Les conférences de Mouloud Hamrouche  deviennent de plus en plus des moments politiques forts. Et pour cause ! Faisant de moins en moins confiance aux partis politiques traditionnels, les Algériens se tournent vers des hommes incarnant une certaine vision politique.

Bien qu’il ne soit plus aux affaires depuis un quart de siècle, Mouloud Hamrouche –à travers la confiance qu’elle suscite encore et les réformes qu’il a engagées lorsqu’il était à la tête du gouvernement entre 1989 et 1991 –représente incontestablement un recours sérieux.

Cela étant dit, malgré l’espoir que l’homme incarne, on ne peut pas dire autant du climat politique. Alors que les associations et les partis jouent un rôle capital, dans les pays où la voix du citoyen compte réellement, en Algérie, « à cause de leurs captages ou de leurs confiscations », pour reprendre l’expression de Mouloud Hamrouche, lors de sa dernière conférence, ces organisations sont reléguées au second plan où leur influence sur la vie politique est quasiment nulle.

En France, par exemple, à peine la « loi travail » est annoncée, les associations, les syndicats et les partis politiques se sont mobilisés, obligeant ainsi le gouvernement à reporter le projet de loi afin qu’elles soient préalablement être consultées et donc associées à la concertation. Peut-on assister à un tel scénario en Algérie ? En dépit du caractère injuste de la loi de finances 2016, le texte est passé comme une lettre à la poste.

Ainsi, bien que des partis d’opposition, à l’instar du FFS, aient dénoncé ladite loi avant sa promulgation, il n’en reste pas moins que la colère s’est éteinte aussitôt. En l’absence de la mobilisation des syndicats et des associations, il est vrai qu’une hirondelle ne fait pas seule le printemps.

Et c’est à ce niveau que prend toute son importance la conférence de Mouloud Hamrouche en disséquant les blocages. Alors que les organisations syndicales et associatives doivent jouer un rôle de régulation et de contre-pouvoir, le régime ne leur a jamais laissé le champ libre pour qu’elles puissent accomplir leur mission. D’où le déficit colossal en matière de revendication sociale et politique.

Bien évidemment, si le régime est acculé, il se défendra en arguant que la constitution offre le cadre idoine. Et si les Algériens ne veulent pas participer à la vie politique de leur pays, la faute ne peut être imputable au régime. Immanquablement, c’est à ce niveau que ces organisations sont critiquables.

En fait, en laissant le champ libre aux organisations proches du pouvoir, elles condamnent indirectement le pays à l’immobilisme. C’est pour cette raison que  la dynamique ne peut venir, pour l’heure, que d’un homme qui parviendra à motiver tout ce beau monde en vue de mettre fin au statu quo mortifère.

Pour conclure, il va de soi qu’en dépit des annonces d’ouverture, le pays vit une crise politique profonde. Qu’il en déplaise aux partisans zélés de Bouteflika, le régime ne peut pas « produire d’alternatives politiques ou d’alternatives économiques. » C’est pour cette raison que le conférencier avertit que si la prise de conscience ne se manifeste pas, la crise ira encore ira crescendo.

Enfin, malgré les vicissitudes, l’ancien chef de file des réformateurs ne désespère pas, car, d’après lui, « notre pays possède des hommes et des moyens pour édifier une société libre…Il a les capacités d’édifier un État de droit d’essence démocratique… » Pour cela, il doit s’appuyer sur un homme d’expérience qui incarne ce changement.

Boubekeur Aït Benali
16 mars 2016

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