Les temps sont durs pour les peuples arabes et les musulmans ; précisons que le dictionnaire Larousse dit que tout peuple qui parle arabe est arabe, donc le qualificatif a un sens culturel et non ethnique. Les félons et les larbins du néo-colonialisme peuvent dire ce qu’ils veulent, du moment que l’histoire est catégorique : la langue arabe, contrairement à beaucoup de langues et de patois dans le monde, a géré un puissant empire et une brillante civilisation. Selon l’UNESCO, si le processus de disparition des langues se maintient, il n’en restera que cinq langues dont l’arabe. De ce fait les honnêtes croyants et les patriotes doivent croire en la résurrection du sphinx et surtout agir pour décomplexer  le citoyen vis avis du savoir et du travail : « A cette époque, la science était musulmane… Les évêques  refusèrent de se mentir à eux même. Ils firent les efforts nécessaires et de longs déplacements jusqu’en Andalousie ou à Baghdad pour maitriser le savoir de leur époque. Ils deviennent, en plus du savoir religieux, archéologues, mathématiciens, traducteurs, agronomes, etc…Ils ne traitent les problèmes de la société qu’en tenant compte de ce que disent la science et la raison. Ils maitrisèrent le savoir et volèrent les savants (Ibn Sina devint Avicenne,  Ibn Rochd : Avéroés, Al Kindi : Alkindus,…) pour faire croire a leurs peuples que le savoir et les savants sont chrétiens et ainsi les décomplexer et les mettre au travail »(1).

A une certaine époque donc le savoir était chez les arabo-musulmans ; mais aussi la puissance :

– Il fut un temps ou le roi de France François 1ier n’était aux yeux de Soleimane le magnifique(Soleimane Al-Kanouni) qu’un simple Bey, un gouverneur de province qui demande l’aide du Sultan contre des …chrétiens : « Le bey de France …qui avait toujours montré son attachement…et manifesté son dévouement à la porte…se trouvant lui-même assiégé…vit que, de l’avis de tous, le parti le meilleur et le plus sage était de s’adresser à la cour du sultan… »  «  Le bey de France envoya donc un ambassadeur à Istanbul afin de demander l’aide du sultan et de lui remettre le message suivant : Un ennemi acharné à notre perte a triomphé de nous, avec le secours et l’appui du roi perfide des hongrois maudits. Si le sultan du monde, dans sa générosité, daigne repousser cet odieux auxiliaire de nos ennemis, nous pourront les combattre, et déjouer leurs projets pervers. Devenus des esclaves des bienfaits de sa Majesté, nous courberont humblement la tête sous le joug de son obédience » (2-Pg.36).

– « Ainsi l’Europe chrétienne, faible, divisée et irrésolue, paraissait-elle sans défense face à l’écrasante puissance de l’état ottoman centralisé et discipliné : Il y a de leur coté les ressources d’un puissant empire, force sans pareil, expérience et pratique de combat, des troupes aguerries, accoutumance à la victoire, endurance à la peine, unité, ordre, discipline, frugalité et vigilance. De notre coté, c’est pauvreté publique, luxe privé, force diminuée, esprit abattu, manque d’endurance et d’entrainement ; les soldats sont insubordonnés, les officiers avides ; la discipline est tenue en mépris ; licence, négligence, ivrognerie et débauche sévissent ; et, pis que tout, l’ennemi est habitué à la victoire et nous à la défaite. Pouvons-nous douter de se qui en résultera ? » (5-Pg.35).

A cette époque à ne pas oublier, l’hygiène était ailleurs qu’en occident chrétien :

– « … lorsque  Tartouchi (ambassadeur andalous au 10eme siècle) parcourt la Franconie, c’est un tout autre spectacle qui s’offre à sa vue et lui fait dresser les cheveux sur la tête…. «  Tu ne saurais rien imaginer de plus sales que ces gens-là ! Ils ne se lavent qu’une ou deux fois par an à l’eau froide. Ils ne lavent jamais leurs vêtements ; une fois qu’ils les ont endossés ils les gardent jusqu’à ce qu’ils tombent en lambeaux… N’oublions pas qu’en tant que musulman il est astreint aux ablutions avant chacune de ses cinq prières quotidiennes ! »  (4-Pg.37).

La puissance et l’hygiène mais aussi le raffinement et la fierté d’être soit même face à l’étranger. Un ambassadeur du calife n’hésitait pas à critiquer les habitudes et le comportement des Francs, sujets de Louis XIV :

– « Les Francs ne ressemblent pas plus aux Turcs que la nuit ne ressemble au jour. Quand nous entrons dans un appartement, nous ôtons nos chaussures et gardons la tête couverte. Les Francs, eux, gardent leurs souliers et enlèvent leurs chapeaux. Nous laissons croitre notre barbe et rasons nos cheveux. Ils laissent croitre leurs cheveux et rasent leurs barbes. Nous écrivons de droite a gauche, ils écrivent de gauche a droite. Nous mettons les tapis sous les tables, ils les mettent dessus…Bref, mettez un Turc la tête en bas, et les pieds en l’air, vous aurez un Franc » (3-Pg.24). Remarquons que dans la comparaison le Turc est le jour et à l’endroit par contre le Franc c’est la nuit et il est à l’envers.

– « L’Islam possédait une culture florissante et variée, de vastes territoires et de larges ressources, une économie complexe et prospère ; il avait créé une société urbaine raffinée et policée, en si fort contraste avec les cités d’Europe… » (5-Pg.19).

Bien avant, au neuvième siècle, c’est l’ambassadeur andalou qui s’impose dans une joute protocolaire avec un roi viking : «Deux jours après leur arrivée, le roi les appela en sa présence, mais Al-Gazal déclara qu’il ne serait pas obligé de s’incliner devant lui et que son compagnon et lui-même ne s’écarteraient en rien de leurs habitudes. Le roi y consentit, mais lorsqu’ils arrivèrent a la salle ou le roi, magnifiquement vêtu, devait les recevoir, ils trouvèrent que, conformément à son ordre, la porte en avait été rendue si basse qu’on ne pouvait entrer qu’en se baissant. Alors Al-Ghazal s’assit par terre et, en s’aidant de ses pieds, il se poussa en avant sur son derrière ; puis, ayant ainsi passé par la porte, il se redressa…le roi les admira et dit…nous avions l’intention de l’humilier mais il a prit sa revanche en nous montrant d’abord ses semelles (ce qui est une insulte). Si ce n’était pas un ambassadeur, nous nous offenserions de cela » (2-Pg.88).

Après avoir eu un mode de vie et des habitudes pitoyables à coté d’une brillante civilisation arabo-musulmane, l’occident chrétien est devenu un modèle pour l’humanité tout en privilégiant toujours la religion chrétienne. Il en est de même des juifs qui ont obtenu, tout récemment le même résultat sans abandonner leur religion ; bien au contraire :

– « Il remarqua la richesse des boutiques, les gens habillés à la mode, il fut impressionné par le calme et l’ordre qui régnait en dépit d’un nombre considérables de passagers. Tous suivaient impeccablement la file d’attente sans rouspéter. Personne n’osait resquiller et se faufiler, comme il avait l’habitude de le voir en « Israel » à la montée d’un bus ou devant les salles de spectacles »… « …La station centrale (des bus à Tel Aviv) était déserte et sale. Des clochards et des sans-abri cherchaient dans les poubelles de quoi boire et manger pour le shabbat… » (6-Pg.190) ; Il s’agit d’un juif étonné par ce qu’il voit en débarquant pour la première fois à Orly dans les années soixante.

– « …Il expliquait comment- « l’état d’Israël »- avait réussi à intégrer les juifs d’Afrique du Nord …La majorité est illettrée et a vécu comme dans les temps bibliques. Une partie vivait dans les montagnes de l’Atlas, dans des grottes. Pour eux, ici, c’est le paradis….Nous devons les convaincre de vivre convenablement et dans la modernité. Nous considérons que l’hygiène est de la plus grande importance, et donc, nous leurs avons appris avec tact à se servir des installations sanitaire dans le but d’éviter les maladies et les épidémies… » (6-Pg.43).

– Pendant des millénaires les juifs sont restés…juifs : «  glabres, faibles et peureux » (7-Pg.29) réputés  commerçants malhonnêtes et  usuriers. En 20 ans (1948-1967), le Juif « craintif, souffreteux, chétif »(7-Pg.29) est devenu ce que tout le monde peut voir et ce que les musulmans subissent ;  « Le miracle s’est fait grâce au « travail de la terre, systématiquement encouragé…permettant d’échapper enfin à la perception dégradante du juif usurier parasite, incapable de travailler de ses mains… » (7-Pg.30).

Le miracle par le travail de la terre. La technologie numérique a beau être indispensable, elle ne peut remplacer le travail de la terre. En pleine renaissance un roi franc lançait : «  l’agriculture et l’élevage sont les deux mamelles de la France ».

«  Tels sont les jours, nous les donnons aux peuples, tour à tour… » (Coran). Le processus est d’ordre divin mais il aboutit chez les peuples qui travaillent le plus et le mieux. Il peut donc y avoir le même miracle dans les pays arabo-musulmans comme il y a eu un miracle chez les chrétiens et un autre juif ; comme il est en train de devenir chinois.

N’importe quel pays musulman peut réussir son miracle. Malek Bennabi, paix à son âme, y a consacré certains de ses livres dont « les conditions de la renaissance ». Pour cela une mesure essentielle consiste peut être à commencer par mettre fin à toutes les complications et les exigences non réalistes introduites dans la religion durant l’âge d’or de la puissance arabo-musulmane: «… la majeur partie de la « shari’a », fut formulée au cours des cent cinquante premières années de l’ère islamique, à l’époque ou les armées arabe progressaient vers la France, Byzance, la Chine et l’Inde, et ou il n’y avait apparemment aucune raison de douter que le triomphe final et universel de l’Islam fut non seulement inévitable mais éminent. Par la suite, sur ce point comme sur d’autres, un fossé commença à se creuser entre la doctrine et la réalité politique, fossé que dirigeants et soldats feignaient de ne pas voir et que les juristes s’efforçaient de dissimuler… » (2-Pg.54) ; Hélas, le fossé est devenu ravin.

Aujourd’hui les armées arabes sont faibles et elles achètent leurs armes et leur nourriture chez leurs adversaires potentiels. Ces armes achetées ne sont jamais utilisées sauf contre leurs peuples ou leurs coreligionnaires comme…François 1ier. Aucun état ou peuple musulman du 21eme siècle n’est en mesure d’imposer quoi que ce soit à l’humanité non musulmane ; mais est-ce qu’il est obligé de le faire ? N’est-il pas chargé seulement de transmettre ? Il doit s’estimer heureux s’il est capable de se défendre par la clairvoyance de ses dirigeants et la motivation de sa population ce qui n’est pas évident avec « les rois faignants » qui sévissent actuellement en profitant de la tradition sunnite qui interdit, à tort, la contestation même pacifique du chef. Le chef/Sultan « est l’ombre de Dieu sur la terre » même s’il est amateur de whisky et ne participe pas à la prière de l’Aïd.

Dans les relations entre eux et avec les autres, Les musulman doivent  revenir à l’Islam d’avant la prise de la Mecque. Le Prophète (saaws) a vécu cette Islam, conforme au verset (2-286) qui dit « Dieu n’impose rien à l’âme qui soit au-dessus de ses capacités !…). A cette époque les musulmans étaient charitables et s’entraidaient en fonction de leurs moyens, signaient des traités de paix, ne défiaient personne, n’exigeaient pas de « djizya »… Lorsque la nécessité l’a imposée, ils ont émigrés et non pas combattu. Leurs seules armes étaient : la foi, la communion avec le chef et la solidarité sans faille.

En revenant à ces fondamentaux, en réussissant à posséder ces armes il ne s’agira pas de les utiliser sur les champs de bataille. Aujourd’hui les guerres se déroulent et se gagnent dans les laboratoires, les champs et les ateliers. Les « ricains » ont attaqué et occupé l’Irak sans trop de menaces mais ils n’ont, à ce jour, pas attaqué la Corée du nord malgré de fermes menaces. Les laboratoires et les ateliers de la Corée du nord, contrairement à ceux de l’Irak, avaient travaillé sans fanfaronnades, ce qui oblige actuellement les « ricains » à se contenter de menaces et de messages codés. Le récent bombardement de la Syrie par des missiles, suivi de menaces contre la Corée en est un, parait-il, et il montre ce que pèsent les peuples musulmans actuellement ; ce que valent leurs vies aux yeux de certains.

Noureddine Morsli
26 avril 2017

Notes :

– (1) : N.MORSLI : « Les algériens : passé dévoilé avenir incertain » in www.hoggar.org.
– (2) : BERNARD  LEWIS : « Comment l’islam a découvert l’Europe », Ed. Gallimard/ 1990. Voir aussi : Khaled Ridha « Vers un nouvel horizon islamique-revisiter la Sharia », ed. Benmerabet/ Alger-2016.
– (3) : DANIEL RIVET : Le Maghreb a l’épreuve de la colonisation- Ed.Pluriel/France-2010.
– (4) : SIGRID HUNKE : « Le soleil d’Allah brille sur l’occident », Ed. Albin Michel/ 1963.
– (5) : BERNARD LEWIS : Europe Islam Actions et Réactions » Ed. Gallimard/ France-1992.
– (6) : Freddy Eytan : « L’autre visage d’Israel », ed. Du Rocher/ France-2006.
– (7) : FREDERIC  ENCEL : « géopolitique du sionisme », ed. Armand Colin/Paris-2006.

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