Pourquoi le boycott de ses produits ?..
par : Ben Ayad Sebahi * ( Versailles )
Le code-barres, barrette de lignes noires et blanches assortie de 13 chiffres qui a révolutionné la consommation, fête ses 50 ans aujourd’hui. Retour sur quelques anecdotes qui ont marqué cette invention.
La naissance du code-barres
L’Universal Product Code, standard unique d’identification mis au point par les leaders de l’industrie et de la distribution, est né le 3 avril 1973 aux Etats-Unis et a ouvert la voie au lancement des code-barres.
Lorsqu’il était étudiant, l’inventeur du code-barres Norman Joseph Woodland entend une conversation entre un de ses professeurs en ingénierie et le dirigeant d’une épicerie, qui se demande comment tracer et répertorier rapidement ses produits. Se servant de son expérience d’assistant au sein du Projet Manhattan, programme militaire pour développer la bombe atomique, il décide de quitter l’université pour se consacrer à sa nouvelle idée: le code-barres.
C’est à Miami que Norman Joseph Woodland a l’idée d’utiliser le motif à rayures zébrées pour stocker des informations en dessinant des lignes dans le sable sur la plage, tentant d’imiter le code morse.
Brevet à 15’000 dollars, 1er article scanné des chewing-gum :
Norman Joseph Woodland et son associé Bernard Silver avaient déposé le brevet du code-barres en 1952 et l’avaient vendu à l’entreprise d’électronique Philco pour seulement 15’000 dollars.
Le premier article lu en caisse grâce au code-barres est un paquet de chewing-gum pour 69 cents dans un supermarché de l’Ohio en 1974. En France, c’est l’Euromarché d’Evry qui s’est équipé en premier. Premier article scanné: des galettes de Fouesnant.
L’anatomie du code-barres :
La grande consommation utilise les codes dits « EAN 13 » (European Article Numbering à 13 chiffres). Les deux ou trois premiers chiffres indiquent le pays de provenance du produit (par exemple : 76 pour la Suisse, pour la France (300 à 379)). Les 4 ou 5 suivants sont le numéro de l’entreprise participant au programme EAN et les 4 ou 5 suivants le numéro de l’article. Enfin, le treizième est un numéro de contrôle (ou CheckDigit) qui se calcule en fonction des douze chiffres précédents.
La guerre industrielle via des code-barres :
Depuis plusieurs jours, une rumeur se répand sur Twitter et Facebook, relayée par quelques blogs : voyant son économie mise à mal par le boycott international de ses produits, Israël aurait changé le code-barres sur ses étiquettes.
En plus du désormais célèbre « 729 », les partisans de la campagne « Boycott, désinvestissement, sanctions » devraient donc éviter les produits dont le code-barres commence par « 871 ». A grand renfort de logos sanguinolents, les internautes se préviennent les uns les autres.
Autant le dire tout net : c’est faux. Outre les idées reçues sur lesquelles cette rumeur surfe – le boycott serait efficace mais Israël assez puissant pour le contourner par la ruse -, cette confusion s’explique facilement par l’un des écueils de la « méthode de l’étiquette ».
Le cas de Sodastream simplifié et généralisé :
Le code 729 n’est plus un marqueur fiable pour déterminer « l’origine » d’un produit. Dans un article paru la semaine dernière, nous écrivions :
« Il correspond en effet au siège social de la marque plutôt qu’au lieu de fabrication du produit. En clair, une entreprise française peut fabriquer un produit en Israël et le vendre sous un indicatif français (300 à 379). De même, une société israélienne qui fabrique des produits en Israël pourrait, en théorie, les classer sous un indicatif français dès lors qu’elle possède une filiale en France, au Maroc en Egypte, aux pays du golfe, d’Afrique ou d’Amérique. »
Voici ce qui a fait croire à certains qu’Israël les avait roulés. Des internautes ont pris en photo des étiquettes de Sodastream, le fabricant israélien d’eau gazeuse, dont le code-barres commence par 871. L’explication est pourtant simple : les codes commençant par 87 (de 870 à 879) correspondent aux Pays-Bas, où Sodastream a une filiale. L’entreprise peut donc apposer cet indicatif sur ses emballages sans « tricher ».
Parmi ceux qui ont relayé cette photo, certains en sont conscients :
Pour être précis, le code barre 871 est celui des Pays Bas où SodaStream à une filiale. Le 729 reste celui d’Israël..
Ce qui n’a pas évité la reprise sans précaution de cette photo, puis la disparition de tout contexte au profit du simple code-barres sanguinolents présenté plus haut.
Des blogs ont aussi fait circuler ce tuyau percé, en particulier celui d’un Ecossais qui a fait un mea culpa un peu… flippant deux jours plus tard :
« Donc je me suis trompé. Mais j’écris 20 articles par jour, Personne ne peut avoir raison à tous les coups. Je continue à encourager les gens à NE PAS acheter des produits en 729. Mais faites attention parce qu’Israël utilise plusieurs codes-barres et c’est POUR ÇA que je me suis fait avoir. […] Je me suis trompé à 90% ! SACHEZ SIMPLEMENT QUE JE FAIS TOUT CE QUE JE PEUX POUR AIDER LE PEUPLE PALESTINIEN ET JE N’ARRÊTERAI PAS ! »
D’accord. Mais la prochaine fois, mieux vaut vérifier avant de faire tourner.
Pourquoi le boycott ?
Le boycott est une pratique ancienne de mobilisation populaire pour l’égalité et la justice. Par exemple, contre la ségrégation raciale aux États-Unis ou contre l’apartheid en Afrique du Sud. En Palestine, il est apparu dès les années 1940 pour lutter contre la colonisation sioniste. En 2005, la société civile palestinienne lance un appel international au nom de BDS : Boycott, Désinvestissement, Sanctions contre Israël. Depuis, BDS s’est étendu partout dans le monde. Cet appel invite à boycotter les produits des entreprises israéliennes ou internationales qui participent et/ou soutiennent l’apartheid israélien.
Quels produits boycotter ?
Tous les produits dont le code-barre commence par 729 (indicatif israélien) mais ce n’est pas toujours fiable. Le meilleur moyen de dire si un produit est fait en Israël est de chercher la marque “Fabriqué en Israël” et non seulement cela, surtout avec le système des multinationales.
Quel impact a le boycott ?
Selon des rapports internes israéliens, la campagne internationale BDS a engendré d’importantes pertes économiques pour l’occupation et a profondément mis à mal son image. Pour répondre à cette situation, le gouvernement israélien a créé en 2015 un Ministère des Affaires Stratégiques chargé de lutter contre l’influence du boycott dans le monde. Cela démontre que cette campagne fonctionne et que nous devons redoubler d’efforts pour la développer, surtout afin de protéger – à notre manière – les palestiniens innocents de Gaza et d’ailleurs, de cette sale guerre ou plutôt ce génocide qui ravage – sans distinction aucunes – des enfants, des hommes, des femmes et même leurs voisins proches ou lointains!
REF :
– Extraits de l’article de Camille Polloni, Nouvel Obs.
– la campagne internationale BDS
– Sites web Boycott Israël
– Le jeune Musulman, n° 52

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