L’année 2015 vient de s’achever. Pour notre pays, force est de reconnaître qu’elle a été des plus agitées. En fait, bien que la vie soit faite de bonnes et de mauvaises nouvelles, l’effondrement des prix du pétrole –le pays en dépend pour sa survie –crée une panique incontrôlable.

Dans cette situation alambiquée, les premiers responsables sont évidemment ceux qui gouvernent.  Alors que dans tous les pays, lorsque les résultats sont médiocres, les citoyens peuvent sanctionner les dirigeants, en Algérie –et c’est là où le bât blesse –, nos chefs sont inamovibles.

En d’autres termes, si ailleurs il suffit de glisser un bulletin de vote en vue d’obtenir le renouvellement de la classe politique, en Algérie, cela relève d’une mission impossible. Ainsi, qu’il y ait une bonne ou une mauvaise gestion –depuis l’indépendance, on a eu beaucoup affaire à celle-ci qu’à celle-là –, l’équipe dirigeante se maintient contre vents et marées.

Poussant la contradiction à son summum, il était parfois possible que le régime propose deux politiques diamétralement opposées en un laps de temps relativement réduit, et ce, alors que le bon sens recommande que l’échec d’une politique implique le départ de toute l’équipe dirigeante. Et c’est là où se situe, me semble-t-il, le véritable problème politique de l’Algérie : l’inexistence de l’alternance.

En fait, à partir du moment où le dirigeant n’est pas menacé par une sanction électorale, il ne va pas chercher à se surpasser. En ce sens, un tel système est générateur du statu quo parfois mortifère pour les pays les plus fragiles. Résultat des courses : l’Algérie patine et souffre d’une crise multidimensionnelle, dont les conséquences, et notamment l’austérité, vont peser sur les compatriotes les plus fragiles.

Cependant, bien que le pouvoir ait une grande part de responsabilité de ce qui arrive au pays, il est indécent de ne pas évoquer celle du peuple algérien en général. Que s’est-il passé pour que ce peuple qui a connu des moments de gloire devienne à ce point irresponsable ? Sans aucune exagération, ce dernier –et c’est le moins que l’on puisse dire –s’est totalement métamorphosé.

Passant d’un peuple héroïque dans les années 1950 pour avoir subi l’une des guerres les plus meurtrières, le peuple algérien ne maîtrise, 53 ans après l’indépendance, nullement son destin. Ses manifestations sont désormais sporadiques et violentes, renforçant par ricochet le pouvoir en place. En aucun cas on ne peut parler d’un peuple veillant sur le legs des hommes de novembre 1954, dont le dernier survivant, Hocine Ait Ahmed, vient de les rejoindre, en cette fin de l’année 2015, ses frères de combat.

Que doit-on attendre de l’année 2016 ? Sauf un miracle, le régime va continuer dans sa politique solitaire, c’est-à-dire ne tenant pas compte de l’avis des organisations politiques, des associations, des syndicats autonomes et des citoyens ne faisant pas partie de sa clientèle. Mais pour qu’il soit crédible, l’Algérien devra avant tout être à la hauteur des événements. Il doit renoncer à la violence pour exprimer la volonté de changement et s’éloigner autant que faire se peut des partis extrémistes. D’ailleurs, faut-il rappeler que dans toute l’histoire de l’humanité aucun parti extrémiste n’a réalisé le bonheur de ses concitoyens. À méditer vraiment.

Pour conclure, il va de soi que l’espoir est toujours permis en Algérie. Ses potentialités humaines et matérielles sont telles que les rêves les plus démesurés sont à sa portée. Pour ce faire, les Algériens doivent se sentir concernés par ce projet national à bâtir et dont le but est de mettre le contrôle de toutes les institutions entre les mains de ce peuple. Ce fut le rêve des novembristes. Si les Algériens veulent leur rendre hommage, il faudra qu’ils accomplissent ce rêve, et ce, bien que la réalisation puisse demander du temps.

Benali BoubekeurAït
28 janvier 2016

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