Vingt ans ans déjà.

Cela fera 20 ans, dans quelques jours, que les jeunes algériens de tout le pays se sont soulevés, dans un élan mémorable.

On a dit beaucoup de choses sur les dessous de cette explosion de colère. Nous savons qu’à l’origine, c’étaient les barons du régime eux-mêmes, effrayés par les ouvertures démocratiques initiées par le président Chadli, qui ont voulu lui faire peur en poussant les jeunes dans la rue. Dans des émeutes qu’ils croyaient pouvoir contrôler à leur guise.

Mais, tel un typhon en furie, la colère des jeunes algériens ne connut plus de limites. Elle déborda le régime, sa police, son UGTA, son FLN et tous ses zeffefines.

Les premiers à avoir été attaqués et dévastés, étaient les sièges du FLN, ce parti honni par toute la population, cette association de privilégiés et de profiteurs qui fliquait la population, et dont les barons se pavanaient comme des dindons au sein d’une société qui manquait de tout.

A partir du troisième jour de révolte, le régime commença à vaciller. Des rumeurs sur une prochaine révolte des militaires de base, contre leurs officiers, commencèrent à se répandre. Ce fut la panique au sein du régime.

Les apparatchiks,si arrogants et tellement méprisants, se terraient comme des rats. Les avions d’Air Algérie étaient réquisitionnés pour évacuer leurs familles vers leurs résidences en Europe et en Amérique du Sud. Jusqu’au jour fatidique où Chadli fut persuadé par son entourage, et surtout par Larbi Belkheir de donner la troupe contre le peuple. Ce fut le carnage. A la mitrailleuse lourde.

Des centaines de jeunes furent fauchés à la fleur de l’age.

Un cacique pure laine, qu’il n’est pas utile de nommer, qui a voulu minimiser la portée de la révolte d’octobre et tromper l’opinion internationale sur ce qui s’était vraiment passé en ces jours terribles, a déclaré à la presse occidentale que ces événements n’étaient qu’un ”chahut de gamins” sans conséquences. Cette phrase est tellement significative de l’état d’esprit de ceux qui nous dirigent, de leur souci de tromper l’opinion internationale sur leur vraie nature, et sur la misère profonde d’un peuple meurtri.

Dire de façon si débonnaire d’une révolte qui a embrassé tout le pays, qui a occasionné des milliards de dollars de dégâts, des centaines de morts et des milliers d’estropiés, que ce n’était là qu’un chahut de gamins, montre bien de quoi sont capables ces maitres du mensonge et de la dissimulation, pour cacher au reste du monde la souffrance indicible d’un peuple qui geint sous leur férule.

Aujourd’hui, 20 ans plus tard, après cette tragédie sanglante, après cette phrase assassine du ”chahut du gamin” qui est rentrée dans notre histoire, rien n’a changé, sinon en pire.

Cet anniversaire du 5 octobre 1998 mérite que le peuple algérien le commémore de façon éclatante. De façon a en faire un événement planétaire. Nous devons marquer cet anniversaire entre nous, en famille, entre algériens, sans le régime et contre lui.

Parce que le régime et nous, ne sommes pas de la même famille.

L’heure est venue de montrer au monde entier, et plus particulièrement au régime honni, au régime criminel, au régime voleur, que le peuple algérien est capable de prendre sa destinée en main.

L’apparatchik a dit du 5 octobre 88 que c’était un chahut de gamin?

Alors, nous allons leur faire un chahut de gamins!

Un chahut qui leur donnera des cauchemars.

Voila ce que je propose a nos compatriotes:

Le 5 octobre sera une journée de chahut national.

Nous ne nous livrerons à aucune violence, a aucune destruction.

Bien au contraire, nous serons très calmes ce jour là.

Mais dès la veille du 5 octobre, a partir de minuit, nous allons commencer à faire du bruit.

Nous taperons dans des casseroles, dans des pilons, dans tout ce qui résonne, dans tout ce qui fait du vacarme, du tintamarre, dans tout ce qui va porter l’épouvante dans leurs cœurs.

Nous crierons de toute nos forces; ”Tahia El Djazair”, ” Chouhadas Bab El Oued”. Nous crierons notre colère, nos espérances, notre révolte.

Nos femmes, nos filles, nos sœurs pousseront des youyous qui feront vibrer le ciel d’Algérie.

Ceux qui possèdent des voitures donneront des coups de klaxon.

Nos camions, nos trains, nos bateaux feront mugir leurs cornes de brume.

Nous donnerons des sifflets à nos enfants pour qu’ils s’en donnent a cœur joie.

Nous serons tous de la fête.

Cette nuit et toute la journée du 05 octobre, nous devons faire un chahut qui rentrera dans l’histoire de l’humanité.

Notre colère de leur oppression sera, avec notre joie de nous retrouver dans un même cri, le rugissement de tout un peuple, qui glacera d’effroi ces monstres qui nous oppriment et qui nous tuent.

Nous leur montrerons que le jour finit toujours par se lever. Que l’aurore est à portée d’espoir.

Ce sera un pied de nez à celui qui a osé qualifier cet événement tragique avec autant de désinvolture, et ce sera le signal que le peuple algérien est capable de se mobiliser et de communier dans un même élan, pour se retrouver et regarder dans une même direction.

Et peut-être sera-ce là, le signal de l’éveil. La fin de la nuit noire.

Je fais cette proposition à mes frères et a mes sœurs, comme comme on jette une bouteille a la mer.

Vous qui me lisez, si vous êtes convaincus que cela mérite d’être vécu et entrepris, répandez le mot d’ordre autour de vous, comme faisaient les Algériens du temps de la colonisation, pour se donner rendez-vous à leurs manifestations contre l’occupant. Aujourd’hui aussi, il est question de combattre un occupant infâme. Encore pire que le colon.

Que chaque algérien et chaque algérienne, où qu’ils se trouvent, et quelles que soient leurs convictions politiques, fassent en sorte de passer le relai.

Le 5 octobre 2008, nous devons leur faire un chahut de gamin qui s’entendra de l’autre côté de la Méditeranée.

Chiche.

Djamaledine Benchenouf
7 septembre 2008

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