Le verdict du procès El Khalifa ne fait que renforcer, une fois de plus, la conviction des Algériens sur l’incapacité de leur justice à faire la lumière sur les affaires de corruption. En effet, comme lors du procès de l’autoroute Est-Ouest, le procès El Khalifa consacre l’impunité des hauts responsables.

Pour étayer cette thèse, il faut rappeler que les détournements dans le projet autoroutier ont atteint environ 5 milliards de dollars, à tel point que certains observateurs ont parlé de hold-up du siècle. Or, le ministre responsable du secteur, en l’occurrence Amar Ghoul, n’a même pas été entendu par la justice.

Cela dit, bien que les deux affaires ne soient pas de même nature, il n’en reste pas moins que leur traitement ne diffère pas. Les hauts responsables ne répondent pas de leurs actes, et ce, bien que leurs noms soient cités. À quoi sert alors toute cette comédie ? À moins qu’elle serve à faire diversion quant à la succession présidentielle se profilant à l’horizon. D’ailleurs, tout porte à le croire.

En effet, au moment où le pays vit une crise politique aiguë, ces procès détournent l’opinion des vrais enjeux. En d’autres termes, le régime s’ingénie-t-il à organiser la succession à la tête de l’État sans que le citoyen ne prenne part ? La question mérite d’être posée.

De toute évidence, si ce dernier point ne posera pas de problème, à savoir une succession digne des régimes communistes dans leur sombre histoire, il y aune chose que le régime ne pourra jamais acquérir : la confiance du peuple algérien. Et pour cause ! La confiance ne s’achète pas. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les deux derniers procès ne font qu’élargir le fossé entre gouvernants et gouvernés.

En fait, comme dans toutes les affaires, le régime ne fait rien pour que la confiance se rétablisse. Ainsi, en foulant au sol maintes fois les principes de justice et en déployant tous les moyens pour que la vérité soit occultée, le régime prive le pays de bâtir un véritable État de droit. Une promesse pour laquelle, faut-il encore le rappeler, les meilleurs fils de l’Algérie ont donné leur sang.

Pour conclure, il ne s’agit pas pour moi de disculper les agissements d’Abdelmoumen Khalifa. Mais, en étant puni pour avoir quitté le cercle proche du régime, ce dernier n’a pas le droit de régler les affaires internes en recourant à la justice. Cela dit, peut-on réellement parler de justice quand les Algériens ne sont pas égaux devant la loi ?

Sinon, pourquoi les juges ne peuvent pas convoquer des ministres –et pourtant les maillons faibles de la chaîne –lors de ces procès ? Et tant que ce principe n’est pas banalisé –dans les pays qui se respectent, quand un ministre est cité dans une affaire, il doit démissionner pour se défendre –, il est difficile de parler de procès équitables. Pour toutes ces raisons, la balle est in fine dans le camp du peuple algérien : si le pays lui fait de la peine, il devra se mobiliser pour consacrer l’État de droit.    

Boubekeur Aït Benali
26 juin 2015

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