Dans une interview sans complaisance, accordée au journal El Watan, Mohand Amokrane Cherifi, membre du présidium du FFS, assène des vérités que seuls les grands visionnaires sont capables d’en faire. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le diagnostic est à la hauteur des enjeux de la crise que traverse le pays.

Ainsi, bien qu’il y ait incontestablement des initiatives ça et là pour faire face à la crise, force est d’admettre, à en croire notre expert international, que le régime s’en passe de l’outil le plus essentiel en vue de résoudre la crise : le dialogue politique. Et tant que l’action politique ne prime pas dans le processus de prise de décision, l’Algérie ne verrait pas le bout du tunnel.

En d’autres termes, tant que le régime privilégie le passage en force, à travers des mesures « prises unilatéralement », comme c’est le cas de la loi de finances 2016, il n’y aura pas de solution à la crise algérienne. Car, le principal problème, c’est le manque de confiance entre gouvernants et gouvernés.

En tout cas, pour Mohand Amokrane Cherifi, le souci n’est pas la fluctuation du marché pétrolier. Selon lui, plusieurs pays ont connu, à un moment de leur histoire, des crises. Et là où la concertation a été érigée en règle, les pays en question s’en sont sortis sans trop de dégâts.

En tout état de cause, pour que les citoyens puissent accompagner un plan économique, dont l’austérité y est souvent comprise, il faudrait que toutes les forces politiques soient associées. Et c’est là que la proposition du FFS pour la tenue de la conférence nationale de consensus aurait pu être le cadre idoine.

Malheureusement, et surtout au grand dam de l’Algérie, le régime ne voulait pas jouer le jeu. Ainsi, bien que le temps presse l’Algérie, le régime n’a ni l’intention ni la volonté d’aller vers un État associant tous les Algériens. Et qui plus est, à en croire Mohand Amokrane Cherifi, le régime –à court terme notamment –a de beaux jours devant lui. Selon lui, « le niveau actuel des réserves lui permettra de tenir quelques années encore, et dispose de ressources alternatives du sol et du sous-sol autres que le pétrole, qu’il peut hypothéquer. »

Mais, dans la mesure où le régime veut maintenir, coûte que coûte, le statu quo, peut-on adhérer même de façon réservée et au nom d’un certain pragmatisme, aux initiatives émanant des partis du pouvoir ? Malgré un langage tranchant, cela ne semble pas rédhibitoire pour notre expert, et ce, pour peu que le débat soit « sans préjugés ni préalables ». Cela dit, personnellement, je n’irai pas jusqu’à dire que cela pourrait être assimilé à l’héritage de Hocine Ait Ahmed.

Pour conclure, il va de soi que tôt ou tard le régime devra lâcher du lest et rendre des comptes à la société algérienne. Bien que le régime ait encore les moyens de maintenir un statu  quo mortifère, il ne pourra pas leurrer indéfiniment la génération des réseaux sociaux. Mais, avant que ce ne soit trop tard, le mieux serait d’engager un dialogue inclusif pour éviter toute épreuve de force.

Boubekeur Aït Benali
10 juin 2016

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