Une stratégie révolutionnaire pour le soulèvement populaire du 22 février 2019.

Nous sommes dans l’urgence. A quelques jours d’une grande date dans l’histoire de l’Algérie contemporaine, le 1 er novembre 1954, le temps est venu pour la Génération Silmiya (Révolution démocratique pacifique) du 22 févier 2019 de convoquer et questionner cette date symbolique, érigée par le pouvoir en acte de naissance de l’Algérie moderne. Le pouvoir politique s’est imposé comme l’Ecrivain de l’histoire et nous a présenté une lecture monolithique et unanimiste du FLN (Front de Libération Nationale) et de la guerre de libération. Pour les soustraire à la critique historique, tous les moyens furent utilisés pour en faire un mythe, un dogme sacré.  Depuis l’indépendance,  les Algériens ont vécu sous le climat d’un terrorisme intellectuel, de l’absence de liberté d’expression. C’est ce climat qui a fait que la génération de l’indépendance ignore tout de l’histoire du mouvement national, de ses hommes, de leurs sacrifices. Une meilleure connaissance de l’histoire nous aurait conduit à regarder autrement les tenants du pouvoir.  Notre malaise politique   trouve son explication dans cette méconnaissance.

Revisiter cette période s’impose à nous comme un horizon indépassable pour comprendre notre présent.  La grandeur d’une Génération est  de ne pas regarder une époque, une classe dirigeante   comme elle voulait qu’on la regarde mais la soumettre à une lecture critique et un regard neuf, surtout lorsque celle-ci nous a promis de fonder une Algérie exemplaire alors qu’elle nous fait vivre dans une Algérie mortifère.  Le pouvoir politique, usurpé par l’Armée des Frontières en 1962, a fondé sa légitimité sur la guerre de libération. Une Imposture historique. De cette imposture découle tous les maux de l’Algérie indépendante. Elle est à l’origine de notre détresse nationale.

 Car, quel lien l’Armée des Frontières a-t-elle avec la guerre de Libération ? L’Armée des Frontières n’a jamais chargé son fusil contre l’Occupant, mais n’a pas hésité à le vider sur les Maquisards en marchant sur Alger. Ben Bella a été institué Président en 1962 par la volonté de l’Armée des Frontières et de son chef d’Etat –Major Boumediene. Et c’est lui qui l’a destitué en 1965. La même logique qui fut à l’œuvre en 1962 s’est imposée en 1965 : la logique de la force.

Avec l’Armée des Frontières, le militaire a supplanté le Moujahid.  Et Aux valeurs du Moujahid, les nouvelles valeurs du militaire : celles de la réécriture de l’histoire et de sa falsification, de la dictature, de l’endoctrinement et de la fabrication, de la spoliation des richesses, de la corruption morale, de l’intimidation, du crime, du complot et de la terreur. Le désastre actuel.

 L’Armée actuelle n’est pas l’héritière de l’Armée de libération. Mais celle de l’Armée des Frontières. C’est l’Armée du pouvoir. Un pouvoir assassin. Cette Armée a tiré sur le Peuple en 1962, en 1965, en 1988, en 2001 et elle a institué un climat de guerre et de terreur de 1992 à 1999.

Elle a fabriqué un système politique qui, à la face du monde, atteste et signe qu’il est un système antinational et antipopulaire. 

La génération indépendantiste s’est soulevée contre la France coloniale. A cette époque, nous avions deux Algérie : l’Algérie des Colons et l’Algérie des Indigènes.

Une guerre terrible et glorieuse à la fois de 1954 à 1962 s’est malheureusement soldée par un été sanglant imposé par l’Armée des Frontières. Elle a falsifié l’histoire et fabriqué une nouvelle société qui a fait du chef d’Etat-Major le seul héros de l’Algérie[1].

Le peuple, véritable acteur de l’indépendance suite aux événements de décembre 1960, à un moment où la bataille d’Alger n’était plus qu’un souvenir et la rébellion de l’intérieur mourait à petit feu a commis, à son corps défendant, l’erreur politique dont il paye le prix jusqu’à ce jour. En s’interposant entre les protagonistes du conflit dans cet été 62, par ce cri du cœur « sabaa snin barakat » (sept ans ça suffit) ; du rôle de véritable héros libérateur en 1960, il joua le rôle d’un arbitre. En rentrant chez soi ce jour-là, le peuple après avoir consenti tous les sacrifices croyait encore dans la parole du politique ; il ne se doutait pas que celle-ci, traversée par des conflits, des crimes, des complots et des désaccords depuis novembre 54 est prisonnière et aux mains de la force militaire. Par ce retrait, il a permis aux détenteurs de la force de la déployer et de régner sur l’Algérie. 

 Depuis cet été 1962, à nous de reconnaître que l’ensemble des crises survenues dans l’Algérie indépendante ne sont que la traduction des conflits entre les clans du pouvoir qui se sont constitués durant la guerre de libération. Et dans chaque crise, la force impose sa logique. Les clans se recomposent, élaborent une nouvelle Constitution et promettent un nouveau départ alors que la société se désagrège et l’Algérie sombre davantage en attendant la prochaine crise.

Mais la prochaine, à l’instar de toutes les autres, cette fois-ci sera fatale : elle signera la fin d’un pays qu’on appelle l’Algérie.

D’où la nécessité d’agir. Maintenant.  L’origine du soulèvement du 22 février, comme celui d’octobre, reste problématique mais la main de la police politique reste prégnante.[2]  Sans oublier de rappeler que le véritable acteur qui a rendu le scénario de la chute de Bouteflika possible reste sa maladie.

Le temps politique s’est définitivement arrêté en Algérie en 1962.  Avons-nous vraiment mis fin au colonialisme après plus d’un siècle d’humiliation et des grands sacrifices durant la guerre de libération ?

 Nous avons chassé une forme du colonialisme[3] mais celui-ci n’a pas été détruit car le 5 juillet 2019 à Alger, le peuple a scandé « nous voulons l’indépendance. » 

Si sur le plan politique nous sommes à l’été 62, sur le plan sociétal, nous sommes encore sous le paysage colonial. Si durant la colonisation extérieure, nous avions l’Algérie des Colons et l’Algérie des Indigènes ; aujourd’hui, nous avons l’Algérie du peuple et l’Algérie des Isabates (des clans). Dans les deux époques, nous avons la même configuration sociétale face au pouvoir en place. Hier le mouvement réformiste, la grande et  la petite bourgeoisie marchaient main dans la main avec le pouvoir colonial  pour sauvegarder  leurs intérêts et fructifier leurs affaires ; seul à cette époque, comme aujourd’hui, le peuple croit au changement et le désire car c’est lui seul qui souffre et paye le prix de cette colonisation. 

Algérie du Peuple, Diaspora algérienne, amis du peuple algérien

Qu’avons-nous gagné en tant que peuple dans ce soulèvement du 22 février 2019 ? Face à un soulèvement qui voulait être une rupture radicale avec le système nous avons maintenant un Président qui n’a ni légitimité ni pouvoir[4]. Et une situation socio politique plus aggravée que la précédente sur le plan économique, des libertés et de la souveraineté. Il est admis que l’Algérie des ISABATES, après chaque révolte se venge davantage sur le peuple et lui fait payer chèrement son hostilité.

Qu’avons-nous alors gagné de ce soulèvement ? Le retour du Peuple sur la scène politique en tant qu’acteur politique. Un acteur politique qui a pris conscience de son unité et de sa force. La seule question qui se pose et doit être la priorité de l’ensemble des acteurs de cette révolution pacifique est faire du peuple, non seulement un acteur politique, mais l’acteur politique : la véritable source de la légitimité et de l’exercice du pouvoir ?

Depuis 1962, l’Armée a imposé sa volonté au peuple, il est temps que celui-ci impose sa volonté.  Le soulèvement du 22 février portait en son sein des moments révolutionnaires car le désir d’une rupture radicale existe réellement dans l’imaginaire du peuple comme elle a existé en 1926 dans l’Etoile Nord-Africaine.  Du 22 février 2019 au 23 décembre 2019, le premier acte du soulèvement a bien démontré d’un côté l’unité d’un peuple et une véritable guerre des clans au sein du pouvoir. Cette guerre des clans s’est soldée par la victoire d’un clan avec l’assassinat du chef d’Etat-Major Gaid Saleh. Il n’y a pas de mort naturelle avec l’Algérie des Isabates[5]. L’Algérie des Isabates s’est recomposée autour du clan des DAF (les Déserteurs de l’Armée française ainsi que les Janviéristes- les Eradicateurs).

La détentrice du pouvoir, par la voix de son chef d’Etat-major avait idéologisé le « soi-disant Hirak [6]»  en se présentant comme Badissiste-novembriste.  A qui s’adressait à l’époque Gaid Saleh ? Au Peuple ?  Celui-ci n’a jamais existé comme force réelle dans leur équation politique. Cette Armée des frontières et sa Police politique, véritables détenteurs du pouvoir, sont composées de forces opposées : cette guerre « idéologique » a bel et bien existé dans les arcanes du pouvoir. L’institution et la destitution des Présidents est toujours la conséquence de la guerre des clans, qui eux aussi, se font, se défont et se refont en fonctions des circonstances internes et externes. Mais ce qui est sûr, les clans qui se déchirent sont unanimes sur l’identité de leur ennemi commun : le peuple.

C’est la raison pour laquelle, l’Algérie des Isabates avait besoin de l’unité du « Hirak » pour accompagner ses luttes internes. Le 23 décembre, la lutte des clans a désigné un vainqueur. Le « Hirak » est fini. Il a atteint ses objectifs.  Il faut maintenant diviser[7] le peuple  qui a vécu un véritable moment de fraternité et d’unité en transposant la guerre idéologique en son sein.

Sommes-nous capables, en tant que peuple, de faire de ce moment fraternel une véritable réalité politique ? Pour cela, nous sommes sommés de transformer cette conscience d’unité, ces moments  révolutionnaires en une  conscience révolutionnaire. Une situation ne peut devenir révolutionnaire que si elle se dote d’une stratégie révolutionnaire.

Le Peuple est dans l’attente d’une stratégie révolutionnaire[8]pour faire de la rupture radicale avec le système une réalité.

Le détournement catégorique

Comme le pouvoir a tourné le dos au peuple ; au Peuple de se détourner catégoriquement du pouvoir. De cette Algérie des clans ne peut advenir que le malheur. Elle porte, dans sa naissance en 62, la haine et le mépris du peuple. Une erreur fatale a été commise lorsqu’on a cru que ces clans au pouvoir pouvaient être à l’écoute des doléances du peuple en relayant la célébration de la fraternité entre le peuple et l’Armée.  Pour que l’idée du peuple prenne corps, il faut qu’elle s’impose aux clans. La seule voie possible est de sauvegarder à tout prix l’unité de celui-ci en désignant un seul coupable : l’Algérie des clans.

Notre unité et notre détermination feront leur chute comme cela a été le cas pour Bouteflika.

Agir là où la police politique ne nous attend pas (Le Redressement historique)

Le 12 décembre 2019, c’est le non qui a triomphé, “ Makach al vote maa Al Isabates” ( pas de vote avec les clans”. Ne pas reconnaître les résultats de ces élections doit se traduire par des actes. Commenter les faits et dires des institutions illégitimes c’est en quelque sorte leur donner une forme de reconnaissance. La conscience révolutionnaire doit agir. L’acte 1 du « Hirak » était dans la négation : la négation du 5 ème mandat puis celui du vote du 12 décembre.  Les deux volontés, celle de l’Algérie des clans et celle de l’Algérie du Peuple se sont accordées pour la chute de Bouteflika mais l’Algérie des clans a imposé sa volonté dans les élections du 12 décembre. Le « Hirak » de la police politique a atteint ces objectifs le 23 décembre. A nous de transformer l’acte 2 du Hirak en Révolution démocratique.

Que faire alors le 1 er novembre ?  Allons-nous reproduire ce qui a été fait le 12 décembre 2019 en sachant qu’au moment où le NON aux élections était ancré dans les esprits et la dynamique populaire dans son intensité, l’Algérie des clans a imposé sa volonté. Et les partisans du Non ont subi des critiques en Europe leur reprochant d’avoir insulté et empêché les votants d’exercer leur droit démocratique.  Continuer dans cette voie s’est servir inconsciemment la stratégie de l’Algérie des clans et signer la mort définitive du rêve du 22 février.

Le 1 er novembre 2020 doit être pour l’Algérie du Peuple un grand moment où elle s’adresse à l’Algérie des clans et à l’opinion internationale par un mot d’ordre qui fera date dans l’histoire. Au moment où l’Algérie des clans s’apprête à sa mascarade électorale dans laquelle elle enterre définitivement l’esprit du 1 er novembre, l’Algérie du peuple manifeste et se rassemble dans les grandes villes et places publiques en scandant : l’Algérie, un peuple sous occupation.

Nous devons créer un grand moment médiatique et démontrer avec ce slogan qu’effectivement l’Algérie des clans est une force d’occupation depuis 1962. Saisir et S’adresser à toutes les instances internationales, sensibiliser l’opinion internationale, faire revivre les oubliés de l’histoire officielle et entrer dans une phase de désobéissance intellectuelle qui sera effective le 10,11 et 12 décembre 2020. Une entreprise intellectuelle dans la forme mais révolutionnaire par son esprit : le Redressement historique[9]. Plus qu’un retour d’histoire, ce soulèvement s’inscrit dans une véritable dynamique de l’appropriation de l’histoire par le peuple en remontant le temps à la source du mal : l’Armée des Frontières.

Seul Héros le peuple.  A nous de nous inscrire dans une fidélité à notre histoire et de faire revivre les évènements de décembre 1960. Comme il a été l’artisan de la libération contre l’Algérie des Colons,  le moment est venu de l’être face à l’Algérie des clans. Le 10,11 et 12 c’est la paralysie totale de l’Algérie. Une paralysie pacifique. Occuper les rues et cette fois-ci, ne plus rentrer chez soi.

En Europe, sensibiliser l’opinion internationale et se diriger le 12 décembre massivement  à Genève  pour interpeller institutions internationales de l’ONU.

Le 12 décembre 2019, L’Algérie des clans nous a imposé des élections. A l’Algérie du Peuple d’imposer l’idée d’un référendum le 12 décembre 2020.

A partir du 1 er novembre, avec le mot d’ordre planétaire « l’Algérie, un peuple sous occupation », saisir chaque occasion pour dénoncer l’Algérie des clans et proposer l’idée du Référendum comme seule solution à la crise. Le référendum est une proposition politique. La seule valable dans un moment de crise politique qui divise un pays. Le président actuel n’a ni légitimité ni pouvoir. Pour  faire admettre et imposer le Référendum comme solution politique, démontrer qu’effectivement deux Algérie se font face et l’une s’impose à l’autre par la force.  Devant une impasse politique, le Référendum se présente comme la solution démocratique à une crise politique. Le Référendum portera sur la question : Etes-vous avec le départ de ce système ou son maintien ?

Dans un Référendum qui émane de sa volonté,  le Peuple exerce effectivement sa  souveraineté.  Par cet acte, il réintroduit  le retour de la politique,  de la transparence et du débat pour régler les conflits et évacue de notre espace social la force, les complots et le crime comme moyens de gérer les crises.

Qui sera l’interlocuteur avec L’Algérie des Clans pour organiser ce Référendum ?

Le « Hirak » de la police politique voulait un soulèvement organisé autour d’un slogan « Non au 5ème mandat » alors que le peuple veut un changement radical du système. Le changement radical est en soi une exigence révolutionnaire.  Le peuple reconnaît celui qui incarne sa voix et peut parler en son nom.

La personnalité politique  susceptible d’être le fis du peuple, le fils de l’Algérie et qui peut  parler au nom du Peuple pour organiser techniquement le Référendum  est Karim Tabou[10].  Tabou est un homme politique. Notre confiance dans l’homme doit être totale.  Il est à l’heure actuelle, la personnalité politique capable de porter le rêve de la rupture radicale et de l’unité du Peuple.  A nous de le soutenir dans ses choix. A lui de prendre son destin politique en main.

Sommes-nous, en tant que peuple, prêt à imposer notre volonté ? Des dates historiques ne manquent  pas pour organiser le Référendum : le 26 décembre, le 11 janvier ou le 19 mars. Et pourquoi pas le 12 décembre si notre dynamique collective est massive et déterminée.

Devant cette dépravation morale et cette déliquescence dans lesquelles se trouvent l’Algérie, si nous ne réagissons pas pour sauver l’honneur de notre histoire, nous tuons en nous à jamais la fierté  d’être algérien que nous avons vu renaître ce 22 février 2019.

Silmiya : symbole de la Révolution démocratique du XXI siècle

Nous devons sauvegarder la philosophie de notre action révolutionnaire. Notre révolution pacifique sera la Révolution démocratique du XXI siècle.  Si l’ordre mondial dans les années 50 était pour l’indépendance des peuples, il faut savoir que l’actuel se dresse contre les peuples. Mais il a besoin pour discréditer leurs revendications et leurs révoltes et continuer à les asservir de les pousser vers la violence.  La violence révolutionnaire du XIX siècle doit laisser place à la Révolution pacifique du XXI siècle. L’année 2019 marque le retour des peuples sur la scène historique. Depuis le XV siècle, avec la naissance de l’Occident, la puissance a régulé les relations internationales et la puissance des armes donnait raison au vainqueur. Nous sommes entrés dans une nouvelle phase où l’hégémonie occidentale  n’impose plus son diktat. L’idée du « dégagisme » des printemps arabes plane toujours dans l’air révolutionnaire des Peuples. La contre Révolution qui les a étouffés ne peut perdurer éternellement. Nous portons, non seulement le devenir de l’Algérie mais le devenir monde des peuples en souffrance. En s’imposant comme le sujet de l’histoire, le Peuple algérien signe le retour du Peuple sur la scène historique.  C’est  dans l’accomplissement de cette tâche que le grand cri libérateur du 2 aout 1936 «cette terre n’est pas à vendre » aura pleinement son sens.  A la terre, nous ajoutons : nos soldats ne sont pas à vendre aussi.


[1] -Pour comprendre la période de Boumediene- la mainmise totalitaire sur l’Algérie et son histoire qualifiée par la pensée philosophique du totalitarisme comme étant l’ère de la fabrication, je renvoie les lecteurs à mon article « Algérie : pays des simulacres », site Oumma, 9 décembre 2008 https://oumma.com/lalgerie-pays-des-simulacres/

[2] Aucune spontanéité n’est de mise dans des mouvements de cette ampleur et dans une société quadrillée par la police politique. Encouragée dès sa naissance par le clan qui règne aujourd’hui, il fallait que le soulèvement soit massif, anonyme et sans représentants mais centré uniquement sur le départ de Bouteflika. Et la grande supercherie dont l’origine remonte aux années 70 (les matches de la coupe d’Algérie sont là pour nous rappeler ce slogan) et très bien orchestrée par la police politique et la célébration de la fraternité du peuple avec l’Armée. Elle va l’accompagner et décider de la chute de Bouteflika….

Par la célébration du slogan DJICH CHAAB KHAOUA KHAOUA, l’Armée s’est donné une virginité alors que toute son histoire est tâchée du sang. Celui du Peuple algérien. C’est ce slogan qui a autorisé Gaid Salah à discourir de l’intérieur d’une caserne. En adoptant ce slogan, malheureusement, nous avons mis de nouveau le peuple en cage. C’est le génie populaire qui a su déjouer et détourner ce slogan en accusant les généraux. Sans oublier que l’Armée c’est le commandement. La nouvelle mission de cette Armée n’est plus de tirer sur son peuple mais de faire la guerre au terrorisme islamiste. Sa seule doctrine est de combattre le terrorisme dont elle est devenue experte. L’Armée des Frontières, aux mains des DAF maintenant, par cette Constitution fait de l’Armée le bras armé de la politique antiterroriste de l’impérialisme capitaliste.

L’autre slogan bien orchestré par la Police politique est l’emblème Amazigh. La kabylie a été, est, sera la locomotive de la contestation politique contre ce système antinational et antipopulaire. Mais quel est le rapport, dans une contestation essentiellement politique d’associer une revendication culturelle. D’autant plus que le but de son apparition avait pour objectif de créer la division au sein du Peuple. La conscience politique des berbérophones est assez éclairée pour ne pas tomber dans ce piège. Les partisans de la double rupture, l’Autre allié de la police politique en sont à l’origine.

L’Emblème Amazigh, dans une Algérie libre, sera l’Emblème de toute l’Afrique du Nord comme l’est le drapeau  Européen pour les pays européens. Sa dimension est plus grande que l’Algérie. Renouer avec la liberté des peuples c’est retrouver la dimension historique et civilisationnelle de ce grand Maghreb. 

Le mot « Hirak » reste un concept problématique. Son horizon n’est pas révolutionnaire. Mais son origine ou le laboratoire qui l’a conçu dès les premières manifestations transformaient celles-ci en une irruption populaire sans un projet politique alternatif mais orientée vers un seul objectif : la chute de Bouteflika. Cela n’empêche pas que le réel est toujours le théâtre des volontés. Une nouvelle volonté, ce 22 février a vu le jour : celle du Peuple. Elle s’est manifestée le 7 mars lors de la rencontre des partis politiques par la voix du fils du peuple qui a refusé de s’asseoir avec ceux qui ont massacré l’Algérie, et le 22 mars par le slogan populaire qui résume à lui seul la rupture radicale avec le système « Yatnahaougaa » (Qu’ils dégagent tous ). La philosophie explicite de cette volonté populaire s’est manifestée le 5 juillet 2019 « le peuple veut son indépendance »

[3] Par mémoire les études de Rosa Luxembourg sur les Métamorphoses de l’impérialisme : de l’Esclavage au Colonialisme puis au néocolonialisme. La forme change mais La domination demeure.  Il serait judicieux de comparer les  deux révolutions chinoise et algérienne. La première,  de la Chine du Maquis à la Chine impériale et la nôtre de l’Algérie du Maquis à l’Algérie des Gangs.

[4] Depuis le 13 décembre 2019, le peuple ne cesse de scander « TebbouneMzaouar, jabouh al askar » Tebboun n’est pas légitime, imposé par l’Armée. Avons-nous eu un Président légitime dans notre histoire ? La grande question qu’on doit se poser en tant que peuple : Comment, en étant les héritiers d’une grande histoire, nous sommes réduits à accepter d’être gouvernés par des impotents qui nous méprisent et nous insultent ? A l’image du serviteur des Gangs qui invite les Algériens mécontents à quitter leurs pays. La manière est plus insultante que les mots. Ces mots traduisent la pensée de l’Algérie des Gangs. Son visage civil a utilisé un langage « poli » imaginez ce que pensent du Peuple les porteurs d’uniformes. Je renvoie les lecteurs à mon article : « Algérie : Testament des décombres », Libération, 2 juin 2003.

[5]– La liste est longue dans le palmarès de cette Armée des Frontières qui, pour écarter ses opposants, au dernier recours, si ces derniers ne s’alignent pas sous sa volonté les liquide physiquement. Même si, à un moment, ceux-ci sont les enfants du système. Et souvent ce fut le cas.

[6]  C’est ainsi qu’il était qualifié par Gaïd Salah. Une manière de le balayer par un revers de main.

[7]  Diviser le peuple reste la stratégie par excellence de cette police politique pour présenter l’Armée, comme la seule garante de l’unité.

[8]  Le peuple a besoin d’une vision qui l’incite, l’encourage et le dynamise. Il ne s’agit plus de sortir pour scander les mêmes slogans mais comment les traduire en actes. La condition politique doit unir les mots aux actions. Une stratégie révolutionnaire est notre horizon mobilisateur.

[9]  Ce qui a rendu possible la confiscation de notre indépendance en 1962c’est l’imposture historique. L’Armée des frontières nous a volé notre histoire. De ce vol, de cette dépossession historique, l’Algérie de 2020 a honte de son visage.

[10]  La première fois que j’ai vu et entendu Karim Tabou est le 7 mars 2019. C’est à cette occasion que j’ai cru qu’une force populaire pouvait surgir de ce soulèvement. C’est ce moment suivi de Yatnahaougaa du 22 mars qui  ont fait renaître le peuple. Il s’agit maintenant de le faire vivre.

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