Parce que la recherche scientifique est une activité continue menée par des gens qui se soucient peu de leur identité, mais surtout mus par le plaisir de poursuivre leur aventure, la plupart des historiens de la science, même ceux ayant une inclinaison particulière à la « particularisation » du développement scientifique, ne peuvent nier l’existence d’une interaction mutuelle entre la science et la société qui l’entreprend. Ainsi, chaque communauté reçoit le savoir spécifique qu’elle attend, comme le « fils de l’environnement de poète », selon le proverbe arabe.

L’histoire offre de nombreux exemples tendant à prouver qu’une communauté peut déterminer avec un degré raisonnable de précision, la science qui s’identifie à elle. Ceci n’est pas incompatible avec l’importance du génie individuel, qui est certainement à la base de tout aboutissement scientifique. Personne ne prétend que le scientifique n’est qu’un « outil » utilisé par une communauté pour répondre à ses besoins, ou que les découvertes scientifiques ne peuvent être concrétisées par des gens sans grand génie, mais le fait est, que la question scientifique nécessite deux facteurs importants agissant de concert: le besoin social et l’esprit de génie.

Le génie scientifique ne peut s’improviser de manière routinière, contrairement à ce qu’on pourrait penser lorsqu’on a des disciples brillants, travailleurs assidus et persévérants, mais se manifeste souvent par la découverte soudaine de résultats importants, fruits d’idées et d’hypothèses pertinentes en gestation. C’est ce que j’ai pu percevoir de la discussion que j’ai pu avoir avec le Docteur Ouared. Je me suis donc souvenu des principales réalisations de sommités scientifiques occidentales de renom, tels « Archimède » lorsqu’il rentra dans sa salle de bains de l’époque, « Newton », lorsqu’il lui tomba une pomme sur sa tête, « Einstein » et sa fascination pour la lumière , et enfin « Mozart », lorsqu’il arriva au terme de sa courte promenade. Ce « génie brillant » apparait comme un murmure dans une oeuvre d’art, la plus belle. C’est cela, que j’ai remarqué, lorsque nous avons invité le Dr Ouared au « Conseil des imams », en tant que scientifique intéressé par le suivi des croissants lunaires et des questions liées à l’avènement du mois de Ramadan. Je lui avais présenté un rapport de la « Conférence internationale pour unir le calendrier hégirien », qui a eu lieu à Istanbul avant le début du Ramadan, qui était organisée par la Présidence des affaires religieuses en Turquie, avec la participation du Centre d’astronomie internationale et le Conseil Européen pour la Fatwa et la Recherche, en présence de nombreuses références jurisprudentielles et comités scientifiques de la fatwa, venant de plus de 60 pays dans le monde.

Quelques semaines plus tard, le Dr Ouared m’a téléphoné pour m’annoncer avec certitude est au-delà de tout doute raisonnable, sa mise en évidence de la scène du « fil blanc » conformément au verset du Coran 2/187 et au Hadith du « rectangle ». Après l’observation de ces images impressionnantes, je ne pu manquer de le féliciter. Ceci est le type de génie dont nous avons besoin, non seulement dans notre communauté de Suisse, mais pour tout le monde musulman. Ce fut l’occasion de me rappeler quelques questionnement concernant des illustres scientifiques des siècles précédents, et en particulier ce qu’a dit Thomas Edison : « Le génie est un pour cent mais quatre-vingt-dix-neuf pour cent d’effort et de sueur ». Tandis que Buffon a dit: « le génie n’est que grande compétence dans la patience ». Enfin, Poincaré reconnaît que: « Avec la logique nous pouvons démontrer, mais c’est avec l’intuition que nous pouvons inventer ».

C’est donc au sujet de ces génies et conclusions éclairées concernant l’observation de la lune, la problématique de l’imsak, et la place du calcul, dont nous avons grandement besoin aujourd’hui, qu’a eu lieu ce long dialogue avec le physicien algérien, Dr Ouared.

L’interview

Q1 : Bienvenue Docteur Rafik Ouared. Pouvez-vous vous présentez au lecteur algérien, en particulier, et au lecteur musulman en général ?

R1 : Je m’appelle Rafik Ouared et je suis un produit de l’école algérienne, puisque j’ai fais toutes mes classes en Algérie, d’abord au lycée Amara Rachid puis à l’université de Bab Ezzouar ou j’ai obtenu mon diplôme en physique théorique. Mon périble à l’étranger a commencé avec le DEA et le doctorat à Paris et au CERN, Genève, avant de m’établir définitivement en Suisse, ou je poursuis actuellement des travaux de recherches dans le domaine médical à l’universté et dans les Hopitaux de Genève, après un post-Doc au CERN, Genève

je suis issu de parents qui ont fait leur devoir de libération nationale en n’ayant jamais demandé une quelconque rétribution ou reconnaissance, par idéal. Ma mère, en particulier, paix à son âme, était diplômée dune l’école d’infirmière dans la même promotion que Malika Gaid. Mes parents ont toujours été soucieux de mon bien-être et de mes études, et j’ai toujours vécu heureux en Algérie, auprès de ma famille et de mes amis. Je garde un magnifique souvenir de ma vie en Algérie, y compris à la fin de mes études doctorales, et ce malgré les difficultés inhérentes au climat politique délétère du début de la décennie noire. Ce mauvais climat a mis fin à mes rêves et à mes ambitions nationales de développement de la recherche scientifique et j’ai du me résoudre à quitter ce pays que j’ai aimé profondément, pour m’établir définitivement en Suisse, en compagnie de ma famille. J’ai maintenu des contacts professionnels et amicaux avec mes amis et collègues algériens pendant longtemps. J’ai même essayé de lancer des projets académiques qui m’ont couté beaucoup de temps et d’énergie, mais malheureusement, j’ai failli car les conditions de la réussite n’étaient pas réunies. Aujourd’hui, je mène à Genève, des travaux de recherche liées à la problématique des anévrismes cérébraux, et ce, après plusieurs années concluantes passées dans la recherche fondamentale en liaison avec la physique subnucléaire. Mes domaines de compétences professionnels actuels sont liés à la mécanique des fluides et à l’hèmodynamique en particulier, au traitement des images, à l’analyse statistique clinique et à l’informatique.

Q2 : On considère que l’éducation d’un enfant reste gravée dans la pierre de ses souvenirs. Pouvez-vous nous dire quelles sont les personnalités qui vous ont influencé, mis à part bien sur, vos parents ?

R2 : Ce sont d’abord 3 professeurs de lycée, en maths, physique et français qui m’ont marqué dans ma jeunesse. Les deux premiers ont suscité en moi le plaisir d’étudier leurs matières, tandis que la dernière a permis à ma liberté de penser de s’exprimer. Ensuite, c’était le communisme affiché de certains joueurs d’échec, avec qui je jouais dans un club d’Alger, qui m’ont permis de réaliser très tôt, que leur rêve de justice absolue sur terre excluant la divinité, était intenable. Dans le même temps, Descartes et Pascal ont structuré ma pensée sur les règles de la matérialité, au moment ou je découvrais les vertus de l’optique géométrique. Mais AbuBakr Essidik (S), m’a permis très tôt d’appréhender mes problèmes existentiels, suite à sa réaction incroyable au doutes logiques émis par ceux qui tentait de discréditer le voyage du prophète (PBSL) de l’isra et du miraj, en leur disant , notamment: « J’ai connu Dieu grâce à Dieu et sans Dieu je n’aurai jamais connu Dieu ; l’impossibilité de comprendre est un acte de compréhension, et la recherche intrusive sur Dieu est un sacrilège d’association (chirk) ». Ces éléments d’éducation, ont été les fondements qui continuent de me faire gravir les marches de la découverte, en tout humilité, sans craindre les impondérables de l’inconnu, et sans avoir peur de me tromper, car tel les apnéistes qui s’enfoncent toujours plus profondément dans la mer, je reste toujours près d’un fil, celui qui me lie à la grâce de Dieu, afin de ne jamais me perdre de ma propre volonté. Et lorsque je découvre une vérité, je n’éprouve aucun sentiment de fierté, ni aucun mérite, car je sais que c’est la volonté de Dieu qui en a décidé ainsi ,et la seule réflexion que j’ai dans ces moments de soulagement, c’est « ceci est un cadeau de Dieu » (hadha min fadli Allah). Quand la lumière jaillit, l’obscurité disparaît et le cœur s’apaise.

Q3 : Quelles sont les raisons qui vous ont amené à vous installer en Suisse malgré les besoins de l’université algérienne, après vos études dans des grandes universités et centres européens ?

R3 : Comme je l’ai expliqué précédemment, je me suis établi en Suisse, du fait de mon parcours académique, et de la décennie noire qui venait de commencer. Ensuite, j’ai observé pendant 5 ans ce qui était entrain de se passer en Algérie, depuis la Suisse, en espérant que tout allait rentrer dans l’ordre, pour que je puisse retourner y travailler. Malheureusement, cela n’a pas été le cas. Et j’ai donc pris la décision ferme et définitive, de me stabiliser dans ce pays étranger et de m’y intégrer définitivement. Je n’ai jamais pensé, ni planifié un voyage d’études sans retour. Après ma thèse je suis revenu en Algérie pour m’y établir avec beaucoup d’ambitions scientifiques. Tous mes contacts internationaux s’étaient dits prêts à collaborer avec moi sur moult projets scientifiques. D’ailleurs, à mon retour en Algérie, j’ai pu immédiatement envoyer des ingénieurs ou étudiants en stage ou en formation graduée. Malheureusement, lorsqu’on entame sa carrière professionnelle en Algérie, on réalise que le chemin qui reste à parcourir est interminable. Mon optimisme légendaire en a pris un coup. En Suisse, le responsable de l’époque, de la plus grande unité expérimentale au CERN m’avait même incité a créer un groupe expérimental algérien, en me promettant son aide logistique et matérielle in-situ. Mais la réponse des autorités algériennes avec lesquelles j’étais en contact n’était pas bonne contrairement à d’autres pays arabes ou musulmans, et il a fallu prendre des décisions douloureuses, contraint et forcé.

Q4 : Les revues en langue arabe nous renseignent régulièrement sur l’ampleur de la fuite hémorragique des cerveaux qui préfèrent s’installer à l’étranger, comme vous même, et ce aux dépends des besoins des universités algériennes. Pouvez-vous nous expliquer les raisons ce phénomène, et nous dire si vous avez l’intention de revenir travailler dans les universités algériennes.

R4 : a mon humble avis, les compétences qui décident de s’installer ailleurs que dans leur pays ne le font pas de gaité de cœur, mais parce qu’ils y sont forcés. Certains reviennent au pays puis repartent. Cela a été mon cas. D’autres, plus perspicaces, ne reviennent jamais. Tous, n’ont pas envie de perdre leur temps dans des histoires de fous. Ils veulent vivre pleinement de leur passion dans des systèmes fonctionnels et rationnels. Nous n’avons pas toute la vie pour attendre. Cependant, je suis persuadé que la majorité de ces ressources inestimables ne resteront pas insensibles, si enfin, des responsables sérieux, compétents et visionnaires décidaient de faire appel à eux. Il ne faut pas oublier que ces compétences de la diaspora, ne pourront jamais s’affranchir de leurs fondements algériens, et c’est avec grande dévotion qu’ils répondront, sans aucun doute, à toute sollicitation sérieuse. Malheureusement, nous savons que cela ne sera pas de sitôt, car la charrue ne se met pas avant les boeufs. Et pour être franc, je considère que la plus grande partie de ces ressources, cinquantenaires et soixantenaires, n’a désormais plus le temps ni l’énergie de faire quoique ce soit pour notre pays. Beaucoup ont essayé. Très peu ont réussi. Ces générations sont définitivement perdues pour l’Algérie, sauf retournement improbable de situation. Pour ma part, j’ai déjà essayé, voire insisté et persévéré. Mais je me suis heurté à l’inaction des dirigeants et aux difficultés sociales des partenaires, qui ne peuvent pas dans ces conditions, se faire violence pour remporter les challenges de la découverte. Aujourd’hui, j’ai encore la pilule amère, et suis très affecté, même si je ne le montre pas souvent, et même si je ne dédouane pas ma part de responsabilité, par le fait que l’Algérie a raté son virage émancipateur tourné vers un avenir prometteur, au crépuscule des années 80.

Q5 : Qu’est-ce qui peut inciter un physicien à s’immiscer dans un projet à caractère religieux ?

R5 : Les deux ne sont pas incompatibles. Au contraire, les méthodes scientifiques acquises durant des activités de recherche, peuvent largement contribuer à résoudre certains problèmes mal compris de la dimension spirituelle, et apaiser ainsi le cœur des fidèles pour qu’ils se consacrent librement à la pratique assidue. C’est d’ailleurs précisément ce qui s’est passé dans le projet que nous allons détailler.

Q6 : Je vous ai transmis récemment un document de travail émanant de la « Conférence internationale pour l’unification du calendrier hégirien » qui a réuni une soixantaine de pays musulmans, pour le 60ème anniversaire de la ville d’Istanbul, ainsi qu’une partie de mon interview avec le Professeur Muhammad Gurmaz, Président des affaires religieuses de Turquie. Que pensez-vous des calculs entrepris par « Diyanat Turc » ?

R6 : En effet, ce document que vous nous avez présenté, et je vous en remercie, est très important dans la démarche d’unification rationnelle et salutaire de la nation musulmane. C’est effectivement un premier pas qui semble tendre vers la bonne direction, même si je ne maitrise pas encore tous les tenants et les aboutissants de ce projet. Le calendrier hégirien doit en effet, être banalisé, comme l’est le calendrier grégorien afin de simplifier la vie des musulmans de part le monde, car l’établissement d’un calendrier n’est pas un acte d’adoration, stricto sensu, mais obéit aux lois divines régissant les mouvements des astres et des planètes. Dans notre cas, ce sont les cycles lunaires, entièrement maitrisés, qui devraient être le fondement de ces calendriers sans aucune intervention humaine, dont on connaît aujourd’hui les biais sur l’almanach hégirien. Nous avons la chance de vivre dans un monde développé à tout point de vue, qui offre des solutions simples et permanentes à des problèmes séculaires, qui jadis, ne pouvaient bénéficier que de solutions temporaires. C’est le cas de l’observation de la période globale de jeûne. Avant, les musulmans étaient obligés de constater visuellement la naissance et la disparition d’un mois lunaire. Que pouvaient-ils faire d’autre ? c’est dans ce contexte que le prophète (PBSL) leur a fourni une réponse fonctionnelle pour s’affranchir d’un doute. Mais aujourd’hui, les hommes ont su maitriser calcul des mouvements des astres, louange à Dieu pour cela. Il n’y a plus aucun doute quand aux moments de lunaison. Le hadith du prophète (PBSL) qui apportait une solution visuelle à un doute réellement constitué, n’est plus utile aujourd’hui, en l’absence de doute, à moins de vivre dans des conditions d’isolation hors civilisation sur cette planète. Paradoxalement, la question du moment d’abstinence (imsak), quelque soit la méthode calculatoire ou observationnelle, doit obéir et être validée par une contrainte de visibilité, qui, en plus d’être citée dans le Coran (sourate al-baqara, verset 187), et complétée par le prophète (PBSL) qui mentionnait l’existance d’un rectangle annonciateur du moment du fajr, est tout simplement la plus précise, comme nous venons juste de l’établir. A ce sujet, Il est donc très important de comprendre et de mettre en évidence, sans ambiguïté aucune, la scène du imsak pour pouvoir jouir de la précision du moment et de la sublime beauté de la peinture suspendue dans le ciel et visible à l’œil nu, révélant une surprenante horizontalité de la frontière séparant la trame rectangulaire cousue de »fil blanc », et celle correspondant au fond obscur, cousu de « fil noir ». Cette mise (ou remise) en évidence inédite, sur fond de polémiques actuelles, a permis d’estimer les biais d’un jour, introduits par les différentes méthodes de calcul du imsak. En résumé, ce formidable moment qu’est le ramadan, et les polémiques qu’il peut susciter du fait des inefficacités humaines, doit nous amener à améliorer nos approches méthodologiques vis à vis de ce patrimoine religieux, en libérant nos esprits de l’emprisonnement dogmatique pour avoir une chance de trouver des issues simples et réalistes aux problèmes du moment. Et en cela, je ne saurai trop conseiller au fidèles d’essayer de s’approprier un hadith du prophète professant que « la religion est d’une importance primordiale ; imprégnez-vous en avec prudence ». (inna hadha eddine shay’oune 3adhime, fatawaghalou fihi birifk).

Q7 : Docteur, pouvez-nous dire ce qui vous a conduit à vous intéresser à toutes ces problématiques du mois de ramadan? Et à votre avis, voyez-vous une issue pour que les savants de la religion et les scientifiques puissent finalement se mettre d’accord ?

R7 : Le projet que je viens d’entreprendre en liaison avec l’un des piliers de notre religion, à savoir le jeûne du ramadan, est du en réalité à un concours de circonstances qui m’a fait sortir d’une position de neutralité sur la question, vers un sentiment de responsabilité et d’implication. Ayant été nommé membre du comité de l’union vaudoise des associations musulmanes pour représenter l’association qui est proche de mon domicile, j’ai eu libre accès à différents ordres du jour et échanges d’informations, qui m’ont, à la fois, éclairé et interpellé sur le problème. Grâce au travail assidu de mes collègues durant les 3 dernières années, j’ai vite compris quelles étaient les solutions à apporter aux 2 problèmes qui entament la quiétude des musulmans à l’approche du mois béni de ramadan : le début et la fin de ce mois, et le début journalier de l’abstinence, ou imsak. Si pour le premier, la visibilité de la nouvelle lune a perdu de son attrait fonctionnel, si ce n’est de susciter la curiosité observationnelle, dans le cas de l’imsak, c’est au contraire la nécessité d’observer la réalisation de la scène d’imsak qui est primordiale. Or malheureusement, les grandes différences dans les temps de imsak affichés par les calendriers, ca et la, dans une même ville, indiquent que dans ces temps modernes comparés aux anciens, nous avons progressivement perdu le fil de ce critère de vérité. Un dialogue de sourds est né, car dans l’ensemble, les critères de vérité des modèles proposés étaient aussi flous qu’injustifiés, et donc divers. L’intelligence humaine a failli sur ce point, à cause d’une faille monumentale dans les méthodes employées : on a prioritisé le caractère particulier sur le caractère général, autrement dit, on a fait passer en second plan le caractère général et précis du verset coranique, par rapport à une montagne de hadiths décrivant des scènes particulières liées à la première prière du jour, mais qui étaient en fait inutilisables par aucune des démarches scientifiques d’exploration, tant ils étaient imprécis et trop vagues. Du fait de cette importante erreur méthodologique, liée aussi, à une mauvaise interprétation du « fil blanc » et du fil noir, vaguement interprétés comme « rayon blanc » et « rayon noir », respectivement, la vérité qui se reproduisait chaque jour, depuis des siècles, au dessus de nos têtes, a sans doute échappé à la sagacité de nos érudits les plus avertis, ou alors ils ne l’ont pas suffisamment documenté. Et nous savons tous que lorsque les hypothèses sont mauvaises, les conséquences sont incohérentes et inconsistantes, ce qui explique le malaise perpétuel à chaque veillée de ramadan. Avec notre travail, il est possible de dire que cette errance est maintenant terminée et que tout un chacun pourra s’il le veut, de lui même observer le moment précis ou le « blanc » vient côtoyer le « noir » dans le ciel, durant les premières lueurs de l’aube, séparés en cela par une frontière horizontale parfaite rectiligne, d’un bout à l’autre des limites du champs de vision. En un sens, on aura démocratisé l’observation de la scène du imsak, en expropriant les tenants du pouvoir ésotérique. Cet épisode montre clairement que les oulémas et érudits de l’islam actuels doivent s’inscrire dans une démarche éclairée en s’appuyant sur les scientifiques pour dégager un langage cohérent et clair assimilable par tout un chacun.

Q8 : Dieu Soubhanahou wa Ta3alla a dit dans sourate Al-Baqara, veset 187 : « Mangez et buvez jusqu’à ce que vous distinguiez le fil noir du fil blanc de l’aube « . Le sens du verset semble clair en ce qui concerne le début et la fin de l’abstinence. Mais il semblerait que les scientifiques et les érudits religieux ne puissent pas tomber d’accord sur le sens. Pourquoi, d’après vous ?

R8 : L’interprétation de ce verset, comme beaucoup d’autres, semble claire, mais loin d’être évidente pour nous humains, tant que nous ne l’avons pas matérialisé par une observation objective. Cependant, Il n’est pas clair pourquoi la notion de « rayon » a été prééminente sur la notion de « frontière », et pourquoi on a voulu ôter toute possibilité de rougeurs dans la scène du imsak, pourtant indissociable des premières lueurs de l’aube. Ces contraintes non fondées, sur l’exigence d’obscurité parfaite (nuit astronomique) pigmentée par quelques photons en nombre homéopathique donnant une illusion diffuse de blanc, est présentée par les défenseurs de la thèse du « rayon » comme la scène du imsak. La réalité de cette représentation est pourtant affligeante de vacuité dans un appareil photo reflex. Et pour la levée de pénibilité, un retard d’une quinzaine de minutes est décrété arbitrairement, se traduisant par quelques photons de plus dans un fond obscur. De plus, au nom de la crainte de Dieu, la responsabilité des imams est engagée, souvent contre leur gré, pour faire respecter une mesure contraignante incompréhensible, profitant de l’indulgence des fidèles, mais jamais un doute n’est exprimé quand à la pertinence de la représentation du rayon, et personne n’ose vraiment remettre en cause cette interprétation, au risque d’être pointé du doigt ou de paraître ridicule. Cette incohérence des propos et des actes est une grosse couleuvre à avaler, que beaucoup de fidèles ont commencé à rejeter. Il y a eu donc des « batailles » rangées d’explications pour pouvoir réduire un tel impact et donner une justification acceptable à des modèles de dépression du soleil (12, 13, 15 degrés) plus cléments sur la pénibilité. Mais ces modèles ne sont pas satisfaisants, car d’une part les résultats dépendant de cet angle de dépression, peuvent être utilisés sous la même latitude pour réduire arbitrairement la pénibilité, et d’autre part, ce paramètre devrait aussi flotter avec les saisons. Siyed Shaukat, a donc tenté de trouver une alternative à ce paramètre flottant, en décrétant à juste titre que seul l’observation compte, sans préciser quel était son critère de vérité. Méthodologiquement, c’est une petite révolution, car un panel d’observateurs, dans plusieurs villes du monde entre latitude 24 et 54 a travaillé inlassablement durant une dizaines d’années. L’ajustement de ses observations et leur extension à toutes les villes du globe donne pour la première fois des résultats affranchis de choix arbitraires et proches du moment précis de l’imsak, tel que mesuré le 23 juin à Pampigny dans le canton de Vaud en Suisse. La réalisation de la scène du imsak telle que capturée pas nos images à 3h55′(+ 1min de durée de vie), a permis de montrer que la mesure de Shaukat prise à à 3h46’était conservatrice de 10 minutes. D’après ces images, il apparaît que l’un de ses critères de vérité, était de réduire le plus de rougeurs possible. Dans ce cas, on voit encore, que malgré la pertinence de la méthodologie utilisée, le critère de vérité reste incomplet et ambigu, puisqu’on ne voit pas clairement se matérialiser quel choix a-t-il fait entre « frontière » ou « rayon ». En ce qui me concerne, n’étant pas encore tout à fait conscient de toutes ces variantes, ce qui m’a interpelé le plus, c’est l’absence de critère de vérité clair et limpide. Je me proposais donc d’essayer de l’établir à partir de mon background limité, et en utilisant la méthode « erreur, essai » (trial and error) j’ai pu parvenir à « immortaliser » la scène typique du imsak avec un appareil photo Canon de dernière génération et un réglage nuit adéquat, en capturant durant de 2h et demi, 400 images de scènes du ciel bornant le lever du jour entre nuit noire et les premières aurores. On y voit clairement cette frontière blanc-noir se dessiner et se défaire en l’espace d’une vingtaines de minutes, correspondant approximativement, à un intervalle de temps borné par défaut, par le modèle de Siyed Shaukat, et par excès, par le modèle de Diyanat Turc (10 minutes avant et après la réalisation de la frontière noir-blanc). Il est remarquable que l’image de l’imsak vaut à elle seule plus de 1000 mots. Le constat que je développe ci-dessus, ne permet pas de caricaturer ces incohérences en les mettant sur le compte d’une divergence sicientifique-religieux. Il y a des scientifiques qui ne croient pas à la notion de « frontière » comme il y a des religieux qui n’ont pas eu de mal à y croire et à rejeter l’hypothèse du « rayon ».

Q9 : Si on revient à cette histoire de calculs de temps de imsak. On constate des grandes différences en France et en Suisse, dans une même ville, qui peuvent compter jusqu’à 1 heure de différence, et qui sont inexplicables pour le commun des musulmans. D’après vous, ou la part de vérité et d’hérésie ?

R9 : Comme je l’ai expliqué dans la question précédente, ces disparités importantes entre les horaires de imsak sont dues à un défaut de fabrication humaine des hypothèses génératrices conduisant à la représentation naturelle de la scène de imsak. L’hypothèse erronée du « rayon » est a incriminer, mais pas que. Une telle erreur a probablement été engendrée par une erreur plus fondamentale et plus grave, qui a consisté a donner plus de prééminence a des hadiths descriptifs décrivant des situations particulières, de surcroit de manière incomplète et ambiguë, au lieu du verset 187/2, qui revêt un caractère général, précis et décrit une scène facile à trouver si on ne s’embarrasse pas des congruences inutiles. Il est clair, maintenant que la scène exacte a été mise en évidence, qu’il serait utile de réexaminer l’interprétation des hadiths correspondants. Le moment du imsak étant déterminé, il est très facile aujourd’hui d’évaluer la justesse des autres modèles. Cependant, j’insiste pour dire qu’a terme on n’aura plus besoin d’invoquer un quelconque modèle pour fixer l’horaire du imsak, puisqu’on sait dorénavant que le critère de vérité est observable et mesurable avec une précision d’une minute. En attendant, je suggèrerai d’utiliser le calendrier de Moonsighting.com élaboré par Siyed Shaukat depuis plus d’une vingtaines d’années, avec ses propres latitudes et longitudes. D’après la mesure du 23 juin à Pampigny, la différence était de 10 minutes, en avance sur la véritable heure du imsak. En ce qui concerne, le calendrier de Diyanat Turc, je ne connais pas les hypothèses de leur modèle, ni pourquoi ils ont choisi des dépressions du soleil particulières. Mais, j’ai relevé, d’après le calendrier qui m’a été transmis par un frère turc, qu’il y avait un excès de 10 minutes dans leur calendrier, ce jour ci. Je ne saurai dire, pour le moment, si ces différences se maintiennent constamment le long de l’année. Mais en prévision du travail qui reste à accomplir, je tiens les images d’observation du ciel le 23 juin à disposition du public pour qui veut les voir pour prendre ses marques.

Q10 : Pouvez-vous nous dire, sans trop rentrer dans les détails techniques qui seraient incompréhensibles par la majorité du public, quels sont les outils et les fondements de votre méthode, pour obtenir les résultats que vous jugez logiques et attendus ?

R10 : Tout d’abord il n’y a eu aucun calcul ni aucune manipulation pouvant biaiser les résultats. Tout était basé sur l’observation. Comme je suis novice en matière d’observation du ciel, à l’aube (en Suisse la météo est souvent décourageante à basse altitude), l’hypothèse fondamentale de ma démarche, était que si il devait y avoir une « frontière » noir-blanc dans le ciel, visible à l’œil nu ou avec un appareil photo, je ne devrais pas la manquer. Je n’avais pas d’autres prétentions, encore moins en ce qui concerne le niveau de précision, qui s’est révélé par la suite remarquable comme une cerise sur le gâteau. La réalisation de l’observation a nécessité un choix de site (est, nord-est) et des réglages de nuit conservant les couleurs naturelles dans la région d’intérêt du ciel. La aussi, je n’avais aucune idée préliminaire de la scène que j’allais obtenir, et fut immensément surpris de voir que toute la scène du imsak venait se posait juste au dessus de la montagne qui était dans le coin gauche de mon champ de vision. Quelques centaines de mètres de plus et je n’aurais pas pu obtenir ces images inédites. Enfin, dernier élément non négligeable : j’étais à la merci de la météo, en espérant que durant les courts moments de transition de la luminosité, le ciel soit suffisamment dégagé pour détecter des nuances suffisantes de couleurs. J’ai réglé le déclencheur pour prendre 3 images par minute de manière régulière pendant environ 150 minutes. Le résultat est sans appel et est représenté dans l’image ci dessous.

Etant donné que toutes les 20 secondes, une image est prise, on pouvait suivre à quel moment la frontière rectilinéaire se forme d’un bout à l’autre du champ de vision, et ce qu’il se passe plusieurs minutes avant et après. On a donc une information complète qui peut confronter tous les modèles. La précision du moment de cette scène est exceptionnelle et bientôt l’usage des modèles en ce qui concerne le imsak deviendra obsolète. La surprise a été totale. Mais la leçon est terrible : la scène de imsak était au dessus de nos têtes des siècles durant et nous l’avons ignoré en cherchant au mauvais endroit. Aujourd’hui le mal est réparé. Et tout un chacun aura cette structure inamovible tout en couleurs de l’image, gravée dans la tête. Elle est invariable et elle sera chaque jour au rendez-vous, observable dans un ciel dégagé. Seul le temps d’établissement intégral de la frontière noir-blanc changera le long de l’année, et éventuellement les teintes des couleurs. Il n’y a la aucun paramètre qui peut relativiser le résultat. C’est une mesure absolue.

Q11 : Brièvement, si vous le voulez bien, que pouvez conclure de vos résultats ?

R11 : La conclusion objective de cette expérience, est la mise en évidence du critère de vérité permettant de déterminer avec justesse et précision le moment du imsak conformément au verset coranique 187/2. La deuxième conclusion est que cette découverte va permettre de démocratiser la détermination du imsak, d’une part, et de réduire à moins de 1minute les disparités de temps générées par l’ignorance. La 3eme conclusion est d’avoir un moment de référence précis qui va empêcher les fidèles de faire la prière du sobh avant l’heure. La dernière conclusion, est que l’on puisse apprendre de nos erreurs, notamment en incitant les érudits religieux à ne pas négliger l’apport de la science et de la technologie dans le dénouement de certaines situations, et de faire attention, en pratique, de ne pas sur-contraindre avec des hadiths de portée particulière, les versets coraniques de portée plus générale.

Q12 : En ce qui concerne les côuts du projet, dont on s’attend à ce qu’ils soient importants, avez-vous une idée sur la manière de lever ces fonds, surtout qu’il est bien connu que si les fonds manquent, il ne subsistera rien des idées. Voulez-vous, lancer un appel, a ce sujet ?

R12 : Le projet qui découle de ce travail préliminaire (de faisabilité) est simple, et sans aucune difficulté de réalisation selon les critères SMARTE. Il va améliorer un aspect religieux précis de la vie du musulman en augmentant sa liberté d’abstinence et en réduisant sa pénibilité, conformément aux limites objectives imposées par Dieu. Il va apaiser des millions de cœurs qui étaient torturés régulièrement et en permanence par les soubresauts de l’ignorance. C’est peut-être un petit gain en temps, mais un grand pas pour notre satisfaction mentale.

Tout business angel qui se sent concerné par les retombées de ce travail ne devra pas hésiter à me contacter. Je n’ai aucune inquiétude sur le fait que les fonds viendront à manquer. Ma responsabilité se borne à préparer le projet pour donner toutes les garanties scientifiques et techniques dans l’obtention des résultats attendus, tout en réduisant les risques d’échec, détestés par les investisseurs. Mais il y a une limite au tangible, et il ne faut pas fermer la porte à l’intangible.

Q13 : Quelle est la prochaine étape du projet, maintenant que le critère de vérité est établi ?

R13 : Maintenant que le critère de vérité est établi, et je dirai même qu’il s’est établi de lui même, il reste à implémenter les outils qui vont faciliter la vie du fidèle par rapport à ce point précis.

Q14 : Un dernier mot, Docteur.

R14 Je remercie l’union vaudoise des associations musulmanes (UVAM), le centre culturel des musulmans de morges et environs (CCMM), le conseil des imams de l’UVAM, le Docteur M. Brahami, Le Docteur M. Meharga et le Docteur A. Amrani, de Lausanne, de m’avoir fourni la matière ayant permis l’élaboration de ce projet. Ramadan moubarak à tous les lecteurs. Paix et sérénité dans vos cœurs wa Esaalamou Alaikoum.

Je vous remercie. Djazakoumou Alahou kheyrane

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