Le talentueux écrivain et traducteur international, Pr. Messaoud Boudjenoun, dans un entretien global sur le vaste monde de la traduction et la mesure dans laquelle les musulmans en bénéficient en Occident en particulier. 

Entretien realisé  

par Mohamed Mustapha HABES, Genéve (Suisse). 

Avec un si riche parcours, ayant commencé par la publication d’une biographie du Prophète (psssl),  L’Islam et l’Occident,  L’Islam et le monde moderne,  Professeur Messaoud Boudjenoun est l’auteur de vingt-trois autres ouvrages qui ont trait à la pensée islamique ou à des biographies de personnalités musulmanes illustres. Professeur Boudjenoun entre en 1992 dans le vaste monde de la traduction et il est maintenant grâce à Dieu à quelque soixante-dix livres traduits qui embrassent toutes les disciplines de la pensée islamique. Pour ce qui est de l’exégèse coranique, il a traduit le Tafsîr d’Ibn Kathîr ainsi que celui du cheikh Abderrahmane Saadi. Pour ce qui est du hadith il a co traduit le Sahîh Al-Bukhârî en plusieurs tomes.  (*)

 Avant d’entrer dans le vif et fructueux débat avec notre invité, j’aimerais noter que je me suis trouvé emporté par la variété et la richesse de son savoir cultuel et culturel : il a pu cueillir de chaque jardin une fleur, comme le dit si bien le dicton. 

   Et en évoquant les fleurs, je me permets d’emprunter quelques mots expressifs et éloquents du penseur et expert en éducation Nabil Hazin, qui a écrit sous le titre « Les parfums des plumes reflètent les parfums de leurs propriétaires.».  

  Certes chaque plume a son propre lustre et un arôme agréable qui lui est propre. Elle contribue grandement à attirer les lecteurs et les téléspectateurs. Lorsque cette plume écrit à partir de son excroissance et disperse ses arômes, les lecteurs acceptent ce qu’elle écrit et ce qu’elle crée d’idées créatives et de méthodes intéressantes. Plus la plume est édifiante dans sa pensée, plus elle est facile à manipuler clairement. En raison de ses sujets haut de gamme, la plume a exprimé une présentation innovante qui est devenue souhaitable et appréciée par ses lecteurs.  

  Peu importe à quel point ces plumes sont différentes et à quel point elles traitent des sujets présentés, l’âme est à l’aise avec elles et le lecteur se sent à l’aise avec elles. En raison de sa douceur, de sa beauté et de son charme, elle affecte les esprits et attire le regard. Et dans la vie de chacun de nous, de merveilleuses plumes créatives qui plaisent parfois aux yeux et enflamment parfois les esprits, car elles présentent des œuvres merveilleuses qui reflètent la splendeur de leurs écrivains.  

Ces plumes sont un véritable miroir de la personnalité de leurs propriétaires, et elles mettent en lumière leurs différents comportements, attitudes et tendances, car elles révèlent les beaux sentiments et sensations de l’écrivain pour tout le monde. Parce que vous avez l’habitude de le lire, et entre vous et le propriétaire de cette plume une relation psychologique interne est devenue confortable avec laquelle vous aimez même le rencontrer;  parce qu’elle offre des idées sublimes, des valeurs nobles, des comportements merveilleux et des tendances sonores qui répandent l’amour et la bonté dans l’âme et nous inculquent des comportements vertueux, nous faisant marcher dans son espace et tourner à travers ses orbites car ce sont des plumes créatives et déterminées. Elles sont pour moi la plume de bon nombre d’écrivains arabophones et francophones contemporains, entre autres ..Mohamed  Bachir El ibrahimi , Malek Bennabi, Mohamed Al Ghazali, Sayed Qotb, Fathi Yakan, Mostafa Mahmoud, Khaled Mohamed Khaled, Taha Jabir Al-Alwani, Jamel Eddine Attia, Jawdett Said, Issam Al-Attar, Said Ramadan Al-Boti, Bessam El-Assali, Aisha Abderahmane, Yamane Essibai, Mohamed Al-Moubarek, Mazen Al-Moubarek, Moufdi Zakaria, Mohamed Al-Aid-Al-Khalifa, Mahmoud Bouzouzou , Tayeb Berghouth, .. et enfin notre invité Messaoud Boudjenoun 

INTERVIEW 

MMH .1. 

 Voulez-vous vous présenter à nos lecteurs ? Comment vous êtes-vous retrouvé dans le vaste monde de la traduction ? Quelles sont les œuvres les plus importantes que vous avez traduites? Citez-nous-en quelques-unes ? 

 Pr Messaoud Boudjenoun

Je suis né en 1959 à Alger dans le quartier historique de Belouizdad, ex Belcourt. C’est en 1982 que j’ai commencé à écrire alors que j’avais vingt-trois ans. J’étais alors fonctionnaire au ministère de la culture. Mon premier ouvrage était une biographie du Prophète (psssl) qui était une réponse aux assertions des orientalistes concernant la vie et l’apostolat de notre Prophète (psssl). Il fut publié par les éditions El-Baath de Constantine. Mon deuxième livre intitulé « l’Islam et l’Occident » est paru en 1984 chez le même éditeur. En 1985, j’ai publié mon troisième livre, une épître intitulée « L’Islam et le monde moderne » à compte d’auteur à Alger. Après l’ouverture démocratique qui a accompagné les événements d’octobre 88, j’ai commencé à travailler dans la presse, à commencer par l’hebdomadaire « l’Eveil » Essahwa en arabe, puis El-Manâr où j’étais directeur de la publication, puis El-Borhâne, avant de rejoindre le Haut Conseil Islamique où j’exerce en tant que sous-directeur des études et de la prospection et en tant que rédacteur en chef adjoint de la revue du HCI en langue française jusqu’à ce jour. Donc, avant d’être traducteur, j’étais écrivain et j’ai exercé comme journaliste. Jusqu’à maintenant je suis l’auteur de vingt-six ouvrages qui ont trait à la pensée islamique ou à des biographies de personnalités musulmanes illustres. Pour ce qui est de la traduction, c’est en 1992 que j’ai commencé à traduire pour le compte de plusieurs éditeurs aussi bien en France qu’au Liban. J’en suis maintenant grâce à Dieu à quelques soixante-dix livres traduits qui embrassent toutes les disciplines de la pensée islamique. Pour ce qui est de l’exégèse coranique, j’ai traduis le tafsir d’Ibn Kathir ainsi que celui du cheikh Abderrahmane Saadi. Pour ce qui est du hadith, j’ai co-traduis le sahih El-Bukhâri  avec un frère marocain le Dr Dekhissi puis le résumé du sahih Moslim, puis Riyyâdh Essalihine de l’imam Ennawaoui, en plus de la somme des hadiths quodossis rapportés par tous les traditionnistes. Pour ce qui est du dogme (aqâid), j’ai traduis le livre du credo de la foi de l’imam Abû Hâmed El-Ghazâli, l’ouvrage du grand imam Mahmoud Cheltout « L’Islam, dogme et législation ». Pour ce qui est des fondements de la jurisprudence (Ouçoul El-fiqh), j’ai traduis la Rissâla de l’imam Echâfi’ï, puis pour ce qui concerne le fiqh j’ai traduis l’épître d’Ibn Achir. Pour ce qui est des biographies, j’ai traduis la sîra du Prophète (psssl) d’Ibn Kathir en mille pages, « la vie du Prophète (qsssl) lumière de la certitude » du cheikh égyptien Mohammed El-Khodari Beck, la vie du Prophète (psssl) du Pr Mustapha Mahmoud, puis les récits des prophètes d’Ibn Kathir, la vie des compagnons d’Ibn Kathir, puis le fameux livre d’Ibn El-Djouzi Sifat Essafwa sur les illustres personnalités de l’Islam. Pour ce qui concerne la pensée politique, j’ai traduis le livre du Pr Abdulhamid Abû Sulayman « le problème de la méthodologie dans la pensée islamique ». Enfin, pour ce qui concerne El-Ihsân ou le soufisme, j’ai traduis les livres du cheikh Abdelkader Djilâni «Le réveil des cœurs » et «La purification des cœurs ».  

 MMH .2. 

 Il y a un dicton italien et français qui dit : « Traduire c’est trahir ». C’est vrai que la traduction est une œuvre humaine sujette à la faiblesse et qui n’est pas à l’abri des penchants et des tendances qu’ils soient personnels, idéologiques voire confessionnels que nous observons y compris dans les dictionnaires et comme l’a indiqué le spécialiste en linguistique algérien Mazen El-Mubârek dans son livre «Vers une prise de conscience linguistique ». Y a-t-il des lexiques neutres ? Voulez-vous nous donner une idée sur les lexiques les plus proches de l’idéologie ou les plus proches de l’objectivité ? Dans la même optique, voulez-vous nous faire une comparaison entre la traduction maghrébine et la traduction libanaise pour ne pas dire orientale ? 

 Pr Messaoud Boudjenoun

A vrai dire, moi je n’utilise pas beaucoup les dictionnaires bilingues. Etant plus fort en français qu’en arabe, je ne trouve pas de difficultés à chercher l’équivalent ou le mot qui convient. C’est plutôt vers les dictionnaires arabes notamment anciens que j’ai recours, comme El-Bahr El-Mouhit, Lisân El-Arab et autres. Une fois que je connais le sens du mot en arabe, le reste est facile pour moi. Mais comme la langue arabe est très riche par rapport au français, il m’arrive de ne pas trouver parfois l’équivalent juste en français du mot arabe. Je suis obligé dés lors d’expliquer entre parenthèses le sens du mot. Pour ce qui est de la comparaison entre la traduction maghrébine et la traduction orientale, en particulier libanaise, la traduction maghrébine, surtout algérienne, est de loin meilleure que la traduction libanaise, et ce pour des considérations historiques, le Maghreb, tout particulièrement l’Algérie, ayant été longtemps sous l’emprise de la France et de sa langue, contrairement aux autres pays francophones, notamment le Liban. 

 MMH .3. 

 La traduction du noble Coran vers la langue française fait partie des questions épineuses pour moi. En raison de ma fréquentation des milieux de l’émigration dans les pays francophones, j’ai recensé presqu’une vingtaine de traductions vers le français. J’ai lu quatre d’entre  elles et j’ai travaillé sur certaines autres. J’y ai trouvé des choses bonnes et d’autres pas. J’ai remarqué que certaines autres sont tendancieuses et impartiales, comme celle d’André Chouraqui, juif né à Tlemcen. En effet, cet écrivain et traducteur a traduit des concepts arabes et hébraïques en français de façon équivoque et ambigüe de même qu’il a changé et déformé les significations de certains mots dans certains versets. Bien plus, il a interprété de façon abusive certaines notions qui ne concordent pas avec ses convictions religieuses et sa position concernant la question palestinienne. Malgré cela, sa traduction se vend dans les librairies comme étant une traduction du noble Coran. Il y a même des musulmans qui l’achètent en Occident. Que pouvez-vous nous dire au sujet de ces traductions en particulier celles ayant trait au noble Coran ? Que conseillez-vous au lecteur musulman dans ce domaine ? Pouvez-nous indiquer des traductions tendancieuse ou manquant d’objectivité ?  

 Pr Messaoud Boudjenoun 

Il y a plusieurs années, la traduction du Coran était presque l’apanage des orientalistes et autres hommes d’église. Le musulman francophone qui voulait prendre connaissance du Livre sacré n’avait pas le choix. Il était obligé de recourir à une traduction faite par des orientalistes plus ou moins impartiaux comme celle de Kasimirski, d’Edward Montet, de Régis Blachère ou de Jacques Berque,  par des religieux chrétiens comme celle de Denise Masson ou celle de Jean Grojean ou carrément par des auteurs tendancieux et partiaux comme celle d’André Chouraqi dont vous venez de citer le nom et dont la traduction se caractérise par la nette influence de la religion juive sur son auteur.  

Cependant, à partir des années soixante-dix, nous voyons apparaître des traductions faites par des musulmans de confession. Cela a commencé avec la traduction du Pr Mohammed Hamidullah qui a comblé le vide plus ou moins même si sa t traduction laisse à désirer sur le plan de la langue sachant que le grand érudit était plus anglophone que francophone, étant originaire de l’Inde d’avant le partage. Il y eût ensuite celle du cheikh si Hamza Boubekeur (Algerien) qui se caractérise par de nombreuses annotations explicatives, puis il y eût celle des tunisiens Salah Eddine Kechrid et Sadeq Mazigh, et maintenant Dieu merci nous avons celle du marocain Mohammed Chiadmi qui est très appréciée et saluée par les préfaces de plusieurs intellectuels musulmans. Ce qui est admirable, c’est qu’on trouve aujourd’hui des traductions faites par des français de souche de confession musulmane comme celle de Abdellah Penot, celle de Jean Louis Michon et celle de Maurice Obeidellah Gloton, des traductions que je considère comme valables et crédibles.  

 MMH .4.  

Si on vous demande de proposer au lecteur musulman des traductions françaises du noble Coran crédibles et excellentes, que lui proposez-vous ? 

 Pr Messaoud Boudjenoun 

Comme je l’ai dis (plus haut), le lecteur francophone a maintenant le choix des traductions, surtout celles faites par des musulmans de confession qu’ils soient des Arabes d’origine ou des français convertis. La traduction de Mohammed Chiadmi est recommandée, de même que celle de si Hamza Boubekeur et celle de Salah Eddine Kechrid. Idem pour les traductions faites par les français convertis. Dans cette optique, je vous informe qu’une nouvelle traduction des sens du Coran faite par moi et mon ami Kamel Chekkat vient d’être terminée. Elle sera dans les librairies au mois de Ramadhân prochain si Dieu le veut. C’est une traduction faite par deux algériens et qui sera publiée par deux éditeurs en Algérie. Elle se caractérise par un style facile et accessible, par un attachement aussi fidèle que possible au texte d’origine, par une référence aux exégèses faisant autorité et par de nombreuses notes explicatives de certains versets équivoques et des versets à connotation scientifique.  

MMH .5.  

Dans le cadre de l’édification d’une pensée intellectuelle équilibrée chez les jeunes musulmans vivant en Occident, pouvez-vous nous proposer quelques titres et références et intellectuels dans ce domaine ? 

Pr Messaoud Boudjenoun 

Les ouvrages qui peuvent intéresser les musulmans francophones en Europe sont nombreux et divers. Outre les traductions du Coran que j’ai citées, il y a le célèbre Riyyâdh Essalihine qui est une synthèse de tous les ouvrages de hadiths et qui embrasse tous les domaines de la vie. Pour la pensée, il y a les livres du penseur Tariq Ramadhân qui sont utiles pour les jeunes en Occident. Pour les livres ayant trait à la morale et à la purification de l’âme, il y a ceux de l’imam Abû Hâmed El-Ghazâli et du cheikh Abdelqader Djilâni deux authentiques maîtres spirituels et savants dont j’ai traduit certains de leurs livres. Il y a aussi les livres d’Ibn El-Djouzi et d’Ibn El-Qayyim dont j’ai traduit certains comme « la pensée intime » (Sayd El-Khâter) pour le premier et «Le mal et le remède » (Eddâ Wa Eddawâ) pour le second.  

 MMH .6.  

La traduction est un vaste domaine et un commerce florissant dans la mesure où des milliers de titres sont traduits d’une langue à une autre. Malgré cela, les titres qui sont traduits des autres langues vers la langue arabe constituent une infime minorité tandis que ce qui est traduit vers d’autres langues moins répandues que la langue arabe, comme le turc , le perse  et l’hébreu est plus important. Quelle est la cause de cette part insignifiante ? Quelle stratégie proposez-vous aux universités et aux organismes, comme par exemple le Haut Conseil Islamique où vous travaillez actuellement ? 

 Pr Messaoud Boudjenoun 

En effet, ce qui est traduit des autres langues vers l’arabe, est insignifiant par rapport à ce qui est fait de façon inverse. Il est dommage pour une communauté qui a accordé une grande importance à la traduction dans son histoire et qui a fondé la première école de traduction officielle, la fameuse Dâr El-Hikma à Baghdad. Je pense que c’est un manque de volonté de la part des pays arabes qui n’accordent pas d’importance à la traduction. D’ailleurs, la culture dans le monde arabe est la dernière roue de la charrette. Le monde arabe vit un sous-développement sur tous les plans, notamment celui de la culture. Pour remédier à cette situation, les universités et les organismes culturels sont tenus de créer des départements de traduction spécialisés dans toutes les disciplines. Idem pour le Haut Conseil Islamique qui est tenu de traduire vers l’arabe tout ce qui peut intéresser les lecteurs. Dans cette optique, le HCI compte traduire un des livres du regretté Mustapha El-Aadhami sur l’histoire du Coran, de l’anglais vers l’arabe, un livre très important qui répond aux assertions des orientalistes sur l’histoire du Coran et sa révélation. 

 MMH .7.  

En votre qualité d’écrivain musulman qui traduit pour les occidentaux et les arabes depuis de longues années, pouvez-vous nous résumer les défis et les difficultés auxquels fait face l’intellectuel musulman et le livre islamique en particulier dans les sociétés occidentales ? A quoi sont dus ces défis et difficultés et en sommes-nous responsables ? 

 Pr Messaoud Boudjenoun 

C’est vrai que l’intellectuel musulman authentique qui est conscient des enjeux actuels en Occident éprouve des difficultés et fait face à des défis aussi bien vis-à-vis des milieux hostiles à l’Islam qui ne veulent pas d’une vision authentique et réelle de l’Islam qui puisse attirer les occidentaux, que de certains courants dits salafites qui ne sont pas conscients des priorités de l’heure  et du contexte dans lequel ils vivent et qui donnent du fil à moudre aux adversaires de l’Islam avec leur ignorance et leur fermeture d’esprit.  

 MMH .8.  

Dernièrement, une traduction en plusieurs tomes du Sahîh El-Bukhâri est parue sous votre plume et celle du traducteur marocain le Dr Mohammed Dekhissi.  Quelle est l’histoire de ce travail commun maghrébin ? Quel est le résultat auquel vous êtes parvenus en tant que traducteurs maghrébins par rapport aux traductions faites par des libanais ? Quelle méthode avez-vous utilisée dans ce travail ? 

 Pr Messaoud Boudjenoun

La co-traduction du sahih El-Bukhâri avec un frère marocain le Dr Mohammed Dekhissi nous a été proposée par le directeur des éditions Universel lui-même marocain. C’était une très bonne et enrichissante expérience qui nous a permis, au-delà d’une coopération intellectuelle algéro-marocaine, de nous enrichir mutuellement et de partager nos expériences dans le domaine de la traduction. Cette traduction fut un plus qui est venu enrichir la bibliothèque de l’Islam. Il est vrai que les traductions qui viennent du Liban laissent à désirer sur le plan du style et de la syntaxe. Cette traduction, sauf exception, obéit plus à des considérations financières que professionnelles et intellectuelles, d’où le bâclage qui caractérise beaucoup d’entre elles. 

 MMH .9. 

 Après les révolutions du printemps arabe, après la crise mondiale due au Covid 19 et après la campagne acharnée de la France contre l’Islam et ses symboles, il semble que la jeunesse musulmane en général ne se contente plus des choix simplistes que lui proposent les gouvernements arabes et occidentaux dans les domaines politique, économique et social et veut se prendre en charge elle-même pour régler ses problèmes. En tant que spécialiste des questions musulmanes, connaissant les deux cultures arabe et occidentale, à votre avis, comment la jeunesse musulmane peut-elle susciter les occasions du changement par elle-même, sans conséquences négatives préjudiciables ? 

 Pr Messaoud Boudjenoun 

C’est vrai que la jeunesse musulmane qui constitue la majorité de la communauté musulmane est l’objet d’une grande désillusion vis-à-vis de ce qui lui est proposée aussi bien par les pays d’origine que par les pays d’accueil en Occident. Cette jeunesse veut vivre son temps sans renier ses principes et ses préceptes spirituels et moraux. Elle doit être à la hauteur des défis qui l’attendent et qui ont pour noms : l’instruction, l’éducation, la représentation de l’Islam et sa transmission aux autres. Pour ce faire, cette jeunesse doit s’engager et militer dans tous les domaines de la vie, aussi bien politique, social, économique que culturel, être présente aussi sur les moyens de communication modernes et les réseaux sociaux pour pouvoir influencer la marche de la société et opérer un changement pacifique dans les sociétés où les jeunes musulmans vivent aussi bien ici qu’à l’étranger. Les jeunes sont l’avenir de la Oumma. C’est à eux que doit revenir le flambeau. N’oublions pas que les compagnons du prophete (psssl) étaient pour la plupart d’entre eux des jeunes lorsqu’ils ont embrassé l’Islam.  

 MMH .10. 

 Quel est le dernier mot que vous voulez adresser à la jeunesse musulmane en général qui vit en Occident de même qu’aux familles et aux associations qui s’occupent des affaires des minorités musulmanes en préservant son identité et ses droits et  pour stimuler encore plus son rôle dans les sociétés occidentales ? 

 Pr Messaoud Boudjenoun      

La jeunesse musulmane, notamment à l’étranger, est tenue d’éviter tout ce qui est susceptible de diviser ses rangs et de l’entraîner dans des conflits inutiles et marginaux. Elle doit prendre conscience des enjeux et des priorités de l’heure et laisser de côté les questions secondaires et subsidiaires qui divisent plus qu’elles ne rassemblent. Ceci est valable pour les associations et organisations musulmanes qui doivent œuvrer à la défense des intérêts des musulmans et à leur rassemblement au-delà de leurs différences de rites ou de pensée, autour d’un objectif commun, celui de la bonne représentation de l’Islam, en se référant à ces sages paroles du penseur Rachid Réda : «Soyons unis sur ce dont nous sommes d’accord et excusons-nous les uns les autres sur ce dont nous divergeons ». Les musulmans vivant à l’étranger sont les ambassadeurs de l’Islam. Ils doivent bien le représenter. 

 MMH .  

Merci Professeur pour cette fructueuse contribution et a très bientôt, pour un 2eme entretien au mois de ramadan (in cha Allah), lors de la publication de votre nouvelle traduction des sens du Coran en collaboration avec le Pr Kamel Chekkat. ان شاء الله  

                                        MMH

*)- In, revue le jeune Musulman, n° 39 p 10-17

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