Un ami me faisait remarquer que depuis quelque temps, Tahia bladi laissait penser que c’était un site proche des thèses islamistes. Parce que, me précisait-il, il donnait la part belle aux islamistes, au moment ou il fustigeait ceux qui les ont combattus. J’ai retrouvé dans les archives du blog, que je tenais avant l’actuel site, une réponse que j’avais faite, en avril 2007, à un lecteur qui m’accusait, lui aussi, d’avoir choisi le camp des islamistes. Voici la réponse que je lui avais faite. C’est la même que je fais à mon ami:

Vous avez tout à fait raison. J’ai choisi mon camp et il m’arrive même de m’en vanter, voyez vous? J’ai choisi le camp de mon peuple contre ceux qui l’ont l’ont dépouillé et qui continuent de le pressurer après l’avoir fait massacrer par leurs milices, leurs soldats, leurs policiers et surtout par des illuminés qui ne savaient même pas que les fetwas qu’ils pressaient sur leurs cœurs avaient été concoctés dans les locaux du DRS. Je suis contre l’islamisme politique parce que je suis convaincu que c’est une impasse civilisationnelle. Mais c’est Ma vision des choses et je ne veux pas l’imposer à qui que ce soit d’une autre manière que par la discussion. Je ne suis pas un “démocrate” schizophrénique qui veut bien soumettre la chose publique au peuple à condition qu’il ne vote pas pour un autre projet de société, quel grand mot, que le sien, quelle prétention! Le sien!

Je ne m’allie pas aux criminels auto-galonnés qui ont confisqué ma volonté et celle de mon peuple pour leur seul intérêt, sordide et honteux. Je ne crois pas en l’islamisme, mais je ne fais pas de procès d’intention à ceux qui croient en cette voie, en affirmant péremptoirement et du haut de mon strapontin, que s’ils prennent le pouvoir, ils nous ramèneraient au moyen âge. De toutes les façons, personne, y compris le diable lui même, y compris les meilleurs experts en sabotage du monde, n’aurait pu faire plus de mal à ce pays que ceux qui se sont arrogé le pouvoir jusqu’à ce jour. Ils ont fait plus de tort à ce pays que le colonialisme pendant 132 ans. Même la France coloniale, et je pèse mes mots, n’a pas réussi à faire haïr leur propre pays à autant d’algériens, comme sont parvenus à le faire ces monstres qui nous dirigent. Lorsque toute la vérité sera sue sur les crimes qui ont été perpétrés contre nous, de façon froide et méthodique, une clameur d’horreur s’élèvera du monde entier. Aucune loi d’auto-amnistie ne pourra les mettre à l’abri de la colère des hommes.

Je sais aussi, pour les avoir connus et pour m’être opposé à eux, sur le plan des idées, que la majorité des islamistes qui ont pris le maquis l’ont fait par conviction vraie, ou alors parce qu’ils ont été poussés à le faire. Je me rappelle bien de tout ce que le régime de ceux que vous défendez, bien maladroitement par ailleurs lorsqu’on lit vos commentaires, a fait pour les pousser inexorablement à la seule alternative qui leur a été laissée, la violence ou la mort. De façon délibérée, pour les amener au massacre des populations civiles. Carnages dont on sait aujourd’hui, qu’ils ont été programmés par la junte.

Les islamistes ont été internés dans des camps infâmes, ils ont été torturés, leurs domiciles ont été violés, ils ont été molestés devant leurs femmes et leurs enfants, torturés, ruinés, licenciés de leurs emplois, réduits à l’indigence. Certains d’entre eux, et ce n’est pas de la propagande de Massala de quartier, ont assisté au viol de leurs femmes, de leurs sœurs et de leurs filles, parfois même de leurs fils. Je vous le dis comme je le sais, comme un témoignage. Et cela est loin d’avoir été des “bavures” isolées, comme le prétendent certains. C’était une action concertée, concoctée, fignolée dans les détails, avec la complicité passive d’intellectuels veules et lâches, de politicards de pacotille, de dirigeants occidentaux grassement rétribués pour leur silence complice.

Je suis pourtant loin d’être un islamiste. Loin s’en faut. Mais je ne suis pas non plus de ces “démocrates-républicains-patriotes” qui croient détenir la science infuse et qui se posent en donneurs de leçons, qui lèchent les bottes de leurs maîtres malgré les coups de godasses qu’ils reçoivent dans les gencives, en geignant comme des chiens qui mendient une caresse, qui croient avoir atteint le summum civilisationnel en calquant, que dis-je, en singeant leur modèle d’outre méditerranée. Car je fais partie de ces Algériens qui sont remplis de leur propre identité, qui sont fiers de leur personnalité intrinsèque, cultivée dans le terroir, épanouie de la mémoire collective dans laquelle ils baignent, qui se savent le maillon d’une longue chaîne de vie, qui ont leurs propres repères et leurs valeurs ancestrales, qui marchent d’un pas assuré sur les pas de nobles prédécesseurs, qui gardent l’espoir en un sursaut salvateur et qui ne désespèrent pas de voir un jour la conscience nationale se réveiller.

C’est pour cela que je tiens ce blog et que j’essaie d’apporter ma contribution, aussi modeste ou aussi dérisoire soit-elle, pour dénoncer ce régime honteux et mortifère que vous défendez et pour reconnaitre aux miens, fussent-ils islamistes, le courage qu’ils ont eu à se dresser contre les monstres ignobles qui nous broient. Pour moi un Ali Benhadj est infiniment plus respectable, plus honorable plus noble et plus humain que tous vos généraux et tous vos “démocrates” de circonstance réunis. Je ferais tout, dans la limite de l’honneur et de la droiture, pour que les islamistes ne prennent pas le pouvoir, mais si le peuple les choisit, je m’inclinerais devant son choix, quitte à continuer à m’opposer à eux. Et si d’aventure, ce dont je doute, ils réussissent à tenir leurs promesses d’un Etat idéal, alors je voterais moi même pour eux, des deux mains. Voilà Monsieur Amine! Je vous ai tout dit! Enfin, presque….

Djamaledine Benchenouf
14 juin 2008

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