Rendons justice à Hamrouche, l’homme n’a jamais prétendu être autre chose que ce qu’il est, c’est-à-dire, le produit archétype d’un système qui ne peut s’affranchir de l’ombre et la couleur du moule dans lequel il est imprégné, voire fondu. Il transpire les « valeurs » et standards de système dont il ne peut se sevrer, de là on arrive aisément à la conclusion, à savoir qu’il n’y a aucune surprise ni contradiction, à ce que Hamrouche continue dans sa rhétorique constante, qui consacre la nécessité vitale de la continuité de ce système, dans lequel il a été forgé. Partant de là, découle la logique de ses déclarations de « réformateur » qui essaie de nous convaincre du bien fondé du devoir de préservation de l’armée, celle des généraux et non celle des troupes « chair à canon », qu’il assimile à la colonne vertébrale du pays, c’est a dire le pouvoir effectif.

Hamrouche ne rate aucune occasion pour nous ressasser la sacralité du pouvoir militaro policier comme seul garant de la stabilité et pérennité de l’Etat algérien, sinon c’est le déluge (selon lui) comme le montrent toutes ses déclarations, la dernière en date, sa requête de l’immunité du général Hassan inculpé de 5 ans de prison, sans qu’il ne souffle le moindre mot à propos des droits des dizaines de milliers de citoyens du peuple victimes de ces généraux caporaux daffiste, ceux là ne méritent pas les égards et l’attention de M. Hamrouche.

Hamrouche « fustige la justice » et l’accuse in fine d’injustice, lui qui pourtant n’a de cesse invoqué le devoir de réserve et la nécessité de non ingérence dans l’exercice des instituions de l’Etat, et de la justice en particulier, quand il s’agissait d’arrestations et d’inculpations arbitraires à l’égard des citoyens ! Pourquoi maintenant se débine t-il de ce devoir de réserve, au point de s’ingérer dans l’exercice de la justice, en se solidarisant avec le général criminel Hassan, soutenu en passant par son chef Tewfiq et tous les faire valoir « civils », les 19 entre autres ; est ce un pur hasard de convergences ? Ô que non. Ce général, et bien d’autres, au lieu d’être défendu par nos politicards, devraient être traduit par les tribunaux pour crimes de guerre et non pas simplement de non-conformité avec les règles en vigueur, et pourtant Hamrouche juge autrement.

En fait, Hamrouche, Benflis, Ghozali entre autres constituent les spécimens de « bouliticien » qui ne peuvent pas concevoir le pouvoir en dehors de l’hégémonie « légitime et méritoire » de l’armée, spécimen pour qui le caractère civil de la gouvernance se réduit à sa devanture primaire dont ils espèrent en être les fiers représentants (ne l’ont-ils pas déjà été ?!). Et de là on peut contextualiser leurs propos qui sont en vérité en parfaite harmonie avec leurs convictions profondes de pur produit du serail. Juste pour confirmer cet état de fait, a-t-on une seule fois entendu une critique quelconque de la part de ces politiciens « réformateurs » d’un genre particulier, vis-à-vis de l’armée à l’apogée mêmes des crimes en masse perpétrés par ces généraux contre le peuple ?

Qui pourrait nier la mainmise totale et asphyxiante de cette armée sur le pays et de l’hémorragie financière qu’elle occasionne au trésor, au dépens des services vitaux de base pour les citoyens, se taillant la part du lion en centaines de milliards de dollars qui exsangue le pays, et pour qu’elle cause ? A-t-on une seule fois assisté à son intervention pour protéger le pays contre un ennemi, la main étrangère, le bourourou tant brandi pour justifier sa prépondérances et son financement outrancier ? Tout le monde sait que le seul ennemi que cette armée a eu, a toujours été le peuple et exclusivement le peuple, pendant plus de 60 ans d’indépendance.

On a tous constaté que Hamrouche comme tant d’autres, la seule fois où ils ont rompu ce droit de réserve et critiqué la justice pour son parti pris (son injustice ! tiens donc !), ça n’a pas été lorsqu’elle fut instrumentalisée pour rendre ses verdicts expéditifs arbitraires injustes à l’encontre des dizaines de milliers de citoyens innocents. Et même en levant cette réserve en faveurs des généraux, il l’a fait d’une manière sélective, il ne l’a pas fait en faveur du général Benhadid qui a osé condamner l’implication de l’armée dans le coup d’état, et dans la création des groupes islamiques armés, crime pour lequel il a été jeté en prison sans états d’âmes sans trouver ni Hamrouche ni Tewfiq ni les 19 pour le considérer comme arbitraire. Par contre, quand il s’est agit du général Hassan, là il y a eu levée de bouclier en masse et à l’unisson, Hamrouche en tête ! Pourquoi cela ? Parce que le général Hassan est resté l’homme fidèle du sérail qui ne remet pas en question le statut quo et le fait accompli, dont Hamrouche en est un fervent défenseur.

En fait, attendre autre chose de Hamrouche ou tous ses clones, équivaudrait à s’attendre qu’une poule au lieu de caqueter, on lui demande de hennir ou pire de rugir. Hamrouche étant le produit de la basse cours ne peut pas se comporter comme un cheval et encore moins comme un lion, respectons les lois de la nature et comme dit l’adage : الطبع يغلب التطبع.

Rachid Ziani-Cherif
9 décembre 2015

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