Avec le hidjab, devenu symbole de la pudeur, la femme musulmane possède  au moins  un  point commun  avec des femmes unanimement appréciées et respectées : les sœurs chrétiennes.   

On trouve dans le Coran le mot hidjab dans six versets (1). Mais le mot y est utilisé dans le sens de `rideau`,  comme par exemple dans le verset (19-17) : ` Elle [Marie/ Meriem-as-] mit un rideau entre eux et elle. Nous lui envoyâmes notre esprit. Il lui apparut sous la forme d`un être humain parfait.

Pour nous parler du hidjab en tant qu`élément vestimentaire de la femme, le Coran utilise les mots ` Khimar` et ` Djilbab` et uniquement dans deux versets : (33-59) et (24-31).  Le `Khimar` est un genre de châle utilisé pour couvrir la tête et éventuellement le cou et même le haut de la poitrine. Le ` Djilbab` est apparemment controversé. Pour certains, il désigne un habit en forme de chemise et jupe d`un seul tenant avec souvent  une échancrure au niveau de la poitrine (4), pour d`autres c`est un simple tissu, comme le `Khimar`, (3- Pg.1839) qui se porte sur les épaules comme la cape européenne ou le poncho sud- américain.

A ma connaissance, les  mots controversés sont malheureusement fréquents dans le Coran et on ne comprend pas pourquoi les spécialistes ne s`en occupent pas, même si la Tradition islamique assure que les différences chez les Oulama sont une bénédiction pour les croyants. En plus de `Djilbab `, on peut citer le mot `soltane` dans le verset (55-33), que certains traduisent- mal-par `science` et d`autres par `والصلاة  كثرة الدعاء -katratou ad-dou`a`. Il y a aussi l`expression coranique  `واضربوهن-wadribouhounna` dans le verset (4-34) qui est en rapport avec les mots et expressions suivants :

-` -ضرب -Dharaba` a, actuellement auprès du commun des mortels,  le sens de `frapper` ou ‘sévir’ alors que le dictionnaire le traduit aussi par : battre, mélanger, tirer, et lancer (5)

-` ضرب  في الأرض -Dharaba  fil-ardi `, selon le dictionnaire veut dire ` s`éloigner ‘ou` voyager` ce qui induit une séparation et c`est le même sens pour l`expression coranique` – ضربتم في  الأرض Dharabthoum fil-ardi` (4).

-` – فاضرب لهم طريق Fadhrib lahoum tarik…` dans le verset (20-77) est traduite par ` Frayer un passage`. Pour créer ce passage, il a fallu une séparation dans les eaux  de la mer rouge.

– Dans les expressions ` ضرب عنقه-Dharaba aankahou` ou ` – ضرب عن العملDharaba aani al-aamal ` on trouve le sens de séparation complète.

-` واضربوهن –wadhribouhounna-` peut vouloir dire, non pas ` frapper les femmes` mais ‘éloignez-vous totalement d`elles`. Un genre de « demi divorce » pour une période d’observation. Les spécialistes doivent s’en occuper.

En matière de tenue vestimentaire pour la femme, le Coran a d`abord demandé aux croyants de ne s`adresser aux femmes du prophète-saaws- qu`en étant séparés d`elles par  un rideau (Coran 33-53). Cette recommandation interdit donc aux femmes du prophète-saaws- d`avoir le visage découvert quand elles ont à traiter avec des hommes qui ne sont pas de proches parents (2).  Le voile intégral pour les épouses du prophète-saaws-  est confirmé dans plusieurs hadiths.  Les femmes du prophète-saaws- ne sont pas comme les autres, le Coran le dit : ` O femmes du prophète vous n`êtes comparables à aucune autre femme…` (33-32).  Puis dans le verset (33-59), le Coran s`adresse à toutes les croyantes, en citant les femmes et les filles du prophète-saaws-,  et leurs demande de ramener  sur elles leur s voiles- `DJalabib`, pluriel de `Djilbab`- quand elles sortent : ` Prophète, dis à tes épouses, à tes filles, aux femmes des croyants de ramener  leur voile sur elles. Ce sera pour elles le moyen le plus commode de se faire connaitre et de ne pas être offensées [dans la rue] ….`.  C`est apparemment de se verset qu`on a déduit deux choses. D’abords que la croyante doit couvrir sa chevelure son cou et le haut de la poitrine afin de se faire connaitre comme croyante et être respectée dehors ; mesure que les croyantes de l`époque pouvaient ne pas faire auparavant. Et ensuite on a déduit que le `Djilbab`, élément vestimentaire d`avant l`Islam, n`est pas une robe mais un simple tissu porté sur les épaules et qui ne peut  pas couvrir le visage sans couvrir  les yeux, en même temps que la chevelure et le haut de la poitrine. Si les femmes des `mouhajirine` ont perforé leur `Djilbab` pour pouvoir couvrir le visage, comme certains l`ont dit, c`est apparemment un zèle de leur part et non une recommandation de la religion.

Quand on a prescrit la `burqa ` afghane, le `niqab` saoudien et le `hayek` ou la `mlaya` nord-africains, on a, au nom de la religion, emprisonné injustement et à tort la femme musulmane.

La `Sourate 24- En Nour-, révélée quelques temps après la `Sourate 33- `Al Ahzab`- s`adressera à l`ensemble des croyantes et parlera aussi bien de la tenue vestimentaire que du comportement de la croyante et du croyant.  Ce n`est plus le besoin de respect qui impose un vêtement mais les nécessités de la morale : ` Dis aux croyantes de baisser les yeux [devant ce qu`il leur est interdit de regarder], de sauvegarder leur sexes [de tout rapport illicite], de ne pas exhiber leurs atours hormis ce qui est visible. Qu`elles rabattent leurs voiles -Khimar- sur leurs poitrines… (24-31). Cette exigence de se couvrir sera atténuée par le verset (24-60) qui en dispensera les femmes âgées : ` Les femmes atteintes par la ménopause et n`espérant plus se marier peuvent, sans [qu`on puisse en faire une transgression], renoncer à porter leurs vêtements [de sortie], sans exhiber [toutefois] leurs atours. Mais mieux vaut pour elles s`en abstenir…`.

La croyante et aussi le croyant (Verset 24-30), sont tenus donc d`être chastes et de cacher les parties intimes du corps. Les ‘fouqaha – Théologiens-’ ont fixé les caractéristiques du hijab de la femme et celles-ci  sont incontestées par les musulmans :

– Doit couvrir tout le corps sauf le visage et les mains.

– Ne doit pas mouler le corps

– Ne doit pas être transparent

On peut remarquer que ces critères  ne fixent pas la nature du vêtement et laissent une marge de manœuvre pour celles qui ne peuvent se passer d’un minimum d’élégance.

Pour imposer le voile intégral, les saoudiens disent que l`expression coranique`…  Qu`elles rabattent leurs voiles -Khimar- sur leurs poitrines…` implique de cacher la chevelure, le visage, le cou et le haut de la poitrine (3 Pg.1838). Ils considèrent que le visage de la femme est `Aawra` et doit être caché.  Ils ont même trouvé un  ‘faqih’-théologien- parmi les anciens qui  recommande de ne garder visible qu`un seul œil [3 Pg.1839]. Ce raisonnement ne tient pas compte de certains hadiths qui interdisent à la femme  de cacher son visage et ses mains lorsqu`elle fait sa prière ou lorsqu`elle est en état  d`Ihram` durant le pèlerinage (Atharmidi 833) ; comme il néglige le fait qu`on peut rabattre le `Khimar` sur la poitrine sans pour autant cacher le visage.  Par imitation, le `Niqab` saoudien a été `afghanisé` en  `Burqa` et `nord-africanisé` en `hayek` et ` mlaya`. Néanmoins, les saoudiens semblent avoir changé d`avis. Dans une `fethwa,` Ibn Al-Othaimin a souhaité l`interdiction du `Niqab`(3-Pg.1865). On semble avoir compris que le voile intégral est devenu une tenue de `travail` pour certains bandits.

En résumé, les croyantes  et les croyants- (Verset 24-30)- doivent  être chastes et ne libérer leur libido – qui est une forme d’énergie- que selon des règles et recommandations fixées par la religion, ou exigées par la morale et adoptées par la société : ‘…il est licite pour vous de rechercher (des épouses), en employant vos biens, en hommes désirant se marier honnêtement, non en débauchés… (Coran : 4-24).  La tenue vestimentaire fait partie de ces règles et aide le croyant et la croyante dans leur volonté de les respecter.

Lorsque le musulman proteste contre les dérives dans le comportement ou les différents degrés de nudisme, on l`accuse d`être incapable de maîtriser sa libido alors qu’en réalité, il se défend contre les provocations et le dévergondage qui agressent la morale et lui compliquent la tache dans sa volonté d`être chaste.  C`est l`homme occidental, en vérité, qui est faible face aux exigences de sa libido, tellement faible qu`il a tout libéralisé, outrageusement  libéralisé au point d`arriver à céder facilement et à satisfaire sa libido anarchiquement, sans aucun problème ni contrainte.

Comme preuve de cette faiblesse, on peut citer les scandales enfin  révélés, `balancés`, et qui  montrent les abus et les harcèlements dans les milieux culturels, administratifs et même dans les institutions aussi `honorable` que l`académie Nobel.  Cette libéralisation a donné à la femme occidentale la volonté de s`imposer comme un homme et lui a, souvent, fait perdre sa féminité et son attrait. Cette perte a conduit certains  à s’éloigner de la femme pour adopter des ersatz humains ou industriels. Cette libéralisation a aussi mené les sociétés occidentales aux résultats suivants :

-`Le mariage pour tous` .

– Les `unions libres` ou règne le chacun pour soit.  De compagnon et soutien pour la vie, on veut un partenariat pour un temps.

– La possibilité d`avoir des enfants non pas avec le conjoint mais avec un(e) `nomade` ou même achetés auprès d`un laboratoire.

– La destruction de la famille et des liens familiaux, deux choses importantes en Islam. Cette destruction a induit l`abandon des personnes âgées pour lesquelles, à titre de compensation, on a créé des hospices et inventé la notion ‘d`animaux de compagnie` qui n`empêcheront  nullement la personne de mourir seule et même de rester dans son appartement, sans sépulture des jours, des semaines et même des mois.

L`Eglise et ses ouailles ont une grande responsabilité dans ces dérives que les musulmans  ont toujours refusées mais que les chrétiens ont acceptées au nom des libertés individuelles et de l`égalité homme-femmes. L`homme et la femme peuvent-ils être égaux avec les mêmes droits et les mêmes devoirs? Est-ce un abaissement pour l`homme [ou la femme] s`il [elle] a certains droits et devoirs différents de ceux de la femme [de l`homme]?

La science montre qu`entre l`homme et la femme il y a des différences physiques, biologiques et psychologiques. La psychologie, par exemple, dit qu`à l`adolescence la fille veut séduire et le garçon veut s`imposer. Les différences ne sont pas antagoniques, elles sont complémentaires mais induisent certains droits et certains devoirs particuliers aussi bien pour l`homme que pour la femme.

Lorsque le musulman cessera de piétiner certains droits de la femme comme le droit de s`instruire, de travailler, d`hériter de ses parents, de gérer librement son patrimoine personnel, de refuser un mariage imposé, etc.…. Lorsque le musulman cessera de vouloir exclure la femme des lieux publics et se rappellera que du temps du prophète-saaws- la musulmane faisait son marché seule au `Souk` des juifs  ‘Banou Kaynoukaa’ (6).    Lorsque le musulman cessera de se donner des droits aux dépend de la femme : se croire naturellement plus efficace, plus intelligent, etc.…Lorsque la musulmane qui réussit à s`imposer socialement refuse de perdre sa féminité et évite de vouloir faire de son conjoint un subordonné. Lorsque la musulmane refuse d`agresser la morale en manquant de pudeur dans les lieux publics. Alors la société musulmane deviendra un modèle enviable en matière de relation homme/femme.

`… Seigneur ne nous tiens pas rigueur de nos oublis ni de nos fautes…` Coran [2-286]

 

Noureddine Morsli

Notes :

(1): Ces versets sont : [7-46], [17-45], [19-17], [33-53], [38-32], [42-51].

(2): Ces proches parents sont cités dans le verset [24-31].

(3): Dr. Khaled A/ Er-Rahmane Al-Jarissi: Fathawi Ulema Al-Balad Al-Haram/ 2011.

(4): Dictionnaire ` Al-Kamousse al-jadid`- Edition ENL/Alger-1991.

(5): Dictionnaire Arabe/Français, édition Dar El Houda/2001

(6): Cette tribu sera expulsée de Médine pour avoir rompu le traité dit `Constitution de Médine` qu`elle avait signé avec les autres communautés de la ville.

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