentiellement instable et risqué pour leurs placements ou alors parce qu’ils sont contraints de liquider des positions pour faire face à leurs propres échéances. 

La Chine, par la taille de son marché, de l’énorme montant des réserves de changes qu’elle a constitué, de l’ordre de 1900 milliards de dollars, est un cas particulier. Ce pays a amorti avec plus de succès l’impact de la crise financière, du fait d’une politique de réglementation de l’activité bancaire qui lui a permis d’éviter l’entrée sur son marché de capitaux volatils. Ces  fonds ne sont pas arrivés sur le marché chinois et ne l’ont donc pas quitté. Les banques chinoises n’étaient pas autorisées à entrer dans des marchés hautement spéculatifs comme celui des dérivés de crédits titrisés, qui, on l’a vu, sont en grande partie à l’origine de la crise actuelle. De plus, comme le montre le plan de relance de 500 milliards de dollars sur deux ans récemment annoncé, ce pays dispose d’une immense réserve de potentiel, une base productive immense –contrairement aux Etats-Unis – et il est mesure de réduire sa dépendance aux exportations. L’un des aspects positifs de la crise est qu’elle incite un certain nombre de pays à revoir leurs priorités de développement et à réorienter vers le marché interne des ressources et des moyens jusqu’ici mobilisés vers l’exportation.

Question : Compte-tenu de la dimension de cette crise, de quelles manières sera touché le tiers-monde ?

Réponse : Lao Tseu disait « Quand les gros maigrissent les maigres meurent ». Le sage a raison. Et ceci concerne même les Etats-Unis ou une partie importante de la population, près de quarante millions d’individus, vivent dans des conditions de très grande précarité. Les conséquences de la crise sur les pays moins avancés sont de diverses natures. Le premier effet de la crise c’est bien évidement la fuite des capitaux. Tous les capitaux qui s’étaient plus au moins placés dans ces pays là reviennent vers leurs territoires d’origines. Ceci ne concerne pas seulement les pays en développement, mais également les pays émergents comme l’Ukraine, la Hongrie, la Biélorussie, le Viêt-Nam et bien d’autres nations où les capitaux fuient pour rejoindre la sécurité relative des places financières principales : les Etats-Unis, le Japon et l’Europe. On voit bien là un premier effet dévastateur, extrêmement déséquilibrant de la mobilité de ces capitaux.

Le deuxième effet pour les pays plus retardés économiquement, c’est bien la baisse des prix des matières premières dont souvent ces pays tirent exclusivement leurs revenus. L’on assiste à une baisse importante des cours de ces produits sur tous les marchés boursiers et cette tendance est confirmée par la réduction très nette de la demande d’affrètements de navires destinée à transporter les matières premières. L’indice de référence pour ce secteur du transport maritime, le Baltic Dry index, a chuté de plus de 90%…

Le troisième effet, c’est la contraction de l’aide au développement. On n’en parle pas beaucoup mais tous les budgets d’aide sont sévèrement sabrés.

Donc tous ces pays là vont connaître, d’une manière ou d’une autre, les effets de cette crise financière qui a muté pour devenir une crise économique de première grandeur.

Tous ne sont pas logés bien sur à la même enseigne. Les pays arabes pétroliers du Golfe, peu peuplés et disposant de très importantes réserves, peuvent traverser sans de trop grands dommages la zone de turbulences qui s’annonce. Les investisseurs privés et les banques cependant enregistrent déjà des pertes très substantielles du fait de la dévalorisation de nombre de leurs actifs, notamment de leurs participations dans des entreprises internationales qui accumulent les mauvais résultats. Les bourses de la région sont un baromètre fiable pour évaluer les évolutions adverses qui affectent ces investisseurs. On a assisté à la fermeture de la bourse de Koweït suite à une décision de justice du fait des pertes très importantes assumées par des opérateurs qui déplorent la passivité de leurs autorités financières. Les états pétroliers sont dans une situation relativement confortable, ce qui n’est pas le cas des pays arabes peuplés. Le ralentissement économique des pays pétroliers du Golfe aura des répercussions sur les voisins peuplés beaucoup moins riches, ne serait ce que par le tassement des transferts des immigrés ou le possible renvoi dans leurs pays d’origine de millions de travailleurs qui servent de variable d’ajustement.

L’Afrique, continent fragile entre tous et qui subit sans grande marge de manœuvre,  pourrait bien encaisser de plein fouet les effets du ralentissement économique mondial. Là ou dans le monde développé les individus seront confrontés au chômage et à la précarité, sur notre continent ils risquent de connaître les affres de la faim et des problèmes de survie. C’est la situation du plus pauvre et du plus mal gouverné. Le drame renouvelé est que le continent ne peut rien attendre de l’égoïsme et de la cupidité des autres.

La crise et l’Algérie

Question : Suivant votre analyse l’Algérie est également touchée par cette crise. Quelles en sont les conséquences à long terme ?

Réponse : Comme le monde entier, l’Algérie est également concernée, même si l’économie du pays faiblement dynamique n’est entrée dans la mondialisation qu’en tant que comptoir néocolonial, que marché de déversement dont la solvabilité n’est assurée que par la rente pétrolière. On entend souvent une explication qui est à la fois pathétique et révélatrice de la perte de sens qui caractérise l’Algérie officielle. Ainsi, notre sous-développement bancaire et financier nous aurait protégé des aléas de la crise financière. C’est une argumentation misérabiliste qui permet d’esquiver l’examen sérieux des implications pour le pays des événements en cours et des mesures de préservation qui devraient s’imposer. Le seul fait que le pétrole, unique ressource de revenus à l’exportation connaisse un effet adverse sur son prix montre bien que le pays est touché par la crise. Certes, les réserves déposées dans les banques centrales et sous forme de bons du Trésor américain peuvent permettre de faire face aux importations pendant une assez longue durée, plus de deux ans. Mais si le capital des placements ne risque pas de disparaître, l’on sait que par le jeu des taux d’intérêts et la fluctuation monétaire, qu’il est très probable que leur valeur sera affectée De plus, l’Algérie est un pays sensible à l’inflation importée. Il s’agit de voir maintenant comment vont évoluer les prix des principaux produits que l’Algérie importe pour sa consommation. On voit bien que l’enveloppe d’importation algérienne grandit d’année en année d’une manière très importante. L’économie algérienne est tributaire de prix mondiaux sur lesquels elle n’a pas de prise et qu’elle ne peut même pas amortir. Donc prétendre que l’Algérie est à l’abri de la crise, c’est de deux choses l’une (à moins que ce ne soit les deux) : un pur mensonge où l’expression d’une incompétence saisissante.

Question : La voix de l’Algérie n’est plus audible dans le concert des nations. Il a été rapporté ces derniers jours que l’Algérie risquait d’être exclue des cadres de négociation stratégiques multilatéraux. Qu’en pensez-vous ?

Réponse : Je suis surpris par cette question. La voix, l’influence d’un pays se mesure à son poids économique, à la qualité de sa politique intérieure, à ses normes de droit, au degré de respect des libertés et à sa créativité. Ces éléments, et d’autres, construisent le standing politique et moral d’un pays au plan international. Aussi pour pouvoir prétendre à une influence, il faut au moins exciper d’un bilan faute de se prévaloir d’un standing minimal. Or, et nous sommes très nombreux à le déplorer, il n’y a chez nous, ni bilan, ni programme, ni standing. L’expertise nationale nombreuse et de qualité ne peut éclore et s’affirmer dans un environnement politique profondément corrompu et dégradé. L’incroyable médiocrité dirigeante n’a que faire des compétences, elle a les fusils….Ce n’est pas exagérer de dire que l’image universelle du pays est tristement conforme à la stérile réalité du régime. Sur cette seule base, prétendre à une quelconque influence est assez déplacé. Donc il ne s’agit que de considérations sans grande substance. Certes, on a bien vu l’Algérie invitée, avec d’autres pays africains, à des sommets du G8. L’impression était assez curieuse d’ailleurs. Mais tous l’avaient compris d’emblée, la participation à vocation décorative de ce mutique deuxième collège de dirigeants sans poids relevait plutôt d’une stratégie de communication destinée à atténuer l’image de club de riches que donne le G8.

Pour finir sur ce thème, on a pu vérifier à Washington la semaine dernière, lors du sommet du G20, quelle était la place réelle de notre pays sur l’échiquier mondial. L’Algérie n’était tout simplement pas conviée à cette réunion ou des discussions importantes ont lieu entre partenaires disposant d’autres arguments qu’un bilan désastreux sous tous les aspects.

L’échec du G20

Question : Comment qualifierez-vous la conférence du G20 qui vient de s’achever à Washington et comment évaluez vous ses résultats ?

Réponse : Le sommet du G20 n’est pas une réussite éblouissante, c’est le moins que l’on puisse dire. Mais ce n’est pas une surprise car les conditions d’une impasse étaient réunies. Ce qui en ressort clairement est la volonté ultralibérale dominante d’éviter la nécessaire reconfiguration du système financier. La liste des recettes du désastre est réitérée comme si rien ne s’était passé… On en est encore à affirmer la qualité de la dérégulation aveugle, de l’ouverture sans freins, de la réduction des budgets sociaux. Moyennant quelques aménagements, les pays qui dominent  le G20 souhaitent faire admettre que le pouvoir de décision doit continuer à être concentré entre les mains de ceux qui ont conduit l’économie mondiale dans cette situation.  L’autosatisfaction qui a caractérisé les discours de certains américains et européens qui partagent la responsabilité de la catastrophe actuelle et à venir est tout de même un peu suffocante.

Pour le moment, on a le sentiment que les pays du G7 tentent d’entrainer dans leur sillage les pays émergents et leur faire supporter une part maximale du fardeau de la crise en contrepartie de quelques strapontins dans la supervision des affaires mondiales. En soi, ce n’est pas négligeable. A condition de ne pas se leurrer et de négocier en conséquence, ce pourrait-être le début d’un certain rééquilibrage.

Au delà des amabilités, il faudra attendre des mesures concrètes pour voir si les maîtres de ce monde désarticulé sont disposés à reconsidérer leurs stratégies, s’ils sont près à « décoloniser dans leurs têtes » selon la formule d’un éminent expert algérien. Nous voyons bien qu’il s’agit toujours du même questionnement. Les pays dominés redeviennent la proie du surendettement du fait de la nouvelle chute des cours des matières premières ; ils sont de nouveau menacés par la hausse des taux d’intérêt. Que va-t-on leur inventer cette fois pour pouvoir servir les créanciers ?

Question : En conclusion, quelles seraient les perspectives économiques mondiales selon vous?

Réponse : C’est une question difficile qui intéresserait au premier chef les prospectivistes. Ce qui est avéré est que cette crise va causer d’énormes dégâts sociaux et humains. L’histoire nous enseigne également que les crises majeures du capitalisme débouchent souvent sur des conflits armés ; il faut espérer que les hommes ont retenu les leçons du passé et qu’une telle hypothèse ne se transforme pas en réalité. Cette crise a montré toutes les limites des thèses de l’ultralibéralisme, elle intervient à un moment clé de l’histoire ou l’humanité est confrontée à des défis immenses qui mettent en question son existence même. L’organisation économique fondée sur l’exploitation intensive du sous-sol et un modèle de consommation injuste et extraordinairement destructeur n’est plus soutenable. La réduction accélérée de la biodiversité et la raréfaction des ressources, voire l’épuisement à moyen terme d’une partie d’entre elles, intervient dans un contexte de modification du climat aux conséquences catastrophiques. Ainsi, pour illustrer mon propos, on sait qu’aujourd’hui, qu’un milliard d’êtres humains, le sixième de la population mondiale, vit ce que les spécialistes appellent un stress hydrique, c’est-à-dire une pénurie d’eau d’intensité souvent extrême. Face à cette réalité, les multinationales relayées par la Banque Mondiale tentent d’imposer la privatisation de l’eau. Cette privatisation qui fait gagner des milliards de dollars à des actionnaires aveugles et sourds à la souffrance des hommes a pour conséquence l’aggravation des pénuries et prive d’accès à l’eau les populations les plus démunies. La situation est déjà très préoccupante. Qu’en sera-t-il dans vingt ans quand la population mondiale atteindra huit milliards d’individus pour culminer à neuf milliards en 2050? Que risque t-il de se passer dans la même période quand la population de l’Afrique, estimée en 2005 à 900 millions d’habitants, aura doublé ou triplé pour atteindre un milliard et demi ou deux milliards d’individus ? Comment faire accepter à la majorité des hommes et des femmes de la planète qu’ils devront vivre des conditions infrahumaines pour permettre à une minorité de plus en plus réduite de surconsommer dans un gaspillage éhonté ?

Cette crise à mis à nu les mécanismes aberrants de l’exploitation et du pillage au détriment de la majorité condamnée à la pauvreté et à la déshérence. Les responsables de cet état de choses figés dans la cupidité et l’égoïsme ne souhaitent évidemment aucune évolution susceptible de remettre en cause leur mainmise sur la planète. Au nom de ses intérêts, la minorité de nantis qui gouverne le monde le conduit au désastre par le viol des consciences ou la violence pure ; elle craint par-dessus tout la montée des contestations et les revendications d’un ordre plus juste et plus responsable. Il ne faut pas se bercer d’illusions : les tenants de l’ordre actuel ne se laisseront pas facilement dépouiller de leurs privilèges exorbitants. C’est la raison pour laquelle nous entrons dans une diagonale dangereuse où les éventualités les plus pessimistes doivent être froidement considérées. La crise joue un effet de révélateur. Malgré les subterfuges et les faux-fuyants de la propagande de masse, malgré les faux ennemis qui lui sont offerts à longueur de plateaux télévisés, l’opinion mondiale est de plus en plus consciente de la réalité des enjeux. Il faut espérer, en toute lucidité, que l’éveil de cette conscience se poursuive et se traduise par une inversion du rapport de force qui seul permettra les changements indispensables. La crise aura alors servi à quelque chose…

Omar Benderra
19 novembre 2008

Entretien du Maghrebin.com avec Omar Benderra, consultant bancaire, ancien président de banque publique en Algérie.
Source : http://www.lemaghrebin.com/brnderra/index.html

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