Ce n’est pas l’armée des frontières qui a pris le pouvoir politique, en évinçant, d’une manière ou d’une autre, tous les chefs politiques de la révolution ou en les achetant. Elle n’a pas usé de moyens violents et illégitimes pour verrouiller le système en sa faveur, par des pratiques violentes et illégitimes. Elle n’a pas sommé l’ALN de l’intérieur, dès la proclamation de l’indépendance, de ne pas descendre des maquis, pour avoir le temps de prendre le contrôle d’Alger et de toutes les grandes villes d’Algérie. L’armée des frontières n’a pas assassiné un millier de vrais moudjahidines qui se sont opposés à son avancée. Il n’y a pas eu de guerre des wilayas. Il n’y a pas eu de promotion Lacoste. Boumediène n’a pas promis de “mettre une pierre dans la bouche” à quiconque évoquerait la présence des officiers déserteurs de l’armée française dans les états majors de l’armée algérienne. Ces ex-sous officiers de l’armée coloniale, dont certains n’ont pas activé dans la D.O.P( La Main Rouge), n’ont pas rejoint l’ALN de Ghardimaou et d’Oujda à la 25ème heure, mais bien avant le 01 novembre 1954. Ils n’ont pas noyauté l’ANP naissante. Abane Ramdane a été tué par l’armée française, comme l’a précisé El Moudhahid. Le FFS n’a jamais existé, puisque son leader politique invoque, avec récurrence, le complot des militaires afin de masquer sa résignation à l’ordre établi. L’insurrection du FFS, en 1963, était en fait une colonie de vacances pour requinquer les vieux maquisards. Hocine Aït Ahmed et Mohamed Boudiaf n’ont pas crée de partis d’opposition, puisqu’ils cherchaient des prétextes commodes pour aller à la pèche. Ils n’ont pas été arrêtés sur ordre des putschistes, puisqu’il n’y avait pas de putschistes, et par conséquent, n’ont pu être condamnés. Ni, par ailleurs Benyoucef Benkhedda, Ferhat Abbas, ni tous ces nombreux politiciens qui fantasmaient sur le rôle de l’institution militaire et des services de renseignement et qui refusaient obstinément d’investir le champ politique et d’occuper le terrain social en vue de canaliser l’énergie exceptionnelle qui agite la société dans ses entrailles afin de l’orienter vers l’objectif d’une transformation pacifique du système.

Mohamed Chabani, Krim Belkacem; Mohamed Khidher, Ali Mecili se sont toujours distingués par leur obstination de ne pas investir le champ politique. Ils ne voulaient pas faire de politique. Ils étaient trop occupés à trouver des prétextes commodes et sont tous morts de vieillesse. Il n’y a pas eu de coup d’état militaire contre Ahmed Ben Bella. Il a juste sursauté. Et il a joui, dans la quiétude des jours, d’une liberté totale pour faire de la politique, sauf que lui aussi a succombé au syndrome du prétexte commode.

La SM était une institution civile qui s’était spécialisée dans les Sports et la Musique. D’où ses initiales. Elle s’était spécialisée dans la natation, au large d’Alger, et apprenait aux politiciens qui ne cherchaient pas des prétextes commodes, comment nager en eau profonde avec des pieds dans le béton. Après un tel entraînement, les stagiaires n’avaient plus l’envie malsaine d’ occuper le terrain social en vue de canaliser l’énergie exceptionnelle qui agite la société dans ses entrailles afin de l’orienter vers l’objectif d’une transformation pacifique du système.

Mufdi Zakaria, le parolier de l’hymne national, et Messali El Hadj, le créateur de l’emblème national, ne sont pas morts en exil. Ils faisaient du tourisme politique et de la spéléologie. Ils collectionnaient les prétextes commodes qu’ils allaient chercher dans les grottes.

A la mort de Boumediène, un civil pur laine, Chadli n’est devenu le chef de l’état que parce qu’il était le plus ancien des chefs de gare. Le FLN était resté un parti unique, non parce qu’il était imposé par la force, quelle plaisanterie, mais parce que tous les Algériens avaient attrapé le prétexte commode. C’était une épidémie.

Le chahut de gamins d’octobre 88 a été une heureuse occasion de pique-niquer pour tous les enfants de la grande bourgeoisie algérienne. Malheureusement, l’enthousiasme de cette joyeuse compagnie a été gâché par quelques bavures sans grande conséquence. Des enfants dissipés se sont jetés sur les balles d’une mitrailleuse lourde, lors de l’entrainement de la troupe à l’intérieur d’une caserne. Fort heureusement, aucune perte sérieuse n’a été déplorée.

A aucun moment l’armée n’est intervenue dans la crise politique créée par le FIS. Les sit-in de ce parti n’ont pas été dispersés par l’armée, mais par les assistantes sociales de Biskra et de Skikda qui ont menacé les manifestants de leur couper le RMI s’ils ne se débandaient pas.

Le FIS n’a pas remporté les élections législatives de 1991. Il les a gagnées au loto du prétexte commode. Et ce sont les scouts qui ont interrompu la loterie, parce que les bons numéros étaient en double. Mais le FIS, mauvais joueur, gâcha la partie.

Le président Chadli a décidé de s’en aller de son propre gré, avant la fin de son mandat. Les militaires, malgré leur répugnance à se mêler de politique, se sont fait violence et l’ont supplié de finir son mandat, mais en vain. Il a menacé de les casser de leurs grades, s’ils le retenaient malgré lui. A aucun moment, ils ne lui ont interdit de quitter le pays, ni de faire une quelconque déclaration politique, parce que ce sont des généraux soucieux de la légalité et des valeurs de la république.

Le HCE était composé, paritairement, de membres élus parmi les associations de chasse et celles de pèche en eau douce. C’est le peuple qui, d’une seule voix, a fait revenir le Président Boudiaf de son congé de détente et qui l’a imposé aux généraux récalcitrants qui ne voulaient pas se mêler de politique. Mohamed Boudiaf a tellement été protégé par ces militaires dévoués, qu’il est encore parmi nous.

L’armée algérienne, soucieuse de préserver sa neutralité pour la chose politique, et qui s’interdit toute prise de parole dans le débat, c’est pour ça qu’on l’appelle la Grande Muette, n’a rempli, tout le temps qu’a duré l’insurrection des mauvais joueurs islamistes, qu’un rôle de simple police. Réunis en conclave, les généraux, élus démocratiquement par le peuple, ont sommé leurs troupes de ne jamais outrepasser le cadre républicain de leurs prérogatives. ils ont fait lire dans toutes les places d’armes des casernes, pendant les rassemblements généraux, des consignes qui interdissent strictement tout dépassement aux droits humains. Malgré une guerre atroce que leur livraient les hordes islamistes, pas un seul cas de dépassement n’a été recensé. Et c’est en reconnaissance de ce grand professionnalisme, et de cette neutralité politique, que, dans un élan émouvant, tout en pardonnant aux terroristes qui n’avaient pas joué le jeu, le peuple unanime a reconnu le rôle de sauveurs de la république à ces agents honorables de l’état.

Les généraux algériens, malgré toute la latitude que le peuple leur avait laissée, n’ont n’en jamais profité pour investir le champ politique. Ni pour violer les droits de l’homme, ni pour s’enrichir. Des preuves irréfragables existent de leur intégrité exemplaire. Ils vivaient, et vivent encore, de leurs modestes traitements, ils habitent avec leurs familles dans des bidonvillas de fonction, soignent leurs familles dans les hôpitaux publics, et s’interdisent la moindre ingérence dans les affaires économiques du pays. C’est pour cela que le peuple algérien les appelle affectueusement “les Encoruptibles”

Un jeune Énarque, Ahmed Ouyahia, connu pour n’avoir jamais croisé le chemin d’un seul officier de l’armée, depuis qu’il est né, c’est pour cela qu’il a fait son service militaire à la Présidence de la république, s’est fixé l’objectif de servir son pays sans jamais recourir à l’aide de quiconque, si ce n’est de la volonté populaire. Très intelligent, ce jeune blond aux yeux bleus, a longtemps résisté aux supplications du peuple. Mais il a fini par n’entendre que sa générosité légendaire. Son succès a été tel que le RND, le nouveau parti dont il avait pris démocratiquement la tête, et qui était totalement inconnu des algériens, remporta un succès foudroyant lors des élections de 1997. Il devint le premier parti du pays, à la grande joie des algériens. Il avait battu à plate couture le FLN, les partis islamistes, démocrates et les partis exétéra. Ces élections sont connues pour avoir été les plus honnêtes et les plus transparentes depuis que le pays était devenu indépendant. Le fait le plus remarquable est que les généraux,comme à leur habitude, ont donné l’instruction stricte à toutes les forces de sécurité de ne pas s’immiscer, de la plus petite façon, dans ces élections de la dignité. Il faut rappeler également que tous les candidats du RND à ces élections, ont été choisis pour leur intégrité et leur indépendance. Le DRS a refusé catégoriquement de participer à ces sélections. Il a préféré que les élites politiques qui rechignent à investir le champ politique prennent leur responsabilité.

La grande compétence de Ahmed Ouyahia, mais aussi ses yeux bleus, lui ont valu d’être nommé à trois reprises en qualité de Chef du Gouvernement. Parce que malheureusement, pendant que lui investissait le champ politique, les autres leaders politiques algériens préféraient aller à la chasse au prétexte commode.

Quand il partait, parce qu’il préfère se consacrer à la méditation et à la spiritualité, le pays tombait dans la disette. Quand il revenait, la prospérité revenait avec lui, ainsi que la justice, le bonheur, la fraternité, et surtout une totale transparence de la vie publique. Il s’est distingué par ses actions en faveur des cadres emprisonnés injustement, qu’il a fait libérer et indemniser. C’est un homme qui ne ment jamais. C’est lui qui a eu le courage de donner le vrai chiffre de la tragédie nationale, de 35 000 morts, contrairement aux menteurs et autres manipulateurs qui ont avancé celui de 200 000 morts. Des entêtés qui n’étaient même pas des élites performantes et qui voulaient résister à la volonté d’un peule déterminé dont l’énergie est canalisée exétéra.

En 1999, Abdelaziz Bouteflika a eu la chance de tirer le numéro gagnant au loto de Dubaï. Et c’est comme ça qu’il a pu se présenter aux élections présidentielles. L’armée est restée totalement en retrait et a refusé de donner son avis.

Il s’était fixé, tout seul, comme un grand, des lignes à ne pas franchir. Mais par jeu, pour prouver à tout le monde qu’il savait jouer à la marelle et à saute-mouton, il dépassa les traits à la craie vert-de-gris qu’il avait tracés devant sa maison.

Lorsqu’il a voulu se représenter une deuxième fois, en 2004, un autre candidat, Ali Benflis, désigné par les scouts pour lui faire barrage, a finalement été écarté par ces mêmes scouts qui ont décidé que le peuple votera pour Bouteflika, parce que celui-ci leur avait fait des promesses irrésistibles. Des zlabias exétéra. Des promesses rendues publiques, comme d’habitude.

Pourtant un problème sérieux vient de se poser. Bouteflika qui veut se dévouer à son peuple et qui se fait violence pour rester notre président, pour notre seul et unique bien, s’est rendu compte que la constitution du pays lui interdit de se présenter à un troisième mandat. Problème! Comment faire?

Les scouts ne voient aucun inconvénient à ce qu’il rempile, mais, lui ont-ils dit, le problème est qu’il faut changer la constitution. L’autre problème est que les algériens ne veulent pas investir le champ politique et qu’ils préfèrent chercher des prétextes commodes. Surtout quand il pleut. Comment faire pour leur faire adopter un référendum et changer cette constitution antidémocratique, comme l’a qualifiée le Belkhadem chéri des foules? Alors les Scouts Musulmans, qui sont des petits malins, ont trouvé la petite combine concomitante pour faire plaisir à tout le monde, sans déranger le bon peuple. Il faut, lui ont-ils dit, faire amender la constitution par le parlement. Comme celui-ci est l’émanation de la volonté populaire, surtout qu’il a été élu à 75% des électeurs, et que les députés n’obéissent qu’à leur seule conscience, il faut donc opter pour cette miraculeuse solution. Mais, lui redirent ils, il n’y a qu’un homme qui peut couvrir de sa grande honorabilité, et de sa grande compétence, une telle entreprise. Il faut, lui re-redirent-ils, que les générations futures trouvent un gage de moralité dans ce réaménagement constitutionnel. Le seul problème consistera, lui re-re-redirent-ils, à convaincre Ouyahia d’accepter de se sacrifier, et de bien vouloir vaincre sa répugnance des hautes charges. Non seulement; lui re-re-re-redirent-ils, il devra accepter d’être nommé, encore une fois chef du gouvernement, mais encore qu’il accepte de devenir le vice-président de la république. Pour devenir le chef de l’état, si Bouteflika trébuche en jouant à la marelle, et qu’il se rompe le cou. Evènement prédit par madame projecteur de police.

Ouyahia, après avoir bien réfléchi, a forcé sa nature d’homme modeste qui préfère la vie méditative, et a finalement accepté. La mort dans l’âme. Une seule chose le dérange, c’est qu’il y a le mot vice dans vice président. Un mot qui va si mal avec sa nature foncièrement honnête. Tout le peuple le rassura d’une seule voix, en lui rappelant que lorsque Bouteflika aura trébuché sur sa marelle, le mot vice sautera de lui même. Mais bon! Quand il faut y aller, faut y aller, laissa-t-il tomber avec fatalisme. En attendant de trouver une solution à ce “vice” mal placé. Le plus vite possible.

Voilà! C’est fini! J’ai remis les pendules à l’heure. Il faut bien lire ces corrections historiques et bien s’en imprégner. C’est comme ça que les choses doivent être comprises et pas autrement. C’est le docteur qui l’a dit!

En attendant, au lieu de nous abîmer la santé à chercher des prétextes commodes, et d’imaginer des pôles de puissance, investissons le champ politique. Cela ne tient qu’à nous. Simple comme bonjour.

Dites-moi, par Dieu, quel est ce pays où un appareil de renseignement ou de sécurité, aussi puissant soit-il, a pu résister à la volonté d’un peuple déterminé dont l’énergie est canalisée par une élite légitime et performante?

Surtout lorsque l’élite légitime et performante est toute trouvée.

Djamaledine Benchenouf
3 juillet 2008

http://www.tahiabladi.com/

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