L’imagination ne se contente pas de précéder la réalité, elle tient souvent à aller à terme pour lui donner naissance, mais les surprises ne sont pas toujours agréables.

Les progrès scientifiques sont tributaires de l’imagination, mais ériger de simples élucubrations en hypothèses plausibles, est un exercice risqué pouvant piéger une autorité incompétente vers des décisions irresponsables. Il demeure pourtant utile d’imaginer l’invraisemblable, et même de supposer le faux comme étant vrai, comme dans un raisonnement par l’absurde, mais à condition d’être capable d’en sortir conforté, sinon indemne.

La supputation du titre de l’article revient à un témoin et assesseur de premier ordre, Jean Vaujour, ancien directeur de la Sûreté générale en Algérie, et auteur de « De la révolte à la révolution. Aux premiers jours de la guerre d’Algérie ». Dans ce livre, primé par l’Académie française, il décrit la situation en Octobre 1954, les informations sensibles prises à la légère par la hiérarchie, ainsi que la quiétude rapportée par les sous-préfets, à l’exception d’Arris où des indices d’une insurrection imminente étaient signalés.

Dans cette rétrospective, Mr Vaujour me fait le plaisir d’exprimer, comme je l’aurais fait, mais avec moins de crédibilité, une appréciation tranchée sur un héros national, qui fait l’unanimité, mais pas toujours à sa juste valeur :

« On peut dire aujourd’hui, sans beaucoup de risques de se tromper, que si Ben Boulaïd Mostefa n’avait pas existé, la tentative de la rébellion de l’Algérie aurait suivi un autre cours. »

Il ajoute : « L’absence au premier novembre 1954 d’un foyer insurrectionnel armé dans l’Aurès aurait très certainement changé le caractère de la révolte. »
Cet hommage me réchauffe, mais la pertinence du témoignage est ailleurs et sera évoquée plus loin.

Infiltration et manipulation, secret d’Etat et gloire pressante

Comme d’autres responsables français, Vaujour évoque fièrement les infiltrations des rangs algériens, le retournement de certains éléments, et la manipulation à des niveaux élevés. S’il y a bien plus réjouissant que de vaincre ou neutraliser un ennemi, c’est d’en faire bon usage, et la fabrique des taupes est le fantasme des chefs. Ces manipulations, fièrement prises pour des prouesses, constituent les rares éclaircies au milieu de souvenirs ténébreux et peu glorieux d’une sale guerre, et finissent par être révélées, du moins en partie. Le général De Gaulle, Aussaresses, et Wybot, ont eux aussi cédé à la démangeaison et lâché des confidences aussi pesantes que flatteuses.

Il est incontestable que des infiltrations et manipulations, ont eu lieu, et causé des préjudices considérables, mais il est probable que les anciens criminels, en mal de gloire, exagèrent leurs succès, tout en évitant d’évoquer les vils procédés utilisés.

Quand Aussaresses a décidé de se confesser, il donna l’impression de vouloir tout vider, mais des sanctions immédiates l’en dissuadèrent. Il reconnut toutefois les assassinats de Ben M’hidi, Boumendjel et Audin. Dans son livre significativement intitulé « Je n’ai pas tout dit », il évoque des infiltrations et manipulations au sommet du FLN, sans livrer des noms.

L’une des troublantes révélations, donnant des frissons, est celle de Roger Wybot, fondateur et patron de la DST, connu pour « l’arme de l’intellect est plus efficace que la torture indigne », qui affirme dans son best-seller (1), qu’en déblayant le terrain devant les agents retournés, via des opérations bidon visant à les glorifier et accélérer leurs promotions, ses services sont arrivés jusqu’à manipuler des chefs de wilaya.

N’étant sans doute pas convaincu de la qualité de ses prises, De Gaulle s’est rabattu sur le quantitatif, en affirmant avoir laissé 140.000 agents (2). Ecartant le puissant Wybot, il aurait ensuite, dès 1960, réorienté la DST à infiltrer l’ALN par des officiers algériens de l’armée française, fraichement promus, dans le but de « franciser » la future armée de l’Algérie indépendante et la maintenir sous l’influence française (3).

Réagissant aux révélations de Wybot, le Président Boumediene les qualifia d’histoires inventées pour se consoler de la défaite. Il n’avait en fait plus le choix, ayant déjà confié des responsabilités vitales à des personnes, objets de sérieuses réserves.

Ces confessions sont à prendre avec précaution, mais il est évident que les secrets importants et archives pertinentes entamant les intérêts stratégiques de la France, ne seront révélés que s’ils deviennent hors d’usage. Cela signifie notamment que toute erreur d’appréciation du peuple algérien sur son histoire, confortant ces intérêts, sera sciemment protégée et entretenue.

Histoire glorieuse, pages sombres, et mémoires timides

On n’apprend des erreurs qu’en les reconnaissant, et il est digne d’admettre de bonne guerre que « La bleuïte » est l’opération avérée qui a été menée avec le plus d’intellect par l’ennemi, puisque en diffusant la suspicion dans les rangs FLN, elle lui a permis de savourer à distance une purge fratricide. Cette tragédie est un rappel cinglant des capacités logistiques et psychologiques de l’ennemi. Et prétendre le leurrer, aurait été, et serait toujours, aussi dupe que dangereux.

La suspicion orchestrée par les services ennemis, n’est pas la seule cause des épurations tragiques. Des exécutions ont eu lieu pour d’autres motifs apparents, et même si elle n’est pas avérée, la manipulation ne peut pas être exclue. Ben Bella est le premier à aborder publiquement Abbès Laghrour et ses compagnons, piégés et exécutés en Tunisie en 1957, suivi par Helaili et récemment Ben Aouda. Ces révélations ont surpris et même provoqué des réactions virulentes, qui semblent tempérer des acteurs de rang inférieur, qui reviennent timidement sur ces évènements en adaptant aux échos leurs rétractations.

Les braves de la première heure étant morts, les survivants étant aussi peu impliqués que manquant d’ardeur, plutôt que de se contenter de les lire, les mémoires pertinentes, il faut davantage les déterrer et les déduire. Est-il insensé de lire entre les propos de Vaujour et Wybot, que la France n’a sans doute pas lésiné sur les moyens afin de décapiter le rôle capital identifié des Aurès ? Le parachutage camouflé du poste radio piégé, ayant permis d’éliminer Ben Boulaïd en Mars 1956 (4), peu après son évasion spectaculaire, ne confirmerait-t-il pas l’adoption d’une telle stratégie ?

Il faut enfin ajouter que les manipulations les plus subtiles sont celles qui n’en sont pas. L’ennemi se contenterait de choisir les éléments les moins inconvenants, pour déblayer ensuite le terrain devant eux, à l’insu de tous. A défaut de « retournabilité », la colonisation peut toujours espérer cueillir des fruits de ses graines civilisatrices. C’est avec ces adversaires repérés, discrètement assistés et positionnés, que l’ennemi privilégierait tenir des discussions ou négocier des concessions, voire confier la relève, si jamais il aurait à le faire.

Abane Ramdane, entre vénération et controverse

Abane est un héros indiscutable. Il faut cependant être victime d’une profonde cristallisation pour filtrer dans un seul sens les témoignages historiques, et s’acharner sur les témoins malséants, tout en découvrant de nouvelles vertus chez l’être vénéré.

Même s’ils sont contradictoires, les témoignages demeurent complémentaires ; ce sont les lectures rétrospectives qui devraient tendre à être moins équivoques. On peut mettre ces récits tardifs sur le compte d’hallucinations de vieillards et s’en prendre aux auteurs. D’autres thèses existent. Les braves ont des accès de faiblesse, et les criminels des sursauts d’honneur. Et dans les deux cas, c’est souvent vers le crépuscule de la vie que les secrets pesants deviennent plus difficiles à supporter par la conscience. Cela est valable pour le criminel Aussaresses et pour le moudjahid Ben Aouda. Ce dernier ainsi que Ben Bella, Kafi, Helaili, Mahsas, Ould Kablia, et d’autres, ont fait des révélations tardives, franches pour certains, et moins limpides pour d’autres.

En dehors de Ben Bella et des officiers des Aurès qui ont dès le début rejeté les résolutions de la Soummam, Malek Bennabi a aussi exprimé à temps ses réserves sur Abane, faisant fi des attaques dont il ne manquerait pas de faire l’objet. Et à ce propos, en lisant de récentes offenses envers lui, on finit soit par saisir définitivement qu’avec certains interlocuteurs, il n’y a d’autre option que de dire salam, ou bien par se tromper que la modestie ne porte pas toujours conseil. Pour Bennabi et d’autres, la volte-face de la Soummam, tout en confirmant l’appel à l’indépendance de Novembre, ne proposait pas moins qu’un projet de société ne contrariant pas beaucoup l’objectif principal de la colonisation, annoncé dès 1830. Certains peuvent justifier une stratégie potentiellement féconde et à moindre coût. Mais l’exemple palestinien nous révèle que ce genre de concessions finit par graisser des apparatchiks, épargnés par les représailles ennemies, et refoulant ainsi la peur de la mort, mais confinés dans un feuilleton d’humiliations sans fin.

C’est sur ce congrès de la Soummam, dont Abane fut le principal architecte, et ses résolutions, qu’il y a divergence. En écartant la Wilaya 1 et d’autres personnalités, y compris de la Kabylie, tels Amirouche et Mohammedi Said, et en confiant la rédaction de de la plateforme à l’ex-patron du parti communiste, le terrain n’a-t-il pas été ainsi déblayé ? Et pour une mission facile à deviner. Coup d’Etat contre les repères de Novembre. Exit la religion. Exit tout lien au Caire. S’agissait-il d’un message hostile adressé à l’Egypte, ou plutôt d’un signal moins inamical destiné ailleurs ?

Abane connut une ascension fulgurante, et tailla sur mesure le CCE (Comité de Coordination et Exécution), écartant les indésirables poids lourds. Beaucoup de ses opposants se résignèrent et prirent acte de sa prise de pouvoir avec pragmatisme, et même opportunisme. Ben Aouda, qui qualifie désormais cet évènement de trahison (5), a gardé le silence pendant plus d’un demi-siècle. Pour arranger les choses avec les rebelles Chaouis, on désigna à la tête de la Wilaya 1 un ancien officier le d’armée française, Mahmoud Cherif, ne manquant pas de comptes à régler avec les officiers ALN, qui l’avaient condamné à mort avant qu’il soit blanchi, suite à un accrochage douteux (6,7).

L’absence de toute référence à l’Islam dans la plateforme du congrès, reniant les repères de Novembre, pourtant loin d’avoir adopté une déclaration islamiste, a procuré à Abane des alliés de poids, tel Bourguiba. C’est chez ce dernier et sous son regard approbateur et celui des services français (7), que Abane a pu obtenir en Juillet 1957, l’exécution de Laghrour par Ouamrane, et les autres officiers, dont Cheriet et Abdelhaï le Soufi, par un tribunal improvisé et comprenant Mahmoud Cherif (5,6,8). L’absence de lien avec la mort de Chihani, jugé et exécuté bien avant par Adjoul et Laghrour, a été confirmée (5,6). Ces 16 exécutions ont dû causer des insomnies à quelques consciences. Mahsas et le frère de Ben Boulaïd (Omar) furent condamnés par contumace. Ne serait-il pas intéressant de connaitre l’avis de Vaujour, sur le sort qu’aurait connu Ben Boulaïd, s’il avait survécu au premier piège ? Abbès Laghrour, chef du commando de Khenchela, la nuit du premier Novembre, était un symbole rarissime de jeunesse, piété, et courage. La confiscation est un long processus entamé avant l’indépendance, mais dont le gouvernail a, imprévisiblement, changé de mains plusieurs fois.

Si ce drame, qualifié aussi de complot anti Ben Bella, faisait partie d’une stratégie visant à décapiter les Aurès, on peut dire que la mission fut achevée avec succès ce jour-là. Et que les signes des changements associés à toute fin de mission, pouvaient commencer à apparaitre dès lors. Abane n’était pas seul à cautionner ce verdict, mais les témoignages l’incriminent en tant que seul décideur. Son pouvoir et influence ont contraint au silence ceux qui n’étaient pas d’accord avec lui, mais dès que les conditions ont changé, ce qui devait arriver arriva. A part Benkhedda qui lui est resté fidèle, les personnes qu’il a propulsées, tels Ouamrane et Mahmoud Cherif, se sont retournées contre lui (9). Le repli de Abane fut tout aussi vertigineux que son ascension. Prétendre que seuls les fameux 3B, voire uniquement leur chef, lui en voulaient, est une dérobade. Boussof, un autre héros controversé, semble payer tout seul les frais de cet épuisement des ressorts.

Le principe de la Soummam qui fait fantasmer, c’est la primauté du politique sur le militaire, et de l’intérieur sur l’extérieur. Dans un régime totalitaire, cela fait, à juste titre, de Abane une icône de la démocratie. Ce principe est très beau, sauf que c’est très inopportun, et non moins discordant. Dans un pays occupé et en guerre, un chef est soit militaire, ou bien n’est pas du tout. Un responsable non armé et non militarisé, c’est seulement à l’étranger qu’on peut le concevoir.

La remise de peine dont bénéficia Abane, libéré en Janvier 1955, est aussi interrogée. N’est-il pas simple de la lier à une conduite jugée bonne ? Thèse balayée car jugée dévalorisante. Comme pour montrer un clou invisible et l’enfoncer ensuite, Harbi ne trouva d’autre explication que celle prêtant au directeur de la prison son souci de ne pas fournir aux détenus politiques un organisateur de la trempe de Abane. Les rebelles compétents seraient ainsi moins dangereux en liberté que derrière les barreaux ! Contentons-nous de ranger cela dans le gros classeur des bourdes pré et post indépendance. Mr Harbi demeure un grand historien.

Expliciter plutôt qu’insinuer et reculer

« Safe engineering design is a pertinent approximation art, not to the closest integer value, but always on the safe side ». Phrase que j’ai souvent rabâchée devant mes étudiants.

L’album d’une glorieuse histoire recèle des pages sombres dont il ne faut pas rougir, et qu’il faut affronter sobrement pour tirer des leçons. La révolution a bouffé beaucoup de ses enfants comme Abane, mais comparer la mort de ce dernier avec les assassinats politiques postindépendance de Krim et Khider, n’est pas sérieux. Abane a été exécuté par ses frères d’armes durant une période critique, tout comme il fut lui-même impliqué dans l’élimination d’autres héros. Et c’est là où doit se confiner toute comparaison, si tant est qu’une comparaison utile est envisageable.

Des circonstances atténuantes peuvent être accordées à ces drames. Ce qui demeure moins facile à comprendre, c’est qu’un responsable algérien, même mauvais musulman, affrontant un puissant ennemi et frôlant la mort au quotidien, puisse prendre des distances avec sa religion, au lieu de s’en rapprocher, comme il est d’usage dans ces conditions. A moins d’être doté d’une sacrée dose d’incroyance. Ou qu’il s’agisse d’une stratégie élitiste non consensuelle, naïve et hasardeuse, visant à leurrer l’ennemi. Sinon, à moins d’être complètement débarrassé, d’une manière ou d’une autre, de la peur indissociable d’une lutte armée inégale, et se projeter alors plus sur les fruits et honneurs du combat que sur ses sacrifices. Mais même refoulée, la mort ne rate jamais ses rendez-vous.

Abane mouillé avec l’ennemi ? Un pas aussi difficile qu’imprudent à franchir. Les raisons permettant d’écarter le doute ne manquent pas. Pour ma part, la position de Benkhedda me suffit pour évacuer définitivement la thèse « d’intelligence avec l’ennemi ». Benkhedda est le seul à se repentir courageusement devant des millions d’algériens. Même s’il n’est pas impertinent de signaler que les listes organiques publiées dans son livre « Aux origines de Novembre 1954 », confortent la thèse du rôle surestimé de Abane avant la révolution, puisque son nom n’y figure nulle part (10). Je n’ai lu que peu de documents historiques, et je ne tiens pas tellement à en lire davantage, car des récits extravagants, ou non-évènement, peuvent désormais être mis en ligne par lambda. Je me suis appuyé sur les faits avérés en utilisant le conditionnel pour certaines sources. Nombreux sont ceux qui peuvent corriger ou élaborer, et même si la trajectoire analytique peut connaitre des déviations, l’aboutissement final ne devrait pas être bouleversé.

En dépit de son apport indéniable au niveau organique, il n’est désormais plus consensuel de célébrer le congrès de la Soummam comme l’évènement fondateur de la révolution, en rabâchant des superlatifs. D’autres sons de cloche résonnent autour du revirement idéologique non concerté, et ses tragiques implications.

Abane Ramdane faisait partie des surdoués de sa génération. Son génie, son militantisme, et ses penchants culturels, ont été repérés par l’ennemi, faisant de lui un projet de leader politique de choix, aussi charismatique pour les uns, que moins inconvenant pour les autres, et dont il fallait assister l’ascension. Wybot et Vaujour ont dû mobiliser beaucoup d’agents et de ressources, mais il serait hasardeux de spéculer sur leurs manœuvres, ou cogiter sur l’interaction de Abane avec une éventuelle bienveillance de la bonne étoile.

Je dois préciser aussi qu’il m’est arrivé de me gourer dans mes prévisions d’ingénieur et de professeur, et de me corriger à chaque fois sans rougir devant mes étudiants.

Après plus d’un demi-siècle d’indépendance, il n’est plus important de connaitre les erreurs individuelles. Les dérives stratégiques, ayant un lien causal avec les faillites actuelles, importent plus que leurs auteurs. Le virage idéologique du congrès de la Soummam a été coûteux et continue de diviser. Loin d’être originelle, la doctrine de support a été acquise. S’agit-il d’un précieux butin laborieusement arraché, ou bien d’un déracinement culturel minutieusement exécuté ?

Si des algériens trouvent légitime de célébrer des héros les libérant de l’ancrage arabo-islamique auquel leurs ancêtres amazighs les ont arrimés, il n’est pas moins permis à la France, ayant perdu la guerre, de conforter ses batailles gagnées et les missions bien remplies par ses stratèges et pères blancs, en veillant à ne divulguer aucun secret entamant ces glorieux acquis.

Il est enfin primordial, évoquant un volet historique sensible, de ne pas franchir le pas et douter de l’intégrité des héros, comme il n’est pas raisonnable de rejeter des témoignages avérés qui ne seraient pas séants. Les braves ont rejoint Le Créateur, et n’étant plus concernés par les querelles d’ici-bas, ce qu’ils attendent le plus, ce sont des prières pour qu’Allah, Seul Dépositaire des attestations authentiques, les agrée en chahids et les accueille dans son vaste paradis ; avant d’entonner ensuite notre cher refrain : Gloire aux chouhadas !

Abdelhamid Charif
7 décembre 2015

Références :

1) P. Bernert, R. Wybot, « La bataille pour la DST », 1975 (volle.com/lectures/bernert.htm)
2) Philipe De Gaulle : « Charles De Gaulle, mon père », Broché 2003
3) fr.wikipedia.org/wiki/Déserteurs_de_l%27armée_française_(guerre_d%27Algérie)
4) histoire-en-questions.fr/guerre%20algerie/terreur-coups%20tordus-boulaid.html
5) all-agencies.com/dz/1522984
6) Mohamed Seghir Helaili: « Témoin de la révolution dans les Aurès », 2012
7) lematindz.net/news/17160-lalgerie-de-lheroisme-des-trahisons-et-des-reglements-de-compte-ideologiques.html
8) memoria.dz/ao-2015/figures-historiques/qui-sont-les-16-dirigeants-condamn-s-mort-abbas-laghrour
9) siwel.info/Le-27-decembre-1957-Abbane-Ramdane-etait-assassine-au-champ-d-honneur_a4414.html
10) aissa-hakim.over-blog.com/article-algerie-soummam-congres-ou-conspiration-96807545.html

8 commentaires

  1. Lucidité
    Il faut louer Abdelhamid Charif pour nous avoir donné une grande leçon de lucidité. Pour que le passé nous serve, il est nécessaire de le regarder en face avec respect mais sans aucune détestable concession.
    S’il me la permet, je voudrai dire à Si Abdelhamid que pour comprendre la démarche d’Abane Ramdane, il faudrait peut-être évoquer l’existence de puissants personnages qui comprenant l’inéluctabilité de l’indépendance algérienne qui allait dans le sens de la marche générale du monde d’alors,voulaient empêcher son orientation islamique. Les rapports des services de la DST et du deuxième bureau ont brossé le profil de celui qui, parmi les indépendantistes,les aidera à réaliser leur dessein. Le meilleur serait celui qui portera en lui cette conviction et non un simple agent comme le fut par exemple le pauvre Belhadj, alias Kobus. La libération anticipée d’Abane Ramdane s’expliquerait alors aisément.
    Je voudrai aussi rappeler que les bastions de la tendance islamique du mouvement national furent les Aurès et Alger. La destruction des militants de l’Aurès a précédé celle des militants d’Alger qui furent livrés à la force de répression coloniale. Il est dommage que le défunt Ahmed Laghouati qui avait de précieuses informations sur le sacrifice des militants d’Alger soit parti prématurément sans avoir pu terminer le témoignage qu’il préparait.

    L. Dib

  2. Abdelhamid Charif on

    Lucidité sur lucidité
    Merci Mr Dib pour vos compliments, qui sont bienvenus, surtout pour soutenir une posture défiant un monologue institutionnel, ayant conditionné et aliéné les esprits. Ailleurs, les échos sont bien différents, comme on peut aisément le deviner.
    Le sujet est très délicat. Entre le souci d’être prudent dans l’évocation des morts, et le devoir sacré de mettre la lumière sur des évènements dramatiques dont les conséquences non moins tragiques se prolongent, et où la manipulation de l’ennemi est loin d’être reconnue et mesurée, la lucidité est bel et bien interpellée.
    Ceux qui peuvent apporter des témoignages historiques pertinents, l’ont déjà fait, même si c’est très tardif. Sans avoir suivi de près la chronologie des révélations, je pense que notre premier président Ben Bella, a volé la vedette. Il ne faut pas s’attendre à d’autres témoignages d’envergure, et encore moins à la libération des archives sensibles par la France. La balle est désormais dans le camp de la lucidité. Dans les Aurès par exemple, beaucoup d’anciens moudjahidine, et même d’intellectuels, continuent de croire que Ben Boulaïd a été trahi et tué par les siens, en dépit des révélations détaillées sur l’attentat monté par la DST. C’est à la lucidité de combattre les ténèbres et non aux témoins.
    L’attention s’est trop focalisée sur les DAF, et l’ampleur des infiltrations au sein même du FLN/ALN a été négligée. Il est grand temps d’appréhender ces manipulations, qui ont été d’ailleurs reconnues depuis longtemps par plusieurs acteurs de premier ordre, tels Vaujour et Wybot.
    Je me demande si ces derniers avaient prévu une si longue durée de vie pour leurs manipulations, et s’ils ne sont pas en train de se marrer en observant tomber des victimes lointaines imprévues, célébrant l’héroïsme qu’ils ont manœuvré depuis plus d’un demi-siècle.

  3. lizimmigri on

    RE: Si Ben Boulaïd n’avait pas existé
    Qui a tuer le grand moudjahid (el marhoum) mostefa Benboulaid?
    il ne faut pas être hypocrite il faut parler , il faut dire la vérité sur la mort du grand chahid mostefa Benboulaid. Massali hadj n’avait pas rompu le contact avec le grand responsable des aurés Benboulaid, l’altitude de ce dernier lors de son procès le 22 juin 1955 (déclaration exprimant son attachement au programme du MTLD, la campagne engagée par le MTLD pour sa libération (campagne non menée par le FLN), et surtout la lettre qu’il transmis au MTLD par l’intermédiaire de son avocat maitre Stiebbe, sont autant d’indices.
    Benboulaid , grand dirigeant et commandant en chef de l’armée de libération nationale, plusieurs fois condamné a mord par les tribunaux colonialstes français, arraché de prison par MTLD, lâchement assassiné le 27 mars 1956 par les émissaires du FLN qui ont tué en outre, plusieurs autres chefs.
    les circonstances de la mort du grand moudjahid Mustafa Benboulaid restent encore un sujet de controverse.
    sur le cas de Benboulaid : Y.Courriere, le temps des léopards et le 11e choc (pp. 132-137. (dans ces ouvrages, la version présentée est celle de l’explosion d’un poste piégé par les militaires français). Dans leur rapport, Y.Dechezelles et Y.Jouffa parlent de circonstances plus ou moins étranges S.Bromberger dans rebelles algériens évoque l’hypothèse d’une liquidation de Benboulaid par x… son lieutenant (p.66) thèse reprise Pa C. Pillant dans dossier secrets…..p.65 :le MTLD a toujours expliqué que le grand Chahid mostefa Benboulaid avait été assassiné par FLN :correspondance entre socialistes… brochure citée, soutient ce point de vue ; D. Guérin balance entre deus hypothèses. (ci-git le colonialisme p.72-75). le monde 24 avril 1958.
    il faut dire la vérité car l’hypocrisie est détestable devant Allah le tout-puissant et devant les hommes.

    Allah yarham chouhadas.

  4. Abdelhamid Charif on

    Mort de Ben Boulaïd
    Cher @Lizimmigri

    Vous-même, vous ne donnez pas l’impression de prétendre détenir la vérité.
    Si vous êtes un fidèle Messaliste, c’est à votre honneur. Est-il pour autant nécessaire d’incriminer le FLN et de l’accuser de la mort de Ben Boulaïd, alors que la référence (4) donne les détails de l’opération minutieusement orchestrée par les services français, avec un poste émetteur piégé au camp de Cercottes, Direction Générale de la Sécurité Extérieure (DGSE). Permettez-moi de vous dire qu’à l’époque il n’y avait pas de conflit Messali-FLN dans les Aurès comme ailleurs, grâce justement à la sagesse de Ben Boulaïd.
    Pensez-vous que le FLN de 1955 disposait de compétences et d’installations lui permettant de monter un coup pareil ?
    Dans les Aurès, il y avait des traitres et des harkis, mais chercher par la maladie conspirationniste à douter ou diffamer les compagnons fidèles de Ben Boulaïd est stupide et irresponsable. Sa mort soudaine a profondément bouleversé son entourage, et seuls ses compagnons d’alors peuvent bénéficier, à l’époque seulement, de circonstances atténuantes sérieuses, de nourrir des suspicions et des doutes.
    Quant à moi, si vous pensez que je défends le FLN en cachant la vérité, c’est que vous ne m’avez pas sérieusement lu.

  5. lizimmigri on

    RE: Si Ben Boulaïd n’avait pas existé
    @ Abdelhamid Cherif.
    je suis pas fidèle messaliste, je suis un homme libre et indépendant. la politique ne m’intéresse pas. Je suis neutre. il faut dire la vérité sur la mort du grand moudjahid benboulaid.et beaucoup d’autres moudjahidin assassinés pour règlement de compte comme le moudjahid de la wilaya I des aurés le moudjahid el Hadj Lakhdar assassiné a Tétouan (Maroc) on ne cache le soleil avec un tamis.
    dites toujours la vérité, l’homme qui dit toujours la vérité sera nommé chez Allah véridique et l’homme qui ment sera nommé chez Allah menteur tous est inscrit dans son livre.

  6. Si Ben Boulaïd n’avait pas existé
    sallamu Allakum

    Les vérités qu’on aime le moins à apprendre sont celles qu’on a le plus intérêt à savoir(sagess).
    Et parler de liberté n’a de sens qu’à condition de dire aux autres ce qu’ils n’ont pas envie d’entendre.
    Sachons une bonne fois pour tte, que « la vérité », les mots de vérité manquent souvent d’élégance.
    DZiri

  7. lizimmigri on

    crise dans les maquis et reglement de comptes tribaux
    comme Adjel adjoul Benabdelhafid né au douar kimmel, Arris.
    Responsable PPA-MTLD. (1951), membre de l’OS, membre du groupe des 22, membre direction wilaya des Aurés, adjoint de Mustafa Ben boulaid 1955.moudjahid de la première heure.
    en 1956 après la mort du chahid mostefa Ben boulaid il se rend aux troupes coloniales menacé d’égorgement pour sauver sa vie a la suite d’une crise dans les maquis et les règlements de compte tribaux.

  8. lizimmigri on

    les crises du FLN/ALN.(1955-1962) Iqlimiyya et stratégies de pouvoir.
    les crises du FLN./ALN.(1955/1962).
    iqlimiyya et stratégie de pouvoir!!

    l’aurés-Nememcha avant 1954, les clivages politiques étaient modulés sur les appartenances communautaires et le prestige des hommes anticipation de (l’idara) de l’Aurés, olé PPA-MTLD. Avait organisé son influence autour de quelques familles et hommes de confiance : par le biais du grand moudjahid Mustafa Benboulaid et de ses adjoints Hadi Lakhdar Abidi et Chihani Bachir pour le nord et les touabas de l’oued el abiodh, Adjel Adjoul pour le douar Kimmel au centre sud. Ahmed Benabderezak (le futur colonel si Haoues)a M’chounech dans le sud. Abbas Laghrour a Khenchela pour les Nememcha , a l’est.

    Mais existaient des secteurs qui échappaient a l’autorité du MTLD, comme les ouled Abdi, au centre-ouest ou communistes et l’UDMA. étaient bien implantés ou Foum Tub (nord) sous l’emprise du. Bachagha Touati.

    dans les Aurés, ce fut mostefa Benboulaid qui. grâce a son prestige, fit basculer l’aurez-N’empêcha dans la lutte armée au sein de la populations dont bien peu devaient savoir qu’elles luttaient pour le nationalisme : elle combattaient l’oppression des infidèles (kouffar) les traitres… signifiée par le garde forestier, le percepteur, le caïd et le bachagha pourtant le 1e novembre 1954,en décembre, de forts combats. les armes et les munitions manquaient , les combattants retournaient dans leurs d’ours, parti acheter des armes en Libye, Mustafa Benboulaid fut arrêté le 11 février 1955 a la frontière tuniso-libyenne. Jugé , condamné a mort et ramené en Algérie a la maisons de Coudiat de Constantine, il s’évade le 11 novembre en compagnie du moudjahid Tahar Zbiri. pendant sa détention, son adjoint Chihani Bachir prit la relève. C’est un mystique de la révolution (tawra) qui savait jouer sur la légitimation religieuse : dans un milieu ou les hommes se precipitaient avec faveur a la prière et ou aucun coup de feu n’était tiré sans la formule rituelle : la guerre sacrée au nom de Dieu (Allah ouakbar) Chihani Bachir se proposa de reprendre le flambeau de l’unification en renaitre la résistance a l’envahisseur, les combats reprirent violemment a partir du printemps. Mais Chihani avait beau avoir été un cadre du MTLD, et de l’OS, voir êtes a la pointe du premier novembre, il avait beau être un visionnaire et un vrai chef national, il n’était pas un enfant des Arums, ce cultivé, ancien élève de l’institut Ibn Badis de Constantine, ancien enseignant en arabe, était originaire du Khoub (Constantine).
    pour imposer son autorité, il usa de la manière forte condamner a mort par son tribunal a Djeurf dans les nememcha quatre chefs mouchouwichine (perturbateurs) il retira leur commandement a plusieurs autres chefs pour les remplacer par des hommes sur…

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