Ali Benhadj, qu’on le veuille ou non, est un leader incontestable de la mouvance islamiste. Jusqu’à preuve du contraire, c’est un homme politique et non un terroriste. Il a été jeté en prison, par les généraux janvièristes, dans des cachots innommables, où il était privé même de la lumière du jour, pendant de longues années. Les uns et les autres lui ont fait des procès d’intention, et l’accusent même d’être l’auteur de la tragédie algérienne. Dans les faits, il n’a commis que l’immense faute d’avoir fait élire son parti par le peuple.

Au lendemain du scrutin qui avait donné la victoire à son parti, le FIS, les généraux algériens, maîtres tout puissants de l’Algérie qu’ils pillaient sans vergogne, jusqu’à cette date fatidique, lui ont même présenté leurs félicitations. Et le Chef de l’Etat de l’époque, Chadli Bendjedid, a déclaré publiquement qu’il était disposé à cohabiter avec la nouvelle législature islamiste. Aussitôt les généraux se mirent en quête de savoir s’il allaient être inquiétés par la nouvelle majorité islamiste. Ce à quoi Ali Benhadj répondit depuis son cachot, car il était en prison, que le peuple avait élu le FIS pour qu’il demande des comptes à tous ceux qui avaient dévasté l’Algérie. La réaction des généraux ne se fit pas attendre. Le processus électoral qui avait donné la victoire au FIS fut “interrompu”, pour reprendre cet euphémisme. Le président qui voulait cohabiter et qui refusa d’entrer dans le coup de force fut “démissionné”, après avoir été molesté.

Les généraux algériens, connus pour leurs excès, leur despotisme, leurs penchants au pillage, furent sacrés, du jour au lendemain, par des intellectuels mercenaires dont ils avaient battu le rappel, comme étant les sauveurs de la République, face au péril islamiste. Le reste est connu de tous. Les généraux et leurs complices instrumentèrent la crise. Ils poussèrent les islamistes à la violence. De façon délibérée. Puis, lorsqu’ils constatèrent que le peuple restait acquis aux islamistes et qu’ils n’avaient pas réussi à l’embrigader, ils déclenchèrent contre lui un complot d’une violence inouïe. Pour retourner l’opinion contre les islamistes, ils mirent en place un vaste plan de massacre des populations civiles, des étrangers, et même des intellectuels qui leur étaient acquis, dans des scénariis monstrueux d’égorgement, où des dizaines de milliers de civils furent passés par le fil du couteau. Avec la complicité d’une presse aux ordres qui trompa l’opinion internationale sur les dessous de la tragédie, permettant aux généraux de mener leur macabre entreprise à huis clos.

Plus tard, après avoir réussi à semer le doute et la peur au sein d’une société meurtrie dans ses tréfonds, et après que la manipulation du terrorisme commençait à apparaître dans toute sa terrible réalité, les généraux et le pouvoir virtuel en place mirent en place un dispositif scélérat d’auto amnistie, arraché au peuple dans une parodie de référendum. C’était le peuple qui pardonnait. Et même qui demandait pardon aux “agents honorables de l’état”. Ces lois iniques et profondément injustes pour les dizaines de milliers de victimes interdisent à quiconque d’évoquer le rôle des généraux dans la tragédie nationale, et même d’apporter seulement son propre témoignage.

Du jour au lendemain, des milliers d’islamistes, agents du DRS ou qui étaient manipulés par celui-ci à leur insu, parce qu’ils ne savaient pas que les Fetwas de carnage étaient concoctées dans les bureux du DRS, devinrent des repentis, avec pignon sur rue. Leurs émirs sont aujourd’hui des hommes d’affaires prospères. L’un d’eux, l’émir de l’AIS, a même rendu un éloge funèbre remarqué au général le plus sanguinaire du DRS, Smail Lamari.

Ali Benhadj et Abassi Madani, entre autres leaders du FIS, restèrent constants dans leur vision politique, malgré les terribles épreuves que le régime leur avait fait subir. Ils ne pouvaient plus, cependant faire de politique. Parce que le régime sait que ce sont eux qui seraient élus, s’il y avait une compétition franche et loyale.

La presse aux ordres continua d’accabler les leaders du FIS.

Aujourd’hui, Ali Benhadj vient d’être arrêté. Après avoir déclaré au procureur du procès de Dahoumème qu’il était un menteur. Parce que ce zélé nervis avait osé déclarer en pleine audience que la justice algérienne ne recevait d’injonctions de quelque service que ce soit et qu’elle était totalement indépendante. Un mensonge éhonté pour tous les algériens qui savent à quoi s’en tenir à l’endroit de cette institution, de cet organe devrais-je dire, qui est totalement inféodé à ses maîtres.

Le plus révoltant est que les médias algériens, et même étrangers, ont observé un silence total sur cette affaire. Les agences AFP et Reuters, visiblement échaudées par le retrait d’accréditations de leurs correpondants, à la suite d’un coup tordu du DRS, ne pipent pas mot sur cette encombrante affaire.

Mais le peuple algérien n’est pas dupe. Il sait ce qui se passe. L’information passe de bouche à oreille. Demain matin, des millions d’algériens la transmettront à des millions d’autres. La carence honteuse de nos médias sera compensé par notre téléphone arabe. Alors qu’on se le dise, qu’on se le transmette: Notre compatriote Ali Benhadj a été arrêté!

Djamaledine Benchenouf
17 juin 2008

Tahiabladi.com

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